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Manif contre la loi GAY en espagne
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1 juillet 2005 01:17
Une marche dans les rues de Madrid contre le mariage gay
LE MONDE | 20.06.05 | 14h01 • Mis à jour le 20.06.05 | 14h01
MADRID de notre correspondante
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ous un "soleil de justice" , comme on dit en castillan, de nombreux Espagnols, venus en famille, de toutes les régions du pays, ont manifesté dans les rues de Madrid, samedi 18 juin, pour protester contre le projet du gouvernement socialiste de José Luis Zapatero de légaliser le mariage entre homosexuels et l'adoption d'enfants par des couples gays.



Combien étaient-ils ? 1 500 000, selon le Forum espagnol de la famille, qui regroupe quelque 5 000 associations proches de l'Eglise catholique et organisait cette manifestation. 700 000, selon la Communauté de Madrid, région gouvernée par le principal parti d'opposition, le Parti populaire (PP), et 160 000, selon la police.

Le but de cette manifestation était de contraindre le gouvernement à revenir sur la loi autorisant le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels. Approuvé en première lecture par le Congrès des députés espagnol, à une large majorité, en avril, le texte est en cours de discussion au Sénat et devrait être définitivement approuvé, sans doute le 30 juin.

L'Espagne deviendra alors le troisième pays européen, après les Pays-Bas et la Belgique, où le mariage entre personnes du même sexe sera autorisé. Elle permettra aussi l'adoption par des couples d'homosexuels, ce qui est déjà possible dans quatre régions espagnoles, l'Aragon, la Catalogne, le Pays basque et la Navarre, pour des concubins.

Il a simplement fallu modifier quelques articles du code civil, principalement l'article 44 qui stipule que "l'homme et la femme ont le droit de contracter mariage" , mais ne précise pas que l'homme doit se marier "avec" la femme ou vice versa. Selon une enquête effectuée à l'automne 2004 par le Centre de recherches sociologiques (CIS), 79 % de la population pensent que l'homosexualité est "une option aussi respectable que l'hétérosexualité" . 56,9 % sont favorables au mariage entre personnes de même sexe. Mais ils ne sont plus que 48,2 % à être d'accord pour que les couples de gays et de lesbiennes puissent adopter des enfants.

La manifestation du Forum de la famille avait reçu le soutien d'un millier d'organisations de 27 pays, dont l'Institut de politique familiale en France. Pour son président, Jean-Louis Thès, venu spécialement à Madrid, "ce que l'on veut instituer aujourd'hui en Espagne, on essaiera de le faire demain en France. Cela part d'une stratégie internationale du lobby homosexuel pour imposer le mariage homosexuel et l'adoption en dépit du rejet des familles et de la société" .

"Oui, la famille, ça compte" ; "La famille égale un homme plus une femme" ; "J'ai droit à un papa et à une maman" : ces slogans étaient le plus entendus dans les rues de Madrid samedi. Mais d'autres traduisaient explicitement une homophobie latente.

La manifestation était aussi politique, avec des banderoles réclamant la démission du chef du gouvernement, José Luis Zapatero. C'était le troisième défilé, en trois semaines, à avoir reçu le soutien du Parti populaire. Le 4 juin, quelque 500 000 personnes avaient défilé pour s'opposer à l'autorisation donnée par le Parlement au gouvernement d'ouvrir un dialogue avec l'organisation séparatiste armée basque ETA si celle-ci dépose les armes.


EPISCOPAT DIVISÉ


Mais, samedi 18 juin, c'est la présence dans la rue de la hiérarchie catholique, conduite par le cardinal Antonio Rouco Varela, archevêque de Madrid, et une vingtaine d'autres évêques, qui a donné un grand retentissement au défilé. Selon le porte-parole de la conférence des évêques, Juan Antonio Martinez Camino, "en 2000 ans d'histoire, l'Eglise catholique ne s'était jamais trouvée en pareille situation". Il ne s'agit pas seulement, pour lui, de modifier le code civil, afin de permettre aux couples de même sexe de se marier, mais "de faire disparaître le mariage entre un homme et une femme du code civil" .

Plusieurs évêques ne sont pourtant pas d'accord avec ces thèses et craignent que cette agitation ne conduise à une division de l'Eglise. Le nouveau président de la conférence épiscopale, Ricardo Blazquez, avait préféré rester dans son évêché de Bilbao. Choix partagé par les évêques du Pays basque et de Catalogne. Une cinquantaine d'associations catholiques progressistes avaient également refusé de soutenir cette manifestation.

De son côté, le collectif gay du Parti populaire avait annoncé que, si le président du PP, Mariano Rajoy, rejoignait les manifestants ­ ce qu'il n'a pas fait ­, ils se sentiraient "exclus" et quitteraient le parti. Ils avaient menacé de rendre publics les noms des députés homosexuels de leur parti. Après la manifestation, des représentants de la Fédération des gays, lesbiennes et transsexuels ont invité les citoyens à rejoindre le 2 juillet la parade de la Gay Pride.

Au même moment, sur la grande avenue de Madrid, la Castillana, quelque 500 000 personnes, ignorant les familles traditionnelles et la canicule, faisaient la fête en dansant et en chantant derrière le char de carnaval du musicien brésilien Carlinhos Brown, qui avait déjeuné avec José Luis Rodriguez Zapatero.

Martine Silber
Article paru dans l'édition du 21.06.05

[b]Plus rien ne m'étonne[/b]
 
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