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La nouvelle vieille caricature et le jeu de rôle pour allumer des feux
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24 février 2010 17:09
La nouvelle vieille caricature et le jeu de rôle pour allumer des feux

Une première mondiale, un premier ministre « occidental » présente ses excuses à la communauté musulmane de son « pays » pour un dessin haineux et insultant, en affirmant son « respect et admiration pour la religion musulmane et son fondateur ». La justice a par ailleurs sanctionné lourdement l’auteur de ce dessein en le condamnant à une peine de deux ans de prison au grand dam des défenseurs de la « liberté d’expression » et tout ce qui va avec comme « liberté d’amalgame ».

Mais qu’est ce qui s’est passé au fait ?

Quelques journaux ont repris la dépêche de l’AFP rapportant que près de 3.000 musulmans ont manifesté pacifiquement ce vendredi 12 février à Oslo, avec des pancartes « Nous sommes musulmans, pas terroristes » ou « Stop au dénigrement des musulmans ».

Cette manifestation fait suite à la publication le 3 février dans le tabloïd Dagbladet d’une caricature, afin d’illustrer un article dit-il, où l’on voit un porc portant un keffieh arabe et écrivant dans un livre. Sur le porc on peut lire le nom du Prophète Mohamed (PBSL) et sur le livre on lit le mot « Coran ».

Rien de nouveau sous le soleil, nous savons que, notamment, depuis l’arrivée de l’ère de Bush junior et le déclenchement de sa « croisade » contre le « terrorisme » et l’« islamisme » dans le cadre du fameux « choc des civilisations », se multiplient les articles et les dessins permettant de renforcer les préjugés, stigmatiser et provoquer les musulmans, qui malheureusement tombent parfois dans le piège et réagissent maladroitement, ce qui permet d’alimenter les clichés de nouveau et la boucle est bouclée.

Cependant, que les adeptes de cette « liberté » en Europe et particulièrement en France se rassurent. Les excuses de ce premier ministre « occidental » n’ont pas été faites suite à cette dernière publication et pas en Europe non plus, mais, devinez où ?... En Israël ! L’on peut alors légitimement se demander si ces provocations sont purement d’origine interne européenne ou si elles n’ont aussi un soutien ou une source externe à l’Europe ?

D’où vient ce dessin ?

Remarquons que ni le tabloïd ni les autres journaux ne disent rien sur « l’artiste » qui a signé ce dessin. C’est qu’il s’agit d’un vieux morceau qui a été réalisé et distribué à Hebron (al-Khalîl) en Palestine occupée en juin 1997 par une certaine Tatiana Susskin, une jeune femme et nouvelle immigrée juive russe ayant fait son Alyah et qui s’était installée en Hébron où, paraît-il, ses « ancêtres » devaient habiter il y a trois milles ans.

Un site sioniste nous informe que pour cette « princesse », ce dessin était de « la liberté d’expression », qu’elle l’avait réalisé par « amour pour les juifs », et qu’à cause des attaques que menaient les musulmans en Palestine contre les juifs d’Israël, elle trouvait qu’ils « se comportaient vraiment comme des cochons ».

Or l’état sioniste peut expulser les Arabes palestiniens, les arroser par ses mitraillettes, ses missiles et ses bombes, enlever leurs organes, tuer leurs bébés menaçants, détruire leurs maisons, arracher leurs arbres etc., mais il demeure tout de même un Etat soucieux de son image de démocratie, d’un Etat de droit qui respecte les croyances des indigènes dont il occupe les terres. Cette femme fut alors condamnée à deux ans d’emprisonnement pour racisme par un juge israélien, qui avait d’ailleurs comparé son dessin à la création antisémite du faux « Protocoles des sages de Sion ».

Et c’est alors que le premier ministre israélien « occidental » de l’époque, un certain Benyamin Netanyahou, présenta ses excuses au maire arabe d’Hébron en déclarant que l’acte de cette femme « était contraire au respect et à l’admiration que porte la religion juive à la religion musulmane et à son fondateur ». Probablement murmurait-il à voix basse : « Si seulement vous fichez le camp et laissez nous la Palestine. Allez vous-en par vous-mêmes et ne nous obligez pas à vous karchériser, et surtout laissez-nous construire notre temple en lieu et place de votre mosquée, avant qu’on ne vous la fasse sauter ». Mais ça, on ne peut l’affirmer.

Dans le même registre mais dans le sens inverse, on constate que des journalistes et des intellectuels israéliens, « juifs » de naissance, peuvent écrire des articles et des livres critiquant la politique criminelle de l’Etat israélien et mettant à mal ses mensonges et ses mythes sans risquer l’anathème éternelle, et les exemples en sont nombreux. En revanche, notamment en France, quand quelqu’un, surtout s’il n’est pas « juif », ose formuler des critiques, même assez molles, ou faire de la satire envers cet Etat, il risque d’être maudit à jamais, à moins qu’il ne passe sa vie à se racheter.

