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Le Maroc n'a pas connu de "Printemps arabe" : 3 raisons pour...
27 novembre 2014 21:51
Contrairement à ses proches voisins, le Maroc a été épargné par les révolutions arabes. Alors qu'une vague de contestations a explosé en Tunisie, puis en Égypte, en Libye, et en Syrie, le royaume de Mohammed VI a, lui, résisté à la tempête. Pourquoi ? Décryptage de Florence Gabay, vice-présidente de l'Institut Robert Schuman pour l'Europe.

Voilà un pays surprenant, le Maroc, qui a été épargné par le printemps arabe, contrairement à tous les autres pays du Maghreb. Comment expliquer cette anomalie ?

Plusieurs raisons à cela.

1. Mohammed VI a su anticiper les demandes du peuple

La première, c’est bien sûr la capacité d’anticipation du roi Mohammed VI qui a, un mois après les premières manifestations au Maroc, annoncé une réforme constitutionnelle globale adoptée en 2011 par référendum. Rôle renforcé du Parlement, approfondissement du pluralisme, des droits de l’homme et des libertés individuelles, mise en route du chantier de la régionalisation…

Ces avancées politiques et institutionnelles répondaient à une forte demande populaire et ont permis de donner au peuple les garanties qu’une grande partie d’entre eux, notamment les plus progressistes, attendaient.

Sans tomber dans l’angélisme, il est possible aujourd’hui d’affirmer que ce chantier-là, nécessaire, a été mené avec succès.

2. Plusieurs chantiers ont favorisé une relance économique

L’explication politique n’est cependant pas suffisante. Pour bien comprendre la singularité marocaine au regard des autres pays du Maghreb, il est nécessaire de se pencher sur la dynamique économique du pays. Les différents chantiers lancés par le Roi Mohammed VI depuis son intronisation ont permis l’émergence d’une véritable classe moyenne.

Plus de 120.000 familles ont en effet vu leur niveau de vie s’élever. L’émergence de la classe moyenne a eu des effets positifs sur l’économie dans son ensemble, la hausse de la consommation qu’elle a entraînée a, du même coup, renfloué la machine économique nationale. Citons simplement les effets sur l’industrie automobile : en 2000, le Maroc immatriculait 5000 voitures neuves par an contre plus de 130.000 en 2012.

À côté de cette stratégie de soutien à la demande, le gouvernement a, depuis 10 ans, mené une politique de "champions nationaux" dans tous les secteurs en croissance. La mise en œuvre du "Plan émergence" lancé en 2004 sous le gouvernement de Driss Jettou a ainsi redonné une perspective à de nombreux secteurs : textile, énergie, finance, agro-industrie, tourisme, aéronautique… Le suivi minutieux de ce plan par le cabinet royal, via le secrétaire particulier du roi, a été déterminant dans sa réalisation.

On a donc là l’exemple d’une politique économique bien pensée, car mêlant à la fois politiques de l’offre et politiques de relance, au bénéfice à la fois des Marocains et des entreprises.

3. Des efforts pour gagner des marchés extérieurs

Notons également les efforts fournis pour gagner des marchés à l’extérieur. La visite du roi début 2014 en Afrique (Mali, Côte d’Ivoire, République de Guinée et le Gabon), accompagné de grands groupes marocains (le groupe Addoha, la Cimaf, l’OCP etc.), a été déterminante pour développer des accords de partenariats stratégiques de long terme.

La holding royale s’inscrit également dans cette nouvelle perspective africaine. Lors des changements de sa gouvernance survenus début octobre, Mounir Majidi, président de la holding royale (Siger) a annoncé que, désormais, la société nationale d'investissement (SNI) se positionnait comme un fonds d’investissement à long terme, soutien des nouvelles activités de développement et tourné vers un essor national et régional.

C’est aussi à travers le groupe Attijari Wafa Banque, filiale du groupe SNI, précurseur pour son expertise et sa contribution dans 13 pays africains, que les réformes économiques ont été mises en place.

Il y a donc bien eu un printemps arabe au Maroc : celui-ci s’est déroulé non pas dans la violence mais dans l’apaisement, parce que les gouvernants ont su comprendre les attentes de la société civile et du monde économique, et donc répondre aux évolutions de l’époque. Les défis pour le Maroc sont encore nombreux (éducation, innovation, environnement) mais le premier d’entre eux, c’est-à-dire redonner confiance à ses citoyens et aux opérateurs économiques, est en passe d’être gagné. Comme quoi les réformes, ça peut marcher !

Source
La mémoire permet d’immuniser le passé pour mieux regarder l’avenir / Le temps est le meilleur moyen qu’a trouvé la nature pour que tout ne se passe pas d’un seul coup.
 
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