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Mais à part ça El Hamdûlillah
14 février 2013 15:25
Salem Alaykoum, je vous retranscris une histoire que j'ai lu et à laquelle j'ai énormément pleurer je vous la partage :

Partie une

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Je me présente, je m'appelle Naïma, j'ai aujourd'hui 22 ans, jeune fille typiquement arabe, si vous me croisez dans la rues vous ne pouvez pas vous posez de questions, vous vous dîtes directement: celle-là c'est une arabe ! LoL FIÈRE OUE !

Je suis issue d'une famille marocaine composée de:

- Mon frère Adil, le maître lol il à 15 ans de plus que moi, c'est mon deuxième papa, je l'aime à en mourir, il m'a éduquée et c'est grâce à lui que je suis aujourd'hui le petit bout de femme que je suis ♥

- Mon deuxième frère, Younes (10 ans de plus) avec qui j'entretiens de bons liens mais avec beaucoup de respect. C'est mon frère, je rigole avec lui, je discute avec lui, je l'aime mais je n'ai pas la même relation qu'avec les autres. On a jamais eut grand chose en commun mais il reste mon frère chéri ♥

- Le dernier des garçon: Kamel (5 ans de plus) le gentil. Mon meilleur ami, il a toujours été là pour moi, pour cacher mes bulletins, mes heures de colle, me couvrir. Je n'ai jamais eut besoin d'avoir de meilleure copine et ça c'est grâce à sa présence dans ma vie. ♥

Chez nous la politique c'était "un bébé tous les 5 ans" lol. El hamdoulillah on est une famille très unie parce que la vie ne nous a pas fait de cadeaux et qu'on sait que la famille c'est sacrée.

Ma vie a commencé le 18 Juillet 1989, la première fille de la famille était attendue avec impatience, mes parents préparaient mon arrivée dans leur vie. Ma mère était toute excitée d'avoir enfin une fille.
Non pas que les garçons n'étaient pas une bénédiction pour elle mais elle voulait avoir une petite poupée à coiffer, sortir, des habits roses à mettre... lol

Tout devrait être tout beau étant donné que j'étais un cadeau de Dieu pour eux, mais moi Dieu a décidé de ne pas me faire de cadeau dès le premier jour de ma vie !

18 Juillet 1989: Première galère et pas des moindres...
14 février 2013 15:25
Partie 2

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Je ne vous ai pas parlé de mes parents.

Mon père, Abdeslam. Il est né au Maroc à Ouazzane et est venu en France très jeune, à 18 ans, afin de travailler et d'avoir une vie meilleure.

Il trouva un contrat dans une usine en France dans la région lyonnaise et il travailla dur afin d'envoyer de l'argent tous les mois à sa mère, ma grand-mère paternelle (qu'Allah lui accorde sa miséricorde) qui était veuve depuis que mon père avait 8 ans. Elle mourut avant ma naissance.
C'était un homme qui buvait beaucoup dans sa jeunesse mais el hamdoulillah, avec l'âge, il s'est posé et est devenu un homme pieux.

Il vivait dans le même quartier que ma mère, Naïma Senior. Elle "tait jeune, belle, serviable et issue d'une très bonne famille. Mon grand-père (qu'Allah lui accorde sa miséricorde) était un homme bon et très pieux. Tout le monde le respectait ma cha Allah. Je me rappelle, étant petite, quand je sortais avec lui pendant mes vacances au Maroc tout le monde lui témoignait du respect ♥

Ma père était tombé amoureux de ma mère très tôt, il l'aimait de tout son coeur et la suivait souvent pour lui parler. Elle ne voulait pas, le recalait toujours et ce comportement ne faisait que le conforter dans la volonté de faire d'elle sa femme.

Un jour il l'arrêta et lui dit:
- Je veux me marier avec toi, si je viens voir ton père tu acceptes ?
- Jamais de la vie, tu habites en France, je ne sais même pas c'est où, je ne veux pas quitter mes parents.
- Tu viendras les voir quand tu veux, je te rendrais heureuse, s'il te plaît accepte.

Ma mère était elle aussi amoureuse de lui, elle aimait ce petit jeu qu'il y avait entre eux, elle était flatté qu'un homme cultivé et qui parle français s'intéresse à elle.
Elle le fît attendre quelques jours puis lui donna le feu vert.

Il se marièrent, vinrent en France et ma mère eut une grosse déception en voyant où elle allait vivre.

Elle avait 18 ans il en avait 21.
Nos parents sont partis de rien, ils se sont construits au fur et à mesure du temps avec beaucoup de patience et pour cela ils ont droit à tout notre respect. Ce serait nous on se serait écroulés sous les dettes ne sachant pas gérer la situation je pense mais eux, ma cha Allah ils ont toute mon admiration.

Un an plus tard, mon frère Adil vît le jour, puis Younes et Kamel et enfin moi.

Le jour de ma naissance était un évènement tellement exceptionnel pour mes parents qu'ils firent venir ma grand mère maternelle du Maroc pour assister à leur joie.

23 heures: Premières contractions.

Ma mère se tord de douleurs, mon père l'emmène à l'hôpital où elle souffrira jusqu'à 7 heures du matin.

Tout le monde attend dans les couloirs l'arrivée du petit soleil tant attendu.

7 heures du matin: Ma mère perd connaissance, son coeur c'est arrêté, elle a une hémorragie interne que les médecin n'ont pas suent arrêter.

7h10: Déclaration du décès de ma mère par le docteur et heure de ma naissance.

Elle n'avait que 33 ans, qu'Allah lui accorde sa miséricorde, lui ouvre les portes de Son Paradis in cha Allah.

Selon une autre version, 'Oubâda Ibn as-Sâmit (qu'Allah l'agrée) rapporte que l'Envoyé de Dieu (3aleyhi salat wa salam) a dit : " Celui qui est mort dans la voie de Dieu est un martyr, à cause d'un mal de ventre est un martyr, noyé est un martyr, la femme morte en couches est une martyre ». Cheikh Ibn al-Jawei

Je suis donc la cause la mort de ma mère, je l'ai tuée. J'ai beau faire un travaille sur moi même, on a beau me dire que je n'y suis pour rien, c'est certes la volonté de Dieu mais je n'arrive pas à m'enlever cette idée de la tête et ça me torture: C'EST DE MA FAUTE.

Vous vos mères ont consacrées leurs vies à vous, moi la mienne à perdue la sienne pour moi. J'aurais préféré mourir et qu'elle continue à s'occuper de mes frères.

Mon père était effondré, ma grand mère était sous le choc de la perte de son enfant, de sa petite fille. Mon frère Adil qui a alors 15 ans ainsi que Younes pleuraient leur maman. Kamel lui ne comprenait pas ce qu'il se passait, il était encore bien trop jeune.

Le rayon de soleil attendu s'est donc transformé en orage, je suis venue au monde avec un poids que je devrais porter toute ma vie avec moi:

J'ai tué ma mère...
14 février 2013 15:29
Troisième partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Je commençais ma vie avec une famille endeuillée malgré ma naissance, effondrée, orpheline de mère...

