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Pendant ce temps là en Palestine...
s
1 août 2006 19:50
salam,


Alors que tous els regards sont tournés vers le Liban, en Palestine les exactions s'accentuent.ci-joint le témoignages d'un palestinien recueilli par Silvia Cattori, pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est l'une des rares journalistes (suisse) à aller au devantd es palestiniens et à les soutenir à travers ses articles...



Pendant les massacres en Afghanistan, en Irak et au Liban, ceux de Palestine continuent
Gaza : « Israël veut nous chasser et s’emparer de nos terres »
par Silvia Cattori*

Tsahal maintient deux fronts simultanés : son infanterie bombarde la Bande de Gaza, tandis que sa marine et son aviation bombardent le Liban. En séparant les populations, à l’occasion du démantèlement des colonies avancées, et en cloturant les frontières, Israël a transformé la Bande de Gaza en une nasse dont il est impossible de sortir et où chacun est devenu une cible potentielle. Silvia Cattori a recueilli le témoignage d’un civil.

Silvia Cattori : Les bombardements de l’armée israélienne ont déjà fait plus de cinq cent victimes et des milliers de blessés en quelque semaine à Gaza et au Liban.

Khaled : Maintenant les soldats sont en train de bombarder de tous côtés, par le ciel, par les chars postés au bord de la frontière nord de Gaza. C’est très angoissant. Nous sommes chaque jour plongés dans l’infinie douleur à cause de nos morts et de nos blessés. Hier les tirs israéliens ont fait 25 nouvelles victimes et plus de 70 blessés parmi les habitants du quartier Al Shijaeeya à Al Sha’af, à l’est de la ville de Gaza et, dans le quartier de Jabalyia, ils ont bombardé une maison située à une centaine de mètres de ma maison.

– Allez-vous devoir partir ?

– L’armée israélienne a averti un de nos voisins qu’il doit partir. Entre sa maison et la mienne, il n’y a qu’une maison.

– Mais que veut obtenir Israël par ces carnages et destructions répétés ? Quel est leur but final ? Vous terroriser pour vous faire déguerpir définitivement, comme ils l’ont déjà fait à Rafah ?

– Cela ne date pas d’aujourd’hui. Depuis 1948, les Israéliens poursuivent toujours le même plan pour se débarrasser de nous : ils appellent ce plan « transfert ». Une fois c’est à tel endroit qu’ils terrorisent et massacrent, une fois à tel autre. C’est un crime qui s’appelle « épuration ethnique ». Leur but : nous faire partir pour s’emparer de notre terre sous prétexte de créer des « zones de sécurité ». Comme il n’y a pas de protestations dignes de ce nom, les soldats d’Israël ont les mains libres pour continuer indéfiniment.

– Le but est-il donc de vous terroriser par des massacres de plus en plus effroyables et, une fois la panique installée dans les cœurs, vous voir, comme en 1948, fuir en masse ? Mais où pouvez-vous fuir cette fois ? Vers l’Égypte ?

– L’important pour eux est d’arriver à faire place nette dans la Bande de Gaza. Peu importe s’il faut nous jeter à la mer. C’est leur plan. C’est comme ça que les 3⁄4 des Palestiniens ont fui en 1948. Mais je crois que, jamais plus, les Israéliens ne réussiront à nous faire quitter ce refuge.

– Vous devez être déçus du résultat de la conférence de Rome où le cri du Premier ministre libanais, réclamant l’instauration d’un cessez le feu immédiat, n’a pas été entendu. Cela a-t-il été ressenti à Gaza comme un feu vert donné à Israël pour continuer de vous massacrer ?

– L’Occident a toujours laissé les gouvernements israéliens massacrer et détruire comme ils veulent. Ce n’est que le degré de brutalité qui varie. Les droits de l’homme sont violés par l’État d’Israël au vu et au su du monde entier, avec l’appui des États-Unis, et les organisations comme Amnesty international se taisent et les Européens se taisent, et c’est à nous les victimes que l’on demande de faire des efforts. Chaque fois que le Conseil de sécurité met au vote une résolution qui critique les agissements d’Israël, les États-Unis mettent immédiatement leur veto et empêchent qu’Israël soit condamné. Pour nous, c’est comme toujours. L’Occident condamne notre résistance. Le Hamas et le Hezbollah, quoi que vous pensiez, sont l’honneur des peuples arabes. Israël veut tuer la seule force qui le défie et qui nous honore. Pour nous ce qui se passe à Gaza et maintenant au Liban, est terrible. Mais, même si ce que nous subissons est plus que jamais effroyable, il faut que l’Europe sache que jamais nous n’abandonnerons nos autorités du gouvernement Hamas.

