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Les plans de Bush pour l'Iran
M
13 avril 2006 15:20
LES PLANS POUR L'IRAN

par SEYMOUR M. HERSH



Le Président George W. Bush ira-t-il jusqu'à la guerre pour empêcher l'Iran
d'avoir la bombe ?



17 avril 2006



L'administration Bush, tout en soutenant la voie diplomatique pour empêcher
l'Iran de posséder l'arme nucléaire, a renforcé les opérations clandestines à
l'intérieur de l'Iran et a intensifié les préparatifs pour une éventuelle
attaque massive aérienne. Des fonctionnaires des services de renseignement de
l'armée, en poste ou à la retraite, ont dit que les groupes de planification de
l'armée de l'air sont en train de dresser des listes de cibles et que des
équipes de troupes de combat américains ont été clandestinement infiltrés en
Iran afin de collecter des données sur les cibles et d'établir des contacts avec
les groupes ethniques minoritaires anti-gouvernementaux. Ces fonctionnaires
disent que le président Bush est déterminé à empêcher le régime Iranien de
lancer un programme d'enrichissement de l'uranium prévu dans les mois qui
viennent.

Les services de renseignement américains et européens, ainsi que l'Agence
Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) sont d'accord pour dire que l'Iran
est décidé à se doter des capacités de fabriquer des armes nucléaires. Mais les
opinions différent largement sur la durée que prendrait un tel programme et sur
la meilleure manière de l'empêcher, par des sanctions diplomatiques ou une
action militaire. L'Iran persiste à dire que les recherches n'ont pas d'objectif
militaire, qu'il respectera le Traité de Non-Prolifération Nucléaire, et qu'il
ne sera ni arrêté ni retardé.

Il y a de plus en plus de personnes au sein de l'armée américaine, et de la
communauté internationale, qui pensent que l'objectif réel de Bush dans cette
confrontation nucléaire est celui de provoquer un changement de régime. Le
président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a questionné la réalité de l'Holocauste
et a déclaré qu'Israël devait être « rayé de la carte ». Selon un ancien haut
fonctionnaire des services de renseignement, Bush et d'autres à la Maison
Blanche le considèrent comme un Hitler potentiel. « c'est le nom qu'ils
emploient. Ils disent : est-ce que l'Iran possédera l'arme stratégique et
menacera de déclencher une nouvelle guerre mondiale ? »

Un conseiller auprès du gouvernement, qui a d'étroites relations avec la
direction civile du Pentagone, a dit que Bush était « totalement convaincu que
l'Iran aura la bombe » si personne ne les arrête. Il a dit que le Président
croit qu'il devra faire « ce qu'aucun Démocrate ou Républicain, s'il était élu,
n'aura le courage de faire plus tard, » et « qu'il laissera en héritage le
sauvetage de l'Iran ».

Un ancien fonctionnaire du ministère de la Défense, qui gère encore certains
dossiers délicats pour l'administration Bush, m'a dit que les plans militaires
étaient basés sur la conviction « qu'une campagne soutenue de bombardements
humilierait la direction religieuse et provoquerait un soulèvement et le
renversement du gouvernement. » Il ajouta, « j'ai été choqué d'entendre ces
propos et je me suis demandé ce que qu'ils avaient fumé ».

Les justifications en faveur d'un changement de régime furent énoncées au début
du mois de mars par Patrick Clawson, un expert sur l'Iran et directeur adjoint
de la recherche du Washington Institute for Near East Policy, et qui est un
partisan de Bush. « Tant que l'Iran sera une république islamique, il aura un
programme d'armes nucléaires, au moins clandestin », déclara Clawson devant la
Commission des Affaires Etrangères du Sénat US, le 2 mars. « La question
essentielle est donc la suivant : combien de temps durera l'actuel régime
iranien ? »

Lorsque j'ai parlé avec Clawson, il a souligné que « cette administration
déploie beaucoup d'efforts dans la voie diplomatique. » Cependant, ajouta-t-il,
l'Iran n'a pas d'autre choix que de céder aux exigences américaines ou de subir
une attaque militaire. Clawson a dit qu'il craignait qu'Ahmadinejad « ne
perçoive l'Occident comme une bande de faibles qui finiront par céder. Nous
devons être prêts à affronter l'Iran si la crise s'accentue. » Clawson a dit
qu'il préférerait le recours au sabotage et autres actions clandestines, telles
que « l'accident industriel ». Mais, a-t-il dit, il serait prudent d'être
préparé à une guerre à plus grande échelle, « étant donné le comportent des
Iraniens. Ce n'est pas comme si on planifiait l'invasion du Québec. »

Un planificateur militaire m'a dit que les critiques de la Maison Blanche à
l'égard de l'Iran et le rythme soutenu de planification des activités
clandestines constituaient une campagne de « pression » sur l'Iran. « Il faut
être prêt à y aller, et nous verrons comment ils réagiront, » a dit l'officier.
« Il faut être réellement menaçant pour faire reculer Ahmadinejad. » Il ajouta :
« les gens pensent que Bush est obsédé par Saddam Hussein depuis le 11
septembre, » mais « à mon avis, s'il fallait nommer un pays qui a toujours été
sa préoccupation depuis le début, c'est l'Iran. » (Lorsque j'ai demandé un
commentaire, la Maison Blanche a répondu qu'elle ne ferait pas de commentaire
sur les plans militaires mais ajouta « Comme l'a indiqué le Président, nous
recherchons une solution diplomatique. » ; le Département de la Défense a
déclaré aussi que le dossier Iranien était traité par des « voies diplomatiques
» et refusa de fournir plus de précisions ; la CIA a dit que ce compte-rendu
contenait des « inexactitudes » mais a refusé de préciser lesquelles.)

