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La mise sous tutelle de la Palestine, est-elle la réponse ?
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12 juillet 2007 00:49
Sommaire : Il s’agit d’une mise à jour de l’essai de Martin Indyk de juin 2003 sous le titre « Une mise sous tutelle de la Palestine?»

Martin Indyk est le directeur du Centre Saban pour la Politique du Moyen Orient à l’institution Brookings. Il était l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël de 1995 à 1997 et de 2000 à 2001.

Au lendemain du coup d’état de Hamas dans la bande de Gaza et la désignation d’un gouvernement d’urgence par le Président palestinien Mahmoud Abbas, le processus de paix israélo-palestinien affronte sa plus grande crise depuis des années. Une solution à trois états ne peut pas conduire à une résolution du conflit. Cependant, sans un partenaire palestinien responsable et capable de tenir ses engagements pour la paix, il n’y aura pas de possibilité de remettre le processus de paix sur la voie. Etant donné l’effondrement de l’appareil de sécurité palestinien, l’appel est de nouveau entendu pour une intervention internationale.

Quand j’ai proposé une mise sous tutelle internationale de la Palestine dans le numéro de mai/juin 2003 de Foreign Affairs, c’était dans le contexte de la prochaine guerre en Iraq. A ce moment, le Président George W. Bush avait affirmé qu’un effet positif se propagerait par ricochet à travers la région. Au lendemain de la guerre, Bush a approuvé une feuille de route pour créer un état palestinien indépendant. Je croyais qu’il était essentiel pour Bush de profiter de l’opportunité que sa guerre en Iraq générerait pour faire la paix sur le front israélo-palestinien.

Mais ayant servi comme ambassadeur en Israël des Présidents Clinton et Bush au début de l’Intifada palestinienne, j’étais devenu convaincu que rien ne viendrait de n’importe quel effort renouvelé des Etats-Unis jusqu’à ce qu’un antidote ait été trouvé pour la faiblesse fondamentale des institutions palestiniennes au pouvoir. Sans un partenaire palestinien responsable et un appareil de sécurité palestinien capable et discipliné, aucun progrès ne pourrait se faire sur tout plan de paix.

Désespérant que les Palestiniens ne pouvaient par eux-mêmes de l’emporter sur la structure dysfonctionnelle de gouvernement que Yasser Arafat avait construite, et sachant qu’Arafat n’était plus un partenaire fiable pour la paix, j’ai proposé une intervention internationale totale conduite par les Etats-Unis et approuvée par l’ONU pour enlever le contrôle sur la plupart de la Cisjordanie et sur tout Gaza à Arafat et à l’armée israélienne. Ces territoires devaient être mis sous tutelle pour les Palestiniens pendant que les tuteurs travaillaient avec des partenaires palestiniens responsables pour créer les institutions d’un état indépendant et viable et pendant que des négociations sur le statut final entre Israël et des représentants palestiniens définissaient les frontières définitives de l’état. La mise sous tutelle de la Palestine aurait nécessité une force internationale de 10000 personnes -- conduite par des forces spéciales – qui aurait été responsable du maintien de l’ordre, du démantèlement de l’infrastructure de la terreur et de la reconstruction des forces de sécurité palestiniennes.

Bien que cette idée fût prise en compte par l’administration Bush, quand sa mise sous tutelle, de loin plus ambitieuse, de l’Iraq a commencé à s’effondrer, l’appétit de la Maison Blanche pour essayer une chose similaire en Palestine a disparu. Bush est revenu à sa position par défaut d’un désengagement de tout effort sérieux pour résoudre le conflit israélo-palestinien, avec des résultats prévisibles.

Avec Gaza maintenant solidement dans les mains de Hamas, et le Président palestinien Mahmoud Abbas en train de gagner une reconnaissance internationale pour un gouvernement d’urgence dont l’autorité ne va pas au-delà de la Cisjordanie, des voix peuvent alors être entendues appelant à une solution semblable à une mise sous tutelle. En effet, les appels les plus notables pour une intervention internationale viennent du gouvernement israélien qui s’était auparavant opposé à cette idée. S’étant retiré de Gaza d’une façon unilatérale en août 2005, avec indifférence envers quel type de force occuperait le vide, les Israéliens sont venus maintenant à comprendre les conséquences : un état terroriste est en train d’être établi sur leurs frontières. Hésitant à intervenir en Gaza de nouveau, ils veulent une partie fiable pour assumer la responsabilité là bas et aider Abbas à regagner le contrôle. Mais il n’y a pas de volontaires pour apprivoiser un territoire fourmillant avec des bandes armées et la milice bien équipée de Hamas. Les Etats-Unis ont leurs mains pleines en Iraq, l’OTAN lutte pour tenir les engagements de ses troupes en Afghanistan et l’Egypte voisin n’a pas d’appétit pour devenir le policier de Gaza.
S
12 juillet 2007 00:50
Suite et fin :

A la fin ce job peut bien être réalisé par les Forces de Défense d’Israël si les inefficaces roquettes Qassam qui continuent à tomber sur les villes israéliennes et les kibboutz deviennent plus mortelles. Mais une fois ce job accompli, avec beaucoup de victimes des deux côtés, Israël ne voudra pas rester une minute de plus que nécessaire. C’est là qu’une force internationale sera importante pour aider Abbas, en tant que Président élu démocratiquement de l’Autorité Palestinienne, reprendre le contrôle là bas.

Pendant ce temps, le Premier Ministre israélien Ehud Olmert, Bush et les autres membres du Quartet semblent engagés à empêcher la Cisjordanie de suivre la voie de Gaza. Ils ont des partenaires palestiniens responsables en Abbas et son gouvernement d’urgence conduit par le Premier Ministre Salam Fayyad. Mais là encore, la totale entreprise est fragile à cause de l’absence d’une réelle capacité palestinienne à contrôler le territoire. Pour le temps en cours, l’IDF en Cisjordanie fait le travail de démantèlement de l’infrastructure de la terreur et d’empêchement du Hamas de former un défi militaire au contrôle de Abbas là bas. Mais le plus Abbas dépend sur l’IDF, le plus il sera discrédité dans les yeux des Palestiniens. L’une de leurs plus pressantes demandes est l’enlèvement des barrages routiers en Cisjordanie. Mais ceci n’arrivera que s’il y a une force de sécurité capable de prendre le contrôle –- quelque chose qu’Abbas ne possède pas. Une force internationale mandatée par l’ONU devrait prendre le relais de l’IDF et lui permettre de retourner à ses lignes d’avant l’Intifada en Cisjordanie. Abbas gagnerait immédiatement le crédit du retrait israélien. Il pourrait alors entrer en négociations avec Olmert à propos de la disposition du reste de la Cisjordanie, pendant que les Israéliens auraient l’occasion de tester l’efficacité des forces internationales dans les territoires palestiniennes.

La version 2007 de l’idée de la mise sous tutelle est peut-être meilleure si elle est présentée comme un « partenariat » entre les Palestiniens et la communauté internationale, car la force internationale ne remplacerait pas le gouvernement palestinien mais plutôt aiderait le Président palestinien à prendre le contrôle de la Cisjordanie quand Israël effectuerait un retrait par étapes. Si Israël devait rentrer à Gaza, le même principe pourrait s’appliquer. Si Tony Blair veut avoir un succès quelconque dans son nouveau job comme l’envoyé du Quartet dans le Moyen Orient, il aura besoin d’un plan de jeu comme ceci dans sa poche et plusieurs milliers de forces internationales prêtes à le supporter.

Source : [www.foreignaffairs.org]
 
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