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Le mythe de la fidélité
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27 mai 2006 23:20
. Le mythe de la fidélité

(Corbis)


Un homme infidèle ? Tout au plus un type à la chair faible, qui a des besoins à satisfaire. C’est compréhensible, dit la société… Et les femmes ? Celles qui trompent leur mari relèvent, toujours selon la société, de “l’exception”. Et si c’était la société qui (se) trompait ?


“Les hommes sont plus infidèles que les femmes au Maroc”, déclare d'entrée Soumya Naâmane Guessous, sociologue. “Une femme ne multiplie pas les partenaires contrairement aux hommes”, confirme Hachim Tyal, psychiatre à Casablanca. Soit, Mais tous ces hommes
mariés qui trompent leurs légitimes le font bien avec quelqu'une. Une quelqu'une qui se révèle être souvent une femme mariée : “J'ai constaté que ma bague de mariage attire surtout les femmes mariées. Elles cherchent des hommes déjà engagés, qui ne les font pas ch… car dans le même cas qu'elles : à la recherche de plaisir sans risque d'engagement. Ce constat fait, tous ces mecs qui exposent au soleil leur phalange blanchâtre, pour masquer la marque de l'alliance, me semblent totalement à côté de la plaque”, raconte Mehdi, 33 ans, marié depuis un an et demi, qui apprécie quotidiennement la fin d'un mythe ancestral : celui de la fidélité féminine. Un mythe qui a un sexe : il est masculin. “La femme considérée comme propriété exclusive de son homme est une notion que l'on trouve déjà dans le code d'Hammourabi à l'époque babylonienne”, raconte Hachim Tyal. L'islam est arrivé entre-temps, a légiféré en accordant un droit d'infidélité légal à l'homme avec la polygamie, et validé la femme dans son rôle de reproductrice avec copyright, propriété intellectuelle (physique, en fait) du mari. Six mille ans plus tard, la femme remonte toujours à la plus haute antiquité, comme dirait Alexandre Vialatte, mais le mythe de l'exclusivité a pris du plomb dans l'aile : “Chaque fois que j'ai trompé mon épouse, c'était avec des femmes mariées qui ont pris l'initiative. Elles m'ont toutes dit après coup (sans jeu de mots) rechercher un homme avec qui l'on peut tout arrêter du jour au lendemain sans complications”, confirme Ahmed, un trentenaire qui a dépassé le tabou de la femme mariée, créature “intouchable” : “On dit toujours qu'il faut respecter certaines femmes car ‘mart rajel’. Je suis contre cette affirmation. Si chacun prêche pour sa chapelle, qu'il surveille aussi cette chapelle”. On pratique la politique de l'autruche, refusant de voir la réalité en face, le mariage reste un passage obligé certes, on jure fidélité toujours, mais on n'en pense pas moins et on se parjure de plus en plus chez les femmes. Et toujours autant chez les hommes.