« Il s'agit de bien plus que d'une question de nucléaire, » m'a déclaré un
diplomate de haut rang à Vienne. « ça, c'est juste un point de ralliement et il
n'est pas trop tard pour le résoudre. Mais l'administration Bush croit qu'elle
ne peut pas le résoudre avant de contrôler les coeurs et les esprits en Iran.
Le véritable enjeu est qui contrôlera le Moyen-Orient et son pétrole dans les
dix prochaines années. »

Un conseiller de haut rang auprès du Pentagone sur la guerre contre le
terrorisme a exprimé une opinion similaire. « Cette administration pense que la
seule manière de résoudre ce problème est de changer les structures du pouvoir
en Iran, ce qui signifie la guerre, » a-t-il dit. Le danger, a-t-il dit, est que
« cela renforce en Iran l'idée que la seule manière de défendre le pays est de
posséder l'arme nucléaire. » Un conflit militaire qui déstabiliserait la région
pourrait aussi accroître le risque terroriste. « si le Hezbollah entre en scène,
a dit le conseiller, en référence au groupe terroriste considéré comme le plus
efficace au monde, et qui est devenu un parti politique libanais très proche de
l'Iran, « Al Qaeda arrivera dans son sillage. »

Au cours des dernières semaines, le Président a discrètement entamé des
conversations sur les plans pour l'Iran avec certains sénateurs et députés
influents, dont au moins un Démocrate. Un membre important du « House
Appropriations Committee », qui n'a pas participé aux réunions mais en a discuté
avec ses collègues, m'a dit qu'il n'y a pas eu de « comptes-rendus formels, »
parce que « ils sont réticents à informer la minorité. Ils interviennent au
Sénat, mais d'une manière sélective. »

Cette personne m'a dit que personne dans ces réunions « ne s'oppose réellement »
à l'idée d'une guerre. « Les personnes qu'ils consultent sont les mêmes que
celles qui ont mené l'attaque contre l'Irak. Au pire, quelques questions sont
soulevées : comment allez-vous frapper simultanément tous les sites ? comment
allez-vous frapper en profondeur ? (L'Iran est en train de construire des sites
souterrains.) Il n'y a aucune pression de la part du Congrès » pour éviter une
action militaire, ajouta-t-il. « La seule pression politique vient des types qui
veulent en découdre. » Parlant du Président Bush, cette personne m'a déclaré que
« le plus préoccupant dans tout ça, c'est que ce type est habité par une vision
messianique. »

Certaines opérations, apparemment destinées à intimider l'Iran, sont déjà en
cours. Cette personne m'a déclaré que des avions tactiques de la Marine, opérant
à partir de navires mouillés dans la mer Arabique, effectuent depuis l'été
dernier des manoeuvres de simulation de bombardement nucléaire - des manoeuvres
d'ascension rapide connues comme des bombardements « par-dessus l'épaule » - à
portée du rayon d'action des radars côtiers iraniens.

Le mois dernier, dans un document fourni lors d'une conférence sur la sécurité
au Moyen Orient qui s'est tenue à Berlin, le Colonel Sam Gardiner, un analyste
militaire qui a été formateur à l'Ecole Militaire Nationale avant de prendre sa
retraite en 1987 de l'Armée de l'Air, a fourni une évaluation des moyens
nécessaires pour détruire le programme nucléaire iranien. Travaillant à partir
de photos satellites des sites connus, Gardiner a estimé qu'au moins quatre
cents cibles devaient être détruites. Il ajouta :

« Je ne crois pas qu'un planificateur de l'armée américaine s'arrêterait là.
L'Iran a probablement deux usines chimiques. Nous les attaquerons. Nous voudrons
frapper les rampes de missiles balistiques de moyenne portée qui ont récemment
été déplacées et rapprochées de l'Irak. Il y a quatorze bases aériennes qui
abritent des avions. Nous voudrons nous débarrasser de cette menace. Nous
voudrons frapper tout qui ce qui pourrait menacer le transport maritime dans le
Golfe. Ce qui signifie frapper les sites de missiles et les sous-marins Iraniens
à propulsion diesel... Certains sites seront peut-être trop difficiles à
détruire avec des armes conventionnelles, même celles dotées d'un fort pouvoir
de pénétration. Les Etats-Unis devront faire appel aux unités des Forces
Spéciales. »

Un des plans initiaux des militaires, tel qu'il fut présenté à la Maison Blanche
par le Pentagone il y a quelques mois, préconisait le recours à des armes
tactiques nucléaires « briseurs de bunkers », telles le B61-11, contre les sites
nucléaires souterrains. Une des cibles en Iran est l'usine de centrifugeuses, à
Natanz, à environ 300 km au sud de Téhéran. Natanz, qui n'est plus sous la
surveillance de l'AIEA, aurait une capacité de stockage souterraine pour
cinquante mille centrifugeuses, et des laboratoires et ateliers à environ 20
mètres sous terre (75 pieds). Un tel nombre de centrifugeuses fournirait
suffisemment d'uranium pour fabriquer environ 20 têtes nucléaires par an.
(l'Iran a reconnu avoir initialement caché à l'AIEA l'existence d'un programme
d'enrichissement d'uranium, mais affirme qu'aucune de ses activités ne viole le
Traité de Non Prolifération.) La destruction de Natanz constituerait un échec
majeur pour les ambitions nucléaires de l'Iran, mais les armes conventionnelles
américaines ne pourraient pas garantir la destruction d'un site situé sous une
couche de 20 mètres de terre et de roche, surtout s'il a été renforcé avec du
béton.

Il existe un précédent datant de l'époque de la Guerre Froide en matière de
bunker souterrain. Au début des années 80, les services de renseignement US ont
repéré que le gouvernement soviétique avait entamé la construction d'un
gigantesque complexe souterrain à l'extérieur de Moscou. Les analystes
conclurent que le site était destiné à « garantir la continuité du gouvernement
» - la survie de la direction politique et militaire en cas de guerre nucléaire.
(Il existe des sites similaires en Virginie et Pennsylvanie, pour la direction
américaine.) Le site soviétique existe toujours, et la plupart des informations
détenues par les Etats-Unis sur ce site sont classées top-secret. « Ce qui nous
a mis la puce à l'oreille, ce sont les puits de ventilation, dont certains
avaient été maquillés. » m'a raconté un ancien haut fonctionnaire des services
de renseignement. A l'époque, on était arrivé à la conclusion que « seuls les
armes nucléaires » pouvaient détruire le bunker. Il ajouta que les analystes des
services de renseignement pensent que les Russes ont aidé les Iraniens à
construire leur propre site souterrain. « Nous constatons des similitudes, »
particulièrement dans les puits de ventilation, a-t-il dit.