L'enterrement de ma mère eut lieu au Maroc la semaine suivante. Je n'avais pas été emmenée du fait de mon jeune âge.

Ma grand-mère a décidé de me donner le nom de ma défunte mère, un triste héritage mais qui m'aidera beaucoup dans la vie. Je ne salirais pas ce nom ni sa mémoire in cha Allah.

Notre voisine, moui ("mama"winking smiley Hafida était très proche de ma mère, elles avaient vécu une partie de leurs grossesses ensemble. En effet, avait accouché d'un jeune garçon, Nacer, 2 mois avant. Elle se proposa pour me garder ainsi que Kamel et Younes.

Papa nous lassa donc en sa compagnie le temps de son "séjour" au Maroc.

Vous vous imaginez bien que je ne me rappelle pas des évènements de ma vie qui se sont passés alors que je n'avais que 1 semaine mais moui Hafida m'a souvent raconté cette période de ma vie.

Kamel ne comprenait pas trop pourquoi papa partait sans lui, il avait pleuré son départ. Elle lui avait expliqué longuement que c'est parce que "mama est partie mais qu'elle restera toujours dans son coeur"
Kamel n'avait que 5 ans et répondit donc:
- Pourquoi elle est partie ? Elle revient quand ?
- Elle ne reviendra pas, c'est toi qui ira la rejoindre.
- Où ?
- Au Paradis in cha Allah.
- C'est où ?
- C'est auprès de Dieu.
- C'est qui Dieu ?
- C'est notre créateur, on devra tous retourner vers Lui un jour, et ce jour est arrivé pour ta mère.
- Et moi c'est quand que je vais la rejoindre ?
- Dieu Seul le sait a wouldi (mon fils)

Younes était intervenu dans la conversation:
- Mama elle est morte, c'est à cause d'elle ! (en me pointant du doigt)

Moui Hafida lui expliqua que je n'étais qu'un ange, elle tenta de lui expliquer la notion de destin, le fait que tout est écrit, que tout est le fruit de la volonté d'Allah mais il était jeune, il n'avait que 10 ans, il ne pouvait pas très bien comprendre. Tout ce qu'il voyait lui, c'était que sa mère était morte et que moi j'étais là, donc logiquement que c'était de ma faute.

J'ai toujours eut cette impression que Younes entretenait une certaine rancoeur envers moi, il n'étais pas très proche de moi. Il nous arrivait certes de discuter ensemble, de rigoler, mais la plupart du temps il ne me calculait pas trop.
Je ne pouvait pas lui en vouloir puisque moi même je m'en voulais.

Elle m'a aussi raconté que je ne voulais pas me nourrir au biberon, que je ne grossissais pas. Elle a donc décidé un jour de me donner le sein, de me faire boire son lait. Ça à marché donc elle continua ainsi pendant des mois et des mois, même après le retour de mon père.

En parlant de mon père, il était rentré du Maroc. Moui Hafida me racontait à quel point il était anéanti, il maigrissait, n'avait plus la joie de vivre, le sourire de quand ma mère était encore en vie.

Mes parents s'aimaient d'un amour sincère, leur mariage était un mariage d'amour, pas d'arrangement, ni de force, non, ces deux là s'étaient choisis et s'aimaient profondément.
Une partie de mon père c'était envolée avec l'âme de ma mère, même Adil m'a dit un jour:
- Depuis la mort de mama, papa c'est plus le même homme.

Mon père m'avait dit un jour que je lui demandais!
- Mama elle te manque ?
- Bien sûr qu'elle me manque, mais je sais que je la retrouverais pour toujours in cha Allah.

Mais mon père malgré tout a prit soin de moi plus que les autres, il voulait combler le manque d'un amour maternel. Moui Hafida l'a beaucoup aidé pour cela, ce n'est pas ma mère biologique, certes, mais c'est ma mère de lait.
Je suis liée à elle, je l'aime tellement et lui serait éternellement reconnaissante de cet amour qu'elle a su me donner.

Lui reprit le travail, il m'aimait. Quand Younes lui disait:
- Je l'aime pas elle !
Papa lui répondait:
- C'est ta soeur, ne dit pas ça.
- C'est pas ma soeur !
- Ta mère c'était son destin, je sais wouldi qu'elle te manque, je sais que tu voudrait qu'elle soit là mais on va être de bonnes personnes in cha Allah comme ça on la rejoindra.

Je n'ai jamais senti le manque de ma mère, jusqu'à mes 5 ans...
14 février 2013 15:33
Quatrième partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Si on parlait un peu de ma mère. Vous allez vous dire: "Elle veut nous dire quoi sur elle ? Elle ne l'a jamais connue."
J'ai l'impression de l'avoir connu à travers les histoires que les gens me racontaient sur elle. Je suis son portrait craché, sa photocopie.

Mes frères sont tous châtains aux yeux vert gris comme mon père, moi je suis tout le contraire: brune, mâte, les yeux noirs, comme ma mère.

Les gens, et surtout Adil, Moui Hafida et papa me racontaient sa douceur, son calme, ses gestes attentionnés, son grand coeur...
Elle avait un coeur ma cha Allah grand comme le monde. Mon père me racontait qu'elle ramenait toujours à la maison des pauvres, qu'elle leur offrait un repas, un dîner et même un toit pour la nuit, elle les leur ouvrait la salle de bain pour se laver, leur donnait de nouveaux habits et elle aimait ça.
Elle se sentait responsable de la Terre entière, elle voulait venir en aide à toute personne qui était dans le besoin.

Mon père m'a aussi dit:
- Elle t'aimait, elle t'attendait avec impatience, elle aurait donné sa vie pour ses enfants et tu devrais prendre ça comme un honneur qu'elle l'ai donné pour toi.

Avec mon père, le sujet n'était pas tabou, il me répondait sans aucune gêne, il voulait que je sache à quel point ma mère était exceptionnelle. Je demandais toujours comment elle était, qu'il me raconte des histoires sur elle.

Son histoire favorite était la suivante:
Etant encore une enfant, ma mère voulait absolument travailler pour s'offrir toute seule une paire de chaussures. Elle essaya donc de se faire embarquer dans un pick-up afin d'aller au champs récolter des olives. L'homme qui s'occupait de ramener les femmes aux champs ne l'a pas acceptée, elle était trop jeune.
Le lendemain elle retourna au lieu où le même homme embarquait les femmes pour une journée de travail, mais cette fois, avec le voile intégral (jelaba ou ltam). L'homme la laissa embarquer. Pendant la journée, le propriétaire du champ vînt parler à ma mère pour lui demander le nombre de cageots qu'elle avait rempli.
En entendant le son de sa voix, il était choqué, il appela l'homme qui lui ramenait les employées et lui dit:
- Tu me ramènes des gamines !?
- Non.
- C'est quoi ça ? (En montrant ma mère)
- Bah c'est une femme.
- (il lui arrache son voile) C'EST UNE GAMINE OUI !
- Oh la peste c'est celle d'hier, je l'ai refoulée mais elle est revenue cachée.