Infidèle, pourquoi ?
“Pour moi, c'est un défi. Je veux me prouver que je suis encore capable de séduire, que le mariage n'a rien cassé chez moi” raconte Hicham, 33 ans, marié depuis quatre ans. “C'est un cas flagrant de narcissisme”, explique Aboubakr Harakat, sexologue à Casablanca. Et le psy en remet une couche : “A mon sens, cet homme reproduit un schéma de l'enfance. J'ai eu un cas similaire, un homme d'une infidélité chronique qui m'a expliqué qu'il avait vu son père se comporter ainsi avec sa mère. Il avait même trouvé un nom pour désigner la maladie de son père : le syndrome du zizi sauteur”, analyse Hachim Tyal. Ce syndrome peut être exacerbé au Maroc, où l'homme qui multiplie les aventures n'est pas considéré comme un paria, tout au plus comme un type à la chair faible qui a des besoins pressants à satisfaire : “Ma femme, pratiquante, refuse certaines positions ou de faire l'amour certains soirs car elle ne veut pas avoir à prendre une douche chaque matin avant la prière”, se plaint Reda. “On est dans le schéma classique de l'homme actif versus la femme passive. Cette dernière ne participant pas assez, on cherche avec d'autres femmes l'épanouissement sexuel”, analyse Hachim Tyal. La frustration sexuelle est un mal bien partagé : “Je n'ai découvert le plaisir qu'en prenant un amant”, raconte Imane, mariée depuis dix ans, qui savait tout des relations expéditives, mais rien des préliminaires. Elle est loin d'être un cas unique. Abdelhak Bentaleb, journaliste spécialisé en NTI, créateur d'un forum de discussions sur la psychologie à la fin des années 90, a vite été submergé par les cas de femmes mariées souffrant de frustrations sexuelles. Parole à Docteur love, son pseudo sur le Net : “J'ai pu suivre sur plusieurs mois le cas de femmes désespérées par le peu d'intérêt que leur portait leur mari. Elles se posaient toutes la même question. Est-ce que tous les hommes sont comme lui ? Ou bien est-il une exception ? J'ai notamment le souvenir d'une femme qui était obligée de se masturber après avoir fait l'amour avec son mari pour atteindre l'orgasme. L'idée d'être infidèle a mûri lentement dans sa tête jusqu'au jour où elle est passée à l'acte avec un collègue, lors d'un week-end de travail à Marrakech”. “Le passage à l'acte chez une femme se fait toujours après une longue réflexion car être infidèle pour une femme, c'est transgresser un immense tabou”, explique Hachim Tyal.

Soumya Naâmane Guessous insiste quant à elle, sur le problème de l'impuissance chez le mari, pour expliquer l'infidélité de certaines femmes ; “Quand l'homme fête ses 60 ans, pris dans le cœur de l'andropause et de l'impuissance, comment voulez-vous que sa femme de 45 ans, toujours en mesure d'avoir une vie sexuelle, vive bien cette frustration ?”. Dans les raisons de l'infidélité, on retrouve aussi la vengeance. Imane n'a trompé son mari qu'une fois, un “one shot” qu'elle justifie par son désir de vengeance : “Je voulais le toucher dans son honneur, qu'il souffre autant que j'ai souffert” raconte cette dernière, encore très remontée contre lui. “Après la frustration sexuelle, c'est la deuxième raison avancée par les femmes”, explique Aboubakr Harakat. Tromper son mari dans ce cas, c'est lui faire la chouha, mais dans un cercle qui ne dépasse pas généralement les amies très intimes, sinon c'est l'épouse infidèle qui s'en retrouve victime. Côtoyant ces cas, d'autres femmes ne se cherchent aucune justification si ce n'est celle du plaisir : “J'avais le sentiment de passer à côté de pleins d'autres histoires”, déclare, assurée, Wafae, 27 ans, qui a jeté aux orties, quelques mois après son mariage, l'idée même de faire l'amour avec un seul homme le restant de sa vie. “Plus la femme s'émancipe financièrement et intellectuellement plus elle prend la liberté de se faire plaisir”, explique Aboubakr Harakat.

