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Le peuple Ouïgour
s
18 juillet 2009 10:47
Les minorités musulmanes d’Asie orientale : le peuple Ouïgour (1/2)

mardi 7 juillet 2009 - par Michel Gilquin

Déjà, Marco Polo avait remarqué divers signes de l’influence de l’Islam à la cour de Chine : c’est dire l’ancienneté de cette présence dans l’Empire du Milieu : venant par les fameuses routes de la soie à travers l’Asie centrale dès le Xème siècle, le message coranique a essaimé, faisant naître des communautés musulmanes un peu partout. On en trouve ainsi notamment dans le Ningxia, le Shensi, le Kansu et, plus au sud, dans le Yunan. Ces minoritaires sont communément appelés Hui ou, en français, Dounganes.

On aurait tort cependant de les confondre avec un peuple, le peuple ouïgour, qui occupe un vaste territoire bordé du Kazakhstan, de la Kirghizie, du Tadjikistan, de l’Afghanistan et des Cachemires sous contrôles indien et pakistanais, ainsi que de la Mongolie. Ce pays, sur les cartes, est désigné sous le nom de Xinjiang, c’est à dire « nouvelle frontière » ; mais ses habitants récusent cette appellation et lui préfèrent le nom de Turkestan oriental. Parlant une langue turcique, les autochtones ouïgours n’ont guère à voir avec les Han, ethnie dominante en Chine.

Bien que cette région de Chine bénéficie d’un régime officiel d’autonomie (« région autonome ouïgoure du Xinjiang ») censé protéger langue -en alphabet arabe- et coutumes, cette marche du géant asiatique connaît, comme le Tibet voisin, une entreprise systématique de sinisation. Jadis largement majoritaires dans leur pays, les Ouïgours tendent à devenir minoritaires, du fait de la colonisation de peuplement Han : ainsi, se trouve être légitimé l’emploi abusif du terme de « minorité ethnique » qui leur est appliqué et qui tend à en faire une des composantes parmi les autres musulmans sous l’autorité de Pékin.

Cette politique d’implantation ne pouvait que susciter une résistance ; celle-ci, moins médiatisée que celle des Tibétains, a connu, dans les années 90, un nouvel essor.

A la question identitaire, s’ajoute le caractère géostratégique de la zone, qui en fait un enjeu de taille pour l’avenir de la Chine : commandant un accès au toit du monde, c’est-à-dire au château d’eau du XXIème siècle que forme la cordillère pamiro-himalayenne, c’est aussi un immense réservoir d’hydrocarbures dans le bassin du Tarim (1) et le passage obligé de futurs oléoducs. Enfin, c’est dans sa partie orientale que se situe le polygone nucléaire de Lop Nôr où sont effectués les essais chinois.

Emergence d’un sentiment national.

Les populations locales, tôt sédentarisées dans les oasis, mélange d’ethnies diverses, ne sont passées sous contrôle chinois qu’en 1759, mais, compte tenu de la rivalité entre Russes, Chinois et Britanniques dans cette zone, ce n’est qu’en 1884 que le Turkestan est devenu véritablement une province de Chine.

En dépit de l’existence d’Etats éphémères sur des portions de ce territoire au XIXème siècle, tel l’Etat musulman de Kashgarie (1866-1876), la conscience de constituer une nation spécifique n’existait pas : l’attachement à l’Islam, un Islam, notons-le, marqué par le soufisme et une grande liberté accordée aux femmes, résumait le marqueur identitaire principal, transcendant les localismes. Région-carrefour imprégnée par les échanges durant des siècles, l’érection d’un référent de type national ne s’imposait pas.

Avec la naissance de l’Union soviétique, puis celle de la République Populaire, sa fonction de lieu de brassage ethnique, de trait d’union entre deux aires de civilisation s’est considérablement amoindri. Puis, dans ce qui était devenu un avant-poste chinois face à l’empire rival septentrional, a commencé à germer, avec les empiètements successifs de la présence han, le sentiment d’une identité spécifique où se mêlent inextricablement l’adhésion à l’Islam et l’utilisation des langues turciques : ainsi, avec les Ouïgours proprement dits, les communautés kazakh (7% de la population), ouzbek, kirghize, se reconnaissent-elles dans une revendication globale élargie d’« ouïgourité », la petite communauté tadjike persanophone restant plus réservée.

A suivre...

