Six Italiens ont été abattus dans la nuit d'une balle dans la tête à Duisbourg. Agés de 16 à 39 ans, ils seraient liés à la 'Ndrangheta, la mafia calabraise. Ces hommes auraient été impliqués dans une série de règlements de comptes. Les autorités craignent "de nouvelles représailles".
La 'Ndrangheta calabraise est une redoutable organisation criminelle considérée par les autorités italiennes comme plus secrète et plus imprévisible que la Mafia sicilienne, la Cosa Nostra, car moins hiérarchisée. C'est à l'une des deux "familles" impliquées dans une série de règlements de comptes de cette mafia, connue sous le nom de "vendetta de San Luca", le nom d'un village calabrais, qu'appartiendraient les six Italiens, âgés de 16 à 39 ans, retrouvés tués d'une balle dans la tête à Duisbourg, dans l'ouest de l'Allemagne, dans la nuit de mardi à mercredi.
Le ministre italien de l'Intérieur a exprimé mercredi la crainte que ce massacre entraîne "de nouvelles représailles", tandis que le procureur antimafia a souligné "la nouveauté absolue" que constitue ce massacre commis à l'étranger. Il a estimé que les victimes "avaient probablement été envoyées à Duisbourg pour éviter les conséquences" de cette vendetta. D'ailleurs selon un directeur adjoint de la police italienne, "la présence de la mafia calabraise est importante en Allemagne, mais jusqu'à présent elle maintenait un profil bas en cherchant à ne pas attirer l'attention". De son côté, la police allemande affirme que, si la piste mafieuse n'est pas exclue, ils "enquêtent dans toutes les directions".
Les armes n'ont pas été retrouvées
Le cycle de vengeances connu en Italie sous le nom de "vendetta de San Luca" avait commencé en 1991 à l'occasion d'une rixe entre familles durant la fête de la Saint-Valentin et qui avait fait six morts jusqu'en 2000. Après une accalmie, le cycle a repris durant la nuit de Noël 2006 par le meurtre de l'épouse de l'un des chefs présumés d'un clan de la 'Ndrangheta, suivi de cinq morts en Calabre, ont rappelé les médias. Les six meurtres de Duisbourg s'inscriraient dans ce nouveau cycle.
Jusqu'à présent, les officiers de police de Duisbourg allés sur place pour relever les empreintes n'ont pas trouvé d'armes dans les véhicules stationnés près de la gare centrale devant le restaurant italien "Da Bruno". Selon des témoins, deux inconnus ont été aperçus dans les environs de la gare, mais aucun rapport de ces personnes avec le crime n'a pour l'instant pu être établi. Les officiers continuent leurs fouilles et leur recherche de témoins, tandis que les vidéos de surveillance de la ville sont en cours d'examen.
Pas de révélation avant sa mort
La police avait annoncé auparavant avoir trouvé vers 2h30 du matin dans deux véhicules cinq hommes morts et un sixième grièvement blessé, qui est décédé lors de son transport vers l'hôpital. "Toutes les victimes portaient de multiples impacts de balle, on a tiré sur elles à l'aveuglette", a déclaré le commissaire chargé de diriger l'enquête criminelle. Quatre hommes étaient dans une Golf Volkswagen immatriculée à Pforzheim (ouest) et deux autres dans une camionnette Opel immatriculée à Duisbourg. La police allemande a révélé que deux des victimes étaient arrivées récemment d'Italie, et que plusieurs d'entre elles avaient travaillé ou étaient propriétaires de la pizzeria "Da Bruno".
Une passante avait entendu un bruit de tir et avait alerté des policiers patrouillant dans les parages à bord d'une voiture, d'après la même source. "Selon nos informations, l'homme transporté à l'hôpital n'a rien révélé avant sa mort," a affirmé un autre porte-parole de la police locale.
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