Du simple fantasme à l'acte
Ipso facto, sans même qu'ils se soient concertés, hommes et femmes interrogés ne considèrent pas le rapport sexuel avec une prostituée comme une infidélité (cf. encadré). Une fois passées à la trappe les professionnelles du sexe, le champ de l'infidélité, ou tout du moins sa perception, épouse les bonnes vieilles craintes du couple : être un jour préféré à un autre. “Chaque fois que mon mari m'a trompé, j'ai interrogé en détail ses maîtresses pour savoir s'il éprouvait des sentiments pour elles”, raconte Malika. Elle lui a pardonné car l'histoire n'était pas sérieuse, pourtant son mari l'avait trompée à un moment délicat : pendant ses deux grossesses. “Pour une femme, il y a péril en la demeure, au sens propre du terme, uniquement quand la relation s'inscrit dans la durée”, explique Hachim Tyal. Ce qui fait bien les affaires de Hicham, amateur de fellations rapides. Alors Hicham, sucer c'est tromper ? “Je ne suis pas Clinton pour me justifier de la sorte mais pour moi, il n'y a pas d'infidélité tant qu'il n'y a pas de sentiment”. D'un côté, une certaine insouciance vis-à-vis de l'infidélité, de l'autre une culpabilité pesante comme le cas de cette femme, patiente de Aboubakr Harakat, qui s'angoissait juste à l'idée de désirer un autre homme. “Au bout de 25 ans de mariage, son mari était devenu comme un frère. Elle s'est mise à fantasmer sur une connaissance masculine, s'investissant totalement dans une relation fantasmagorique. Elle n'est jamais passée à l'acte mais, à ses yeux, elle a été infidèle en pensant à un autre homme”. L'homme aussi peut avoir des cas de conscience, mais une fois l'adultère consommé : “Je ressens de la culpabilité une fois sous la douche. C'est là que je prends conscience d'avoir trahi la confiance de ma femme”, se morfond Othman. Réaction somme toute banale : “Les réactions chimiques pendant l'amour anesthésient la douleur physique. C'est valable aussi pour le sentiment de culpabilité”, explique Aboubakr Harakat.

La scène du “crime”
Les couples illégitimes font l'amour de manière plus délurée mais dans un lit, à l'instar des autres. Oui, mais sur quel matelas ? Chez toi ou chez moi ? Plutôt chez les autres. “Le problème du local ne se pose pas quand vous êtes installé dans la vie. On trouve toujours un ami encore célibataire pour vous prêter son appartement”, explique Mourad, 43 ans, deux enfants, 20 “places volées” en 15 ans de mariage. “Ils viennent l'après-midi en général”, constate un concierge d'immeuble du quartier Bourgogne à Casablanca. Ce dernier a vu défiler quelques couples officieux dans l'appartement d'un locataire célibataire, un type sympa qui prête ses clés à des amis aux horaires de travail souples. Le bon vieux lit conjugal peut aussi être un recours, mais gare au “Ciel, ma femme !”. Car s'il y a bien une chose qu'une femme ne pardonne pas, c’est qu'on investisse son territoire : “Rentrée plus tôt que prévu de voyage, j'ai surpris mon mari avec une autre dans notre propre lit. Qu'il me trompe était déjà insupportable, mais en plus chez moi !”, s'indigne Imane, 27 ans, un an et demi de mariage. “Le lit conjugal est un espace sacré, explique Hachim Tyal, cette femme se sent trahie et salie, mais au-delà c'est la conception même de la vie conjugale qui a été remise en cause à ses yeux”. Il ne croit pas si bien dire. Imane, pour punir son mari imprudent, n'a plus eu aucun rapport sexuel avec lui six mois durant, “alors que nous faisions l'amour deux fois par jour en moyenne”, regrette-t-elle. “Cette réaction est courante après la découverte d'une infidélité. En se refusant à son mari, Imane redonne valeur à son corps” analyse Aboubakr Harakat A l'instar de Malika, 30 ans, mariée depuis trois ans, des femmes deviennent fatalistes et ferment les yeux sur les infidélités de leur mari, pourvu que ce ne soit pas dans le voisinage immédiat. “Il avait une histoire avec la voisine, c'était plus pratique pour lui”, explique-t-elle. Après interrogatoire poussé de la maîtresse et du mari, Malika a déterminé quatre “scènes du crime”, en a accepté trois ( chez des amis communs) et a refusé catégoriquement la quatrième : le bayt zaoujiya (le domicile conjugal).