Mon père riait aux éclats en racontant cette histoire, il avait aussi les yeux qui brillaient. Je ne les avais jamais vu ensemble mais je savais qu'ils s'aimaient. Ça se voyait aux sourires de mon père quand il parlait d'elle, à ses yeux qui s'illuminaient quand il regardait ses photos, à l'éloge qu'il fait d'elle en tant que femme et au manque qu'il ressentait malgré les années qui passaient...

Un jour, quand j'avait 9 ou 10 ans, j'ai demandé à mon père:
- Papa, tu penses que mama elle est au Paradis ?
- Dieu Seul le sait benti (ma fille) mais je ne me fais pas de soucis pour elle car le Prophète (salla Allahou haleyhi wa salam) a dit que toute femme qui meurt alors que son mari est satisfait d'elle entrera au Paradis. Je suis plus que satisfait de ta mère, je suis fière d'avoir été son mari ♥

On dit que les meilleurs partent les premiers, ma mère est partie au tout début, c'est donc la meilleure ♥ ♥

Je ne ressentais pas son manque étant petite, moui Hafida le comblait en parti. J'ai été une orpheline de mère mais allaitée par une femme. J'ai eu beaucoup de chance de l'avoir dans ma vie. Elle avait 3 garçons: Hakim, Walid et Nacer, mes frères de lait.
Pour elle et Hammi Lhousine (son mari) j'étais leur petite fille. J'ai passé beaucoup de temps chez elle et je l'aime, pas comme MA mère, mais je l'aime d'un amour profond et sincère elle et toute sa famille ♥
Elle me ramenait à l'école avec Nacer qui avait mon âge, venait me chercher. C'était ma mouima quoi.

Je l'appelle "moui Hafida" parce que ses enfants l'appellent "moui" mais moi elle m'expliquait que je ne suis pas vraiment sa fille, donc que je ne devais pas l'appeler "moui" par respect pour mama. Elle me disait:
- Appelles moi khalti Hafida
Mais moi je l'appelais moui Hafida et c'est ainsi que je l'appelle encore aujourd'hui.

Elle a tout fait pour aider mon père à m'élever avec hammi Lhousine, mais sans jamais essayé de prendre la place de qui que ce soit.

Je vivais donc une enfance tout à fait normale, ma mère ne me manquait pas pour tout vous dire, je ne comprenais pas ce qui lui était arrivé, je savais qui elle était mais sans ressentir de l'amour pour elle. J'étais bien trop jeune pour aimer quelqu'un que je ne connais pas simplement parce qu'elle m'a donné la vie.

Ma vie était simple, mais elle se compliqua à mes 6 ans, quand mon père se remaria...

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 15:39
Cinquième partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Mon frère Adil était la fierté de mon père. Niveau études il assurait.
En effet, il avait sauté une classe et eut son bac ES à 16 ans (monsieur est de fin d'année). A 18 ans il sortait de sa prépa-HEC et à 21 ans de il fût diplômé de son école de commerce.

Moi je n'avais que 6 ans, j'allais rentrer en primaire à la rentrée prochaine, je devenais "grande". Avec Nacer nous étions inséparables, c'était un peu mon frère jumeau.
Avec Younes les choses étaient arrangées, il finit par m'accepter et me faire une place dans son coeur.
Kamel était toujours proche de moi, il jouait avec moi, me lisait des histoires et m'aidait beaucoup à faire mes devoirs. Il me sortais souvent dehors avec lui.
Adil, quant à lui, était mon deuxième papa. Il m'a élevé, il m'aimait et me faisait pleins de bisous, de câlins, me préparait à manger quand j'étais à la maison et que papa travaillait. ♥

Ma vie de famille n'était pas troublée par l'absence de ma mère, mais la famille de mon père trouvait qu'il manquait une femme, surtout vis-à-vis de moi.
Ils dirent à mon père:
- Elle va grandir, va avoir des problèmes de filles, tu ne pourras pas les résoudre pour elle, elle va être perdue. Elle a besoin d'une mère.

Mais moi je n'avais besoin de personne, j'avais moui Hafida en cas de problème. Et puis, les problèmes ils sont pas encore prêts d'arriver.

Tous les étés, papa nous ramenait au Maroc. Il tenait à ce qu'on connaisse la famille de notre mère, nos grands parents maternelles (lui n'ayant plus les siens). Je passais donc la majorité de mon temps chez eux pendant l'été. Mon grand père me disait:
- Tu es le portrait craché de ma fille, soubhanAllah (Gloire à Allah) elle est partie et Allah t'as donné son visage.

Je me rappelle de sa grande barbe blanche, piquante, de ses yeux bleus, de son sourire... ♥ Je lui faisais des bisous juste parce que ça me faisait des "guillis" et que j'aimais ça.

Il voyait ma mère de partout: dans le sourire d'Adil, dans le regard de Kamel, dans les gestes de Younes, et dans mon visage ♥

* CET EPISODE M'A ÉTÉ RACONTE PAR MON PÈRE *
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Ce fameux été, mon père eut une conversation avec mon grand-père:
- Hnini (tout le monde l'appelait comme ça, de ses enfants, à ses petits-enfants en passant par les beaux-fils, belles-filles... Signification: quelqu'un de tendre) je suis seul depuis maintenant 6 ans, j'élève mes enfants seul, je respecte ta fille, elle me manque mais ma soeur veut me marier à une fille de très bonne famille, j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider, surtout pour Naïma. Ça va être dur d'être seul quand elle va grandir.
- Abdeslam, tu es comme mon fils, je comprend et on a tous besoin de quelqu'un dans notre vie pour nous aider. Je ne peux pas t'empêcher de te remarier. Mais fais attention, je veux que ma fille soit élevée par quelqu'un de bien.
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Mon père, avec la bénédiction de mon grand-père épousa donc cette femme: Fatima.
J'ai demandé plus tard à mon frère comment il a réagi quand papa lui a annoncé qu'il allait se remarier il m'a répondu:
- C'est sa vie, nous un jour on allait partir de la maison, lui il allait resté tout seul donc c'est normal.

Cette Fatima n'était ni jeune, ni vieille. Elle devait avoir 38 ans et ne s'était jamais mariée. Pourquoi ? Telle est la question.

Elle fixa les règles du mariage avec mon père: elle ne laisse pas ses parents pour partir en France, surtout si c'est pour éduquer trois garçons. Mon père devrait lui envoyer de l'argent tous les mois.
Mon père lui expliqua que si il se remarie, c'est justement pour que quelqu'un l'aide à éduquer sa petite fille. Elle répondit:
- Elle reste avec moi ici, la famille à sa mère n'est pas loin, moi je l'éduquerais comme ma fille.
- Et l'école ?
- Il y a une très bonne école française ici, inscris la.

Mon père était réticent. Me laisser là bas, moi sa petite fille ? Me priver de sa présence alors que le destin m'a déjà privée de celle de ma mère ?
Après plusieurs jours de réflexion, malgré que Adil était complètement contre il accepta.
Il m'avoua plus tard que ça l'arrangea d'avoir une femme loin puisqu'il ne voulait pas vraiment de ce mariage. C'était un mariage un peu contre son gré mais qu'il eut du mal à se séparer de moi.
Ils se marièrent donc, sans chichi, pas de fête, juste un passage devant les hdoul (c'est un peu des notaires islamiques qui font signer les contrats de mariage,...).

