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Mohammed VI, six ans après
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3 août 2005 15:59
en verite je n'ai pas encore cet article.
mais je le lance tout simplement.


[www.jeuneafrique.com]

Mohammed VI, six ans après
MAROC - 30 août 2005- par PAR MOHAMED TOZY


Depuis l'avènement du successeur de Hassan II, en juillet 1999, les éléments préfigurant un nouveau projet de société sont nombreux. Mais les réflexes de conservatisme jettent un doute sur la capacité du système à se transformer.

L'arrivée de Mohammed VI au pouvoir, voilà six ans, s'est inscrite certes dans la continuité politique, mais le nouveau roi a laissé entrevoir les chances d'une possible redéfinition du pacte politique. Plusieurs grands chantiers ont été ouverts, qu'il s'agisse de la réforme de l'administration, de la lutte contre la corruption ou encore du débat sur l'aménagement du territoire. Et les signes qui illustrent une réelle audace dans la recherche de nouvelles formules d'organisation sont nombreux : loi sur les marchés publics en vue de leur moralisation, projet de réforme du texte sur les associations, loi sur le microcrédit, concession de la deuxième licence de GSM, création par le roi de la Fondation Mohammed-V. Sans compter l'esprit qui a présidé à l'organisation des campagnes de lutte contre la pauvreté, l'initiative pour le développement humain de 2005, le rapport sur le développement humain durable du cinquantenaire en chantier analysant sans concession le bilan des politiques publiques et proposant des choix clairs pour le Maroc de 2025.
Autant de formules soucieuses de bonne gouvernance, de gestion transparente et se voulant proches des préoccupations des populations marginalisées ; bref, qui proposent des options de rupture avec un Maroc archaïque et presque féodal. En même temps, ces frémissements marquent le pas et entraînent un doute sur les capacités du système à se transformer. L'inventaire de ce qui fait problème est aisé : difficultés à faire aboutir des réformes majeures concernant la répartition des rôles entre monarchie et gouvernement, réforme de l'administration et sa déconcentration, éducation, lutte contre la corruption et installation d'une culture de la responsabilité, adoption de la loi et du droit positif comme mode de régulation unique et, surtout, disparités entre classes sociales et régions du pays (20 % des 30 millions de Marocains vivent en dessous du seuil de la pauvreté).

Les projets de réformes ne manquent pas, encore moins la volonté affichée de les entreprendre. Mais si l'on ne peut mettre en doute cet engagement, l'aveu d'impuissance de certains acteurs lucides et responsables est tout aussi patent. Il serait donc judicieux d'apporter un soutien actif à des éléments épars qui préfigurent un nouveau projet de société. Auparavant, il convient de procéder à un examen critique des résistances en essayant de localiser les niches d'intervention les plus efficaces. Cette rétrospective permet de souligner deux avancées indiscutables sur le plan institutionnel et social, et de discerner quelques grands défis.


Les avancées

L'enjeu de mémoire et les années de plomb. La création de l'Instance Équité et Justice (IER) constitue sans conteste, avec la réforme du statut de la famille, l'événement le plus marquant du nouveau règne. En une année, le Maroc a fait un grand pas dans le traitement de la période d'autoritarisme et de la gestion violente des conflits politiques. L'IER est en passe de mettre la dernière main à son rapport qui doit déboucher sur des recommandations pertinentes. Elle a reçu plus de 60 000 victimes du régime de Hassan II, mais aussi des cadres du mouvement national au début de l'indépendance. Les auditions publiques organisées dans plusieurs villes et diffusées par la télévision, des dizaines de débats ont permis de découvrir une autre histoire du Maroc, une histoire plurielle, à la fois plus complexe et plus riche.


La stratégie d'intégration de la femme. Le plan de 1999 d'intégration de la femme au développement a constitué un moment important pour tester la capacité de la société à prendre en charge un problème majeur impliquant le choix d'un modèle. Un moment crucial qui a coïncidé avec la mort de Hassan II et la succession dynastique. Pendant huit mois, la société civile et politique s'est trouvée projetée dans un échange conflictuel grandeur nature qui a culminé avec les deux marches de Rabat et de Casablanca de mars 2000. Les islamistes du Parti de la justice et du développement ont profité de l'événement pour surenchérir sur les valeurs de l'islam et reconstruire un espace tabou non réformable dont ils voulaient être les seuls gardiens. La classe politique, faisant preuve de frilosité, a préféré quérir l'arbitrage royal. Du coup, le roi devenait le véritable vainqueur du débat national.

Après trois années de relatif immobilisme et de décisions controversées en politique intérieure, le souverain a joué un rôle essentiel dans l'adoption, en janvier 2004, du code de la famille par les deux Chambres. Mohammed VI est intervenu dans un sens favorable aux revendications des militantes féministes. La Moudawana a ainsi restauré l'égalité entre les sexes, supprimé le tutorat, assorti la polygamie de conditions sans toutefois toucher à la question délicate de l'héritage.


Les défis majeurs

Outre la question du développement humain et social, trois autres défis attendent le Maroc et les Marocains.


Le renouvellement de la classe politique. Le vieillissement des équipes s'accompagne d'une rupture de plus en plus profonde entre la génération du mouvement national et celle de l'indépendance. Plusieurs facteurs auraient pu cependant faire croire à une atténuation de ce conflit potentiel. Entre autres, l'évacuation de la discussion sur le choix du régime, l'abandon par les groupes gauchistes de l'option putschiste qui faisait de l'élimination de la monarchie un objectif prioritaire, l'acceptation par le Palais du principe d'alternance qui permet l'accès de l'opposition au pouvoir, la libération des prisonniers politiques.