Note :

(1 )Le Wall Street Journal évaluait les réserves de pétrole à 8,2 milliards de tonnes et celles de gaz à 2,5 millions de m3 (18/02/93). Voir « la géopolitique du pétrole », article de Hamid Khamraev , Cahiers d’Etudes sur la méditerranée orientale et le monde turco-iranien (CEMOTI) n°25, 1er semestre 98.

Source : [oumma.com]
s
19 juillet 2009 21:12
Dans les années 50, l’installation de Hans a entraîné des révoltes locales puis, en 1962, une forte répression a produit un exode de plusieurs dizaines de milliers de Ouïgours() vers le Kazakhstan et d’autres républiques soviétiques. La diaspora ouïgoure dans ces républiques devenues indépendantes en 1991 compterait aujourd’hui entre 500000 et un million de personnes et son activisme nationaliste n’est pas sans inquiéter Pékin. L’implosion de l’URSS, accompagnée des affirmations nationales, l’essor des revendications démocratiques en Chine, brisées avec l’écrasement de la Place Tien-An Men en 1989, contribuent à une relance des aspirations nationales ouïgoures qui se traduisent par le désir de voir naître un Turkestan oriental indépendant.

Dès lors, le séparatisme devient une des plus sérieuses menaces internes pour le régime de Pékin qui réagit à la fois en tentant de promouvoir le développement de cette région stratégique (mais en y favorisant les emplois destinés aux Han qui s’installent) et par une suspicion systématique à l’égard des autochtones. Séparatisme, nationalisme ouïgour, islamisme, et, bientôt, terrorisme, deviennent des synonymes disqualifiants dans le lexique pékinois traitant d’une région insoumise où, bien que les dirigeants -formels- d’Ouroumchi, la capitale, soient des locaux, conformément à l’autonomie octroyée, les dirigeants du Parti communiste dans la province -pouvoir réel- sont des Han.

Difficile cohabitation avec les Chinois.

Le Xinjiang est peuplé de presque 18 millions d’habitants dont environ 40 % sont des Ouïgours stricto sensu, 40 % des Han, les 20 % restants se répartissant entre diverses ethnies (Kazakhs, Kirghizes, Tadjiks, etc...), la plupart étant musulmanes. La cristallisation sur facteur religieux dans la revendication nationale a donc une extrême importance puisque c’est lui qui emporte la majorité. En dépit d’une politique démographique moins restrictive pour les minoritaires, l’afflux d’immigrants han (estimations : 300.000 par an) met toutefois en péril à moyen terme cette suprématie numérique et menace de modifier irréversiblement la composition démographique de la région.

Outre la fragmentation du territoire où certaines zones sont exclusivement peuplées par des Han dans des colonies de pionniers ou dans les grands complexes industriels, la cohabitation dans les villes à peuplement mixte (Ouroumchi, Yining, Korgas, ..) entraîne fréquemment des tensions, les deux populations se côtoyant mais ne se mélangeant pas. Tous les indicateurs montrent en outre que le niveau de vie des han est supérieur à celui des ouïgours.

Cette situation de type colonial débouche sur une crispation identitaire chez les autochtones et à des mobilisations de divers types.

La résistance et la répression.

Le spectre de l’islamisme est souvent agité à propos du combat des Ouïgours. La présence attestée de dizaines de volontaires auprès des talibans d’Afghanistan (généralement expédiés là à partir de madrasas pakistanaises et ignorant les enjeux) favorise une équation douteuse selon laquelle le mouvement séparatiste serait composé de fanatiques, de « mauvaises gens » selon la terminologie chinoise : version sinisée de la lutte du « Bien contre le Mal ». Certes, l’oppression vécue entraîne une crispation sur l’identité religieuse et la défiance vis-à-vis de l’Islam officiel de Chine encourage une lecture littéraliste des textes sacrés, avec l’handicap ajouté d’une faible maîtrise de l’arabe. Remarquons également, au passage, que l’adhésion à cette conception universaliste (islamique) traduit paradoxalement la fragilité du sentiment national et est un moyen de transcender certaines impasses.