Un ancien haut fonctionnaire du Département de la Défense m'a dit que, selon
lui, un bombardement limité suffirait à « entrer là dedans et provoquer
suffisamment de dégâts pour ralentir le programme nucléaire - c'est faisable. »
L'ancien fonctionnaire a dit que « les Iraniens n'ont pas d'amis, et nous
pouvons leur rappeler, si nécessaire, que nous reviendrons frapper leurs
infrastructures. Les Etats-Unis devraient se comporter comme s'ils étaient prêts
à agir. » ajouta-t-il. « Nous n'avons pas besoin de détruire toutes leurs
défenses anti-aériennes. Nos bombardiers furtifs et missiles sont très
efficaces, et nous pouvons détruire au fur et à mesure qu'ils réparent. On peut
aussi faire des choses au sol, mais c'est compliqué et très dangereux - comme
mettre des produits très désagréables dans leurs puits de ventilation pour les
endormir. »

Mais ceux qui connaissent le bunker, selon l'ancien haut fonctionnaire du
renseignement, disent « pas question, il faut d'abord savoir ce qu'il y a en
dessous - savoir quels sont les puits destinés à alimenter les gens, les
générateurs, et quels sont les faux puits. Et il y a beaucoup de choses que nous
ne savons pas. » Le manque de fiabilité des renseignements laisse aux
planificateurs militaires, étant donné que l'objectif est la destruction totale
des sites, peu de choix en dehors des armes tactiques nucléaires. « Toute autre
option, selon les partisans de l'option nucléaire, comporte trop d'incertitudes
» a-t-il dit. « le mot clé chez les planificateurs est le mot « décisif ». C'est
un choix difficile. Mais nous l'avons fait contre le Japon. »

Il a continué : « les planificateurs nucléaires sont soumis à un entraînement
poussé et apprennent les détails techniques des dégâts qui sont provoqués - nous
parlons ici de nuages en forme de champignon, de radiations, d'un nombre élevé
de victimes, et de contaminations qui durent des années. Il ne s'agit pas d'un
essai nucléaire souterrain, où on ne voit que le sol se soulever un peu. Ces
politiciens n'ont strictement aucune idée de la chose, et chaque fois que
quelqu'un essaie de leur en parler » - abandonner l'option nucléaire - « il se
fait engueuler. »

L'attention accordée à l'option nucléaire a provoqué de sérieux conflits au sein
de l'Etat Major, ajouta-t-il, et certains officiers parlent de démissionner. Il
y a quelques mois, l'Etat Major a tenté de retirer l'option nucléaire des plans
destinés à l'Iran - sans succès, a-t-il dit. « la Maison Blanche a dit «
pourquoi remettez-vous en cause cette option ? C'est vous qui l'avez proposée. »

Le conseiller en guerre contre le terrorisme auprès du Pentagone a confirmé que
l'administration envisageait sérieusement cette option, à cause d'un regain
d'intérêt pour les armes tactiques nucléaires parmi le personnel civil du
Pentagone et les milieux politiques. Il le qualifia de « force maléfique qu'il
faut stopper. » Il confirma aussi que certains officiers supérieurs et officiels
envisageaient de démissionner. « Il y a un fort sentiment parmi les militaires
qui s'opposent à brandir des menaces nucléaires contre d'autres pays » m'a dit
le conseiller. « Ce sentiment est partagé à haut niveau ». Le sujet pourrait
bientôt arriver à un point tournant, a-t-il dit, parce que l'Etat Major est
tombé d'accord pour remettre au Président Bush un rapport officiel où le recours
à l'option nucléaire contre l'Iran est fortement déconseillé. « Le débat interne
sur ce sujet s'est endurci ces dernières semaines, » a dit le conseiller. « Et
si des officiers supérieurs du Pentagone s'opposent au recours aux armes
nucléaires, alors cela ne se produira pas. »

Le conseiller ajouta, cependant, que l'idée de recourir aux armes tactiques
nucléaires dans de telles situations était en train de gagner des adeptes au
sein de la Commission Scientifique de la Défense, un groupe de conseillers dont
les membres sont nommés par le Secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. « Ils
racontent au Pentagone qu'ils sont capables de fabriquer une B61 plus puissante
et moins contaminante, » a-t-il dit.

Le président de la Commission Scientifique de la Défense se nomme William
Schneider, Jr., qui était sous-secrétaire d'état sous l'administration Reagan.
En janvier 2001, lorsque le Président Bush s'apprêtait à entrer en fonction,
Scheider siégeait au sein d'une commission ad hoc sur les forces nucléaires
sponsorisée par le « National Institute for Public Policy », un groupe de
réflexion conservateur. Le rapport de la commission recommandait que les armes
tactiques nucléaires soient traitées comme une partie essentielle de l'arsenal
US et soulignait que « dans des circonstances qui requièrent une destruction
rapide et efficace de cibles prioritaires, (les armes nucléaires tactiques) sont
indispensables et beaucoup plus adaptées que les armes conventionnelles. »
Plusieurs signataires du rapport sont devenus des membres importants de
l'administration Bush, dont Stephen Hadley, conseiller en sécurité nationale,
Stephen Cambone, sous-secrétaire d'état à la Défense sur les questions de
renseignement et Robert Joseph, sous-secrétaire d'état sur le contrôle des armes
et la sécurité internationale.

Le conseiller du Pentagone a remis en cause le bien fondé des frappes aériennes.
« Les iraniens ont très bien éparpillé leurs sites, et nous n'avons aucune idée
où se trouvent certaines éléments essentiels. Il se pourrait même qu'ils les
aient évacués vers un pays étranger, » a-t-il dit. Il a averti, comme beaucoup
d'autres l'ont déjà fait, que le bombardement de l'Iran pourrait provoquer une «
réaction en chaîne » d'attaques contre des sites et des citoyens américains à
travers le monde. « Que vont penser 1,2 milliards de musulmans, le jour où nous
attaquerons l'Iran ? »

Avec ou sans l'option nucléaire, la liste de cibles pourraient s'allonger. Un
ancien haut fonctionnaire du gouvernement Bush, qui a récemment pris sa
retraite, et expert en planification de guerre, m'a dit qu'il s'est
vigoureusement opposé à une attaque aérienne contre l'Iran, parce que « l'Iran
est une cible beaucoup plus coriace » que l'Irak. Mais, a-t-il ajouté, « si vous
avez l'intention de bombarder le pays pour arrêter le programme nucléaire,
autant que le mensonge soit le plus crédible possible. On pourrait frapper
quelques camps d'entraînement et résoudre des tas d'autres problèmes. »

Le conseiller du Pentagone a dit que dans l'éventualité d'une attaque, l'Air
Force avait l'intention de frapper plusieurs centaines de cibles en Iran mais
que « 99 % d'entre elles n'avaient rien à voir avec le problème de
prolifération. Il y a des gens qui croient que c'est comme ça qu'il faut faire »
- que l'administration peut atteindre ses objectifs en Iran par une campagne de
bombardement, une idée qui est défendue par les néo conservateurs.

