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Maroc : la culture du cannabis a baissé de 10% en 2004
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12 juin 2005 19:41
Dans l’attente d’une approche globale pour son éradication, les revenus dérivés de la culture du cannabis sont estimés en 2004 à 325 millions de dollars (4 milliards de DH)

« L’éradication de la culture du cannabis doit s’inscrire dans le cadre d’une approche globale, intégrée et participative », a affirmé Mohand Laenser, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, mercredi à Rabat lors de la séance des questions orales à la chambre des Représentants.

Le ministre a indiqué que l’Agence du développement économique et social des préfectures et provinces du Nord (APDN) a élaboré une stratégie en collaboration avec les différents secteurs ministériels et les acteurs concernés, basée sur quatre axes visant à améliorer le niveau de vie des habitants.

En ce qui concerne les chiffres, l’enquête réalisée par l’APDN et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en 2004 révèle qu’il y a une baisse de près de 10% de la culture du kif qui est passée à 120.500 ha. Ce recul s’est aussi répercuté sur la production du cannabis, qui s’est inclinée à son tour de 10% passant de 109.000 tonnes en 2003 à 98.000 en 2004.

La production potentielle de résine a, elle aussi, subi l’effet de la régression. En 2003, on a noté une production de 3.070 tonnes alors qu’en 2004 elle était 2.760 tonnes, soit également une baisse de 10%.

La stratégie préconisée par l’APDN pour l’éradication de la culture de cannabis englobe l’aménagement territorial du Rif central, son désenclavement, la mise à niveau des centres ruraux urbanisables, le renforcement des équipements de base et des services, la protection de l’environnement, le développement du tourisme écologique et la recherche d’une économie alternative pouvant contribuer à cette lutte.

En effet, le Rif central connaît un enclavement prononcé au double plan géographique et de distance, un manque de ressources naturelles, un environnement menacé, une insuffisance des paramètres sociaux et éducatifs, une organisation sociale collective peu développée marquée par la faiblesse des moyens des collectivités locales, une structure économique précaire que compensent en partie les transferts des MRE et certaines activités illicites notamment la culture et le commerce du cannabis et la contrebande.

Dans cette région, la densité de la population est trois fois plus élevée que la moyenne nationale, la création de sources de revenus stable sera donc essentielle pour freiner l’expansion du secteur illicite.

Dans ce contexte, l’APDN a réalisé plusieurs projets relatifs à l’approvisionnement du monde rural en eau potable, la construction des routes, l’aménagement des alentours des petites parcelles irriguées et l’encouragement de l’autoformation et de la lutte contre la pauvreté.

Les résultats de l’étude sociologique sur la culture du cannabis menée démontrent, en effet, l’intérêt particulier qu’il y a lieu d’accorder à la mise à niveau de l’organisation sociale collective notamment dans la zone du Rif central, dans la mesure où le succès et la pérennité des programmes de développement alternatifs ne peuvent être assurés sans l’appui de structures modernes et organisées. Le soutien de la coopération internationale, compte tenu de l’importance des ressources financières à mobiliser pour la mise en œuvre des actions identifiées dans le cadre du programme de développement de la région, est aussi un élément déterminant.

Le prix de la résine de cannabis a considérablement baissé entre 1999 et 2004. Cette situation a engendré des revenus en baisse de près de 25% pour les 800.000 personnes concernées par la culture du cannabis soit à peu près plus de 96.000 familles. Alors que les prix de ces drogues ont connu une progression notoire en Europe et dans d’autres « marchés » à travers le monde. D’après l’enquête, « les revenus générés par la production de cannabis restent relativement bas par rapport à l’ensemble du PIB/habitant.

Les revenus dérivés de cette culture sont estimés à 325 millions de dollars (4 milliards de DH) en régression par rapport à 2003 qui étaient de 417 millions de dollars. Alors qu’à l’international, les produits qui proviennent du Maroc sont estimés à plus de 13 milliards de dollars ». Apparemment, ce sont les barons de la drogue et les réseaux internationaux qui profitent le plus de ces activités où les marges bénéficiaires excèdent de loin les coûts de production.

Toutefois l’enquête précise, par ailleurs, qu’il « n’existe peu d’alternatives à la production de cannabis dans des régions isolées et peu dotées en services publics. Dans les localités fortement orientées vers cette production, le savoir-faire et les pratiques agricoles traditionnelles se sont perdus en raison d’une surdépendance économique par rapport à cette activité illicite.

D’autant plus, les autres cultures dites normales n’offrent pas assez de revenu pour assurer la subsistance des exploitants. Un hectare de cannabis génère entre 8.000 et 12.000 DH suivant la saison alors qu’un hectare de céréale ne dépasse pas les 3.000 DH dans les meilleurs des cas. La différence est notoire !

Charaf Jaidani

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