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Le Monde parle de Sidi Abderhamane
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20 août 2008 13:37
[www.lemonde.fr]


Sidi Abderrahmane sonne le glas des diseuses de bonne aventure
LE MONDE | 19.08.08 | 14h26 • Mis à jour le 19.08.08 | 15h18



CASABLANCA, ENVOYÉE SPÉCIALE

En ce mois de "chabanne", période de purification qui précède le ramadan (cette année, il aura lieu en septembre), Sidi Abderrahmane connaît un record d'affluence. Les visiteurs se bousculent sur cet îlot rocheux situé à la sortie de Casablanca. A marée basse, ils s'y rendent à pied, en pataugeant dans les flaques d'eau. A marée haute, ils embarquent sur un gros pneu piloté par un jeune garçon qui fait payer 5 dirhams (un demi-euro) la traversée.

Consultez les dépêches vidéo des agences AFP et Reuters, en français et en anglais.
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L'îlot abrite la tombe d'un marabout, Sidi Abderrahmane, censé accomplir des miracles. Les âmes en détresse (des femmes, pour la plupart) viennent tout demander à ce saint : l'amour, la fertilité, le retour d'un mari volage... Les hommes sont rares, et, s'ils font le déplacement, ils se gardent d'avouer pourquoi. "Quand ils ont un problème au lit avec leur femme, ils pensent qu'on leur a jeté un sort. Alors, ils viennent consulter une "chouwafate"", explique Saïd, 20 ans, l'un des habitants de l'île.

Le diable ou le bon dieu ? Sidi Abderrahmane, c'est un peu tout cela. On prie le marabout, mais on paye les chouwafate, diseuses de bonne aventure, pour conjurer le mauvais oeil. Dans du plomb fondu plongé au fond d'un seau d'eau, ces "sorcières", comme les surnomme Saïd, lisent l'avenir avant de prodiguer leurs conseils : à l'une, elles demandent de sacrifier un coq. A l'autre, de s'immerger dans l'océan et de se faire fouetter par sept vagues purificatrices...

Assises sur le trottoir de la ruelle principale qui mène au tombeau du marabout, les chouwafate interpellent sans gêne les visiteurs. Elles font payer pas moins de 30 dirhams (2,6 euros) la consultation. Parler avec elles ? "D'accord, mais ce sera un dirham les quatre mots !", s'esclaffe l'une d'elles. "Nous sommes là pour l'argent !", ajoute sa voisine, sans le moindre scrupule.

Il règne à Sidi Abderrahmane une étrange atmosphère. L'îlot est beau, sublime, même. De loin, du moins. Les ruelles, blanchies à la chaux, et les maisonnettes, avec leurs volets peints en bleu, ont le charme de tous les villages flottant entre ciel et mer.

Mais de près, il se dégage du lieu une puanteur et une saleté insupportables. Il faut dire qu'il n'y a ni eau ni électricité dans l'île. Les dépouilles des coqs égorgés traînent sur les rochers. On y trouve même des peaux de boeufs, sacrifiés par de riches visiteurs. Une quarantaine de familles vivent là. "La plupart des chouwafate ont fini par amasser une petite fortune, au bout de vingt ans de bonne aventure ! En réalité, elles ne viennent que le jour pour travailler. La nuit, elles regagnent le continent où elles se sont fait construire des maisons confortables", témoigne Saïd. Seules, quatre familles sont dans un dénuement extrême. Pour survivre, elles se chargent des corvées de leurs voisins, en particulier ramener de l'eau, collectée à 800 mètres de là, sur la terre ferme.

D'ici peu, les chouwafate auront disparu de Sidi Abderrahmane. La corniche de Casablanca est un vaste chantier. Bientôt apparaîtront des hôtels et des résidences de luxe, des restaurants, des boutiques, une marina... Les pays du Golfe investissent massivement dans le secteur. Le tombeau du marabout sera préservé, bien sûr. Mais les maisonnettes des diseuses de bonne aventure, elles, seront rasées. Sidi Abderrahmane retrouvera alors, en principe, sa vocation première : un lieu de pèlerinage.

Florence Beaugé



Modifié 1 fois. Dernière modification le 20/08/08 16:54 par axis7.
a
20 août 2008 15:41
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a
20 août 2008 16:54
Citation
adil950 a écrit:
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j'ai mis l'article en ligne
 
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