Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
La pauvreté est repartie à la hausse en France en 2003
t
24 février 2006 23:53
Après avoir enregistré une baisse, modeste mais quasi ininterrompue depuis 1996, le nombre de pauvres est reparti à la hausse en 2003.

Cette inflexion de tendance est mise en évidence dans le quatrième rapport de l'Observatoire national de la pauvreté, dont la publication, mercredi 22 février, n'a pas donné lieu à une conférence de presse - contrairement aux précédentes éditions.


Il y a trois ans, 6,3 % des ménages se situaient sous le seuil de pauvreté, soit près de 3,7 millions de personnes, contre 3,43 millions en 2002 (5,9 % des ménages).

Pressentie par l'Observatoire dans son précédent rapport (Le Monde du 10 avril 2004), cette progression ne constitue pas une surprise : en 2003, l'emploi salarié marchand s'était contracté dans des proportions inédites depuis dix ans (53 000 postes en moins).

Depuis, la croissance a retrouvé des couleurs (+ 2,3 % en 2004) et près de 65 000 emplois salariés ont été créés en 2005, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques. Mais la proportion de chômeurs de longue durée demeure plus élevée en octobre 2005 qu'au premier trimestre 2003. Et la part des demandeurs d'emploi non indemnisés a augmenté (42 % en octobre 2005, contre 36,5 % à la fin 2002).


POPULATIONS FRAGILES


Ces évolutions ne sont pas uniquement imputables à une conjoncture morose. Elles découlent aussi de décisions prises par les partenaires sociaux ou par le gouvernement : réforme de l'assurance-chômage fin 2002, qui a durci, pendant un temps, les conditions d'accès aux Assedic et réduit la durée d'indemnisation ; diminution du volume des contrats aidés dans le secteur non marchand en 2003-2004.

Du coup, le nombre de bénéficiaires des minima sociaux s'est accru : + 3,4 % en 2004. La France n'a jamais autant compté de RMIste depuis la mise en place de ce dispositif à la fin des années 1980 (près de 1,24 million d'allocataires en septembre 2005).

Dans ce contexte, d'après l'Observatoire, les politiques conçues pour favoriser le retour à l'emploi des populations fragiles ne vont pas forcément dans le bon sens.

Depuis plusieurs années, deux pistes sont privilégiées : abaissement du coût du travail à travers des exonérations de cotisations sur les bas salaires ; mesures pour rendre la reprise d'activité financièrement attractive. Mais ces "orientations" entraînent un décrochage des revenus de remplacement (Assedic) ou de transfert (RMI...) par rapport aux salaires, ce qui accroît les situations de pauvreté.

Autre "effet pervers" relevé par l'Observatoire : le développement de formes d'emploi "de mauvaise qualité et/ou à faible rémunération", qui nourrit le phénomène des working poor (travailleurs pauvres).

Pour améliorer l'insertion professionnelle des personnes en difficulté, il conviendrait de lever les nombreux obstacles auxquels elles se heurtent : illettrisme, absence de moyens de transport...

Déplorant les difficultés d'accès des moins qualifiés à la formation, l'Observatoire plaide pour l'instauration d'un "accompagnement personnalisé" en faveur de ces publics.

Bertrand Bissuel
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook