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Le mariage, visa pour l'immigration
D
28 novembre 2005 21:54

Par respect des coutumes ou en quête de leurs racines, de plus en plus d'enfants d'immigrés décident de se marier dans leur pays d'origine. Mais le mariage mixte étant devenu la première voie d'accès à l'immigration, le gouvernement va durcir la législation contre les mariages de complaisance

Hanifa (1) le reconnaît volontiers : elle s’est mariée avec un Marocain «pour faire plaisir à sa mère». Âgée de 31 ans, cette jeune femme issue de l’immigration marocaine a grandi dans le quartier du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Bac professionnel et BTS en poche, elle enchaîne les missions d’intérim dans des banques prestigieuses. « Je ne pensais pas au mariage , témoigne-t-elle aujourd’hui. Mais ma mère a une mentalité assez traditionnelle. Si une fille n’est pas mariée à 25 ans, c’est presque trop tard…»

Hanifa n’envisage pas d’épouser un garçon du Val-Fourré. Elle les connaît tous. La jeune femme musulmane ne souhaite pas non plus épouser « un Français », à cause de la religion. L’une de ses sœurs a fait le choix contraire, dans les années 1980. Hanifa s’en souvient bien : ce fut « un drame », dit-elle, « un scandale ». «Mes parents l’ont vécu comme une humiliation, raconte-t-elle. Surtout vis-à-vis de la famille, du village. Pour un père de famille maghrébin, il est très important de marier ses filles à des musulmans.» Le mariage n’a pas duré. La sœur de Hanifa s’est remariée, avec un Marocain. «Ma mère ne parle pas l’arabe, rappelle Hanifa. Elle ne parle pas bien le français non plus. Je suis la petite dernière. Je voulais lui faire plaisir. Alors je lui ai dit : si je trouve un berbère, c’est promis, je l’épouse.»

Entre deux missions d’intérim, la jeune fille accompagne sa mère au Maroc. Le « bouche-à-oreille » fait le reste. «Au bled , ça va très vite, raconte encore Hanifa. Tout le village a su que j’étais là. Les garçons ont commencé à défiler à la maison. On leur offrait le thé. Certains n’étaient intéressés que par les papiers. Au Maroc, il n’y a pas d’avenir, alors tous les jeunes veulent partir. C’est très dur d’obtenir un visa pour la France. Les Marocains ont le choix entre “la nage” (NDLR : partir sur un bateau, au péril de leur vie) et le mariage .» Hanifa comprend. Mais repousse les avances. C’est alors qu’elle rencontre Mohamed. Un fils de médecin. Il a de l’argent, vit à Casablanca, passe ses vacances dans le même village berbère, et lui paraît sincère.

"Beaucoup se méfient des mariages mixtes"


Le couple se marie en 2001 au Maroc. Il passe devant un adoul, un notaire traditionnel, avant de faire transcrire le mariage au consulat français. Hanifa et Mohamed s’installent ensuite en France. À Mantes-la-Jolie, d’abord, puis à Paris. La première année n’est pas facile. Hanifa souffre d’être séparée de sa mère, et Mohamed a la nostalgie du pays. «Au Maroc, il était le fils de quelqu’un d’important, explique la jeune femme. À Mantes, il a trouvé une ville-dortoir, où beaucoup l’ont très mal accueilli. Tellement de filles du quartier se sont mariées avec un “blédard” qui les a ensuite abandonnées après avoir obtenu la nationalité française ! Depuis, beaucoup se méfient des mariages mixtes, et Mohamed a fait les frais de cette suspicion.» Depuis, le jeune Marocain a trouvé un poste de technicien de maintenance dans une entreprise de confection. Et même si le soleil de Casablanca lui manque, il est, assure sa femme, « très heureux » de sa nouvelle vie.

Aïda aussi est « heureuse ». Âgée de 33 ans, cette jeune femme d’origine marocaine est mariée depuis près de dix ans à Kamel, un Marocain rencontré au Maroc. Le couple a trois enfants – 6 ans, 4 ans et 20 mois – et vit en banlieue parisienne. Aïda travaille à la chaîne chez Renault ; Kamel a pris un congé parental pour s’occuper des enfants. Le couple s’entend bien. Et pourtant, ce n’était pas gagné. Leur histoire avait mal commencé. Aïda n’oubliera pas : elle avait 23 ans et accompagnait sa mère au Maroc, pour des vacances. Un jeune homme les attendait à l’aéroport. Le fils d’une amie de sa mère. Cette dernière ne dit rien à sa fille. De son côté, Aïda se laisse courtiser par les garçons, comme à chaque fois qu’elle rentre au Maroc. « Adolescentes, on a toutes un fiancé au bled , s’amuse-t-elle. Mais ce n’est pas notre joli visage qu’ils voient. C’est une carte de France, et leurs rêves d’Eldorado. »

De retour en banlieue parisienne, la mère d’Aïda dit à sa fille : « Tu es en âge de te marier, et je t’ai trouvé un mari. » Le garçon de l’aéroport avait « plu » à la mère de famille. Aïda dit non. La jeune fille a « son amoureux dans la tête » : un Antillais de son quartier, une armoire à glace, « un peu voyou ». Forte tête, sa mère entame la guerre des nerfs. La guerre dure deux ans. « J’ai fini par craquer, reconnaît Aïda. Kamel venait faire sa cour à la maison. Il avait des projets pour nous deux. Je me suis dit que je n’avais pas le droit de le décevoir. Et puis, je suis très religieuse, et je redoutais la punition divine. Mais j’étais aussi comme un animal que l’on conduit à l’abattoir. »

"Pas vraiment envie de s'intégrer"


Les premiers mois de vie commune ont été terribles. Aïda et Kamel n’ont pas la même façon de voir les choses. « Grandir au Maroc et en France n’a rien à voir, souligne la jeune femme. Nous n’avons pas la même vision de l’éducation des enfants, par exemple. Je m’intéresse plus à la pédagogie que lui. » Et puis Kamel ne se sent pas bien en France. Aïda reconnaît que son mari n’a « pas vraiment envie de s’intégrer ». Il maîtrise mal le français et a encore de la difficulté à trouver ses repères. Aïda, elle, se sent « pleinement française ». Pour rien au monde, elle ne vivrait au Maroc. La jeune femme aime aussi son travail. « Pas mal de filles épousent des “blédards” et de retour en France, se retrouvent ensuite cloîtrées. Moi, j’ai dit à Kamel que je continuerais de travailler. C’était à prendre ou à laisser. Il a très bien accepté. »

Avec le recul, Aïda sait que ce mariage était « une bonne décision ». La jeune femme n’aurait « pas aimé se marier avec un homme trop différent de ses parents » : « On est tolérant jusqu’à un certain point, confirme-t-elle. C’est déjà compliqué de vivre à deux, alors mieux vaut mettre toutes les chances de son côté. » Aïda n’aurait pas aimé non plus se marier avec un garçon du quartier. « Beaucoup étaient immatures, confie-t-elle. Je n’aimais pas leur mentalité. Certains de ces garçons ne pensent qu’à l’argent. Mais quand on leur propose un travail, ils ne tiennent pas trois jours. J’en vois encore à la chaîne, chez Renault. Ils se découragent vite. Au fond, ils n’ont pas envie d’être ouvriers comme leurs pères. »

De leur côté, certains de ces fils d’immigrés estiment que les filles qui ont grandi en France sont « trop libérées ». Aïda s’est vu reprocher de travailler par un jeune ouvrier de chez Renault, issu de l’immigration marocaine. « Il m’a dit qu’il n’épouserait jamais une femme comme moi, s’amuse Aïda. D’ailleurs, il est parti se marier au bled . Il cherchait une femme comme sa mère, qui porte le voile et s’occupe des enfants. Il voulait aussi épouser une femme vierge. » Pour Aïda, beaucoup de garçons, encore aujourd’hui, ne veulent pas que leur femme travaille, de peur qu’elle prenne son indépendance. « Ils ont peur que leur petit confort soit chamboulé, ironise la jeune femme. Ils veulent une femme entièrement dévouée. Pour leur génération, je trouve ça étonnant ! »

Farid a 28 ans. Lui aussi a fait le choix de se marier dans son pays d’origine. Pour ce consultant en informatique, qui vit à Paris, se marier au Maroc fut un « choix personnel ». Pas un choix dicté par ses parents, qui l’ont appris au dernier moment. « Ce n’était pas prémédité, assure-t-il. Mais j’imagine que j’étais prêt… Peut-être peut-on parler de coup de foudre conditionné ? » Né au Maroc, Farid est arrivé en France à l’âge de 2 ans. Son père travaillait dans une usine de plasturgie, à Oyonnax (Ain). Les six enfants ont grandi entre l’éducation marocaine de leurs parents et celle de la République, via l’école publique. « Nous étions confrontés au racisme, se souvient Farid. On nous rappelait sans cesse que nous étions étrangers. Très tôt, je me suis senti attaché à ma part marocaine. » Mais Farid parle mal l’arabe, et redoute de perdre sa culture. « Épouser une fille qui a le profil de mes sœurs ne m’intéressait pas, reconnaît le jeune homme. Je recherchais ce que je n’avais pas. J’ai une double identité, une double culture. Ce mariage m’a apporté un équilibre. »

Solenn de ROYER

(1) Tous les prénoms ont été changés.


Source : la Croix
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
P
28 novembre 2005 23:02
Encore un article niais faisant l'apologie des mariages mixtes et qui stigmatisent les "blédards". Vous n'en avez pas fini?
"Vous vous sentez seul des fois?.....Seulement avec les gens" (The Thin Red Line)
D
28 novembre 2005 23:08
Paracelsus a écrit:
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> Encore un article niais faisant l'apologie des
> mariages mixtes et qui stigmatisent les
> "blédards". Vous n'en avez pas fini?
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> "Vous vous sentez seul des fois?.....Seulement
> avec les gens" (The Thin Red Line)


Ce n'était pas de la provoque ! C'est plutôt la source de cet article qui m'a interpellé ! C'est tout !

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28 novembre 2005 23:31
Djenine a écrit:
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> Paracelsus a écrit:
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> > Encore un article niais faisant l'apologie
> des
> > mariages mixtes et qui stigmatisent les
> > "blédards". Vous n'en avez pas fini?
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> > "Vous vous sentez seul des
> fois?.....Seulement
> > avec les gens" (The Thin Red Line)
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> Ce n'était pas de la provoque ! C'est plutôt la
> source de cet article qui m'a interpellé ! C'est
> tout !
>
>
Cette remarque n'était pas dirigé contre toi mais la multiplication de ses articles est lassante. Les médias sont une arme redoutable pour semer la zizanie au sein de notre communauté et il est préférable de ne pas entrer dans leur jeu en véhiculant ces torchons , tout juste digne de mon mépris!!

"Vous vous sentez seul des fois?.....Seulement avec les gens" (The Thin Red Line)
 
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