Fort heureusement, pour tous les volages, et malheureusement pour les trahis, les promoteurs immobiliers sont venus répondre à la demande en “pritch” (garçonnière). Quand le bâtiment va, tout va, même l'infidélité conjugale. “Depuis sept ou huit ans, on voit pousser comme des champignons des immeubles au Maârif, à Racine, Bourgogne, avenue du 2 mars ou Mers Sultan où l'on vous propose des studios équipés à la vente ou à la location. Ils sont soi- disant destinés à des célibataires ou des consultants étrangers en mission au Maroc. Mais quel célibataire peut à l'heure actuelle se permettre un loyer de 7 500 dirhams, prix de la location de ces studios ? C'est un secret de Polichinelle, ce sont en fait des baisodromes”, explique un agent immobilier de Casablanca. Des agences immobilières ont même fait de ces studios leur principal fonds de commerce. Ils sont loués entre 500 et 1000 DH la nuit et le turn over y est assuré pour toutes ces agences. “J'ai eu le cas d'une dame qui a acheté trois studios cash pour les louer à la journée. Sa famille n'a pas tardé à le lui reprocher. Elle l'accusait d'être devenue une maquerelle”, ajoute ce même agent immobilier. Les femmes aussi sont clientes régulières de la location journalière. “On les remarque facilement. Elles ne négocient jamais le prix et donnent un pourboire conséquent au concierge de l'immeuble pour sa discrétion”, raconte un autre professionnel du secteur. Wafae, Rbatia de 35 ans, mariée depuis huit ans, a, quant à elle, choisi de s'associer avec deux autres amies pour louer un appartement meublé à Rabat Agdal. Quand elle désire s'y rendre avec son amant, elle passe un coup de fil à ses amies pour savoir si la voie est libre. Pour ceux et celles qui veulent profiter du bon air pur et sec de Marrakech, un autre système existe. “Il vous suffit de prendre une réservation dans un hôtel à travers une agence de voyage. Vous êtes inscrit en tant que Monsieur et Madame Flane et la réception de l'hôtel ne vous demande même pas de justifier votre identité” raconte Driss, un habitué des fausses missions professionnelles dans la ville ocre.

“Zina” et autres sanctions légales
Les tribunaux de famille ne fournissent aucun chiffre pour les divorces pour cause d'adultère, faute d'en disposer. “Les jugements prononcés ne stipulent pas la cause du divorce. Dans les cas d'infidélité, il est juste indiqué que les deux époux ne peuvent plus cohabiter pour non-compatibilité”, explique un juge. Lorsqu'il dépose la demande, le requérant qui souhaite se séparer peut indiquer que son conjoint le trompe. Mais encore faut-il qu'il en fournisse les preuves, ce qui est une toute autre paire de manches dans la législation marocaine. Qui plus est, l'adultère n'est puni par la loi que lorsqu'il est commis par une femme. “Lorsqu'un homme est surpris en flagrant délit d'adultère, il n'est passible d'aucune peine. Sauf si sa femme dépose une plainte à son encontre”, est-il indiqué dans la législation. Alors qu'une femme, surprise en flagrant délit d'adultère, est automatiquement passible d'une peine d'emprisonnement pour “zina”. Cette peine étant alourdie lorsque son mari porte plainte. Avant même d'en arriver devant les juges, l'infidélité découverte, les réactions vont du crime de sang à l'hypocrisie la plus totale. Les quotidiens arabophones et francophones sont parsemés de faits divers où l'adultère découvert finit dans le sang, celui de la femme adultère et de l'amant, dans l'écrasante majorité des cas dans le lumpen prolétariat, “C'est une réaction émotionnelle où les tripes parlent car, de manière universelle, la trahison est l'une des choses les plus insupportables pour l'être humain. Elle est d'autant plus difficile à vivre chez nous qui entretenons l'idée de propriété exclusive de l'homme sur sa femme”, explique Hachim Tyal. “Devant les tribunaux, les hommes qui ont commis ce type de crime bénéficient le plus souvent de l'indulgence du juge qui considère comme circonstances atténuantes l'atteinte à l'honneur de l'homme”, explique Zineb Jirari, avocate et membre actif d'associations féminines. Cependant, plus on grimpe dans l'échelle sociale, plus les réactions de la femme ou de l'homme trahis, se teintent d'un vernis social qui les pousse à laver leur linge sale en famille, loin du regard inquisiteur des autres. Meryem Mersak, détective privé qui exerçait à Casablanca, faisait son chiffre d'affaires grâce à des enquêtes sur l'adultère, employée aussi bien par des hommes que des femmes doutant de la fidélité du conjoint. Pourtant, même quand elle constatait l'adultère, cela n'aboutissait pas au divorce. Les clients de Meryem Mersak préféraient éviter le scandale et se servaient des preuves accumulées comme moyens de pression dans les rapports de force qui jalonnent et structurent la joyeuse vie d'un couple. “Un homme ou une femme qui a un certain statut social préfère éviter de voir l'affaire portée sur la place publique. Il ou elle désire sans doute, bien qu'il soit difficile en la matière de généraliser, préserver les enfants du scandale, d'autant plus qu'un divorce entraînerait une séparation des biens matériels”, analyse Soumya Naâmane Guessous. “Moins l'affaire est ébruitée, plus les chances de réconciliation sont importantes, explique pour sa part Hachim Tyal, car contrairement à ce que l'on croit, l'infidélité conjugale n'est pas un facteur majeur de rupture. Elle permet même quelquefois de régénérer le couple”. Cette mansuétude, vivace chez les nice people, n'a pas vraiment cours quand on dégringole dans l'échelle sociale. “J'ai croisé une femme qui avait tout perdu à la suite d'un adultère qui l'a menée en prison. Ses parents lui avaient tourné le dos, ses amis aussi. Sans ressources, et avec un enfant, elle était montrée du doigt par son voisinage”, raconte Soumya Naâmane Guessous. C'est surtout ça, l'infidélité au Maroc. Un immense couperet social quand il est le fait des femmes…





