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Maroc, Espagne, Europe : sur les routes du cannabis
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17 mai 2006 02:07
source: le monde.

Article 1: Témoignage: Visite d'acheteur dans le Rif, région source du trafic

Comme j'accompagnais Luis, un Espagnol qui a l'habitude de venir chercher sa marchandise lui-même dans le Rif, il ne faisait de doute pour personne que j'étais acheteur. D'ailleurs, dès le premier soir, nous voyant attablés dans un restaurant, un jeune homme est venu me proposer une demi-tonne de haschisch : 4 000 dirhams (368 euros) le kilo, livré à Nantes ou à Bordeaux.


Rendez-vous est pris plus tard dans la nuit, dans un appartement vide. Luis et le jeune homme parlent "coups tordus" et "ratages", évoquent un transport "retardé" : le douanier espagnol soudoyé était tombé malade. Le vendeur, qui travaille aussi dans l'immobilier, dit se méfier des "jeunes gens en espadrilles". Il propose aussi une marchandise de moins bonne qualité, à 3 000 dirhams (276 euros) le kilo. Entre deux volutes de fumée et un "rail" de cocaïne, il m'observe à la dérobée et nous laisse finalement dormir dans l'appartement désert.

Dans les montagnes, l'hospitalité est plus généreuse, pour autant qu'on soit accompagné d'un homme de confiance. Mohammed est un paysan tranquille qui vit les pieds dans le Moyen Age et l'oreille branchée sur son portable. Il dirige le clan familial. Son neveu, qui gère les affaires à Casablanca, lui rend compte, heure par heure, de ses activités.

Aussitôt le thé et les gâteaux secs servis, Mohammed présente sa marchandise : "4 000 dirhams le kilo pour la meilleure, tu peux goûter." Il vante la souplesse de ses plaquettes emballées dans de la cellophane, en extrait une, l'écorne, chauffe la résine pour les joints. On parle de la France, de la famille, avant que Mohammed, appelé au téléphone, ne nous laisse avec l'un de ses fils. Deux heures après, il est de retour. "Viens voir..." Il nous montre son atelier, une sorte de garage en terre battue. Trois ouvriers, sur des tabourets, actionnent des presses pour comprimer la sécrétion (résine) de la fleur. Les plaquettes de 100 ou 200 grammes sont emballées dans un plastique puis rassemblées sous un autre, lavé à l'eau de Javel pour éliminer les odeurs.

Dans un français hésitant, Mohammed nous rassure sur la fiabilité de l'achat envisagé : "Tu peux venir voir tout, aussi longtemps que tu veux." Traduction : on peut assister au conditionnement et apposer sa propre griffe sur chaque plaquette achetée. Pour préparer 2 tonnes de marchandise, il lui faut "vingt à vingt-cinq jours, plus deux pour le transport. Mais si tu es pressé, on peut faire plus vite, je fais venir des ouvriers..." Lors de la récolte, en été, et de la préparation des colis, l'automne et l'hiver, Mohammed peut employer jusqu'à "50 ouvriers".

La livraison peut s'effectuer dans un port français de l'Atlantique, où Mohammed a "un très bon ami, un Français", précise-t-il. Il préfère les "Français" aux "jeunes Marocains de France, qui ne sont pas sérieux et bavardent beaucoup".

Abdeslam est plus jeune. On atteint sa ferme par une piste défoncée, loin de la route. Thé, "gâteaux maison" confectionnés par des femmes qu'on ne voit jamais. Abdeslam travaille "en famille, comme Cosa Nostra". Il dit bien connaître "les mafias d'Irlande, de Hollande et d'Italie : ce sont des amis". Il sourit beaucoup mais m'observe, à la dérobée, sans aménité.

Visite nocturne à l'atelier, un garage flambant neuf. Les presses peuvent "sortir" des plaquettes de tailles et de formes différentes. Retour au salon : tagine et fruits. Un collaborateur apporte un ensemble de plaquettes emballées qui forment une sorte de valise, munie d'une solide poignée. Abdeslam se vante de connaître "tous les horaires des douaniers espagnols" et de pouvoir expédier sans délai partout en Europe.

A Tanger, Ahmed est évidemment intéressé par la vente de 2 tonnes. Mais il ne peut pas livrer en France : "Trop dangereux en ce moment", dit-il. Luis devra chercher quelqu'un de mieux équipé pour organiser un tel transport. Rendez-vous est pris pour le lendemain.
Michel Samson
Article paru dans l'édition du 17.05.06



Article 2 : Zoom: Les côtes espagnoles, porte d'entrée du continent

'Espagne détient, en matière de trafic de drogues, des records peu enviables qui traduisent son rôle de porte d'entrée de l'Europe. Les chiffres de 2005 la placent au premier rang mondial pour les saisies de cannabis, avec 50 % du total et 75 % des prises européennes. En 2005, les forces de l'ordre ont mis la main sur 670 tonnes de cannabis : trois fois plus qu'il y a dix ans, mais moins qu'en 2004, où les prises avaient atteint 795 tonnes. Le ministère de l'intérieur relève que le système de surveillance des côtes andalouses a conduit à une homogénéisation du trafic sur l'ensemble du littoral, les livraisons sur le tronçon Cadix-Malaga-Almeria ayant un peu diminué. Des livraisons par avion ou par hélicoptère ont même été constatées. 60 % des saisies ont lieu en mer ou sur les côtes.

Le gouvernement espagnol a nommé, en novembre 2005, quatre "procureurs antidrogue" dans les provinces les plus touchées : Cadix, Campo de Gibraltar, Huelva et Almeria. Il a aussi constitué, au sein de la police nationale, trois groupes de réponse spéciale pour le crime organisé (Greco), déployés sur la Costa del Sol, le Levant (d'Almeria à Barcelone) et en Galice, et deux équipes au sein de la Garde civile (gendarmerie).

Une partie des considérables montants d'argent sale engendrés par ces trafics a trouvé à s'investir en Espagne. L'opération "Baleine blanche", conduite par la police il y a un an à Marbella, en a apporté la preuve. Les enquêteurs ont mis au jour un incroyable réseau de blanchiment. Le cerveau était un avocat hispano-chilien, Fernando del Valle, qui avait monté un entrelacs de centaines de sociétés fictives. L'enquête a débouché sur 56 interpellations (avocats, notaires, chefs d'entreprise, promoteurs et même un maire...) et la saisie de 62 millions d'euros.
Cécile Chambraud
Article paru dans l'édition du 17.05.06
17 mai 2006 11:07
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17 mai 2006 16:30
tant que la demande est grandes en Europe, personne ne peux eradiquer le canabissad smiley
 
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