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MAROC: Hooliganisme politique
y
18 décembre 2009 21:47
Par : Aboubakr Jamaï

Ce devait être une promenade de santé, une sorte de couronnement du régime. C’en est presque devenu son procès. L’octroi de la qualité de «statut avancé» au Maroc par l’Union européenne et l’entame des discussions sur le contenu de ce nouveau statut devaient permettre au régime d’aller cueillir ses lauriers de pays respectueux des droits de l’homme, de pays en marche vers la démocratie. Et puis, patatras. Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères, ira à Bruxelles se faire remonter les bretelles sur le non-respect des droits de l’homme. Une semaine plus tôt, son secrétaire général s’était fait rabrouer par des députés européens qui se demandaient si l’UE ne se décrédibilisait pas en octroyant ce «statut avancé» à un pays si dédaigneux des libertés et des principes démocratiques.
En réaction aux pressions de l’UE et de l’Espagne, les hommes du régime se sont fait forts de mettre les points sur les i. Deux d’entre eux méritent de retenir notre attention parce qu’ils sont parmi les hommes de pouvoir les plus influents du royaume. Leurs propos sont donc indicatifs de la nature de ce régime. Par des propos scandaleux de corruption morale et de médiocrité, Fouad Ali El Himma et Taïeb Fassi Fihri ont, chacun à sa façon, dévoilé les fondations morales vermoulues de ce régime.
L’ancien ministre délégué à l’Intérieur mesurait-il la gravité de ses paroles ? Ce proche ami du roi et promoteur d’un parti censé moderniser le champ politique marocain avait-il conscience de l’énormité de ses propos ? A Laâyoune, El Himma n’a rien trouvé de mieux à dire que de menacer l’Espagne de ne plus coopérer dans la lutte contre le trafic de drogue, le terrorisme et l’immigration clandestine. Ces trois fléaux sont donc des armes que l’on peut retourner contre un pays voisin. On ne les combat pas parce qu’ils sont contraires à nos principes et à nos lois. On les combat parce qu’en échange, l’Europe nous laisse réprimer comme on veut. Et si la nécessité s’en fait sentir, on peut les instrumentaliser contre ceux qui s’opposent à nos mœurs autoritaires. Voilà le message effarant que
F. El Himma vient d’envoyer au reste du monde. L’Iran avait Ahmadinejad et le nucléaire, nous, nous avons El Himma, le cannabis, le terrorisme et les clandestins.
Taïeb Fassi Fihri ne fut pas en reste. Moins inventif que son ex-collègue du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères répétera face à une audience européenne un argument éculé et ô combien insultant pour notre identité. Face aux critiques de ses vis-à-vis européens sur les atteintes aux droits de l’homme et de la liberté de la presse, il rétorquera qu’au Maroc nous devons respecter les trois piliers que sont la monarchie, l’islam et l’intégrité territoriale. Comme si elles étaient fondamentalement contradictoires avec ces valeurs universelles que sont la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme. A l’heure où les sociétés occidentales se posent (mal) des questions sur la compatibilité de l’islam avec des valeurs démocratiques, notre ministre des Affaires étrangères leur affirme que, oui, l’islam EST incompatible avec ces valeurs. Et que dire de l’intégrité territoriale et de la monarchie ? Est-ce le sens que nous donnons à ces deux totems de notre vie politique ?.....
19 décembre 2009 15:27
face a la politique moderne de l'u.e. nos pseudo-politique ne valent pas un

pet de lapin , encore une fois ( c'est lassant) les derniers de la classe , un puit sans

fond de mediocrité , ils sont terriblement previsibles dans leurs pitoyables manoeuvres

pour s'accrocher au pouvoir


a gerber
y
19 décembre 2009 15:44
SUITE
A ce niveau de débat, ce n’est plus de patriotisme qu’on parle mais d’hooliganisme. Cette prise en otage des symboles d’une nation et leur instrumentalisation au bénéfice d’un régime qui refuse le changement ne va pas sans résistance. Les remontrances de l’UE doivent être prises comme un encouragement pour toutes ces associations, journaux, tous ces individus qui osent se battre pour des idéaux de liberté et de démocratie. Marginalisés par les élites au pouvoir, ignorés par les médias aux ordres, ils trouvent dans ces pressions exercées par des pays et des institutions, pourtant amis du Maroc, un soutien bienvenu pour un combat par ailleurs bien ingrat. Mais leur travail compte sans doute pour quelque chose dans les pressions sur le régime pour plus d’ouverture. Il faut bien admettre que celui-ci s’est auto-infligé bien des misères.
Deux séries d’événements récents sont à l’origine de la crispation de l’UE. La répression hystérique qui a frappé la presse il y a quelques semaines et la gestion par le Maroc du cas Aminatou Haidar. Ce qui frappe l’esprit lorsqu’on analyse ces deux exemples de répression est leur gratuité. En d’autres termes, que se serait-il passé si le régime ne s’était pas acharné sur la presse, et s’il n’avait pas déchu Aminatou Haidar de sa nationalité avant de l’expulser ? A part éviter l’humiliation des recommandations/injonctions de l’UE à respecter la liberté de la presse et les droits de l’homme, rien. Quel surcroît de respect la monarchie a-t-elle gagné en utilisant sa justice aux ordres pour envoyer en prison des journalistes, interdire des journaux et ruiner des entreprises de presse ? Quel prestige a-t-on engrangé à traiter Aminatou Haidar comme nous l’avons fait ? Comment ce traitement a-t-il convaincu le reste du monde de la marocanité du Sahara? Parce qu’au cas où certains l’auraient oublié, c’est ce que nous sommes supposés faire. Alors pourquoi ? Parce que c’est dans la nature, de ce régime. Une nature, hélas nourrie de notre faillite collective à nous inventer un avenir de pays respectueux de la dignité de ses citoyens.
Le régime marocain, comme certains régimes autocratiques, est devenu un junky de la répression. Des junkies qui se shootent à l’autoritarisme et qui doivent constamment augmenter leur dose. Dans cette métaphore, nous, collectivement, sommes son fournisseur. En nous taisant, en ânonnant les arguments soi-disant patriotiques d’une bêtise confondante comme est allé le faire Abdelouahed Radi cette semaine en Espagne. En n’osant pas critiquer des comportements et des décisions manifestement ineptes. Alors, sevrons-le. [www.lejournal-press.com]
 
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