Fin des vacances, mon père rentre en France après avoir prit soin de m'expliquer qu'il sera toujours là pour moi, que si j'ai besoin de quoi que ce soit je n'avais qu'à demandé à Fatima de l'appeler et qu'il serait à l'écoute. Mais je lui avais dit:
- Mais moi je veux pas rester avec elle ! Je veux aller chez moui Hafida.
- Benti s'il te plaît écoutes moi, je fais ça pour ton bien, moui Hafida elle a sa famille, ses enfants, elle ne peut pas t'élever, ce n'est pas ta mère.
- Elle aussi c'est pas ma mère.
- Oui mais elle maintenant c'est ma femme, elle s'occupera de toi avec soin.

Moui Hafida est la femme de hammi Lhousine et pourtant il ne la laisse pas loin de tout avec Nacer. Je vous avoue que j'avais du mal à comprendre la décision de mon père, mais avec du recul, je sais qu'il l'a prit après avoir bien réfléchi et en pensant que c'était une bonne décision pour mon avenir et mon éducation.

Quand mon père et mes frères embarquèrent dans la voiture pour partir, j'avais le coeur déchiré, on dirait qu'une bombe l'avait fait explosé, qu'il était déchiqueté en petits morceaux.
Je me rappelle encore comme j'ai pleuré, comme je me sentais abandonnée. Pour la première fois de ma vie j'ai crié entre deux larmes:
- MAMA AIDE MOI, PAPA VEUT ME LAISSER LOIN DE CHEZ NOUS !

L'instinct fait qu'on retourne toujours vers nos mères en situation de crise, même quand on ne l'a jamais connu.

Mon père pleurait, je ne l'avais jamais vu pleuré. Il était fort, ne craquait jamais, mais cette fois la culpabilité se lisait sur son visage. Adil me faisait des câlins, les larmes coulaient sur son visage, il me dit, mot pour mot:
- Je reviendrais te chercher, t'inquiètes pas.

Kamel vient me voir, en regardant par terre, les larmes aux yeux et il me dit:
- Papa il a pas le droit de te faire ça. Moi j'vais lire des histoires à qui ?

Il me fait un bisou, monte dans la voiture.

Même Younes était venu me faire un bisou accompagné d'un:
- On viendra te voir t'inquiètes !

Je reste en pleure, moi sur le sol marocain, eux dans la voiture, ne me regardant même plus de peur de s'effondrer, direction la France.

Une gamine de 6 ans abandonnée. Je pensais: "si ma mère était là, jamais ça ne serait arrivé. Jamais cette Fatima ne m'aurait bloquée ici."

Je continue à pleurer, une heure après leur départ je suffoquais encore. Cette folle me regarde et me met une grande tarte en criant:
- Ça suffit là, gamine pourrie gâtée ! Je suis déjà bien gentille de te garder avec moi mais tu vas pas me saouler longtemps c'est moi qui te le dis !

Personne ne m'avait jamais tapée jusqu'ici, j'étais une enfant sage, sans problème, qui écoutait ce qu'on lui disait. Cette gifle m'a sonnée et a rajouté à ma souffrance intérieure cette souffrance extérieure qui a fait chauffer ma joue. Je pleurais encore plus qu'au début, elle prit une chaussure et me tapait avec, de partout en me disant:
- Tais toi ! Tais toi ! Je t'ai dit de te taire !! Tu comprends pas ?

Je ravale mes larmes tant bien que mal, j'essaye d'arrêter de suffoquer, je coupe mon souffle de peur qu'elle continue.

Elle n'a pas du tout gagné des points ce jour là ! Je la déteste ! Jamais ce ne sera ma mère !

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 15:52
Sixième partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Fatima vint me voir une fois calmée et me dit:
- C'est fini ta petite vie de sale gosse gâtée, maintenant tu vas m'écouter et faire ce que je te dis.

*Pour celles qui comprennent l'arabe ça donnait ça*
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- Daba ma bqitich bent ldanone, safi ghadi twouli tsmaahli ou tdir li qoltlek !
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J'avais hoché la tête en guise de "oui".
Elle rajouta:
- Et si tu dis à quelqu'un que je t'ai tapée tu vas voir ce qu'il t'arrivera. Et appelle moi "mama" devant les gens espèce de malpolie. TFOU !

*
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- Ou ila haoudti lchi wahed hedchi li tra daba nwourik !Bqa thiyatli mama qadem lnass Allah y nhalha trabi. TFOU !
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Puis elle s'éloigna de moi, me laissant seule sur le sol.
J'avais mal au coeur, personne ne m'avait jamais parlé de cette façon jusqu'ici. Chez moui Hafida et chez papa j'étais la chouchoute, si Walid (mon frère de lait) ou Younes m'embêtait gare à eux.
Cette fois j'étais seule, loin de papa, de moui Hafida, de hammi Lhousine, de Adil...
Personne pour me plaindre. Et puis même si ils étaient là, Fatima me tuerait si je le faisais. Je ne veux plus me faire taper.

La mère de Fatima, Lalla Hadda, est venue me voir pendant que des larmes inondaient mes joues. Elle me tendit la main pour que je me lève.
C'était une vieille femme qui était malade, faible. Elle était très douce et avait l'impression d'être un fardeau pour sa fille qui plusieurs fois lui a dit:
- C'est de ta faute si je me suis pas mariée plus jeune, si j'ai pas d'enfant, c'est toi et ba (papa) qui m'avez bloquée.

Je pris sa main et elle me prit dans ses bras:
- Patientes benti (ma fille), patientes. Fatima n'est pas méchante, c'est parce qu'elle a mit sa vie de côté pour s'occuper de nous qu'elle est devenue comme ça.
Je met remet à pleurer.
- Tu verras, quand je partirais avec son père elle sera plus calme.

Je ne savais même plus quoi dire. Je me contentais de pleurer, de profiter de cette main tendue pour me soulager.

Quelques heures plus tard j'étais assise à ne rien faire, je réfléchissais pendant que Fatima préparait le repas du soir dans la cuisine. Quelqu'un toque à la porte. Elle me demande d'aller ouvrir, je m'exécute.
Je vois ma tante Najia (la soeur à ma mère) derrière la porte, lui saute dans les bras et l'embrasse comme si je ne l'avais pas vu depuis des siècles. Voir un visage familier à ce moment là m'a fait chaud au coeur.
- Ça va hbiba (ma chérie) ?
- Oui khalti. Pourquoi Moncef n'est pas venu avec toi ?
(Moncef c'est son fils, mon cousin préféré)
- Il jouait au foot avec les autres fel derb (au quartier) il a pas voulu me suivre. Elle est où Fatima ?
- Dans la cuisine.

Elle criait:
- Chkoooooune ? (C'est qui ?)

Ma tante rentra et alla à sa rencontre. Fatima, en qualité de grande hypocrite utilisa LE PROTOCOLE comme il se doit.

