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Le nucléaire est l'avenir du Maroc»
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10 mai 2007 16:25
Le nucléaire est l'avenir du Maroc»
Publié le : 09.05.2007 | 15h07

Pour produire ses besoins en électricité


Le Matin : Quel est l'état des lieux de l'énergie nucléaire au Maroc ?

Abdelhamid Mekki Berrada : Depuis 1956, le Maroc importe des radioéléments pour les utiliser. Nous nous préparons pour introduire l'électronucléaire au Maroc, c'est-à-dire la fabrication de l'électricité à partir de la chaleur dégagée par la fission nucléaire. En effet, nous sommes aujourd'hui prêts à faire cette opération. En 1980, on a senti la nécessité pour notre pays d'avoir un dossier nucléaire solide.

Ainsi, les pouvoirs publics ont confié à une société l'étude de faisabilité et de choix du site du réacteur nucléaire. Cette étude, qui a duré environ dix ans est aujourd'hui finalisée et le site est choisi, à Sidi Boulbra, entre Essaouira et Safi. Le terrain est déjà acheté et prêt à recevoir plusieurs réacteurs nucléaires. On n'attend plus que le feu vert de l'administration marocaine, qui va décider du moment opportun pour lancer le projet. Il y a encore beaucoup d'études à réaliser dans ce domaine.

Quelle est la différence entre ce site et le centre de la Maâmora ?

Le réacteur du centre de la Maâmora vient de démarrer ses travaux cette semaine. La première fission nucléaire vient d'avoir lieu. C'est un petit réacteur de 2 MW, qui est utilisé pour la recherche. Il est entre les mains des universitaires pour fabriquer les radioéléments ; des particules utilisées dans le secteur de la santé pour explorer le corps humain, guérir les cancérs…Les radioéléments qui sont importés par le Maroc à un coût exorbitant vont désormais être fabriqués dans ce centre. On n'importera plus des radioéléments pour la santé, l'agriculture, l'industrie… Les radioéléments ont une durée de vie bien déterminée. Nous importons ceux qui ont une durée de vie d'une semaine.

On n'a pas l'avantage d'utiliser des radioéléments de courte durée de vie. Maintenant, cela va changer, grâce au réacteur nucléaire de la Maâmora. Le centre sert aussi pour la recherche et la formation des techniciens.

Quant au site de Sidi Boulbra, il servira à installer des réacteurs de puissance pour fabriquer de l'électricité, car notre pays manque cruellement de ressources énergétiques.

Quels sont les besoins à l'heure actuelle en énergie nucléaire ?

Notre pays a fortement besoin d'électricité. La France à titre d'exemple produit 85 % de son électricité à partir de l'énergie nucléaire. Il existe 31 pays qui font de même. 20 % de l'électricité mondiale est produite grâce au nucléaire.

Le Maroc n'a ni charbon ni pétrole, ni gaz. Nous importons 96 % de l'énergie de l'étranger à un coût élevé. Certes, le nucléaire n'est pas donné du point de vue investissement, Mais, au moins, on ne sera pas soumis aux aléas des importations. On sera moins dépendants surtout que le prix du pétrole varie. Avec le nucléaire, c'est différent, car on charge le réacteur une fois tous les trois ans. Pendant toute cette durée, on produit une électricité à un prix connu d'avance.

Pour mettre en œuvre ce projet, le Maroc attend un appui international…

Il faut surtout avoir un partenaire pour aider au financement, à l'installation, à l'exploitation…On peut faire comme à Jorf Lasfar, dont la centrale est en production indépendante.
Ce sont des étrangers qui l'installent et l'exploitent ; et le Maroc leur rachète le courant.
On peut confier à un partenaire étranger de construire une série de réacteurs nucléaires en lui garantissant qu'on achètera ses produits…

L'ambition est grande. Mais, est-ce que le Maroc dispose d'assez de ressources humaines pour travailler dans ce domaine ?

Je suis, depuis 1960, le premier ingénieur en génie atomique au Maroc. Jusqu'à la fin des années 70, on ignorait quelles étaient les compétences nationales dans ce domaine. C'est pour cette raison que j'ai créé l'association des ingénieurs en génie atomique du Maroc, pour faire l'inventaire de tous les techniciens.

On est maintenant pas loin de 200 techniciens : universitaires, docteurs en physique nucléaire, en chimie nucléaire, ingénieurs en génie atomique formés à l'étranger. Cela peut paraître peu, mais nous estimons que c'est suffisant pour lancer les premier réacteurs.


INTERVIEW : Abdelhamid Mekki Berrada, président de la commission nationale de la sûreté nucléaire
 
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