– Vous n’imaginiez pas que les bataillons de chars oseraient pénétrer à l’intérieur de la Bande de Gaza ?

– Oui c’est fait ; ils sont entrés au nord de Gaza, ils sont proches de Jabalyia. Il n’y a plus que deux kilomètres qui nous séparent. Il se peut que, s’ils entrent à Jabalyia, nous ayons à subir un massacre comme à Sabra et Chatila.

– Ce qui veut dire que vous vous sentez complètement démunis face à cette armée aguerrie ?

– Les militants essaient de nous protéger, de ne pas laisser les soldats israéliens entrer dans les quartiers, mais ils n’ont pas les moyens de les en empêcher. Au Liban, les militants du Hezbollah peuvent se battre contre eux car il y a des montagnes et des zones peu peuplées. Mais, ici, nous sommes entassés les uns sur les autres et, si on veut s’échapper, aller d’un endroit à l’autre, ce n’est pas possible. Sous leurs obus il n’y a pas de lieu sûr. Nous n’avons d’autre choix que de rester dans nos maisons et d’espérer que Dieu nous protège.

– Le fait de ne pouvoir s’échapper doit créer un sentiment d’enfermement encore plus oppressant ?

– Oui nous nous sentons emprisonnés. La Bande de Gaza est la plus grande prison du monde.

– Vos autorités ont-elles fait appel aux organisations humanitaires ?

– Tous ces représentants des ONG, de l’ONU, ou des gouvernements, n’ont jamais rien fait de concret pour nous. Nous souffrons toujours davantage et leurs projets de paix ou d’aide ne servent qu’à renforcer la position d’Israël. Le dernier exemple en date est la conférence de Rome. Vous pouvez voir tous les jours le sang de nos enfants couler. Qui en a cure ? Peut-être que, pour le peuple libanais, ils sont obligés d’agir vu l’importance des destructions infligées par Israël. Mais pour ce que nous subissons ici à Gaza avez-vous entendu la Croix rouge ou d’autres organisations des droits de l’homme protester ? Les avez-vous entendus accuser Israël de crimes de guerre ? Amnesty avait qualifié les attentas suicides de crime contre l’humanité en 2003. Amnesty se tait quand il s’agit d’Israël.

– Vos militants sont donc totalement impuissants à stopper les bataillons de chars israéliens ?

– Oui. Ils n’ont rien d’autre à faire que de se tenir debout.

– Mais, quand les bombardements cessent, ce que l’on voit ce sont surtout des femmes et des enfants massacrés. La population doit se sentir dans un état d’abandon et de panique indescriptible, les enfants surtout ?

– Cela exigerait que le monde entier dénonce ces crimes odieux contre des innocents. Or les État arabes eux aussi se taisent et, quand ils s’expriment, c’est pour appuyer la position des États-Unis.

Les enfants sont déjà traumatisés depuis longtemps. Ils ont des comportements inquiétants. L’armée israélienne mène une guerre contre des militants qui prennent leurs responsabilités pour tenter de nous protéger. Les dirigeants du gouvernement sont très menacés et vivent dans la clandestinité. Ils ne sont pas aptes, eux non plus, à prendre un fusil contre un char.

– Avez-vous l’espoir que ce déluge d’obus cesse bientôt ?

– Israël ne va pas s’arrêter. Il ne s’arrêtera que si l’un de ces massacres soulève de grandes protestations. Alors là, l’armée israélienne se retirera un peu, en attendant que les protestations se calment, et puis ses massacres vont recommencer.


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Si tu as de nombreuses richesses, donne de ton bien; si tu possèdes peu, donne de ton coeur... (Proverbe Berbère)
s
1 août 2006 19:52
un autre article de silvia cattori


Pendant que le monde assiste à la destruction du Liban par Israël, l’occupation de la Palestine continue. Pendant que les caméras sont tournées vers Beyrouth, tout est mis en œuvre pour étouffer les Palestiniens et les contraindre à fuir. Sylvia Cattori s’est rendue sur place et décrit la terreur à laquelle sont soumis les habitants de Naplouse.