Le protocole: Marhba ou elf marhba ! Hada nhar kbir men li jiti tzourna !
Traduction: Bienvenue mille fois ! C'est un grand jour aujourd'hui, tu viens enfin nous rendre visite !

Elles me rejoignirent dans la pièce principale et ma tante commença:
- Alors tu te plais ici ? C'est une gentille femme Fatima elle va bien s'occuper de toi.
- Je m'en occuperais comme ma fille. Moi qui n'en ai jamais eut, Allah m'en envoie une belle, je suis comblée. Ma fille va chercher à khaltek (ta tante) du thé, il est sur le potager.
- D'accord.
- D'accord qui ?
- D'accord mama.

En l'appelant ainsi j'avais envie de pleurer toutes les larmes de mon corps. J'avais l'impression de trahir ma mère et moui Hafida.
Pour la deuxième fois de ma vie je pensais à elle, ma mère. Elle que je n'ai jamais connu. Pourquoi m'a-t-elle abandonnée ? Pourquoi tous les autres ont une vraie mère et pas moi ?

Je vais à la cuisine, prend la théière et la ramène au salon.

Elles discutaient de moi et Fatima faisait de grandes promesses:
- Wallah ne vous inquiétez pas, c'est ma fille, je l'ai déjà adoptée, je l'aime comme si elle était sortie de mon ventre !

Moi j'étais ailleurs. J'étais chez moui Hafida, entrain de jouer avec Nacer et Kamel, et d'attendre l'heure où papa viendra me chercher pour le rejoindre à la maison avec Adil et Younes.

Ma tante s'en va, je voulais lui dire:
- S'il te plaît, ne me laisse pas avec elle khalti, elle me tape !

Mais je me contente de lui promettre de venir à la maison le lendemain.

Fatima, après le départ de ma tante me dit:
- Tu sais Naïma, je ne t'aime pas, j'ai accepté de te garder seulement parce que j'ai besoin des sous que ton père va me donner. Je ne suis pas ta mère, je ne veux pas être ta mère.

Je baisse la tête et m'en vais rejoindre son père et sa mère dans la chambre. Lalla Hadda me fait signe d'approcher. J'avance et m'allonge à ses côtés. Elle me raconte que son mari est très malade, qu'il a des problèmes de coeur, qu'elle pense qu'il allait bientôt mourir et qu'elle espére partir en même temps que lui.
Hbibi Hamid, son mari, était aussi âgé, il ne parlait plus et je voyais que ça faisait mal à lalla Hadda.
- Mais lalla Hadda, quand on meurt qu'est ce qu'il se passe après ?
- Après on est libéré de cette vie. Regardes, moi je suis vieille, j'ai fait grandir mes enfants, je peux partir, je suis pressée. Je suis fatiguée, je vais être reposée une fois morte.
- Moi aussi ma mère elle est morte.
- Je sais benti, qu'Allah lui accorde Sa miséricorde, maintenant ta mère est dans sa tombe en attendant qu'elle se fasse juger.
- Pourquoi elle va se faire juger ?
- On va tous se faire juger. Après le jugement, si tu es une bonne personne et que tu as fait de bonnes choses tu vas au Paradis, sinon tu vas en Enfer.
- C'est quoi le Paradis et l'Enfer ?
- L'enfer (Qu'Allah nous en préserve) c'est un endroit que Dieu a crée pour punir ceux qui lui ont désobéit et qui font du mal, le Paradis (qu'Allah nous l'accorde) c'est un grand jardin où tu vivras dans le bonheur in cha Allah. Là bas personne ne meurt, c'est éternel.
- Ma mère tu penses qu'elle va aller où lalla ?
- In cha Allah au Paradis benti je l'espère... il faut que tu sois quelqu'un de bien et on se retrouvera tous là bas. Allé vas dormir, demain tu vas te réveiller tôt.

Je lui pose un bisou sur la main ♥ elle était tellement patiente face à toutes les questions qu'une petite fille de 6 ans pouvait se poser.
Je m'en vais dans ma "chambre" qui était meublée d'un simple matelas posé à même le sol.

Je m'allonge, je repense à la discussion de lalla. Mais alors pourquoi on est ici si c'est pour mourir et avoir une autre vie après ? Je lui poserais la question. Et pourquoi ma mère est morte si jeune ? Pourquoi elle ne m'a pas vu grandir avec mes frères comme lalla ?

Alors que toutes ces questions se bousculaient dans ma tête, la porte s'ouvre. Je vois une silhouette se dessiner, une silhouette masculine. J'ai peur, je ramène ma couverture sur ma tête. J'ai envie de crier mais j'ai peur que Fatima vienne me taper.
Une voix grave vint briser le silence:
- Je suis le frère à Fatima ne t'inquiètes pas.

Ah oui c'est vrai qu'elle a un frère qui vit avec eux. Je suis rassurée et me découvre. Il continue:
- Ça va ?
- Oui.

Il se pose sur mon matelas près de moi et pose sa main sur ma cuisse:
- Tu es très belle, ne t'inquiètes pas je ne suis pas méchant comme ma soeur moi.
- Tu t'appelles comment ?
- Khalid et toi c'est Naïma et je suis content que tu viennes vivre avec nous.
- Je suis contente aussi.
- Je vais bien prendre soin de toi, laisses moi faire...

Il remonte sa main encore un peu plus et me fais un sourire. Je m'éloigne un peu de lui, il pose son autre main sur ma bouche:
- Tais toi, ce sera notre petit secret. Si tu le dis à quelqu'un je te tue, mais si tu es gentille avec moi je te donnerais tout ce que tu veux.

Le début du cauchemar. Moi qui croyais que les coups et la méchanceté de Fatima serait le plus dur à supporter...

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 15:58
Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Je ne comprenais pas ce qu'il se passait mais j'avais un mauvais pressentiment. Pourquoi il me dit qu'il va me tuer si il veut prendre soin de moi ? Et pourquoi il me met la main sur la bouche ? Si il ne me tape pas il n'y a pas de raison que je crie.

Je hoche la tête l'air de dire "oui oui d'accord". Il enlève sa main de sur ma bouche et me regarde en lançant:
- Tu es vraiment belle !
- Merci.
- Je peux te faire un bisou ?

Je l'autorise en tendant la joue. Il me fait un bisou mais pas comme papa, Adil, Yassine, hammi Lhousine me font, celui là étant différent, il m'a mit mal à l'aise.
- Regardes moi, (je lève la tête et le regarde) ce qu'il va se passer se sera notre secret d'accord ? Je ne veux pas te faire de mal mais si tu le dis à quelqu'un je vais devoir te tuer, te couper en morceaux et te jeter dans une forêt jusqu'à ce que un monstre vienne te manger.

Je hoche une fois de plus la tête, il commençait vraiment à me faire peur. Il me refait un bisou mais cette fois comme dans les films: SUR LA BOUCHE.
J'étais choquée parce que je savais que c'était mal. Chez moi quand un homme et une femme s'embrassaient sur la bouche on changeait ça veut bien dire que c'est mal ça !
Je m'écarte:
- Laisses toi faire ou je te tuerais et je tuerais ton père après et tous tes frères.