Si l'ordre d'attaquer devait être donné, les troupes de combat américains qui
manoeuvrent actuellement en Iran seraient en position de signaler les cibles par
des rayons laser, pour guider avec précision les bombardements et minimiser le
nombre de victimes civiles. Il y a quelques mois, un conseiller du gouvernement
proche des civils du Pentagone, m'a dit que ces unités travaillaient avec les
groupes minoritaires en Iran, dont les Azéris, au nord, les Baloutchis, au
sud-est, et les Kurdes, au nord-est. Les troupes « étudient le terrain,
distribuent de l'argent aux tribus, et recrutent des éclaireurs parmi les tribus
locaux et les bergers. » m'a dit le consultant. Un des objectifs était « d'avoir
des yeux sur place » - et citant une phrase d'Othello, il a dit « donnez moi une
preuve visible ». Le consultant a dit que l'objectif plus large était «
d'encourager les tensions ethniques » et de saper le régime.

La nouvelle mission confiée aux troupes de combat est le fruit de la volonté du
Secrétaire à la Défense Rumsfeld d'étendre le rôle des militaires dans les
opérations clandestines, volonté qui fût officiellement exprimée dans la Revue
de Defense Trimestrielle du Pentagone du mois de février. De telles activités,
si elles étaient menées par la CIA, nécessiteraient l'accord du Président et
devraient faire l'objet d'un rapport auprès de certains membres clés du Congrès.


« « Protection des forces » est le nouveau terme à la mode, » m'a dit l'ancien
haut fonctionnaire du renseignement. Il faisait allusion à la position du
Pentagone qui stipule que les actions clandestines qui peuvent être classés dans
la catégorie des opérations destinées à la préparation du champ de bataille, ou
à protéger les troupes, peuvent être considérées comme des opérations militaires
et non pas des opérations de renseignement. Elles ne sont donc pas soumises à un
contrôle de la part du Congrès. « Ces types à l'Etat Major disent qu'il y a
beaucoup d'incertitudes concernant l'Iran, » a-t-il dit. « Il nous faut plus de
données que dans le cas de l'Irak. Maintenant nous avons reçu carte blanche. »

La profonde défiance du Président à l'égard d'Ahmadinejad a renforcé sa
détermination à affronter l'Iran. Son opinion a été confortée par les
accusations selon lesquelles Ahmadinejad, qui devint membre d'une brigade des
Gardiens de la Révolution en 1986, serait impliqué dans des activités
terroristes à la fin des années 80. (Il y a des trous dans la biographie
officielle d'Ahmadinejad à cette période [comme Bush dans sa jeunesse ? question
banale du traducteur] ). Ahmadinejad aurait des liens avec Imad Mughniyeh, un
terroriste qui a été impliqué dans les attentats meurtriers [ comme Bush avec
Posada Carriles ? question banale du traducteur] contre une ambassade US et une
caserne de Marines à Beyrouth en 1986. Mughniyeh était à l'époque le chef de la
sécurité du Hezbollah ; il est sur la liste des terroristes les plus recherchés
par le FBI.

Robert Baer, ancien officier de la CIA au Moyen Orient, entre autres, pendant
vingt ans, m'a dit qu'Ahmadinejad et ses compagnons des Gardiens de la
Révolution membres du gouvernement « sont capables de fabriquer une bombe, de la
cacher, et de la lancer sur Israël. Ce sont des Chiites de l'apocalypse [comme
Bush ? question banale du traducteur.]. Si vous êtes à Tel Aviv et que vous
croyez qu'ils ont la bombe et des missiles - vous êtes obligés d'aller les
détruire. Ces types sont cinglés [comme Bush ? question banale du traducteur],
et il n'y a aucune raison pour ne pas le faire. »

Sous Ahmadinejad, les Gardiens de la Révolution ont étendue leur emprise dans
toute la bureaucratie iranienne ; à fin janvier, ils ont remplacé des milliers
de fonctionnaires par leurs propres hommes. Un ancien diplomate de haut rang des
Nations Unies, qui a une grande expérience de l'Iran, a décrit la manoeuvre
comme un « coup d'état silencieux », [comme l'élection de Bush ? question banale
du traducteur] qui aura de profondes implications sombres pour l'Occident. « Le
personnel technique du Ministère des Affaires Etrangères a été viré, d'autres
attendent pour prendre leur place, » a-t-il dit. « Il est peut-être trop tard.
Ces types se croient maintenant plus forts que jamais depuis la Révolution ». Il
a dit aussi qu'eu égard à l'apparition de la Chine comme superpuissance
émergeante, l'attitude de l'Iran est « au diable l'Occident. Tout est permis. »
[comme Bush ? question banale du traducteur]

Le dirigeant religieux suprême de l'Iran, l'Ayatollah Khamenei, est considéré
par de nombreux experts comme étant dans une position plus forte qu'Ahmadinejad.
« Ahmadinejad est incontrôlable, » [ comme Bush ! affirmation banale du
traducteur] m'a dit un diplomate européen. Le pouvoir est diffus en Iran. Les
Gardiens de la Révolution sont les principaux défenseurs du programme nucléaire,
mais en fin de compte, je ne crois pas qu'ils la dirigent. Le Dirigeant Suprême
a une voix prépondérante en ce qui concerne le programme nucléaire, et les
Gardiens ne feront rien sans son aval. »