Prostitution. L'infidélité tarifée

“Coucher avec une p-ute, c'est pas tromper sa femme !”, lance haut et fort un mari client des samedis noirs. Inutile de crier, le prosélytisme en la matière est inutile. Il n'y a pas si longtemps, si le mari était encore puceau, on l'emmenait suivre un stage accéléré chez une prostituée. Qui plus est, d'après Aboubakr Harakat, “les femmes acceptent mieux les infidélités de leur mari si c'est avec une professionnelle. Pour elles, leur mari “tire un coup”, c'est sa nature comme leur répétent leurs mères. Leur seule exigence, quand elles en ont une, c'est qu'ils se protègent du sida”. Au fond, c'est du pragmatisme, beaucoup de femmes considèrent, à tort ou à raison, les séances de fast sex comme une soupape de sécurité : “Les hommes mariés te demandent des trucs qu'ils ne peuvent pas ou ne veulent pas demander à leurs femmes”, raconte une prostituée. Le danger ne pointe le bout de son nez que quand la relation dépasse le cadre du sexe, qu'elle s'inscrit dans la durée, devient un danger pour la stabilité du couple, l'avenir des enfants.






“L'enfant endormi”. Du mythe à la loi

La légende raconte que des femmes, veuves ou divorcées, se disaient enceintes parfois deux années après la séparation de l'époux. Ces “petites histoires”, mensonges pour masquer le petit air “maîtresse” de ces femmes, font sourire aujourd'hui mais elles ont pourtant enrichi l'imaginaire marocain depuis plusieurs siècles. Selon un sociologue de la place, “le mythe de l'enfant endormi révèle l'existence d'une société inégalitaire où la femme a constamment besoin de se défendre, quitte à mentir. Juste pour ne pas être pointée du doigt, rejetée voire bannie de la société”. A cette nécessité de se conformer aux traditions sociales se sont ajoutés les problèmes d'héritage. “De nombreux conflits naissaient de la non-reconnaissance d'un enfant né d'un couple illégitime. Il a fallu y remédier”. C'est à ce niveau que sont intervenus les législateurs. La Moudawana consacre un volet important à la question de la filiation. “Dans le cas d'une séparation, prévoit le texte, un père est reconnu comme tel lorsque la durée minimale de la grossesse est d'au moins six mois et que la séparation ne dépasse pas une année”. Ainsi, la rationalité de la loi permet de dépasser l'irrationalité de la tradition. La loi donc stipule que lorsqu'un enfant naît hors mariage au-delà d'une année après la séparation, le lien de filiation avec l'ex-conjoint n'est pas reconnu. Lorsqu'un doute existe ou qu'un des conjoints demande une expertise, la loi a instauré des méthodes scientifiques comme le test ADN. Dans le cas d'un héritage, la problématique est la même. Lorsque l'un des héritiers récuse le lien parental avec l'un des autres héritiers, des tests ADN peuvent infirmer ou confirmer la filiation. Dernière révélation en date dans les colonnes de Sawt Annass, un père accusé de viol à l'égard de sa fille s'est avéré, après coup, stérile. L’infidélité de la mère est manifeste. Quant à la fille,depuis, elle recherche son vrai père.






