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Manifs anti CPE… sauce Chili
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7 juin 2006 13:05
Manifs anti CPE… sauce Chili


Le 07/06/2006 à 0 h 00 - par Sarah Vuibert

Nul n’a songé, au Chili, à abroger une vieille loi de la dictature Pinochet rendant l’examen du baccalauréat payant ! Résultat : tous les jeunes sont dans la rue.

Des lycéens en colère, des établissements bloqués, ça vous dit quelque chose ? Eh non, cette fois-ci on ne pourra pas dire que la jeunesse française n’est jamais contente car c'est plutôt de la jeunesse chilienne qu’il s’agit. 254 personnes arrêtées, des dizaines de personnes blessées, et tous les établissements scolaires bloqués à Santiago du Chili, capitale du pays du même nom, c'est le bilan du lundi 5 juin.

La raison de la grogne ? Non, non, pas un CPE à la sauce chilienne, mais une demande de réforme de l’éducation. En effet, au Chili, le Bac est… payant ! Aucune réforme à ce sujet n’a été mise en place depuis la fin de la dictature de Pinochet (1973-1990), les établissements publics gérés par les municipalités ont donc bien du mal à rivaliser avec les établissements privés.

La Présidente, Michelle Bachelet, élue en janvier dernier, s’est déjà retrouvée face à un million d’étudiants grévistes la semaine dernière. Elle leur a fait des promesses qui apparemment ne les ont pas convaincus… Ceux-ci ont donc appelé à une mobilisation pacifique par le biais d’une grève nationale. Lances à eau et gaz lacrymogène, la police a tenté de disperser les manifestants, provoquant l’indignation de l’opinion. Les jeunes arrêtés ont pour la plupart été relâchés après un simple contrôle d’identité.

Un « tapage national » est prévu pour la nuit du 6 au 7 juin, casseroles et klaxons au programme. A noter que différents syndicats se sont joints à ce mouvement. Face à ce vaste mouvement, le ministre de l’Education, Martin Zilic, a promis le dépôt d’un projet de loi. Combien perdrait l’Etat chilien en abrogeant cette loi ridicule sur le bac payant ? Voilà en tout cas un beau sujet d’Economie…

[www.marianne-en-ligne.fr]

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Chili : mobilisations contre le système éducatif de Pinochet


Un million de jeunes ont réclamé hier des changements dans le système éducatif. Il y a eu des mobilisations et des troubles, avec 264 détenus et 29 blessés. Bachelet a dit qu’aujourd’hui elle présentera le projet de réforme éducative au Congrès.
Les "pingouins" ont de nouveau attaqué hier avec une grève nationale à laquelle ont participé autour d’un million d’étudiants, entre lycéens et étudiants, et à laquelle plus de cent organisations sociales se sont ralliées, bien que la majorité non de manière active. Les jeunes ont essayé de ne pas générer de violence et de détenus. Cependant, le ton qu’a pris le conflit, ajouté à l’expectative générée autour de possibles infiltrés, n’a pas permis que ce soit le cas. Plus de 260 personnes arrêtées -58 majeurs- et au moins 29 blessés -24 carabiniers et 5 journalistes- a été le solde de la seconde mobilisation massive en moins d’une semaine. Tandis que le gouvernement de Michelle Bachelet continue de s’attacher à la proposition qu’elle a présentée jeudi dernier et qui a été le détonant de la grève d’hier, les élèves se réunissaient hier soir dans les collèges occupés pour décider s’ils continuent aujourd’hui avec la mesure de force.

Comparée à la première grande mobilisation de mardi dernier, la grève d’hier a convoqué à une base sociale beaucoup plus ample. Non seulement ont participé la majorité des lycées publics -qui sont occupés depuis des semaines-, mais cette fois se sont joints des étudiants de 35 universités et le Collège de Professeurs. Comme si c’était peu, plus d’une centaine d’organisations sociales, parmi lesquelles celles qui représentent les fonctionnaires du Ministère d’Education et les travailleurs portuaires, se sont joints à la protestation. Dans le premier cas, ils n’ont pas travaillé durant deux heures et, dans le deuxième, ils ont alterné entre adhésions "plus symboliques" et d’autres plus actives, comme celles des travailleurs de Valparaiso, qui ont défilé avec les lycéens jusqu’au Congrès National. Cette mobilisation a rassemblé 12 milles personnes et a terminé par 12 détenus.

Durant toute la journée, des affrontements intermittents avec les carabiniers, spécialement dans la ville de Santiago, ont eu lieu. Durant le matin et une partie de l’après-midi, quelques groupes de lycéens, qui n’ont pas répondu à l’appel de l’Assemblée Coordonnatrice d’Étudiants Secondaires (ACES) de se manifester à l’intérieur des collèges avec des activités culturelles, ont protesté dans les zones du centre de la ville, comme par exemple face à la Maison Centrale de l’Université du Chili, où ils ont coupé une des avenues principales de la ville, jusqu’à ce que la police les disperse avec des gaz lacrymogènes et des camions à eau. Cette scène s’est répétée plusieurs fois avec pas plus de mille manifestants et, à une reprise, a même dérivé en pillages de plusieurs commerces. Selon les journalistes qui couvraient les protestations, les responsables auraient été "des infiltrés" de mouvements radicaux.

Peut-être la mobilisation la plus crainte d’hier était celle qu’avait convoquée le radical Frente Patriótico Manuel Rodríguez (FPMR) pour marcher dans l’avenue centrale Alameda jusqu’au palais présidentiel de La Moneda dans l’après-midi. En prévoyant tout type de réaction violente, l’ACES a émis un communiqué plus tôt dans la journée dans lequel elle donnait liberté de mobilisation à toute organisation qui les soutenait, bien que sans se responsabiliser de leurs actions. Comme on s’y attendait, les deux mille militants du FPMR ont été interceptés par les carabiniers, qui les ont empêché d’avancer. Le marquant de la journée a été la grève "bruyante" qui bien qu’elle n’a pas été autant massive que les étudiants le désiraient a été l’ exemple d’une protestation pacifique dans les rues. Des dizaines d’automobilistes ont klaxonné, alors que depuis les maisons on entendait le bruit des caceroles et depuis les fenêtres des édifices on voyaient des bougies allumées en signe de solidarité avec les jeunes qui depuis plus d’un mois demandent un amélioration intégrale du système éducatif instauré par la dictature de Pinochet.

La grève a eu des répercutions au niveau des directions politiques. Pour la première fois, l’ex-président Ricardo Lagos a parlé du sujet. En plus de réaffirmer son soutien à son successeur, qui le matin avait qualifié la grève de "superflue", l’ex-mandataire a questionné les manifestants qui ont lancer des pierres aux carabiniers. "Les pierres correspondent à une autre époque de l’histoire du Chili", a-t-il rappelé. L’opposition a profité de la situation de faiblesse du gouvernement. Des parlementaires des deux principaux partis, Renovación Nacional et l’Unión Democrática Independiente (UDI), ont décidé de présenter dans la semaine une interpellation contre le ministre de l’Education, Martín Zilic. La présidente, cependant, continue de défendre sa proposition et a déjà annoncé qu’aujourd’hui elle présentera le projet de réforme éducative au Congrès. Une conciliation qui semble à chaque fois plus éloignée.

Pagina/12 (Argentine), 6 juin 2006
Traduction : Fab, [email protected]

[www.hns-info.net]

[paris.indymedia.org]

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Santiago du Chili: une manifestation lycéenne dégénère
LEMONDE.FR | 06.06.06 | 15h23 • Mis à jour le 06.06.06 | 15h45

Une manifestation lycéenne a dégénéré, lundi soir 6 juin, à Santiago, au Chili. Une vingtaine de policiers et de journalistes ont été blessés par des jets de pierre et 262 manifestants interpellés.
Les lycéens ont paralysé les établissements scolaires, pour la deuxième fois en moins d'une semaine, dans le cadre d'une journée de grève nationale pour une réforme de l'éducation. Ils dénoncent le fossé entre les enseignements publics et privés et réclament la gratuité des transports publics et de l'examen d'entrée en faculté.
La présidente, Michelle Bachelet, a affirmé sa volonté de réformer l'actuelle loi constitutionnelle, promulguée sous la dictature de Pinochet, qui confie la gestion des établissements publics aux municipalités, dépourvues de moyens.


[www.lemonde.fr]

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Chili : les défis de Michelle Bachelet
Lamia OUALALOU
17 janvier 2006, (Rubrique International)

Elle devra répondre aux revendications en matière de droits des femmes et de lutte contre les inégalités sociales.


« VOUS POURREZ dire à vos petits-enfants que vous avez assisté à un moment historique ! » A l’annonce des résultats dimanche soir, Michelle Bachelet, heureuse, abandonne toute modestie. Son élection à la tête du Chili est un événement comparable à celui du retour de la démocratie en 1990, estime-t-elle dans son discours de victoire. Avec 53,5 % des suffrages, celle qui n’était, il y a deux ans encore, qu’un membre populaire du gouvernement de Ricardo Lagos, sait qu’elle a accompli un exploit. Devant les militants, elle se pince : « Qui aurait cru, il y a vingt, dix, cinq ans que le Chili élirait une femme à la présidence ! » Une femme de 54 ans, séparée dans un pays où le divorce était interdit jusqu’à l’année dernière, agnostique au sein d’une population à 80 % catholique, élevant seule ses enfants, quand la mythologie locale place la famille au centre des valeurs, au contraire des voisins latino-américains, aux vies sentimentales et politiques trop turbulentes...

Un pays sage

L’élection de Michelle Bachelet, c’est un peu un « bas les masques ». Il y a l’image que le Chili cultive de lui-même, soigneusement entretenue par la presse historiquement liée à la dictature d’Augusto Pinochet. Un pays sage, à l’abri des crises économiques, fondant sa réussite économique sur les traités de libre-échange et les privatisations. Et il y a la réalité. Un enfant sur deux naît hors mariage et un tiers des foyers sont tenus par des femmes seules. A Santiago, les appartements qui se vendent le mieux sont des studios, preuve qu’on vit de plus en plus seul... ou de moins en moins bien. La pauvreté a reculé depuis le retour de la démocratie, mais les inégalités se sont accrues. L’éducation coûte une fortune à tous ceux qui rêvent d’ascenseur social, tout comme l’accès aux soins. Le système de retraite, privatisé à grande pompe dans les années 1980, est une bombe à retardement : un actif sur deux ne bénéficiera d’aucune pension. Près de 54 % de voix, c’est un plébiscite. Ce sont aussi des attentes considérables.

« Toutes ces femmes, dans la rue, dimanche soir, ça fait presque peur », confie en riant un haut cadre de l’administration. Les femmes constituent tout juste la moitié des votes de Michelle Bachelet, « mais c’est déjà une nouvelle : traditionnellement, les femmes votaient à droite, par peur du changement », souligne l’économiste Roberto Pizarro. Elle a promis d’améliorer leur quotidien de manière concrète, en imposant la parité au gouvernement, en doublant le nombre de crèches, pour permettre aux femmes de garder leur travail, et en attribuant une pension de retraites aux femmes chefs de famille.

Dimanche soir, la nouvelle présidente l’a répété : la réforme des retraites constituera d’ailleurs son grand chantier. Tout le monde est d’accord sur le diagnostic, la mise en pratique de cette promesse est plus complexe. Car ce sont justement les fonds de pension enrichis par la privatisation du système de retraite qui ont permis la réussite du « modèle » économique chilien, dont la coalition de centre-gauche, au pouvoir depuis 1990 n’est pas peu fière. « Or le président sortant Ricardo Lagos termine son mandat avec un taux d’approbation de près de 75 %, cela incite à rester sur ses traces, et à ne pas bouleverser le système », glisse Tomas Mosciatti, analyste à la radio Bio Bio à Santiago. D’autant qu’une des explications de l’échec du système de retraite est la précarisation de nombreux contrats de travail, en particulier des plus jeunes.

Leur ras-le-bol, ces jeunes l’expriment en général en refusant de s’inscrire sur les listes électorales : le vote étant obligatoire, c’est la seule façon de boycotter les urnes. « Je veux créer un nouveau style de gouvernement, citoyen, proche, participatif, ouvert au débat », leur a promis dimanche soir la nouvelle présidente. Cela signifie surtout la réforme du système électoral hérité de Pinochet, qui exclut de toute représentativité les partis ne faisant pas partie des deux grandes coalitions. Cet engagement, Michelle Bachelet l’a aussi pris aux yeux des communistes, qui l’ont appuyé dans l’entre-deux tours, et dont elle a remercié le concours dimanche, « une première de la part d’un membre de la « concertation » », précise Roberto Pizarro. La refonte du système électoral implique toutefois que le gouvernement parvienne à convaincre des députés de droite, une majorité simple n’étant pas suffisante. Mais quel gouvernement ? Hormis la promesse de parité, on plonge dans l’inconnu. Le commando de campagne était constitué des proches de Michelle Bachelet, et désormais, celle-ci va devoir rappeler aux ténors de la coalition, en particulier les chrétiens-démocrates, que c’est elle qui a remporté l’élection, et non eux.


[www.lefigaro.fr]
 
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