La focalisation sur la seule composante islamiste radicale, qui tend à inventer un fondamentalisme qui n’avait pas cours dans la région, n’est pas innocente. Elle vise à discréditer toutes les autres composantes de la résistance à la sinisation, certaines prenant des formes de résistance armée et d’autres adoptant des voies de mobilisation pacifique, tel le mouvement des meshrep, assemblées villageoises pour la défense de la culture et des mœurs locales, qui fut interdit en 1995. Le déficit démocratique dans la société chinoise a conduit à une radicalisation des modes de résistance. Les émeutes de Yining (Kuldja en ouïgour) en février 97 furent l’expression de l’exaspération des Ouïgours de ne pas se faire entendre par d’autres moyens. Depuis lors, attentats et embuscades se sont succédé sans discontinuer, avec vraisemblablement des provocations (explosion de bombes « à l’aveuglette ») destinées à justifier la répression.
s
19 juillet 2009 21:13
Les évènements du 11 septembre aux Etats-Unis ont été une aubaine pour les autorités de Pékin : les protestations des organisations de défense des droits humains telles Amnesty International ou Human Rights Watch dénonçant la répression du peuple ouïgour ont été balayées d’un revers de main sur l’autel de la coalition anti-terroriste internationale : quelques jours avant le sommet de Shanghaï en octobre 2001 entre les présidents Jiang Zemin, Bush et Poutine, cinq « séparatistes » étaient condamnés à mort à Kashgar : ils n’étaient que les derniers d’une longue série...

L’efficacité de la répression des autorités infirme en réalité l’existence d’un mouvement de résistance structuré et unifié : selon Dru Gladney, professeur à l’Université de Hawaï et spécialiste de l’Islam en Chine, il s’agirait bien plus d’une mouvance de groupes atomisés, divisés et sans chef reconnu, bien qu’en exil, où l’on peut dénombrer au minimum cinq organisations, se détache la personnalité de Erkin Alptekin, qui fut président de l’Organisation des Peuples et Nations non représentées (à l’ONU), l’UNPO.

L’alliance qu’a su nouer la Chine avec les républiques d’Asie centrale ex-soviétique, vise à conjurer la menace séparatiste ; ses efforts pour être reconnue comme membre à part entière de la coalition anti-terroriste par Washington lui donnent à penser qu’elle a désormais les mains libres pour poursuivre sa politique de sinisation de son Far West : jeu dangereux, car la région tout entière risque à terme à devenir une nouvelle poudrière, avec les effluves habituels de pétrole convoité...

Source : [oumma.com]
O
5 août 2009 22:22
Assalamu aleikoum à tous et à toutes,

Nous sommes abandonnés par nos frères et soeur musulmans des pays arabes, et par la communauté internationale. Ils ont sacrifié la démocratie et les droits de l'Homme pour ses intérêts économiques.

Nous sommes déçus par le choix qui est fait entre la valeur de l'argent et valeur humaine.


Merci srnit pour ce sujet.

==============

Voici un site web pour ceux qui s'intéressent à écouter la voix des Ouïghours: www.ouighour.fr

Qu'Allah vous protège et protège ceux qui vous sont chers.

Un Ouïghour en France
s
11 août 2009 15:36
Citation
Ouighour.fr a écrit:
Assalamu aleikoum à tous et à toutes,

Nous sommes abandonnés par nos frères et soeur musulmans des pays arabes, et par la communauté internationale. Ils ont sacrifié la démocratie et les droits de l'Homme pour ses intérêts économiques.

Nous sommes déçus par le choix qui est fait entre la valeur de l'argent et valeur humaine.


Merci srnit pour ce sujet.

==============

Voici un site web pour ceux qui s'intéressent à écouter la voix des Ouïghours: www.ouighour.fr

Qu'Allah vous protège et protège ceux qui vous sont chers.

Un Ouïghour en France

aleikoum salam,

Je t'en prie
amin pour tes dou3as

Les gouvernements vous oublient et ils oublient jusqu'à leurs propres personnes, occupés qu'ils sont par leur pouvoir, leur argent et leur fierté mal placé.

Les musulmans ne peuvent que constater les injustices et soutenir ce peuple sans défense comme sont oppressés les tibetains. Le site que tu as transmis est une bonne occasion de passer l'informations car bcp de monde ignore.
Dans les pays arabes, il y a bcp de monde qui ont été affectés par ces événements, seulement ces infos ne sont pas relayés par les médias officiels. Il ne faut pas se fier aux apparences.

smiling smiley
s
11 août 2009 15:44
[www.ouighour.fr]



Modifié 2 fois. Dernière modification le 11/08/09 15:45 par srnit.
 
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