Témoignages.

Mouna, 20 ans de mariage, commerçante, un enfant de 16 ans.
“Je suis une femme trompée qui trompe. Je n'ai aucun complexe à raconter mes “déboires” conjugaux. La première fois que j'ai appris l'infidélité de mon mari, c'était par le biais d'une copine qui m'avait avoué connaître la maîtresse de mon mari. C'était un véritable choc. Puis au fil du temps, notre relation conjugale s'est détériorée. Cela ne m'a pas empêchée de continuer à vivre avec mon mari car j'ai besoin de la stabilité qu'il me procure. Après tout, c'est mon seul repère puisque j'ai perdu très jeune mes parents. Mais je ne suis tout de même pas restée passive. Je me suis vengée en le trompant moi aussi alors que j'ai toujours critiqué les femmes qui étaient infidèles. La toute première fois, cela a été très dur psychologiquement mais ensuite les choses sont devenues faciles. Depuis, je collectionne presque les amants, sans jamais éprouver aucun sentiment pour eux. Mon mari doit le savoir mais feint de l'ignorer comme j'ignore ses incartades. Chacun y trouve son compte”.

Inès, 41 ans, responsable marketing, sans enfant.
“Mon homme a commencé à me tromper car c'était un chaud lapin. C'est tolérable jusqu'au jour où il rencontre une femme pour laquelle il éprouve des sentiments. C'est le cas de mon mari. A la limite, j'aurais pu lui pardonner ses escapades, sans le lui dire pour autant, mais pas le fait qu'il ait une maîtresse attitrée avec qui il entretient des relations qui dépassent le simple acte physique. A mon sens, c’est cela, la véritable infidélité”.

Khadija, 52 ans, trois enfants, assistante de direction.
“J'avais deviné que mon mari me cachait quelque chose. Son humeur n'était plus la même et il s'habillait mieux. C'était sûrement pour séduire une autre femme. Je n'ai rien dit pendant des mois jusqu'au jour où j'ai appris, par personnes interposées, qu'il allait se marier. Je n'étais pas prête à lâcher l'affaire aussi facilement. Mon mari, c'étaient douze années de ma vie et trois enfants en commun. C'étaient aussi et surtout des milliers de moments passés ensemble. J'ai donc cherché à rencontrer sa maîtresse pour lui exposer la situation. J'ai essayé de la prendre par les sentiments en inversant les rôles. Mon mari lui avait menti. Elle ne savait pas qu'il avait trois enfants. Du coup, elle a relégué son projet de mariage aux oubliettes. Et mon mari m'est revenu sans qu'aucune explication n'ait jamais eu lieu entre nous”.

Halima, 35 ans, banquière, deux enfants.
“Mon mari me trompe depuis bientôt trois ans. Tout le monde le sait, mais personne ne m'en parle ouvertement, probablement pour ne pas remuer davantage le couteau dans la plaie. Au départ, je me suis remise en cause. S'il allait voir ailleurs, c'était sûrement parce qu'il ne trouvait pas son bonheur à mes côtés. Je suis devenue plus coquette, plus attentionnée, mais sans résultats, mon mari remarquant à peine ces changements. Le mal était ailleurs. J'ai longtemps ruminé l'idée de le quitter mais sans rien lui dire toutefois. “N'en parle jamais avec lui, me disait ma mère, tu banaliserais la situation”. J'ai suivi ses conseils mais peut-être n'aurais-je pas dû. Je n'ai jamais pu le quitter, même si j'ai failli le faire à de multiples reprises. L'aimant trop pour cela, je préfère rester à ses côtés, malgré son infidélité”.

