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Phénomène : Baba Achour ou Baba Noël ?
16 décembre 2010 17:09
Alors que les traditions marocaines commencent à disparaître, une association crée Baba Achour pour sauver la mémoire collective.


D

ans les magasins de jouets, les poupées à l’effigie du Père Noël connaissent un véritable succès. A des prix défiant toute concurrence, elles sont à la portée de toutes les bourses et l’acte d’achat en soi ne semble poser aucun problème «culturel» aux parents. «Et c’est normal de s’occidentaliser ! Nos enfants connaissent Noël et Halloween, mais pas Baba Achour. Ce personnage qui a longtemps habité la légende marocaine reste un parfait inconnu», constate Najima Tay-Tay Ghozali, présidente de l’Association Conte’Act pour l’éducation et les cultures. Révoltée contre l’amnésie populaire, cette passionnée des traditions a donc décidé de donner vie à Baba Achour. Détrompez-vous, il ne s’agit pas d’une vengeance personnelle, mais plutôt d’un attachement à ce qui constitue l’identité marocaine. «Par manque de conscience, on a perdu la véritable portée d’Achoura à laquelle on colle, malheureusement, l’étiquette de sorcellerie et de magie noire. Or, Achoura n’a rien à voir avec ces idées fausses», confie Najima Tay-Tay Ghozali légitimant la nécessité d’un retour en arrière pour remettre les choses à leur place initiale.


Et que la fête commence !

A partir de ce jeudi, jour d’Achoura (dixième jour de Moharram), Baba Achour défilera avec son cortège dans les artères de la médina de Salé. Conte’Act donne le coup d’envoi à la cinquième édition des festivités de l’Achoura en partenariat avec les ministères de l’Education nationale et de la Culture, la préfecture de Salé, le conseil de la ville et l’Union des femmes marocaines. «Nous démarrons à 10h à partir de l’édifice du mausolée de Sidi Abdellah Benhassoun. Nous passerons par la grande mosquée avant d’arriver à la place de la préfecture», décrit la présidente de l’association. Après Rabat, Casablanca, Tétouan et Fès, Baba Achour fait escale dans la ville des corsaires pour semer les graines du bonheur. Baba Achour est «inspiré de la mémoire populaire qui en garde quelques souvenirs fragmentés, dans les chants et récits; on le chantait à l’occasion de la distribution de la zakat annuelle, le 10 du mois de Moharram», explique la conceptrice. Et de préciser qu’en personnifiant ce personnage, elle tient à affirmer sa volonté de réhabiliter les nobles traditions de l’Achoura afin de perpétuer et de renouveler les traditions séculaires. Baba Achour laisse de côté la légende pour servir de rappel aux valeurs originales d’Achoura : solidarité, humanisme, tolérance et entraide. «Nous voulons commercialiser la culture marocaine avec un nouveau packaging», insiste Najima Tay-Tay Ghozali. Une action de sensibilisation qui prend l’allure d’un festival au goût des Mille et une nuits. Il a un agenda très chargé, notre Baba Achour. Ce jeudi est consacré à une longue tournée appelée «Man dar l’dar» (porte-à-porte). Baba Achour frappe aux portes des maisons pour distribuer des friandises et des cadeaux aux enfants et aux femmes. Pour certains d’entre eux, estime Conte’Act, c’est un «exauceur» de vœux, un distributeur de joie et de bonheur même si cela ne dure qu’un court moment, un fois tous les ans. «Pour tous, c’est le côté festif que suscite son passage d’un commerçant à un autre, d’une maison à une autre et d’une rue à une autre qui est attrayant», souligne l’initiatrice de l’événement.

Alors qu’il défile dans les ruelles, Baba Achour se fait escorter par des enfants de plus en plus nombreux. Le cortège s’accompagne de cris de joie, de rires et de chants. Aujourd’hui encore, rappelle Conte’Act, dans certains quartiers populaires, les enfants se constituent en bandes et vont quémander au nom de Baba Achour (haq Baba Achour).

Les femmes, pour leur part, chantent « baba aïchour, alik hallit ch’ouri». Une chanson supposée servir de remerciement à Baba Achour qui leur apporte, en ce jour précis, la libération des contraintes ménagères, de la domination masculine et leur offre une fête familiale et des dons. L’Association Conte’Act plonge ainsi dans le fin fond des traditions pour en sortir avec une manifestation où Baba Achour se voit aussi confier la mission de médiateur entre ceux qui ont les moyens et ceux qui n’en ont pas.

L’avis du psy

Mohssine Benzakour, psychosociolgue

« L’Achoura réunit de moins en moins la famille marocaine »

Achoura est-elle toujours une occasion qui réunit la famille marocaine ?

Au Maroc, l’Achoura est perçue, depuis des siècles, comme la fête de l’enfance, de la famille et des traditions. Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. C’est aussi un jour de partage et de charité. Elle rappelle l’obligation de faire l’aumône, de s’acquitter d’une contribution matérielle, la zakat, destinée à assister les plus démunis. Mais, si l’on excepte une partie du monde rural et des classes urbaines dites «populaires», l’Achoura a tendance à s’atténuer et réunit de moins en moins la famille marocaine.