Le conseiller du Pentagone sur la guerre contre le terrorisme a dit qu' « il est
hors de question de permette à l'Iran d'avoir la bombe. Nous ne pouvons pas nous
permettre de voir des armes nucléaires tomber entre les mains des terroristes.
C'est trop dangereux. » Il a ajouté que « tout le débat interne tourne autour de
la manière de s'y prendre » - pour arrêter le programme nucléaire Iranien. Il
est possible, a-t-il dit, que l'Iran décide unilatéralement de renoncer à son
programme - ce qui arrêterait l'action des Etats-Unis. « Dieu nous fera
peut-être une fleur, mais je ne le crois pas. La fin mot de l'histoire est que
l'Iran ne peut pas devenir une puissance nucléaire. Et le problème est que les
Iraniens se rendent compte que seule la possession de la bombe les protégerait
des Etats-Unis. Ca va être moche. »

Alors que pratiquement personne ne doute des ambitions nucléaires de l'Iran, il
y a un débat intense sur le temps qu'il leur faudra pour l'obtenir, et sur ce
qu'il convient de faire. Robert Gallucci, un ancien expert du gouvernement en
non-prolifération, actuellement doyen de l'Ecole de Politique Internationale de
Georgetown, m'a dit « d'après ce que nous savons, il faudra encore huit à dix
ans à l'Iran » pour posséder une arme nucléaire utilisable. Gallucci a ajouté, «
S'ils avaient un programme clandestin, et que nous pouvions le prouver, et que
nous serions incapables de l'arrêter par la négociation, la diplomatie ou la
menace de sanctions, alors je serais favorable à une attaque. Mais si nous le
faisons » - bombarder l'Iran - « sans être capables de prouver l'existence d'un
programme secret, alors nous serions dans de sales draps. »

Meir Dagan, chef du Mossad, le service de renseignement israélien, a déclaré au
Knesset au mois de décembre dernier que « l'Iran aura de l'uranium enrichi dans
un an ou deux. A partir de là, la fabrication d'une arme nucléaire n'est plus
qu'un problème technique. » Lors d'une conversation, a haut gradé du service de
renseignement israélien m'a décrit ce qu'il considérait comme la duplicité des
iraniens. « Il y a deux programmes nucléaires menés en parallèle, » en Iran - un
programme déclaré à l'AIEA et un autre programme, dirigé par l'armée et les
Gardiens de la Révolution. Les officiels israéliens ont souvent avancé cet
argument, mais Israël n'a fournit aucune preuve. Richard Armitrage, Secrétaire
adjoint à la Défense lors du premier mandat de Bush, m'a dit « Je crois que
l'Iran a un programme d'armes nucléaire secret - je le crois, mais je ne le sais
pas. »

Au cours des derniers mois, le gouvernement Pakistanais a autorisé les
Etats-Unis à interroger A.Q. Kahn, connu comme le père de la bombe atomique
pakistanaise. Kahn, qui est actuellement en résidence surveillée à Islamabad,
est accusé d'avoir monté un marché noir de matériaux nucléaires ; il a effectué
au moins un voyage secret à Téhéran à la fin des années 80. Lors des
interrogatoires les plus récents, Khan a fourni des informations techniques sur
l'arme iranienne et une échéance pour sa fabrication. « la situation est celle
d'un « danger certain », a dit l'ancien conseiller du renseignement. (le
conseiller du Pentagone a confirmé que Khan avait été « bavard comme une pie »).
Le point préoccupant, a dit l'ancien haut fonctionnaire, « est qu'avec Khan, il
y a un problème de crédibilité. Il est influençable et il raconte au néo
conservateurs ce qu'ils ont envie d'entendre » - ou ce qui pourrait être utile
au président pakistanais, Pervez Musharraf, qui est soumis à la pression de
Washington pour participer à la guerre contre le terrorisme.

« Je pense que Khan nous mène en bateau, » a dit l'ancien fonctionnaire du
renseignement. « Je ne connais personne qui annonce « voilà l'arme du crime ».
Mais ça commence à prendre forme. Il nous fournit des informations sur les
échéances, et des informations arrivent par nos propres sources - des détecteurs
et des équipes clandestines. La CIA, qui a été échaudée par les armes de
destruction massive en Irak, se rend au Pentagone et au bureau du Vice-président
pour leur dire « Voilà de nouvelles informations ». Ceux de l'administration
disent « nous en avons assez. »

Le problème dans cette affaire est que l'administration traîne les casseroles
des fausses informations diffusées sur les ADM en Irak. Dans un article récent
sur le site de Foreign Policy, intitulé « Remettons ça », Joseph Cirincione,
directeur de la non-prolifération à la Fondation Carnegie pour la Paix
Internationale, écrit « l'administration semble vouloir répéter la même campagne
que pour sa guerre contre l'Irak. » Il note plusieurs parallèles :

Le vice-président des Etats-Unis prononce un important discours centré sur la
menace d'un pays pétrolier au Moyen Orient. Le secrétaire d'Etat déclare au
Congrès que ce même pays constitue notre plus sérieux défi dans le monde. Le
secrétaire à la Défense qualifie ce pays de principal soutien au terrorisme
international.

Cirincione qualifie certaines affirmations de l'administration sur l'Iran de «
douteuses » ou qu'elle manque de preuves. Lorsque je lui ai parlé, il s'est
demandé, « Qu'allons nous faire maintenant ? Quelle est la menace ? La question
est : quelle est l'urgence ? » La réponse, a-t-il dit, « se trouve dans les
services de renseignement et l'AIEA » (au mois d'août, le Washington Post publia
un article qui affirmait que l'estimation la plus récente et complète du
National Intelligence Estimate était que l'Iran ne deviendra pas une puissance
nucléaire avant dix ans.)

