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Mythomanie, schizophrénie paranoïde et paraphrénie.
C
29 février 2012 02:36
« Ses mensonges sont son oxygène. Elle a besoin d’eux pour exister. Jeanne ne peut s’empêcher de mentir. C’est cet automatisme irrépressible, fonctionnant en roue libre, qui fait de la mythomanie une maladie grave, et des mythomanes, des êtres fascinants et angoissants. En effet, nous mentant sans la moindre gêne, aussi sûrs d’eux et souriants que s’ils disaient vrai, ils nous renvoient à la nature incertaine du langage. Non, les mots ne sont pas entièrement fiables ; l’autre a toujours la possibilité de me mentir, de me tromper sans que je m’en aperçoive : rien, a priori, ne distingue une vérité d’un mensonge. (…) D’ailleurs, aucun spécialiste n’est en mesure d’évaluer le degré de lucidité du mythomane. Nous avons tous des fantasmes «mégalos» qui nous permettent de protéger notre narcissisme, notre amour propre, face aux coups durs.

Dès qu’un échec nous met le moral au plus bas, immédiatement une issue s’offre à nous : l’imagination. Nous nous voyons en bienfaiteurs de l’humanité, sauvant des êtres en détresse, et suscitant l’admiration de tous, ou bien membres d’une riche famille, d’un clan plus intéressant que le nôtre. Ce sont précisément les images de nos scénarios mégalos les plus courants que véhiculent les affabulations des mythomanes. Mais généralement, nous savons que nos fantasmes ne sont que des fantasmes, et nous les gardons pour nous (sauf, ponctuellement, quand nous avons envie de paraître, face à un personnage dont nous cherchons l’admiration). Ce n’est pas le cas du mythomane, qui, lui, les vit sans recul.

Si le menteur « normal » – y compris l’escroc – trompe sciemment son interlocuteur, le mythomane se trompe d’abord lui-même : l’autre, en tant qu’individu, compte peu, il n’est que le réceptacle – certes, indispensable – de ses affabulations : même si ses thèmes de prédilection sont de nature à inspirer le respect, l’admiration, ses récits sont d’abord destinés à son propre usage. En fait, il se parle à lui-même.

Une vie de mythomane n’a rien de facile. Pour rester dans son monde fantasmatique, qui la protège de la dureté du réel, Jeanne doit en permanence briser les liens noués à la faveur de son errance mentale et géographique : partir, toujours partir. En effet, le pire, pour un mythomane, est d’être placé face à son mensonge et de perdre ainsi sa raison d’être. C’est pourquoi, lorsqu’il est découvert, le mythomane embraye immédiatement sur une nouvelle affabulation. Mais une part de son psychisme est entamé. Et c’est l’angoisse. De terribles crises d’angoisse, qui conduisent Jeanne tout droit à l’hôpital. Dont elle sort pour poursuivre ailleurs, autrement, la même existence.

Si le mythomane ne supporte pas la réalité telle qu’elle est, c’est d’abord qu’il ne se supporte pas lui-même tel qu’il est. Nous sommes là face à une pathologie du narcissisme, c’est-à-dire de l’amour de soi. « Tout mensonge emporte avec lui un désir, explique le psychanalyste Juan David Nasio en préface de l’ouvrage de Paul EkmanPourquoi les enfants mentent (Rivages « Psychanalyse », 1991). Celui du mythomane est d’être reconnu… pour ce qu’il n’est pas. » Comme s’il lui fallait se dépeindre sous les traits d’un autre pour s’accorder le droit d’exister.

A l’inverse de ce que prétendait le grand psychiatre Ernest Dupré, la mythomanie n’est pas innée. C’est vers 3, 4 ans que les enfants commencent à s’essayer au mensonge : ils maîtrisent alors suffisamment bien le langage et ont désormais compris que les adultes ne savent pas tout ; on peut donc tenter de les tromper. C’est ainsi que naît le mensonge, celui, banal, dont nous ferons tous plus ou moins usage durant notre vie. Mais le mythomane, lui, par une sorte de décision de l’inconscient et pour éviter les frustrations, s’enfermera dans un univers factice. En fait, pour lui, le réel et la fiction sont équivalents. Le psychiatre Michel Neyraut compare d’ailleurs son existence à une partie de poker, dans laquelle le mythomane ne connaîtrait même pas son jeu. Il abat ses cartes, ses affabulations, « et si personne ne s’est récrié, c’est peut-être que cette carte était la bonne. Au fond, toute carte peut être la bonne ». Il y a une "jouissance" particulière dans la mythomanie : se faire croire à soi-même que tous les désirs sont possibles. »
[www.acsm-ca.qc.ca]

« Le mythomane peut aller très loin dans la provocation, son désir étant d'advenir en tant qu'objet du désir de l'Autre (…) Démasqué, le mythomane va vivre ce moment - à la fois tant attendu et redouté - comme un point d'acmé de la jouissance. Les réactions diffèrent : si certains vont s'enfoncer davantage dans leurs mensonges, d'autres peuvent éprouver une sorte de dépression qui peut les amener à s'isoler ou fuir le plus loin possible dans un ailleurs où tout est à recommencer (…) Pour vouloir "guérir", il faut se sentir "malade". Or, ce n'est pas le cas du mythomane. Tout au plus se sent-il un peu "différent". En outre, ce sentiment, loin de le faire souffrir, lui procure une grande fierté. Ce sont donc des symptômes totalement étrangers à sa mythomanie, qui pourront éventuellement le conduire au divan. Ce n'est que secondairement que le problème de la mythomanie sera abordé au cours de la cure, lorsque va commencer le véritable travail d'élaboration. Comme la parole perverse se moque du sens et que lorsqu'elle se deploie, elle ne laisse que peu de place à l'interprétation analytique, nous allons assister à un alternative : ou bien le sujet se met au travail pour se reconstruire, ou bien, se sentant piégé, il résiste et fuit l'analyse. »
[www.bibliotheques-psy.com]

Sur la paraphrénie : [psychiatriinfirmiere.free.fr]
Caractérisée par :

l'existence d'une production délirante importante juxtaposée à la réalité. Le délirant garde longtemps intacte et disponible une image relativement saine de sa personnalité. Il peut prendre à l'égard de son délire une certaine distance. Il en reste le maître, ce qui lui laisse une certaine latitude d'adaptation à la vie sociale;
la grande fréquence des thèmes empruntés aux mythes infantiles et aux mythes archaïques universels (C. Jung), avec une prédilection pour les choses fabuleuses et surnaturelles;

la prédominance du langage sur l'action. Souvent, le paraphrène est riche d'expressions verbales et graphiques. Son langage écrit est encore plus perturbé que son langage parlé. Il fait appel au symbolisme des mots, des nombres, des couleurs, à la concrétisation des idées et des sentiments;

la longue persistance de l'intégrité des fonctions intellectuelles et de l'affectivité. L'évolution vers la dissociation schizophrénique, la déstructuration de la personnalité ou la détérioration mentale n'intervient pratiquement pas.


Sur la schizophrénie : [psychiatriinfirmiere.free.fr]
[center]Tu n'étais pas coupable. Je te pardonne tout. Soigne-toi. Pardonne-moi. Je t'attendrai.[/center]
c
29 février 2012 18:46
Salam,

et la schizophrénie ?
b
23 novembre 2012 21:47
HeuSOS

J'ai trouvé ces références très intéressante
 
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