Mon père et mes frères ? Je me tais je ne veux pas qu'il leur fasse du mal, ils sont tout ce qu'il me reste sur cette Terre.
Il reprend son baiser, je me souviens de sa langue qui gigotait dans tous les sens, de l'odeur de la cigarette que dégageait son haleine, j'avais envie de vomir. Il m'enlève mon pyjama, je me laisse faire mais des larmes coulaient.
- Moi je t'aime Naïma et je ne veux pas te faire du mal, alors arrêtes de pleurer.

Je ravale mes larmes encore, coupe ma respiration de peur qu'il s'en prenne à papa et à mes frères. Ravaler deux fois ses larmes en une journée ça commençait à faire beaucoup.

Je me souviens de ses mains qui circulaient tout le long de mon corps, qui me caressaient... il m'enlève ma petite culotte, je me sens mal, même papa ne m'a jamais vu comme ça. "Il ne faut pas que je pleure pour que papa ne meurt pas". Je me rappelle sa bouche se baladant de haut en bas, embrassant mon petit corps fragile, puis il prit ma tête, la baissa et, par pudeur, je ne parlerais pas de ce qu'il s'est passé à ce moment là, l'horreur...
Il respirait fort et moi je voulais crier, hurler, vomir. Je voulais que papa vienne me chercher.

Je ne pourrais pas dire combien de temps ce calvaire a duré, j'ai l'impression que c'était des heures et des heures. Il se relève, se rhabille, me dit:
- On s'est bien amusés hein, je t'aime tellement que je te laisse vierge jusqu'au mariage, je ne veux que ton bien alors tu ne dis rien à personne.

Il s'en va, me laissant sur mon matelas, nue. J'avais cette sensation d'être sale, d'avoir fait une bêtise.
Je me met à pleurer tout en me rhabillant, s'en est trop pour moi. Cette journée à été un cauchemar, je veux retourner à la tranquillité de ma vie en France.

Pourquoi papa m'a laissé ? Il ne m'aime pas ? Pourtant moi il me manque. Ici personne ne me protège, tout le monde me veut du mal. Je repense à toute cette horreur qui s'est passé dans l'obscurité de cette maison, des larmes coulent, je ne les contrôle pas, je ne veux pas qu'on m'entende, je ne veux pas qu'il s'en prenne à mon père et à mes frères. J'avais envie de crier mais je mord fort dans ma couverture pour qu'aucun son ne sorte.
Je m'endors plus tard, épuisée par mes pleurs.

Le lendemain je me réveille avec les cris de Fatima:
- Lève toi fénéante ! Tu crois que tu vas rester là à ne rien faire pendant combien de temps ? Viens m'aider.

Je me réveille avec une boule au ventre, une envie de vomir. Je n'ai pas beaucoup de forces, je me sens faible. Je l'aide à préparer le petit déjeuner, mettre la table. Lalla Hadda a vu que je n'allais pas bien:
- Qu'est ce que tu as ma fille ?
- Rien lalla.

Les larmes montaient, si elles coulent je suis morte et papa, Adil, Kamel et Younes aussi. Je me retiens tant bien que mal et Fatima crie:
- Elle a que c'est une ingrate ! Je la nourrie, je la loge, je m'occupe d'elle et elle elle ne se sent pas bien !
- Doucement avec elle, elle vient de se séparer de sa famille pour vivre loin d'eux.
- C'est moi qui suis mariée avec son père c'est pas toi donc je la traite comme je veux. Woulda danone (elle aimait me traiter comme ça, en français ça veut dire enfant gâtée) vas ramener le plateau dans la cuisine.

Je baisse ma tête, me dirige vers la cuisine quand je vois Khalid descendre comme un prince et dire:
- SBAH LKHEIR (Bonjour) Ah c'est toi Naïma ? J'espère que tu vas te plaire avec nous ma petite !

Il a fait comme si de rien était, comme si la nuit passée il ne m'avait pas salie, il me regarde, me sourit et va s'asseoir à table. Je pose le plateau, j'ai honte je n'arrive pas à le regarder dans les yeux.

Je m'en vais en direction de la chambre où se trouve le père de Fatima et elle m'interpelle:
- Tu vas où ?
- Je vais voir hbibi Hamid.
- Espèce d'impolie tu viens manger avec nous ! Après je te ramène chez la famille à ta mère ils vont dire que je te nourrie pas ! Tu veux me faire des problèmes c'est ça ?

Je reviens sur mes pas et m'assied avec eux. Le coeur n'y était pas, en plus j'étais assise juste en face de Khalid. Ma boule à la gorge bloquait la nourriture et l'empêchait de descendre mais la folle m'obligeait à me gaver. Khalid lui dit:
- Laisses la meskina (la pauvre) si elle a pas faim tu vas pas la forcer.

Il comprenait pourquoi je n'arrivais pas à manger je pense c'est pour ça qu'il est intervenu. Je range ensuite la table, elle m'oblige à faire la vaisselle, je le fais puis vais m'habiller pour aller chez la famille à ma mère.

Je vais enfin avoir des témoignages d'amour sincères...

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 16:16
Huitième partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Fatima me dépose donc chez mes grands-parents. Je vais m'asseoir avec hnini (mon grand-père) dans le salon après lui avoir embrassé la main. Il me regarde et me dit:
- Tu as le même regard que ta mère (qu'Allah lui accorde Sa miséricorde) quand elle était triste. J'ai l'impression de revenir en arrière. Qu'est ce que tu as ma fille ?
- Rien hnini.

Les larmes montent, comme si elles n'attendaient que cette question pour se montrer. Il me fit signe de m'approcher, me prit dans ses bras et me dit:
- Tu sais, ton père t'as laissée ici pour ton bien, tu n'es pas toute seule, nous on est ta famille, tu viens à la maison quand tu veux, tu es ici chez toi.

Je profite de ce moment pour me lacher, sa barbe me pique la joue et me rassure, je pleure tout ce que j'avais ravalé la veille.
Là bas, il y a mes grands-parents, hnini et lalla qui vivent avec ma tante Khadija et son mari, ma tante Najia (qui est veuve) ainsi que leurs enfants et mon oncle Hassan.
Lalla qui m'a entendu pleurer vint et me fît signe de venir dans ses bras pour me réconforter à son tour. Une fois calmée mon cousin Moncef s'approche de moi et me dit:
- J'aime pas quand tu pleures, moi je suis là ♥

Je lui souris et le suis dans la rue, fel derb (dans le quartier). Je retrouve tous les enfants qui jouaient et me suis invitée dans leur partie de qache qache (cache cache prononcé à l'arabe), puis je leur apprend à faire "sisi ma baby" et eux m'apprennent "pluf la rezene zen zen la garo a la vene"...
J'oublie mes soucis le temps d'une matinée, je ris avec les autres, je redeviens une petite fille normale. Ma tante se mit à la porte est nous appella:

*
__________________________
- MONCEEEF, NAIMA YALLAH AJIW TAKLO !!
__________________________
Traduction: Moncef, Naïma venez manger !!