Quels changements a subi la célébration de Achoura ?

La célébration d’Achoura, pour ceux qui la fêtent encore, a gardé tout son charme, à savoir les enfants qui allument de grands feux, sautent, chantent et dansent autour. Qui reçoivent des petits présents (jouets traditionnels, tambours, poupées, pistolets à eau…) et font exploser des pétards dans les rues. La famille qui se régale de fruits secs et de couscous à la viande de mouton séchée. Les femmes et les fillettes s’ornent les mains de henné. Le lendemain de Achoura, dit Zem Zem, du nom du puits homonyme à l’eau purificatrice (sis à La Mecque), les enfants (et même les adultes) aspergent d’eau leurs proches, leurs copains, et les passants. Pour ceux qui ne fêtent pas Achoura, ils croient que ce n’est pas une fête mais un évènement qui a pris une ampleur plutôt gênante, car c’est du harcèlement et du non-civisme que de mouiller les passants et de jeter de tout et n’importe quoi.

Le père Noël représente-t-il une sérieuse concurrence à Achoura ?

Dans une société assez conservatrice comme la nôtre, je ne le crois pas. Bien qu’on voit des jouets qui se vendent à l’occasion et qu’il y a des familles qui célèbrent Noël à leur manière. Mais déjà, faire le lien entre Achoura et Noël veut dire que c’est l’enfant qu’on veut fêter à travers ces occasions.
a
16 décembre 2010 17:24
salam

quand j,etais petite et qu'on rentrait au maroc, on n,a jamais feté achoura mais zem zem oui. les fetes traditionnelles se perdent et c,est dommage.

pour zem zem, c'etait genial...on aspergeait tout le monde et comme c'etait en ete, ca faisait du bien. c'etait l'occasion de bien s,amuser.
Il faut se garder de trois fautes : parler sans y être invité, ce qui est impertinence ; ne pas parler quand on y est invité, ce qui est de la dissimulation ; parler sans observer les réactions de l'autre, ce qui est de l'aveuglement. [Confucius]
c
16 décembre 2010 19:28
en bosnie, pays majoritairement musulman, ils ont le grand pere hiver, sorte de pere noel qui intervient le 31 pour donner des cadeaux aux enfants.
c
16 décembre 2010 19:42
fêter Baba Achour fait partie de notre patrimoine Marocain qu'on le veuille ou non... Quand on était petits on fêtait le zem zem comme disait aela.91 ...mais... le fêter à la manière des jeunes d'aujourd'hui est une autre histoire...
Dans les rues ( ville du centre du MAROC )... aujourd'hui à dix heures j'ai vu des "choses" pas très drôles du tout ..des jeunes qui se lançaient des œufs ;de la farine; du sucre glace; du concentré de tomates et même de l'eau mélangée à de l'acide chlorhydrique dans des pistolets (jouets) et là ça devient vraiment inquiétant... Si nous sommes d'accord sur le fait que l'Achoura est une fête de partage(1/10 de l'argent épargné doit être distribué aux pauvres ) et de la réalisation des rêves de beaucoup d'enfants .... pourquoi s'adonner à des pratiques qui pourraient mal tourner dans le cas ou la personne qui reçoit le lancé d'œufs n'aurait pas apprécié ????
a
16 décembre 2010 22:05
Citation
chanba a écrit:
fêter Baba Achour fait partie de notre patrimoine Marocain qu'on le veuille ou non... Quand on était petits on fêtait le zem zem comme disait aela.91 ...mais... le fêter à la manière des jeunes d'aujourd'hui est une autre histoire...
Dans les rues ( ville du centre du MAROC )... aujourd'hui à dix heures j'ai vu des "choses" pas très drôles du tout ..des jeunes qui se lançaient des œufs ;de la farine; du sucre glace; du concentré de tomates et même de l'eau mélangée à de l'acide chlorhydrique dans des pistolets (jouets) et là ça devient vraiment inquiétant... Si nous sommes d'accord sur le fait que l'Achoura est une fête de partage(1/10 de l'argent épargné doit être distribué aux pauvres ) et de la réalisation des rêves de beaucoup d'enfants .... pourquoi s'adonner à des pratiques qui pourraient mal tourner dans le cas ou la personne qui reçoit le lancé d'œufs n'aurait pas apprécié ????

salam

tu as raison, certaines choses se perdent. nous en s'envoyait des seaux d'eau a la tete et c,etait tres drole et y'avait aucun mal la dedans.
Il faut se garder de trois fautes : parler sans y être invité, ce qui est impertinence ; ne pas parler quand on y est invité, ce qui est de la dissimulation ; parler sans observer les réactions de l'autre, ce qui est de l'aveuglement. [Confucius]
 
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