L'année dernière, l'administration Bush communiqua à des officiels de l'AIEA des
informations sur le programme iranien. Des informations qui, selon eux, étaient
nouvelles et alarmantes, et qui avaient été découvertes dans l'ordinateur
portable d'un iranien. Parmi ces informations se trouvaient un millier de pages
de schémas d'un système d'armement. Le Washington Post écrivit qu'il y avait
aussi des schémas d'un petit site qui pouvait être utilisé dans le processus
d'enrichissement. Les fuites concernant l'ordinateur portable devinrent le sujet
principal d'articles publiés dans Times et ailleurs. Ces articles avaient
généralement pris la précaution de préciser que tous ces éléments pouvaient
avoir été fabriqués de toutes pièces, mais ils ont aussi cité des officiels
américains de haut rang qui déclarèrent que les documents paraissaient
authentiques. Le titre de l'article du Times annonçait « les Etats-Unis comptent
sur un ordinateur pour prouver l'existence d'un programme d'armes nucléaires
iranien. »

Cependant, lors d'entretiens avec des officiels du renseignement américain et
européen, il m'a été dit que l'ordinateur portable était plus douteux et moins
révélateur que ce qui avait été dit. L'iranien à qui appartenait l'ordinateur
avait initialement été recruté par des agents des services de renseignement
allemands et américains qui travaillaient en collaboration. Les américains ont
fini par se désintéresser du personnage. Les allemands ont persisté, mais
l'iranien fut arrêté par le contre-espionnage iranien. On ne sait pas où il se
trouve aujourd'hui. Certains membres de la famille réussirent à quitter l'Iran
avec son portable et l'ont remis à une ambassade US, apparemment quelque part en
Europe. Un cas classique « de cadeau tombé du ciel ».

Un officiel d'un service de renseignement européen a dit « nous avons eu
quelques hésitations » sur la signification réelle de ces informations, « et
nous ne sommes toujours pas convaincus ». Les dessins n'étaient pas très
détaillés, contrairement aux allégations de la presse, « mais ressemblaient
plutôt à des croquis, » a-t-il dit. « c'était loin d'être concluant ».

La menace d'une action militaire américaine a provoqué la consternation au siège
de l'AIEA à Vienne. Les officiels de l'agence sont convaincus que l'Iran veut
obtenir les capacités de fabriquer une arme nucléaire mais « personne n'a
produit la moindre preuve de l'existence d'un programme parallèle de
développement d'armes nucléaires en Iran, » m'a déclaré un diplomate de haut
rang. Selon les estimations les plus poussées de l'AIEA, l'Iran ne pourra
fabriquer la bombe avant cinq ans. « Mais, si les Etats-Unis entreprennent une
action militaire, la fabrication de la bombe se convertira en une question de
fierté nationale pour l'Iran, » a dit le diplomate. « l'enjeu dans cette
affaire est la perception que les américains ont des intentions iraniennes, et
ils ne font pas confiance au régime. L'Iran est une menace pour la politique
américaine. »

A Vienne, on m'a raconté une réunion tendue au début de l'année entre Mohamed El
Baradei, le directeur général de l'AIEA, qui remporta le Prix Nobel de la Paix
l'année dernière, et Robert Joseph, le sous-secrétaire d'état au contrôle des
armes (US). Le message délivré par Joseph était direct, se souvient un diplomate
: « Nous ne tolérerons pas une seule centrifugeuse en Iran. L'Iran représente
une menace directe pour la sécurité nationale des Etats-Unis et ses alliés [à
part Israël, les îles Marshal et Palau, il en reste ? question banale du
traducteur], et nous ne pouvons pas l'accepter. Nous voulons un engagement de
votre part que vous ne direz rien publiquement qui puisse nous nuire. »

L'agressivité affichée par Joseph était inutile, a dit le diplomate, parce que
l'AIEA avait déjà adopté une position dure à l'égard de l'Iran. « tous les
inspecteurs sont en colère pour avoir été menés en bateau par les Iraniens, et
certains pensent que les dirigeants iraniens sont des cinglés - certifiés cent
pour cent cinglés [comme Bush ? question banale du traducteur], » a dit le
diplomate. Il a ajouté que la préoccupation principale d'El Baradei était que
les dirigeants iraniens « désirent arriver à l'affrontement, tout comme les
néocons en face » - à Washington. « en fin de compte, la seule chose qui
marcherait serait que les Etats-Unis acceptent de dialoguer avec l'Iran. »

La question centrale - est-ce que l'Iran sera capable de poursuivre son
programme d'enrichissement - est désormais devant les Nations Unies, où les
Russes et les Chinois sont réticents à l'idée d'imposer des sanctions contre
l'Iran. Un ancien fonctionnaire désabusé de l'AIEA m'a dit, à la fin du mois de
mars, qu'à ce stade, « il n'y a rien que les iraniens puissent faire pour
dénouer cette crise. La diplomatie américaine ne le permet pas. Même si (les
iraniens) annonçaient l'arrêt de l'enrichissement, personne ne les croirait.
C'est une voie sans issue. »

Un autre diplomate à Vienne s'est demandé « pourquoi est-ce que l'Occident
prendrait le risque d'une guerre contre une telle cible sans donner à l'AIEA la
possibilité de vérifier ? Nous n'avons pas grand-chose à perdre, et nous pouvons
imaginer un programme qui obligerait les iraniens à abattre toutes leurs cartes.
» Un ambassadeur occidental à Vienne a exprimé le même point de vue concernant
la mise à l'écart de l'AIEA par la Maison Blanche. Il a dit « si on ne croit pas
en la capacité de l'AIEA de mener un programme d'inspection - si on ne leur fait
pas confiance - il ne reste plus qu'une solution : bombarder. »

L'administration Bush et ses alliés européens n'éprouvent pas beaucoup de
sympathie pour l'AIEA. « Nous sommes plutôt frustrés par le directeur général, »
m'a dit un diplomate européen. « Son attitude a surtout consisté à présenter
cette affaire comme une dispute entre deux camps équivalents. Ce n'est pas cas.
C'est nous les gentils ! El Baradei défend l'idée que l'Iran pourrait être
autorisé à avoir un petit programme d'enrichissement d'uranium, ce qui est
ridicule. Son boulot n'est pas de défendre des idées qui représentent une risque
grave de prolifération ».