Je me lavai les mains avant de les rejoindre à table.
Mes tantes ne cessaient de dire à mes cousins et cousines:
- Regardez votre cousine comme elle est bien élevée !
Ce qui avait le don de les agacer.

Fatima, elle, dit que je suis malpolie et que je suis une gamine pourrie gâtée. C'est là que la nuit passée me revient à l'esprit. Je n'ai même plus faim, le dégoût et l'envie de vomir me reprennent à la gorge. Ma tête tourne, j'ai des fourmis dans les mains, elles se sont refroidies, je cours dans les toilettes et vomi.
Ma tante me suit et me dit:
- Bismi Llah hlik a benti qu'est ce qu'il t'arrive ?

Je me relève après quelques minutes:
- Je me sens pas bien khalti (tata)
- Tu as mangé quelque chose qui ne passe pas ce matin ?
- Nan.
- Viens t'allonger.

Ma grand-mère me prépare une tisane, je m'allonge, mon grand-père me prend la main:
- Tu sais que tu peux tout me dire. Fatima est gentille avec toi ?
- Oui hnini.
Je retiens mes larmes, il a vu que mes yeux brillaient:
- Si un jour quelqu'un te touche tu viens à la maison d'accord ?
- Oui hnini.
- Bois la tisane ça te fera du bien.

Ma grand-mère me relève la tête et me fait boire, elle pose un bisou sur mon front et me dit:
*
__________________________
- Naïma sghiwra dyeli ♥
__________________________
- Ma petite Naïma ♥

Ici je me sens aimée, je sais que personne ne me fera de mal, je veux rester ici. Mon oncle vient voir si je vais mieux, il me fait un gros bisou sur la joue, mais pas un bisou dégoûtant comme celui que Khalid m'a fait, celui là était doux ♥

Fatima vint me chercher en fin de journée, ma tante lui expliqua que j'avais vomi et qu'elle devra bien faire attention à moi:
- Ma fille a vomit ? Je vais bien m'occuper d'elle ne t'inquiètes pas ma soeur, meskina elle ne se sentait déjà pas bien ce matin. Ça doit être la séparation de son père qui a été dure.

Je me lève, embrasse tout le monde et la suit. Retour à la maison des horreurs !

- Comme ça tu attends d'être chez ta famille pour vomir ? Tu veux me faire des problèmes toi c'est ça ??
- Nan j'avais mal au ventre.
- Tais toi, ton père a appelé il va te rappeler dans pas longtemps, tu as intérêt de te taire !

Je baisse la tête et vais m'asseoir auprès de hbibi Hamid, le pauvre ne parle pas, ne bouge pas, il passe son temps allongé à regarder ce qu'il se passe autour de lui sans pouvoir réagir. Ça doit être dur. Quoique, nous sommes dans la même situation, je subis sans pouvoir rien dire...

Le téléphone sonne, je cours:
- Allo papa ?
- Oui benti comment tu vas ? Tu manques de rien ? Fatima s'occupe bien de toi.
Au son de sa voix la boule se reforme dans ma gorge, mon coeur se déchire, je doit me retenir.
- Oui papa ça va.

Fatima me regard d'un oeil méchant, ma voix tremble, je suis à deux doigts de craquer.

- On va venir te voir bientôt ma chérie, tu vas aller à l'école là-bas et sois sage d'accord ?
- Oui papa.
- Je vais te passer tes frères.
Adil:
- Comment elle va ma petite soeur chérie ?
Une larme coule, je me retient encore et encore, je fais un effort surhumain pour ne pas craquer mais la voix ne trahi pas, tout comme le regard.
- Ça va.
- T'es sûre ? on dirait pas. Personne ne te fait du mal hein ?
- Non.
- Tu me le dirais hein ?
- Oui
- Naïma dis moi si il y a quelque chose.
- Vous me manquez.
- Nous aussi tu nous manques ! Je te l'ai dit, je reviendrais te chercher ! Tu m'appelles si il y a un problème, tiens Kamel veut te parler.
Kamel:
- J'en ai trop marre c'est nul sans toi je m'ennuie !
- Moi aussi.
- Tu reviendras, Adil viendra te chercher.
- Oui je sais.
Younes:
- Ça va ?
- Oui ça va.
- Tu vas pas pleurer hein ?
- Non t'inquiètes pas.
- On viendra te voir et khalti Hafida elle est pas contente. Elle a crié sur papa quand elle a su que tu resteras au Maroc. Elle va t'appeler bientôt.
- D'accord.

Je leur dis tous au revoir et raccroche puis je craque. Fatima me prend par le bras, me tire et crie:
- Tu vas pas pleurer tous les jours parce que je vais finir par te tuer !
- Tu me fais mal !
- Réponds moi pas, tais toi !

Elle me gifle, et m'ordonne d'aller dans ma chambre. Je n'avais jamais autant pleuré en si peu de temps. Une fois calmée je vais voir Lalla Hadda pour chercher un peu de réconfort, elle me dit:
- Je voudrais t'aider ma fille mais je ne peux rien faire.
- Moi aussi j'ai envie de mourir pour être tranquille.
- Non ma fille, c'est des épreuve de Dieu ça. On est ici pour être testés, ensuite si on reste fidèle à Dieu pendant ces épreuves Il nous accorde le Paradis.
- Fatima elle va aller en Enfer parce qu'elle est méchante.
- Ne dis pas ça, c'est la vie qui l'a rendue comme ça elle aussi.
- Toi tu es gentille tu vas aller au Paradis.
- In cha Allah.

Fatima:
- VIENS M'AIDER DANS LA CUISINE !

Je la rejoins, l'aide à éplucher les légumes, je me coupe plusieurs fois mais elle n'a aucune pitié. je dois continuer. Je l'aide à préparer le repas, mettre la table, faire la vaisselle, remplir les sauts d'eau...

Je me force à manger quelques bouchées de pain de peur qu'elle ne me tape. Je range la table sous ses directives, fais la vaisselle, ranges la cuisine. Elle me dit:
- Demain on va t'acheter tes affaires d'école, la rentrée c'est dans 3 jours.

J'étais contente de retourner à l'école, j'aime l'école, une fois que j'ai apprit à écrire mon prénom je l'ai écrit sur toutes les feuilles que je pouvais trouver. Je voulais apprendre à bien lire pour dévorer les livres et que ce soit moi qui lise les histoires à Kamel.

Je me pose un peu à côté de lalla et hbibi Hamid, je discute avec lalla. Elle me parle beaucoup de sa mort, elle a l'air pressée, ça doit être beau le Paradis.

Je retourne dans ma chambre, m'allonge sur mon matelas. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre, dîtes moi pas que... SI, C'EST LUI !

- Elle n'est pas gentille avec toi Fatima hein ? Mais je suis là pour te consoler ma chérie.

Et c'est reparti pour une nuit de cauchemar, j'espère que ce Paradis vaut la peine de vivre cet enfer !