Un jeu de rôle et d’alliance

C’est bien un jeu réel et machiavélique où les joueurs ont des objectifs communs :
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24 février 2010 17:09
SUITE ET FIN :

Veiller à ce que l’Etat d’Israël, une créature des grandes puissances occidentales et toujours entretenu par elles, ait toujours une image positive auprès des peuples occidentaux censés élire leurs dirigeants qui mènent la politique occidentale ; c’est un jeune Etat démocratique aux valeurs partagées avec le monde libre civilisé, et qui ne fait que se battre pour sa survie dans un environnement hostile à lui et aux valeurs qu’il représente. En parallèle, les alliés européens les plus fidèles doivent s’atteler à museler en Europe toute critique montrant la vérité colonialiste et meurtrière de cet Etat et doivent surtout combattre et neutraliser l’influence « nuisible » que commence d’avoir la communauté musulmane en Europe, en tant que catalyseur et précieuse matière première vivante alimentant et renforçant les mouvements européens qui agissent contre le sionisme et l’impérialisme, ce qui fait de cette communauté l’« importateur de conflit » à abattre.

Une alliance guerrière sous prétexte de « Faire face au Jihad »

Tous les spécialistes de l’islam et tous ceux qui ont côtoyé des musulmans de près savant que pour un musulman, le jihad c’est avant tout des efforts continus pour lutter contre sa propre cupidité, s’élever spirituellement, combattre toute injustice d’où qu’elle vienne et faire de son mieux pour apporter du bien à autrui, et que ça n’a rien à voir ni avec cette notion bizarroïde de « guerre sainte » ni avec une violence aveugle quelconque. Quand les musulmans d’Europe s’activent pour se faire reconnaître en tant que citoyens à part entière avec leurs droits et leurs devoirs, quand ils se battent contre les discriminations dont ils font l’objet, quand ils cherchent à vivre leur foi paisiblement, et quand ils défendent avec leurs concitoyens les droits du peuple arabe de la Palestine, ils font du jihad qui dérange les maîtres du jeu et qu’il faut combattre.

« Facing Jihad », ce fut le titre donné à une rencontre qui se déroula le 14 et 15 décembre 2008 à Jérusalem. Cette rencontre fut organisée par le député israélien Ariel Eldad (un député classé à l’extrême droite si cela a une importance quelconque). Un communiqué de presse présenta cette rencontre comme un « sommet de parlementaires européens unis contre la menace de l’expansion islamique », où une trentaine de parlementaires européens de la Belgique, le Danemark, l’Italie, les Pays Bas, la Suède, la Suisse et la Grande Bretagne qui « s’oppose et à l’islamisation et aux politiques d’immigration européennes qui bouleversent la cohésion sociale » serait conviée, tout en soulignant (on s’en doutait) qu’« aucune organisation raciste ne serait autorisée » !

L’orateur qui reçut la plus d’ovation à cette rencontre fut le député néerlandais Geert Wilders, le producteur du film « Fitna » et qui avait demandé l'interdiction du Coran aux Pays Bas. Wilders fit un long discours où il déclara notamment :

« Nous sommes ici pour exprimer notre crainte de l’islamisation croissante de l’Occident. Nous le faisons dans cette ville, la ville de David. La ville qui, ensemble avec Rome et Athènes, symbolisent notre ancien héritage », en affirmant que « les valeurs de l’ancien Israël sont devenues les valeurs de l’Occident » et que Jérusalem est « la capitale d’une démocratie sous la menace ».

Et il ajouta : « Israël est en train d’encaisser des coups qui nous sont destinés. Sans Israël, l’impérialisme islamique aurait trouvé d’autres lieux pour faire éclater son énergie et sa volonté de conquête. C’est pour cela que la guerre contre Israël n’est pas une guerre contre Israël. C’est une guerre contre l’Occident. C’est le jihad », et que désormais « la ligne de front du jihad passe non seulement dans les rues de Tel Aviv et de Haïfa, mais aussi à travers Londres, Madrid et Amsterdam. Le jihad est notre ennemi commun et nous avons intérêt à l’affronter avant qu’il soit trop tard ».

Deux semaines plus tard, soit le 27 décembre 2008, Israël lança son agression meurtrière contre la bande de Gaza, et en plein massacre de la population gazaouie, Tzipi Livni vint à Paris pour déclarer ce premier janvier 2009 à partir du palais de l’Elysée, en parfaite harmonie avec le discours de Wilders : « Israël se trouve en première ligne du monde libre et est attaqué car nous représentons les valeurs du monde libre, dont la France ».

En dehors de quelques protestations des associations pro-palestiniennes et quelques voix isolées, l’Europe, représentée par la France qui en assurait la présidence jusqu’à fin décembre 2008, acquiesça. Le jeu criminel peut continuer. Pour le moment.

Yad-La-Joie
 
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