Les européens sont cependant perturbés par le fait qu'ils sentent de plus en
plus que le Président Bush et le Vice-président Cheney pensent qu'une campagne
de bombardement est indispensable, et que leur véritable objectif est un
changement de régime. « tout le monde est sur la même longueur d'onde en ce qui
concerne la bombe iranienne, mais les Etats-Unis veulent un changement de
régime, » m'a dit un conseiller diplomatique européen. Il a ajouté, « les
Européens ont un rôle à jouer tant qu'ils n'ont pas à choisir entre les Russes
et les Chinois ou les Américains et ne sont pas poussés dans une direction
qu'ils refusent. Leur politique est de maintenir les Américains dans un cadre
acceptable pour les Européens. Une position qui risque de se révéler intenable.
»

« les Britanniques pensent que c'est une très mauvaise idée, » m'a dit Flynt
Leverett, un ancien membre du Conseil National de Sécurité et qui est
actuellement membre du Saban Center de l'Institut de Brooking, « mais ils sont
réellement préoccupés par l'idée que nous allons le faire. » Le conseiller
diplomatique européen a reconnu que le Ministère Britannique des Affaires
Etrangères était au courant des plans de guerre américains mais que « à moins de
trouver l'arme du crime, il sera très difficile d'entraîner les Européens dans
un conflit avec l'Iran. » Il a dit que les Britanniques « étaient très
préoccupés par l'idée que les Américains pourraient en avoir assez des Iraniens
et refuseraient tout compromis. »

Le diplomate européen a dit qu'il était douteux que l'Iran, connaissant son
passé, ait réellement dit toute la vérité, mais « à notre connaissance, l'Iran
n'est pas encore capable de faire fonctionner les centrifugeuses » au point
d'enrichir une quantité significative d'uranium. Une des raisons qui milite en
faveur d'une voie diplomatique, a-t-il dit, est principalement le pragmatisme
des Iraniens. « Le régime agit en fonction de ses intérêts, » a-t-il dit. Les
dirigeants iraniens « adoptent une ligne dure sur la question nucléaire et
veulent relever le défi américain, » et ils croient que « plus ils seront
inflexibles et plus l'Occident risquera de céder. ». Mais, a-t-il dit, « Selon
notre expérience de l'Iran, ils donneront l'impression d'être super confiants
jusqu'au moment où ils reculeront. »

Le diplomate a poursuivi, « il ne faut jamais récompenser un mauvais
comportement, et ce n'est pas le moment de faire des concessions. Il nous faut
trouver le moyen de ramener le régime à la raison. Ca va être serré, mais je
crois que si nous présentons un front uni dans notre opposition et que le prix à
payer » - les sanctions - « sera suffisamment élevé, ils finiront peut-être par
reculer. Il est encore trop tôt pour abandonner la voie de l'ONU. » Il a ajouté,
« si la diplomatie ne donne rien, il n'y aura pas de « solution » militaire. Il
y aura peut-être une option militaire, mais les conséquences pourraient être
catastrophiques. »

Tony Blair, le Premier Ministre britannique, était l'allié le plus fidèle de
George Bush pendant les préparatifs de l'invasion de l'Irak en 2003. Mais lui et
son parti ont été secoués par une série de scandales financiers, et sa côte de
popularité est au plus bas. Jack Straw, le ministre des affaires étrangères, a
déclaré l'année dernière qu'un action militaire contre l'Iran était «
inconcevable ». Blair avait été moins catégorique, en déclarant publiquement
qu'il ne fallait écarter aucune option.

D'autres officiels européens ont exprimé le même scepticisme sur l'efficacité
d'un bombardement par les américains. « L'économie iranienne est en mauvaise
santé, et Ahmadinejad est, politiquement, en mauvaise posture, » m'a dit
l'officiel du renseignement européen. « Il sortira renforcé par une attaque
américaine. On peut le faire, mais le résultat sera encore pire. » Une attaque
américaine, a-t-il dit, aliénerait les iraniens ordinaires, y compris ceux qui
seraient favorables aux Etats-Unis. « L'Iran n'est plus à l'age de pierre, et
les jeunes ont accès aux films et livres US, et ils les adorent, » a-t-il dit. «
S'il y avait une offensive de charme contre l'Iran, les mollahs se
retrouveraient à terme en difficulté. »

Un autre officiel européen m'a dit qu'il était conscient que beaucoup de gens à
Washington voulaient voir de l'action. « C'est toujours les mêmes, » a-t-il dit,
avec un haussement d'épaules résigné. « Il y a une croyance selon laquelle la
voie diplomatie est condamnée à l'échec. Le temps est compté. »

Un allié essentiel et une voix importante dans ce débat est Israël, dont les
dirigeants lancent depuis des années des avertissements contre toute tentative
de l'Iran de lancer un programme d'enrichissement, ce qui constituerait un point
de non retour. Plusieurs officiels m'ont dit que la Maison Blanche voulait
éviter une attaque israélienne contre un pays musulman, ce qui pourrait
provoquer des réactions à travers toute la région, et que ceci expliquait en
partie la décision d'entamer l'étude des plans d'intervention en cours. Lors
d'un discours prononcé à Cleveland, le 20 mars, le Président Bush décrivit
l'hostilité d'Ahmadinejad envers Israël comme une « menace sérieuse. C'est une
menace contre la paix mondiale. » [comme Bush ? question banale du traducteur]
Il ajouta, « J'ai déjà été très clair, je serai très clair à nouveau, nous
emploierons la force militaire pour protéger notre allié Israël. »

Toute attaque américaine, m'a dit Richard Armitage, devrait prendre en compte
les questions suivantes : « que se passera-t-il dans les autres pays islamiques
? quelles sont les capacités de l'Iran de nous frapper globalement -
c'est-à-dire par le terrorisme ? Est-ce que la Syrie et le Liban renforceront
leurs pressions sur Israël ? Quel impact aura l'attaque sur notre image dans le
monde, déjà mal en point ? Et que signifiera-t-elle pour la Russie, la Chine et
le Conseil de Sécurité de l'ONU ? »

L'Iran, qui produit actuellement près de quatre millions de barils de pétrole
par jour, n'aurait pas besoin de couper sa production pour déstabiliser les
marchés pétroliers mondiaux. Il pourrait bloquer de détroit d'Ormuz, un passage
large d'environ 50 km par où transite le pétrole du Moyen Orient en direction de
l'Océan Indien. Néanmoins, un fonctionnaire du ministère de la Défense, à la
retraite depuis peu, a minimisé les conséquences stratégiques de telles actions.
Il m'a dit que la marine US serait capable d'assurer le passage par des actions
d'assistance et de draguage de mines. « il serait impossible de bloquer le
passage, » a-t-il dit. Le conseiller du gouvernement proche du Pentagone a lui
aussi dit qu'il pensait que le problème du pétrole pouvait être géré, en
soulignant que les Etats-Unis avaient suffisamment de réserves stratégiques pour
faire fonctionner leur pays pendant soixante jours. Cependant, ceux à qui j'ai
parlé dans les milieux d'affaires pétroliers étaient moins optimistes ; un
expert a estimé que le prix du baril grimperait instantanément, quelque part
entre 90 et 100 dollars le baril, et même plus, selon la durée et l'étendue du
conflit. [ précision du traducteur : et en cas de guerre nucléaire (soyons
optimistes que diable) le prix du pétrole sera tel que nous conseillons dés à
présent à nos lecteurs d'acheter un gros paquet d'actions de compagnies
pétrolières et de les revendre dès que les nuages radioactives se seront
dissipés.]

