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Nigeria:un bon éclairage
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9 mars 2010 12:25
Des tueries organisées montrent la montée des tensions au Nigeria
LE MONDE | 09.03.10 | 11h02
Lagos, envoyé spécial

L'attaque, en pleine nuit, n'a laissé aucune chance aux villageois des environs de Jos, capitale de l'Etat du Plateau, dans le centre du Nigeria. Ni violences spontanées ni querelles de voisinage ayant mal tourné, mais une vague de tueries organisées, et exécutées avec rigueur. Selon plusieurs sources, les assaillants sont arrivés dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 mars dans trois villages du sud de Jos.

Au nombre de plusieurs centaines, ils étaient armés de machettes, mais aussi d'armes automatiques. Les survivants les ont décrits comme des "bergers fulanis", du nom de l'un des groupes parlant hausa, majoritairement musulmans, qui vivent dans le nord du Nigeria, mais sont aussi très présents dans l'Etat du Plateau.

En trois heures, ces supposés bergers ont encerclé Dogo Nahawa et deux localités voisines, tiré des coups de feu pour attirer la population à l'extérieur des habitations, puis commencé à tuer, n'épargnant ni femmes ni enfants, incendiant les maisons de ces quartiers où résident essentiellement des membres de l'ethnie Berom, majoritairement chrétiens.

Les journalistes et les membres des organisations locales, sur place, établissaient lundi soir un premier bilan à environ 200 morts. Les autorités locales parlent du double mais, comme le remarque un reporter d'Associated Press présent dans le village où les tueries ont eu lieu, elles "ne fournissent aucune liste ou autre information pour appuyer cette assertion".

Les tueries ont été perpétrées pendant les heures de couvre-feu instauré depuis qu'une vague de violence a frappé, fin janvier, des habitants du groupe Hausa-Fulani, appelé aussi Jasawa localement. Ces massacres avaient fait au moins 300 morts.

Depuis, des unités de l'armée avaient été déployées par le pouvoir central, en pleine crise politique provoquée par la maladie du président Umaru Yar'Adua, et son remplacement aux affaires par le vice-président, Goodluck Jonathan.

Mais le déploiement des forces de sécurité ne garantit pas la stabilisation de cette situation. "Les soldats sont dans le centre, et sur les grands axes, pas dans les villages. Et ils rackettent. Quand les gens se déplacent, ils entendent le langage de la corruption, pas celui de la sécurité", commente, désabusé, Steve Aluko, de Civil Liberties Organisation (CLO) à Jos, contacté par téléphone.

Vérité impossible à énoncer à Jos, l'armée est surtout dominée par des éléments originaires du Nord, donc musulmans, alors que la police locale est essentiellement berom, donc chrétienne.

En apparence, le conflit repose sur des divisions religieuses, qui recoupent des différences ethniques. "Les Fulanis ont été les principales victimes la dernière fois. Ils se sont vengés sur des chrétiens cette fois-ci. On peut s'attendre à de nouvelles vengeances dans l'autre sens", analyse Steve Aluko.

CONCEPT D'INDIGÉNÉITÉ

Le 17 janvier, il avait suffi que des musulmans reviennent construire une maison, une mosquée, voire un terrain de football – selon les versions – dans un quartier devenu chrétien, pour qu'éclate une violence n'ayant rien de spontané, ni de "religieux" ou d'ethnique à l'origine.

Olisa Agbakoba, avocat, ancien président du barreau du Nigeria, est originaire de Jos. Il ne cache pas sa colère. "Bien sûr, les facteurs de tension sont nombreux au départ. Mais si on tue à Jos, c'est en raison des manipulations des responsables locaux. C'est une scène politique d'une extrême violence. Et cela fait partie de la montée des tensions qui menace le Nigeria."

A la base de ces "tensions" se trouve le concept d'indigénéité. Une particularité nigériane, accordant à certains groupes ethniques, dans des régions invariablement mélangées, une sorte de certificat de "premier arrivé sur place". Souvent contestable d'un point de vue historique, cette notion a surtout des effets toxiques, car aux "indigènes" sont opposés les "colons", arrivés plus récemment.

"Les gouvernements locaux déterminent qui sont leurs propres indigènes", rappelle le chercheur Philip Ostien, dans un rapport pour la Fondation Volkswagen. Les autorités locales distribuent des "certificats d'indigénéité", indispensables pour obtenir notamment un emploi dans l'administration, le premier employeur de la région.

Or Jos est une zone de contact entre le Nord, à majorité musulmane, et le Sud, à majorité chrétienne, mais aussi une destination de migrations internes.

Depuis plus d'un siècle, des habitants de tout le Nigeria sont venus s'établir dans la région du Plateau, où les terres étaient fertiles et où l'exploitation de l'étain créait des opportunités pour les commerçants. Pendant de nombreuses années, la ville de Jos a été une destination de choix pour d'autres nouveaux venus, notamment beaucoup de missionnaires chrétiens. D'ailleurs, des Berom musulmans et des Fulanis chrétiens vivent à Jos.
9 mars 2010 15:35
musulmans... chrétiens.... guerre de religion ??

les médias '' européens '' ressortent toujours ce genre d'arguments pour .... attiser plus la haine...
or les raisons sont plus profondes que cela: misère , corruption, ''certificat d'indigénéité....

... Pendant de nombreuses années, la ville de Jos a été une destination de choix pour d'autres nouveaux venus, notamment beaucoup de missionnaires chrétiens

et ces derniers n'ont-ils pas autre chose à faire que de ''christianiser'' ?? sommes nous toujours au XV° siècle ??
la vie est éphémère, mieux vaut bien la vivre avant de la perdre.
 
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