Néanmoins, des décalages persistent. Ils sont révélés par l'émergence de nouveaux profils en rupture avec la culture politique du mouvement national. Outre une confirmation de la présence sur le champ politique d'une élite islamiste, la pression des mouvements des diplômés chômeurs se fait de plus en plus pesante. Face à ces nouveaux groupes, la capacité d'intégration du sérail et de l'État est de plus en plus émoussée à cause du nombre élevé des prétendants et de la diversification des cultures politiques.

En plus des pesanteurs d'une administration incapable de se réformer, une crise de leadership se manifeste aussi bien au niveau de la société civile que de la société politique. Les partis constituent le maillon faible de la réforme politique. On peut résumer ainsi leurs caractéristiques : faible implantation sur le terrain ; faible organisation ; absence ou faiblesse d'un corpus idéologique de référence, si l'on excepte les partis issus du mouvement communiste et certains partis nationalistes ; faiblesse de la démocratie interne - rares sont les partis qui organisent leur congrès de manière régulière ; opacité des modes de financement, due en partie à l'absence de lois régissant les finances des partis et instituant un contrôle rigoureux.

L'horizon 2007 (élections législatives) ne semble pas trop les stresser. Comme si leurs dirigeants étaient résignés à un triomphe islamiste ou comptaient sur un scrutin arrangé.


La modernisation de l'islam. Celui-ci est considéré comme le fondement principal de l'identité et du référentiel politique. Il ne se limite pas aux traditions revendiquées par les gouvernants comme constitutives de leur légitimité, mais s'étend aux cadres philosophiques mêmes des relations de pouvoir. Cette place centrale de la religion dans le système politique explique les difficultés qu'éprouve le Maroc à poser correctement le principe de séparation des pouvoirs et de partage des rôles et fonctions législatives, exécutives et d'arbitrage, principe indispensable à toute modernisation politique. L'intégration des islamistes modérés dans le système avec la participation du PJD au Parlement, ainsi que la tolérance dont bénéficie le mouvement du cheikh Yassine supposent une maîtrise du flux islamiste, mais l'incapacité de ces groupes structurés à couvrir tout le spectre de l'islam politique, et leur débordement par les « indépendants » salafistes ou « qaïdistes », pose à nouveau le problème des capacités déstabilisatrices aux plans national et régional de l'islamisme radical. Au soir du 16 mai 2003, après que Casablanca a fini de compter ses morts, chacun a constaté qu'un mythe était tombé. Le Maroc ne constitue plus l'exception arabe, il n'est plus protégé par sa singularité politique derrière un Commandeur des croyants. Désormais, le royaume fait partie des pays otages du terrorisme.


L'affaire du Sahara. Le conflit pèse lourd sur l'économie du pays et oblige le pouvoir à un transfert important de ressources vers le Sud. Il a aussi des incidences politiques sur la définition d'une architecture de la décentralisation soucieuse du développement de contre-pouvoirs et d'une expression forte des intérêts locaux. Mais deux données compliquent à souhait la situation. Une gestion calamiteuse du dossier a brouillé les repères, en établissant avec les populations une relation clientéliste au détriment d'un sentiment d'appartenance choisie et non héritée. Ensuite, on a affaire à une nouvelle génération dans le territoire, la génération de l'après-Marche verte. Elle est désormais en âge de revendiquer alors que le pouvoir n'a guère amélioré sa capacité à gérer les crises consécutives à la libéralisation politique. De même, il n'a point rompu avec une gestion notabilaire, source de frustration et d'inégalité.



Il y a un mois, le président de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, a interpellé les intellectuels marocains dont moi-même. Qu'on me permette de lui répondre ici - à supposer que son appel soit sincère et animé par une volonté de paix et de règlement du conflit pour le bien de la région. En tant que chercheur, j'ai toujours tenu les nationalismes en suspicion, y compris le nationalisme marocain. Une conception du nationalisme ethnicisée, fondée sur l'histoire, la religion ou sur une identité fantasmée, qu'elle soit marocaine ou sahraouie, me paraît réductrice et va à l'encontre de l'indispensable et féconde pluralité, celle du métissage et de l'enrichissement mutuel.

Le conflit du Sahara peut être perçu comme une chance pour le Maroc dans la mesure où il nous somme de rompre avec les conforts du consensus et de l'unanimisme, et nous invite à élaborer un pacte de citoyenneté qui ne soit pas prisonnier de l'identité et de l'histoire. L'expression libre et citoyenne des populations ne peut pas avoir toujours pour horizon un État, même s'il s'agit d'une question de survie pour une élite en mal de domination, qui a peur de la dilution dans de grands ensembles. La volonté des populations sahraouies, que ce soient celles des camps de Tindouf, ou les Ait Oussa de Guelmima, les habitants de Sakiat al Hamra et Rio de Oro, demeurés loyalistes au Maroc, ou ceux vivant depuis des siècles sur les plateaux des R'hamna ou de Chichawa, voire dans les environs de Mekhnès et de Rabat, c'est-à-dire à l'intérieur des frontières incontestées, la volonté donc de ces populations peut parfaitement s'exprimer dans le cadre d'une décentralisation, voire d'une autonomie à la catalane. En ce cas, ce ne sont pas seulement les Sahraouis qui décideront souverainement de l'avenir de leur territoire, mais aussi les Soussis, les Ksouriens du Draa et du Tafilalet, les Rifains, les nomades de l'Oriental, les éleveurs des Oulad Bousbaa et des R'hamna, et pourquoi pas les Casablancais... Et la démocratie y gagnera.
L
3 août 2005 16:22
Deja 6 ans ???? waw, ça passe vite !!!
"Saches que ce qui t'a manqué ne t'était pas destiné, et saches que ce qui t'a touché ne pouvait te manquer."
 
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