Un prêtre d'une cinquantaine d'années du diocèse de Metz a été mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" pour avoir, selon son avocat, servi d'intermédiaire à une jeune prostituée. Le religieux, qui a aussitôt été démis de ses fonctions par l'évêché de Metz, a été brièvement placé en garde à vue la semaine dernière. Il a été présenté lundi au juge et placé sous contrôle judiciaire. Une dizaine de personnes ont déjà été mises en examen en juin, dont un couple, écroué depuis dix jours. Son défenseur nancéien Me Alain Behr est persuadé que son client sera finalement relaxé "car il n'a retiré aucun profit dans cette affaire". "Le prêtre, qui n'avait aucune intention délictuelle, a seulement été victime de sa naïveté et de son souci de rendre service à une jeune femme en plein désarroi", a déclaré l'avocat. Le religieux a été identifié par les enquêteurs dans le cadre d'une surveillance téléphonique, après avoir appelé à deux reprises un "salon de massage" dont il était occasionnellement client à Talange en Moselle. Il voulait ainsi aider une jeune femme rencontrée dans un hôtel qui souhaitait travailler dans un cadre plus structuré, selon son avocat. "Malheureusement, le simple fait d'aider une prostituée ou de la mettre en contact est constitutif de l'incrimination de prostitution", estime Me Behr. Il va contester l'incrimination parce qu'elle est "beaucoup trop large et trop vague". La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Nancy, qui traite cette affaire de proxénétisme, a placé lundi le prêtre sous contrôle judiciaire avec l'obligation de se soigner. Elle n'a pas suivi les réquisition du parquet qui avait réclamé à l'encontre du prêtre une interdiction de séjour en Moselle et l'obligation de séjourner dans une enceinte religieuse. "Le parquet de la JIRS,qui se doit d'être laïc, a confondu la robe et le goupillon", s'est insurgé l'avocat pour qui "ces réquisitions étaient celles de l'Inquisition". La JIRS instruit depuis six mois ce dossier qui porte sur un réseau de prostitution actif en Moselle, Meurthe-et-Moselle, Belgique, Luxembourg et à Paris. Une dizaine de prostituées travaillaient dans ce réseau dont la publicité se faisait sur plusieurs sites internet.