Chaque nuit, la ville de Naplouse est secouée par des bruits de guerre, des bruits qui empêchent le sommeil. On se réveille en sursaut, on ne se sait plus si on a dormi, pas dormi, ou si on est dans un cauchemar éveillé. Il y a des tirs, des explosions qui résonnent à proximité, vont plus loin, reviennent en écho. On ne sait pas ce qui se passe et où cela se passe. On se sent d’abord très inquiet, puis on ne pense plus. On se résigne et on attend le jour. Les gens vous disent que c’est comme ça chaque jour de l’année, ici dans le district de Naplouse, que ce n’est rien de nouveau depuis 2000, que cela fait partie de la panoplie de la guerre de terreur menée par Israël, qui s’ajoute aux innombrables autres mesures repressives.

Les soldats pénètrent régulièrement, la nuit, à l’intérieur des petites ruelles silencieuses de Naplouse ou des villages. Ils enfoncent les portes, lancent des grenades. Cherchent, maison par maison, des hommes qu’ils qualifient de « wanted », de « suspects ». Ils forcent les familles à sortir, fouillent, cassent tout et, s’ils ne trouvent rien, ils exigent des mères qu’elles appellent par hauts parleurs leur fils à se rendre. Si le « suspect » ne se rend pas, ils arrêtent parfois le père, des frères, ou font sauter la maison. Ils s’en vont avant le jour.

Des tirs ont retentit apres minuit. Mais les plus grands combats ont commence à 4 heures du matin quand une explosion très forte a secoué la cité. Puis des tirs intenses. Le bruit des tirs a été par deux fois couvert par la voix du muezzin. Voix qui allait au loin, revenait en écho, retenait notre souffle.

Ce qui s’est passé lors de la rafle de cette nuit n’est pas usuel. Les troupes israéliennes sont entrées sans faire de bruit, par surprise. Généralement, les soldats ne trouvent pas de combattants en face d’eux, car les hommes recherchés se terrent. Ils se savent assiégés et, avec leurs pauvres fusils, à chaque coup perdants. Mais, ce matin, les hommes aux aguets ont résisté. Les combats ont duré plusieurs heures. Il y a eu, du côté de l’armée israélienne, un soldat tué et six autres blessés, dont plusieurs dans un état grave.

Quatre jeunes palestiniens ont ete capturés et embarqués par les soldats. Ils subissent depuis les interrogatoires du Shen Bet. Les renseignements qu’ils réussiront a leur extorquer serviront a procéder aux prochaines rafles et actions punitives.

On s’attend à ce que l’armée revienne d’un moment à l’autre et à ce que la répression soit d’autant plus dure que le soldat tué est le fils du commandant en charge de cette région.

Les gens sont à bout. Israël les a humiliés, affamés, privés de tout droit. Ils vivent ici emprisonnés. Quand les gens se présentent aux check-points - qui sont des zones militaires où les soldats s’ingénient à faire régner la terreur - ils se font humilier, arrêter, passer à tabac. Les jeunes - entre 14 et 30 ans - ne passent pas. Ils doivent emprunter, à leurs risques et périls, des sentiers de montagne. Une étudiante de l’université de Najah a été arrêtée au check-point il y a une année et demie et demeure détenue depuis, pour avoir giflé le soldat qui la fouillait au corps.

Après six années de privations et de massacres, on sent les gens d’autant plus révoltés et à cran qu’ils subissent maintenant, outre les persécutions d’Israël, l’étranglement de l’Europe. Une Europe scandaleuse qui punit et affame un peuple entier, pour avoir voté en faveur du Hamas.

Cela n’a fait que de renforcer leur esprit de résistance. Se rebeller est la seule chose qui leur reste pour sauvegarder leur dignité bafouée. Pour cela, on les sent déterminés, prêts à tenir tête au monde entier, jusqu’au moment où celui-ci finira par se sentir rempli de honte pour avoir commis un pareil crime et comprendra que, de la part des Palestiniens, revendiquer le respect de leurs droits violés, est chose légitime.

Reste que ce qui s’est passé cette nuit ne sera pas sans graves conséquences pour eux. L’armée israélienne va revenir pour les punir encore plus lourdement. Mais eux vaquent à leurs occupations, font comme si de rien n’était. Ils vous regardent avec la tranquillité de ceux qui savent qu’ils ont l’humanité de leur côté. C’est leur force. « It is our life », lâchent-ils calmement quand vous vous inquiétez pour eux
Si tu as de nombreuses richesses, donne de ton bien; si tu possèdes peu, donne de ton coeur... (Proverbe Berbère)
 
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