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Musulmans de France et le vote citoyen
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19 avril 2007 15:55
Musulmans de France et le vote citoyen
Par Mohamed Mestiri *



En 2005, le grand invité d'honneur du centenaire de la loi de 1905 dite de la laïcité était bien l'islam. C'était tout juste un an après avoir vaincu la visibilité d'un fichu islamisant, perturbant l'espace public, et à peine deux ans après avoir sélectionné parmi les «bons musulmans» les interlocuteurs autour de la table de la République. Un processus de laïcisation de l'islam de France plutôt pressé et compressé, couronné par les affaires polémiques autour de l'encadrement des imams sous la menace sécuritaire du fondamentalisme et du terrorisme. Durant ces dernières années on n'a épargné aucun effort pour qu'auprès de l'opinion publique l'islamophobie, la culture de la peur de l'«étranger» et la méfiance à l'égard de la diversité soient normalisées.

En 2007, le grand absent du débat électoral est sans doute l'islam, alors que visiblement tout semble prêt pour continuer à se défouler et à se déchaîner sur tout ce qui a trait à l'islam. Une véritable culture d'islamalgame est définitivement instaurée dans le discours médiatico-politique. Un mode de thérapie collective face au malaise social général, celui du chômage, de la pauvreté et de la violence urbaine. L'islam est toujours celui qui nous vient d'ailleurs, celui qui incarne les risques d'une immigration excessive et envahissante. Cette immigration n'est pas seulement celle d'un potentiel de chômeurs, mais aussi et surtout celle de valeurs et d'un mode de vie jugés contradictoires et incompatibles avec la modernité occidentale. Par ailleurs, l'islam citoyen, celui qui illustre une diversité de cultures, se réclamant partiellement ou totalement d'un patrimoine, d'une mémoire ou d'une histoire musulmane quelconque, et qui caractérise le particularisme culturel de ces millions de citoyens, cet islam majoritaire continue à être occulté et dénigré.

Tout est fait pour réduire ces citoyens de cultures musulmanes à un statut de membres d'une communauté tantôt confessionnalisée, tantôt nationalisée, et souvent sectarisée, sous les différents labels de l'islamisme et du fondamentalisme. Autour de « la table de la République », tout le monde joue le jeu. Une complaisance optimale réunit les différents antagonistes pour représenter et promouvoir l'islam officiel de France. Mais derrière cette mascarade communautariste et confessionnalisée de l'islam de France, se dissimule un objectif essentiel : celui de la non reconnaissance d'un statut égalitaire aux citoyens musulmans de France. Le traitement d'exception marque toujours la gestion de l'islam, au regard de la laïcité et des lois républicaines. Et tant que nos « bons musulmans » cautionneront ce traitement, nous ne pourrons atteindre le statut de citoyens à part entière. Un « bon musulman » doit admettre la tutelle des conventions communautaristes faites autour de l'islam, pour qu'il soit bien étiqueté comme moderne ou modéré, et définitivement rangé avec les « sans paroles ». A défaut, la docilité pardonne toute suspicion d'islamisme et d'orthodoxie. Plus on est dans une démarche communautariste, plus on se conforme à l'image et à l'idéal de l'islam de France promu.


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