Michel Samaha, un politicien chrétien vétéran au Liban et ancien ministre à
Beyrouth, m'a dit que la riposte iranienne pourrait se concentrer sur les champs
pétroliers exposés en Arabie Saoudite, Qatar, Koweït, et les Emirats Arabes
Unis. « ils seraient exposés, » a-t-il dit, « et ça pourrait être le début d'une
véritable djihad de l'Iran contre l'Occident. Ca sera pas beau. »

L'Iran pourrait aussi déclencher une vague d'attaques terroristes en Irak ou
ailleurs, avec le soutien du Hezbollah. Le 2 avril, le Washington Post révéla
que les plans dressés pour contrer une telle éventualité « consomment beaucoup
de temps » dans les services de renseignement US. [bah, pendant qu'ils font ça,
ils font pas ch. le reste du monde. Commentaire du traducteur]. « Le meilleur
réseau terroriste au monde est resté neutre dans la guerre contre le terrorisme
ces dernières années, » a déclaré un conseiller du Pentagone en parlant du
Hezbollah. « Ca va les réveiller et nous aurons à nous affronter à
l'organisation qui a chassé Israël du Sud Liban. Si nous lançons une action
contre l'Iran, le Hezbollah ne restera pas sur les bancs de touche. Si les
israéliens ne les neutralisent pas, ils se mobiliseront contre nous. » (lorsque
j'ai interrogé le conseiller du gouvernement sur une telle possibilité, il a dit
que si le Hezbollah tirait des roquettes sur le nord d'Israël, « Israël et le
nouveau gouvernement libanais les élimineront. »)

Le conseiller a ajouté, « si nous y allons, la moitié sud de l'Irak s'embrasera
comme une chandelle. » Les américains, les britanniques et les autres forces de
la coalition en Irak courraient le risque d'être attaqués par les troupes
iraniennes et les milices chiites qui obéissent à l'Iran. (L'Iran, à majorité
chiite, a des liens étroits avec les partis chiites en Irak.) Un général quatre
étoiles à la retraite m'a dit que, malgré les 8000 soldats britanniques
stationnés dans la région, « les Iraniens pourraient prendre Bassora avec dix
mollahs et un camion équipé de haut-parleurs. »

« En cas d'attaque, » m'a dit un diplomate de haut rang à Vienne, « Ahmadinejad
sera le nouveau Saddam Hussein du monde arabe, mais plus crédible et plus
puissant. Il faut mettre son mouchoir dans sa poche et s'asseoir à la table des
négociations avec les Iraniens. »

Le diplomate a poursuivi, « il y a des gens à Washington qui seraient mécontents
de nous voir trouver une solution. Ils sont toujours à la recherche d'une
confrontation et d'un changement de régime. Ils prennent leurs désirs pour des
réalités. » Il a ajouté, « C'est maintenant ou jamais. »


[fr.groups.yahoo.com]
l
13 avril 2006 15:23
Je voulais bien lire ton article (livre!!!) mais j'ai pas le temps
est ce que tu peus diffuser un résumé comme ça tout le monde peut partager tes si briantes idées
V
13 avril 2006 16:25
moi j'ai tout lu , ca m'a pris 20 minutes en tout


excellent article ,Manoushehr-Iranien devrait le lire
M
13 avril 2006 16:47
"Michel Samaha, un politicien chrétien vétéran au Liban et ancien ministre à
Beyrouth, m'a dit que
.................................................................................................... ......

« si nous y allons, la moitié sud de l'Irak s'embrasera
comme une chandelle. » Les américains, les britanniques et les autres forces de
la coalition en Irak courraient le risque d'être attaqués par les troupes
iraniennes et les milices chiites qui obéissent à l'Iran.

L'Iran pourrait aussi déclencher une vague d'attaques terroristes en Irak ou
ailleurs, avec le soutien du Hezbollah
.................................................................................................... ......

le bombardement de l'Iran pourrait provoquer une «
réaction en chaîne » d'attaques contre des sites et des citoyens américains à
travers le monde. « Que vont penser 1,2 milliards de musulmans, le jour où nous
attaquerons l'Iran ? »


j'ai tout lu mon frère vador! dit moi tout ca tu l'a pas déja vu quelque part? mes posts pardi! mes arguments pour l'Iran sont exactements ceux énoncés ici...relis mes posts, surtout le post "4 raisons de ne pas attaquer l'iran" j'ai plusieur fois dit que l'iran est en position de force, et si attaque il y avait la riposte iranienne (en missiles balistique) pourrait se concentrer sur les champs pétroliers exposés en Arabie Saoudite, Qatar, Koweït, et les Emirats Arabes Unis.Causant une deuxième crise mondiale plus dangereuse.
« si nous y allons, la moitié sud de l'Irak s'embrasera comme une chandelle. » je vous l'ai dit, les ayatollah de Meshhed la sainte et de qom la sainte en iran dirigent les ayatollah de najaf al-ashraf et de kerbala la sainte.

« Que vont penser 1,2 milliards de musulmans, le jour où nous attaquerons l'Iran ? »

voila la question ultime?

10% des arabes sont occupés (irak + palestine), les irakiens subissent une humiliation extrême, la syrie est destabilisé, les journaux occidentaux nous traite de terroriste sanguinaires et notre prophète bien aimé est comparé a la pire des brutes aujourd'hui c'est l'Iran qui est dans le collimateur des lobby sionisto-américain?

et si ce dernier était attaqué? ne serait-ce pas la goutte d'eau qui va faire débordé le vase?


ps: tu peut m'appeler Manoushehr, c'est mon prénom (Ali-Manoushehr).thumbs up



Modifié 1 fois. Dernière modification le 13/04/06 16:50 par Manoushehr-Iranien.
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