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les marocains sont des microbes
K
7 avril 2005 11:12
ca me fout les boules



d'apres l'economiste:


L’accident d’autocar survenu la semaine dernière à Taroudant a retenu l’attention de l’opinion publique marocaine pour différentes raisons.
Au-delà de l’émotion que cause toujours ce type d’événements, au-delà de la compassion que nous exprimons tous aux victimes et à leurs familles, au-delà de ces aspects, un point particulier à retenu l’attention: l’exceptionnel déploiement de moyens de secours auquel cet accident a donné lieu!

Jugez-en: 2 hélicoptères équipés de staffs médicaux, 17 ambulances, 15 médecins urgentistes et trois fourgons mortuaires ont été dépêchés sur place. 13 blessés graves ont été évacués par hélicoptère directement vers l’hôpital militaire de Marrakech «ce qui permit de les sauver», d’autres dont l’état a été jugé moins grave ont été évacués vers l’hôpital de Taroudant puis vers l’aéroport d’Agadir où, après un contrôle médical supplémentaire, un avion C-130 médicalisé les a transportés vers Rabat. Là, 42 ambulances les attendaient pour les transporter vers l’hôpital militaire de Rabat où soins et réconfort leur ont été prodigués.

Il y a trois semaines, le 12 mars , à Azrou, un autre accident d’autocar (1 mort, 5 blessés) a aussi vu un déploiement important de moyens de secours: 2 hélicoptères, plusieurs ambulances, évacuation vers l’hôpital militaire de Meknès...
Devant une telle mobilisation, on ne peut que féliciter les responsables et se réjouir du fait que des vies humaines aient pu être sauvées grâce à ce déploiement.
Mais en disant cela, on ne peut s’empêcher de penser aux autres accidents d’autocar survenus au Maroc l’année dernière. Aïn Harrouda, 5 mai 2004, 18 morts, des dizaines de blessés. Nouaceur, 14 juillet 2004, 5 morts, des dizaines de blessés. Sidi Bennour, 17 août 2004, 7 morts, 20 blessés. Casablanca, 18 août 2004, 1 mort, 20 blessés. Imintanout, 27 août 2004, 24 morts, des dizaines de blessés. Had soualem, 9 octobre 2004, 11 morts, 24 blessés. Chichaoua, 15 décembre 2004, 11 morts, 38 blessés.Had Soualem, 28 février 2005, 1 mort, 17 blessés.

En parcourant cette liste, en pensant aux victimes, à leurs familles, à leurs souffrances, on ne peut que ressentir révolte et malaise:
- Révolte devant autant de pertes et de souffrances. Révolte devant notre incapacité à juguler ce fléau dont on connaît pourtant l’essentiel des causes.
- Malaise en constatant que dans aucun des accidents listés ci-dessus, il n’y a eu le déploiement de moyens que nous avons vus à Taroudant et Azrou.
Certes, à chaque fois les sauveteurs ont fait du mieux qu’ils pouvaient avec les moyens matériels et humains qu’on a mis à leur disposition et on ne peut que leur rendre hommage.
Mais on était loin, très loin de Taroudant et Azrou. Pas d’hélicoptères médicalisés sur place et Dieu sait s’il y en avait besoin... Pas d’avions de transport médicalisé. Pas ou peu d’équipes médicales sur place. Blessés soignés dans les hôpitaux locaux dont on connaît le manque flagrant de moyens humains et matériels, surtout pour faire face à ce type d’événements. Pas ou peu de blessés dirigés vers des hôpitaux de pointe, hôpitaux militaires notamment.

· Nombre d’ambulances mobilisées limité.

· Les gens ordinaires

Malaise, quand on pense aux vies qu’il aurait été possible de sauver, aux handicaps qui auraient pu être évités et aux conséquences humaines et matérielles pour les familles des victimes.
Malaise devenant de plus en plus profond quand on essaie de comprendre une telle différence de traitement.
Ni la gravité des accidents, ni le nombre de victimes, ni les lieux géographiques, ni les dates, ni les heures de survenance ne peuvent constituer une explication.

Le malaise est au plus profond, quand on met le doigt sur la seule différence visible qu’il y a entre les accidents de Taroudant et d’Azrou et les autres. Elle est là, évidente, sautant aux yeux, mais on essaie de la repousser, d’en trouver d’autres, mais elle résiste et finit par s’imposer.

A Taroudant et Azrou les victimes étaient des touristes, étrangers, français et anglais. Dans les autres accidents, les victimes étaient des Marocains, des gens ordinaires.
Et on se met à penser à ce que doivent ressentir les victimes des accidents locaux ainsi que leurs familles en voyant à la télévision et dans la presse le traitement des victimes de Taroudant et en le comparant à ce qu’elles ont vécu.

Ce que doivent ressentir des milliers de Marocains, et notamment les jeunes, à qui on ne cesse de parler de citoyenneté, de civisme, d’égalité, de leurs devoirs envers la collectivité et de l’obligation de l’Etat envers eux… et qui découvrent que même dans l’adversité et devant la mort, il y a victime et victime, citoyen et citoyen.
On ne peut que repenser et donner un peu raison, a posteriori, aux milliers de Marocains qui choisissent de quitter le Maroc pour d’autres pays, vers d’autres horizons où il seront respectés d’abord pour ce qu’ils sont: des êtres humains; Où devant l’adversité, ils pourront compter sur un Etat qui leur prête assistance sans discrimination. Rappelez-vous les accidents d’autocars de Burgos et de Poitiers. Les victimes, pour la plupart marocaines, ont eu droit au même traitement et à la même mobilisation que des Espagnols ou des Français.

· De l’espoir quand même

Etant optimiste de nature, je ne voudrais pas terminer cet article sur un constat pessimiste. D’où peut venir l’espoir? En cherchant bien, il y a peut-être une autre raison qui justifie la différence de traitement.
Azrou et Tardounat sont, chronologiquement, les deux derniers accidents d’autocar survenus au Maroc.
Et si après tout la mobilisation exceptionnelle de moyens était devenue la règle? Et si ce n’est pas la nationalité des victimes qui avait fait la différence mais que, tout simplement, depuis la mi-mars, l’Etat avait pris la décision de mobiliser dorénavant tous ses moyens sans faire de discrimination?
«Tu rêves!», diront beaucoup. A nos reponsables de les démentir! A l’occasion du prochain événement de cette ampleur, et malheureusement il y en aura, qu’ils nous montrent que le traitement de Taroudant n’est plus une exception mais que c’est devenu la règle. Ce sera une avancée décisive, dans la réconciliation des Marocains avec leur pays.
Et Dieu sait si on en a besoin!

Source: L'Economiste
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