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Le Maroc mobilisé pour ses otages en Irak
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21 novembre 2005 11:15
ne les oublions pas!


[www.liberation.fr]

Le Maroc mobilisé pour ses otages en Irak
Rabat est sans nouvelle des deux employés d'ambassade condamnés à mort par Al-Qaeda.

Par José GARÇON
lundi 21 novembre 2005


Rabat envoyée spéciale



C'était il y a un mois. Abderrahim Boualem, 55 ans, et Abdelkrim Mouhafidi, 49 ans, employés à l'ambassade du Maroc à Bagdad, sont enlevés alors qu'ils rentrent d'Amman, où ils sont allés chercher la paie du personnel. Depuis, on ignore leur sort. On sait seulement que la branche irakienne d'Al-Qaeda, dirigée par Al-Zarqaoui, a revendiqué leur rapt le 26 octobre et annoncé leur «condamnation à mort» le 5 novembre, après leur «jugement» par un «tribunal islamique».

Aucun contact. Ce «verdict» a provoqué d'autant plus d'inquiétudes qu'Al-Zarqaoui a l'habitude de mettre ses promesses à exécution. Pourtant, le groupe n'a plus rendu public aucun communiqué ni cassette. «Le fait qu'ils n'aient pas été tués laisse un espoir», dit-on à Rabat, où l'on affirme «n'avoir aucun contact, même indirect», avec les ravisseurs et où l'on reste très discret sur les démarches menées (une mission diplomatique a été dépêchée à Amman) ou sur d'éventuelles demandes de rançon. Seule certitude : les autorités ont adopté un ton très dur à l'égard des ravisseurs après que le Comité des oulémas, principale association sunnite irakienne, les eut condamnés en exigeant la libération des otages.

Cette rudesse trouve aussi son origine dans le prétexte fourni par Al-Qaeda pour justifier son «verdict» : les deux otages «sont partisans des tyrans et membres du régime apostat du Maroc». Laisser qualifier d'«apostat» un Etat dont le roi est «commandeur des croyants», donc «descendant du Prophète», équivaudrait à accepter une remise en cause de la légitimité religieuse de la monarchie.

Dès lors, la réponse des autorités ­ qui, depuis les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, se montrent impitoyables avec tout ce qui ressemble à des activistes islamistes ­ s'est faite autant sur la condamnation virulente des terroristes, qualifiés de «bande de criminels», que dans la sphère du religieux. Fort du soutien des oulémas d'Irak, Rabat s'est appuyé sur le Conseil supérieur des oulémas du Maroc, qui, le 5 novembre, taxait les ravisseurs de «takfir (mécréants)» et les «maudissait, eux, leurs tribunaux et leurs verdicts». Et ces oulémas d'ajouter : «En cas d'application du jugement, la nation marocaine musulmane sera l'adversaire des ravisseurs ici-bas et, au jour du Jugement, leur fin sera le feu où ils brûleront à jamais.»

Chantage. Les communiqués officiels et ceux des partis sont à l'unisson. «L'ambassade du Maroc à Bagdad entretient des relations avec toutes les forces politiques et sensibilités irakiennes», a déclaré le ministère des Affaires étrangères, en précisant : «Cette position ne peut souffrir d'aucun chantage encore moins [celui] émanant d'un groupe terroriste ne pouvant prétendre à représenter l'Irak.»

Dans la rue, l'incompréhension domine, d'autant que les deux hommes sont de simples employés, qu'ils sont mariés à des Irakiennes et vivent depuis vingt ans en Irak. Et surtout car c'est dans le royaume, certes allié des Américains, qu'ont eu lieu les plus grandes manifestations du monde arabe et musulman de «soutien au peuple irakien», avant l'invasion américaine de l'Irak, comme lors de la guerre du Golfe en 1991. Le 6 novembre, la rue s'est donc mobilisée à nouveau, cette fois pour exiger la libération des otages. Derrière ministres, préfets, députés, chefs de partis, islamistes inclus, 20 000 femmes et hommes ont défilé dans la capitale économique du pays. Avec des slogans souvent musclés dénonçant «la barbarie» ou jurant : «Le Maroc est terre de paix et le restera.» Ce «rappel» d'une population qui a aussi toujours manifesté son soutien aux Palestiniens est-il de nature à faire reculer Al-Zarqaoui ? C'est ce que voudraient croire les familles des otages, qui ont organisé un rassemblement, le 12 novembre à Château-Thierry, où réside un frère de Boualem.

Dix-sept islamistes, dont un Belge d'origine marocaine, tous proches d'Al-Qaeda, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines alors qu'ils étaient en train de «constituer une cellule terroriste», a-t-on annoncé dimanche à Rabat.



 
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