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Que mijote Bouteflika ?
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26 août 2005 04:49
En Algérie, le général Larbi Belkheir, pilier du régime, quitte la présidence.

La rumeur courait depuis des semaines. Le général Larbi Belkheir était donné partant de son poste de directeur du cabinet du président Bouteflika pour le poste d'ambassadeur "extraordinaire et plénipotentiaire" au Maroc. Un communiqué du ministère des affaires étrangères allait valider l'information, mardi 23 août, mais la presse algérienne persistait à penser que l'"éminence grise" de la présidence n'avait pas l'intention d'accepter cette nomination. L'intéressé, lui, gardait le silence. C'est de Paris, où il séjourne quelques jours pour un bilan médical, que le général Belkheir est sorti de son mutisme, mercredi, confirmant qu'il avait accepté "la mission" qui lui avait été confiée, et précisant qu'il rejoindrait Rabat "probablement en octobre" .

"Les uns prétendent que j'ai refusé mon poste. Les autres affirment que j'ai claqué la porte. D'autres encore me conseillent de ne pas quitter Alger sous prétexte que je suis un élément de stabilité, a-t-il ironisé. La réalité est que Rabat est un poste sensible et qu'on en a conscience de part et d'autre. Ma priorité sera d'établir des relations de confiance avec le Maroc, et surtout une véritable communication entre les deux pays. Cela fait trop longtemps que nos relations passent par des hauts et des bas. Or le Maroc est notre voisin et le restera. Nous sommes condamnés à nous entendre."

L'une des principales tâches du nouveau représentant de l'Algérie à Rabat portera sur la réouverture des frontières algéro-marocaines, fermées depuis 1994, à la suite de l'attentat de Marrakech ­ deux touristes espagnols tués ­ dont le Maroc avait fait porter la responsabilité sur l'Algérie, en dépit des démentis d'Alger. Le Sahara occidental, lui, restera "du ressort des Nations unies, pas du nôtre" , souligne Larbi Belkheir, se retranchant ainsi derrière la position traditionnelle de l'Algérie.

Agé de 67 ans, "le cardinal de Frenda" (du nom de son bourg d'origine, proche de Tiaret, ville de l'ouest), surnommé aussi "le grand chambellan" ou encore "le parrain", le général Larbi Belkheir a longtemps été considéré comme un pilier du régime algérien.

Proche collaborateur de Chadli Bendjedid dont il a été le directeur de cabinet, cet homme de l'ombre, toujours courtois, a pris la direction du ministère de l'intérieur en pleine phase d'ascension du Front islamique de salut (FIS), en juin 1991. Il lui revient alors d'organiser les élections législatives, en décembre de cette année-là, puis d'annoncer, le visage décomposé, au soir du premier tour, la victoire des islamistes. Larbi Belkeir fait partie des généraux "janviéristes" qui décident, en janvier 1992, après la démission forcée du président Chadli Benjedid, d'annuler le processus électoral, privant ainsi le FIS de sa victoire. Le pays entre alors dans un cycle de violences qui durera plus de dix ans et fera quelque 150 000 morts.

Après l'assassinat, en juin 1992, de Mohamed Boudiaf, un historique du FLN ramené du Maroc par les militaires pour assumer le pouvoir présidentiel au sein du Haut Comité d'Etat, Larbi Belkheir abandonne ses fonctions publiques. En retraite de l'armée, il entre dans les affaires. Officiellement, il est loin du pouvoir mais son poids reste considérable. C'est lui qui convainc ses pairs généraux de faire d'Abdelaziz Bouteflika leur candidat à la présidence, en 1999.

"HOMME DE CONSENSUS"

L'année suivante, Larbi Belkheir revient à la présidence de la République. Il devient directeur de cabinet d'Abdelaziz Bouteflika. La cohabitation entre le nouveau président et les "décideurs" de l'armée se passe mal. Belkheir va servir de courroie de transmission. "C'est un homme de consensus, capable d'avaler des couleuvres sans faire de vagues. Il a toujours servi de pare-chocs, même à l'époque de Chadli" , souligne un observateur de la vie politique algérienne.

A Rabat, on a accueilli avec une immense satisfaction la nomination de ce partisan convaincu de la normalisation algéro-marocaine. En quelques heures, les autorités marocaines avaient donné leur assentiment. Reste que la nouvelle fonction de Belkheir ressemble bien à une mise à l'écart, même si l'intéressé refuse de l'admettre.

L'utilité de cet homme de réseaux et de contacts avait-elle fini par s'émousser ? C'est probable. A coup de mises à la retraite, de promotions et de mutations, le président Bouteflika a réussi à élargir son pouvoir au point d'avoir aujourd'hui la haute main sur l'armée. La démission du chef d'état-major, le général Mohamed Lamari, l'année dernière, a fait sauter un verrou. Depuis, c'est une valse permanente. Du noyau des généraux "janviéristes", il ne reste plus que trois hommes : Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué à la défense nationale (le chef de l'Etat occupant le poste de ministre), mais aussi et surtout les généraux-majors Mohamed Mediène et Smaïn Lamari, chefs des services de renseignements.

Le départ de Larbi Belkheir signifie que le président n'a plus besoin d'interface avec l'armée, du moins celle qui porte l'uniforme. Belkheir, le "gardien du temple", n'avait d'ailleurs sans doute plus, ces dernières années, le pouvoir qu'on lui prêtait. Le courant ne passait plus entre lui et le président Bouteflika, qui lui préférait ses proches (famille et amis).

Jour après jour, le chef de l'Etat assoit son pouvoir et écarte quiconque lui résiste ou menace de lui faire de l'ombre. Quoi qu'il en soit, la disgrâce de Belkheir s'accompagne d'une porte de sortie plus qu'honorable.

Source : Le monde
--------------"Généralement, les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu." Rousseau.
 
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