Hicham, 36 ans, trader, un enfant.
“Je trompe ma femme depuis deux ans mais je ne me considère pas comme infidèle pour autant. Ma femme est au courant de ma liaison et elle accepte cette situation car, plutôt que de subir le divorce, elle préfère fermer les yeux. Pourtant je lui affirme en aimer une autre, mais elle préfère le statu quo, à partir du moment où je subviens à l'ensemble des besoins de mon fils et de la maison. Je ne suis pas allé chercher ailleurs par simple plaisir mais pour combler un manque. Pas forcément d'amour, juste de l'attention, être avec quelqu'un qui voulait partager de bons moments avec moi alors que ma femme ne m'accordait plus aucune attention depuis la naissance de notre fils”.

Mohamed, 39 ans, cadre commercial, quatre enfants.
“Je suis redevenu le dragueur que j'étais. Ça m'amuse et me procure du plaisir, contrairement à ma vie quotidienne. J'ai quatre enfants que j'adore. Je ne conçois pas ma vie sans eux mais, avec leur mère, ça ne marche pas très fort. Notre vie de couple a progressivement laissé la place à une vie focalisée autour des enfants. Nous ne partageons plus grand-chose sauf les problèmes quotidiens : chèques pour l'école, vêtements, pédiatre.. la liste est longue. Du coup, je me réfugie dans les bras d'autres femmes que je rencontre et courtise dans mon milieu professionnel pour la plupart. Le sexe, c'est presque oublié entre ma femme et moi. Aucun d'entre nous ne fournit d'efforts pour que ça marche mieux, nous courtiser à nouveau. Aussi quand je trompe ma femme, je ne ressens pas une grande culpabilité. C'est plutôt une fuite en avant”.






Humour populaire. Cocu : le dindon de la noukta

“Il n'y a pas de tradition du cocu dans le théâtre marocain” affirme le dramaturge Tayeb Saddiki. “Les contes traditionnels ne traitent pas d'infidélité, surenchérit Sakina Bouachrine, journaliste à la TVM et versée dans la question. Bien au contraire, le conte véhicule l'image du couple fidèle car il a une fonction moralisatrice”. Non, décidément le cocu et la femme infidèle ne sont pas à chercher dans cette littérature édifiante mais dans la noukta. Le cocu y a généralement les traits d'un Fassi, invariablement falot, peu gâté par la nature question attributs virils. C'est un mari très conciliant avec sa femme sur les questions de frache conjugal. Elle a le droit de faire ce qu'elle y veut, avec qui elle veut, tant qu'elle ne fume pas au lit. C'est très bourgeois en somme. Le trash, c'est plutôt du côté de la noukta sur les marrakchis qu'il faut le chercher. Il y est question de vieux pères, qui à peine remariés avec une belle jeune fille, se font cocufier par leur progéniture mâle. Les veuves marrakchis y épousent de jeunes étalons qu'elles partagent avec leurs fils : une nuit avec l'une, une nuit avec l'autre. Beaucoup de ces nouktas n'auraient pas détonné dans la page faits divers d'Al Ahdat Al Maghribia Elle y traite aussi d'adultère de proximité. Le trait est à peine grossi…



Tel Quel n°226
j
28 mai 2006 14:42
Lan yaghayyira allaho bikawmine hatta yoghayyirou mabianfosihim.

s.a.a.
l
28 mai 2006 23:02
A mon humble avis, seuls les corrompus trompent leurs femmes.
l
28 mai 2006 23:03
..ceci dit, je pourrais développer..
i
30 mai 2006 15:55
vous savez sans la religion tt est possible, car c'est a lui qui capable de freiner les tendances sinon tout ce qui est citée est faisable vu que ce n'est un peché pour les gens qui ont pas ce notion de pechés.

ina lilahi wa ina ilyahi raje3oun

alahoma ij3al li almouta rahmatene min kouli char.
 
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