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 16:43
Neuvième partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Les jours passèrent, la rentrée scolaire avait commencée. Quand j'étais à l'école j'étais heureuse, épanouie, je ne pensais plus à mes problèmes.

Là bas, je suivais le programme français, j'étais un peu isolée des autres, je n'avais pas de véritable ami.
Au début, ça me faisait bizarre d'aller à l'école seule sans moui Hafida et Nacer, ils me manquaient tellement, mais j'ai fini par m'y habituer et je me faisais à cette vie loin de tout, loin de ma famille.

J'avais enfin apprit à lire. J'empruntais des livres dont je buvais chacun des mots. Sous mes yeux défilaient des lignes, pleines de beauté, de grâce. J'étais hypnotisé par tant de pages, je pouvais lire un livre en un seul jour.
A l'âge où toutes les filles rêvent de devenir chanteuse ou danseuse moi je rêvais d'être un écrivain. Je voulais écrire toute ma vie, en faire mon métier, que les gens prennent plaisir à lire ce que j'écris.

J'allais chez mes grands-parents le plus souvent possible, mon grand-père voyait bien que j'avais prit 10 ans dans le crâne depuis mon arrivée quelques mois plus tôt, mais ce qu'il ne savait pas, c'est que je pleurais après chaque visite de Khalid dans ma petite chambre, à chaque fois que je perdais un peu plus mon innocence.

J'étais devenue très maigre, je ne vivais plus, je survivais, j'avais l'espoir que papa change d'avis et vienne me chercher. Ses appels me redonnaient la force de lutter, de faire preuve de patience face aux horreurs que je vivais.
Moui Hafida aussi m'appelait souvent et elle m'envoyait souvent des colis avec des bonbons, des gâteaux, que je ne voyais d'ailleurs jamais, ainsi que des habits

Fatima quand a elle, une fois qu'elle fit de moi une petite fille obéissante et qui sait se taire, chercha toujours de nouveaux prétextes pour me taper dessus, mais les coups ne m'atteignaient plus, je la laisser s'acharner jusqu'à ce qu'elle se lasse, je m'étais endurcie.
Souvent je me comparais à Cendrillon, je m'imaginais qu'un jour moi aussi je vivrais dans un château, et tout ça sera derrière moi.

Cela devait faire 6 mois que j'étais prisonnière de ma peine, que je me noyais dans le silence. Tout au long de ces 6 mois je m'étais beaucoup rapprochée de lalla Hadda, j'aimais lui poser les questions qui trottaient dans ma tête et elle y répondait en parlant toujours de Dieu. Elle semblait l'aimer ce Dieu, et voulait aller à sa rencontre. Moi aussi je l'aime ce Dieu, parce que si lalla Hadda l'aime, ça doit vraiment être quelqu'un de bien.
- Mais lalla Hadda, tu penses que Dieu Il m'aime ?
- Toi tu L'aimes ?
- Oui je L'aime.
- Et bien si tu L'aime, Lui aussi Il t'aime. Il aime toutes ce qu'Il a mit sur Terre et qui lui obéit.
- Peut-être que je L'ai énervée, c'est pour ça qu'Il m'a envoyée ici.
- Nan Il t'a envoyée ici pour te faire grandir, derrière tout mal il y a un bien, tu finiras par être avec ton père in cha Allah.

Et me témoignait de l'affection, beaucoup d'affection et me rassurait ♥. Je sais que si elle en avait eut les moyens elle m'aurait aidée à m'en sortir mais malheureusement, quand on vieillit on a plus l'autorité sur les enfants, les rôles s'inversent.

Un matin, l'un de ces fameux matin où je n'avais pas cette sensation d'être sale, sans cette boule à la gorge, sans cette envie de vomir, je me réveille à cause des cris de Fatima. Je me lève pour voir ce qu'il se passe. Elle est dans la chambre de lalla Hadda et hbibi Hamid entrain de pleurer et de se griffer, se taper le torse, de crier tout en ayant la tête de hbibi Hamid sur les cuisse.

Je ne compris pas ce qu'il se passait, j'étais un peu perdue, elle allait le réveiller le pauvre, peut-être même lui faire peur.
Khalid lui disait de se calmer, ses larmes coulaient aussi. Ah tiens il a un coeur lui maintenant ?
Lalla Hadda était assise dans un coin de la pièce, les mains levées vers le ciel, elle parlait mais je n'avait saisit que quelques mots: "Pardonnes lui", "Paradis", "Esclave". Je m'approche d'elle et lui dit:
- Qu'est ce qu'il se passe lalla Hadda ?
- Hbibek Hamid est mort (qu'Allah lui accorde sa miséricorde).

Je me retourne, regarde le corps de hbibi Hamid en pensant:
<< C'est ça être mort ? On dirait qu'il dort ! >>

- Et qu'est ce que tu dis là ?
- Je demande à Allah de lui accorder Sa miséricorde. Maintenant il est retourné auprès de Lui, il va enfin être libéré. El hamdoulillah, ina li lah wa ina ileyhi rajihoune. (C'est à Allah que que nous appartenons et c'est vers Lui que se fera notre retour)

J'ai eut un pincement au coeur, c'est la première fois que j'avais à faire à la mort de façon consciente. Ma mère est morte, c'est pour ça que je ne l'ai jamais vu. Ça veut dire que je vais plus revoir hbibi Hamid sad smiley
Les larmes me montent aux yeux, je comprend que la mort on ne la choisi pas, elle vient quand elle veut. Hier il nous regardait silencieusement et voilà qu'aujourd'hui il n'est plus vivant.

- Ne pleure pas benti, il ne faut pas être triste, demande à Allah de lui accorder le Paradis.
- Comment je fais ?
- Mets tes mains comme ça (elle joint ses mains, les paumes dirigées vers le ciel) et parle avec Lui, mais il faut que ça vienne de ton coeur, que tu sois sincère.

C'est si facile que ça de parler avec Dieu ? Pas besoin de téléphone ? De lettre comme pour le père Noël ?
Je l'imite et demande à Dieu qu'Il lui accorde le Paradis, Son pardon, et je me rappelle très bien avoir dit:
- Ya Allah, dis à maman que je l'aime, qu'elle me manque, et dis lui de fermer les yeux la nuit quand Khalid vient dans ma chambre parce que je ne veux pas qu'elle voit ça. Prends soin d'elle.

Fatima crie toujours, les voisins sont rentrés à la maison, des femmes se sont jointes à elle pour faire un peu plus de bruit. Je regardais le spectacle pendant que des voisines prennent les choses en main à la cuisine et que d'autres réconfortent Fatima. Moi j'étais toujours à côté de lalla Hadda:
- T'es pas triste ?
- Non, je le rejoins bientôt in cha Allah, on sera ensemble avec Allah. Toi tu nous rejoindras mais plus tard. Tu vas avoir des beaux enfants, un beau mari, tu vas vivre une belle vie et surtout tu vas être une bonne musulmane.
- C'est quoi "musulmane" ?
- C'est nous, notre religion. Quelqu'un qui croit en Dieu et au Prophète Mohamed (Que la paix et le Salut soient sur Lui) est musulman.
- C'est qui le Prophète ?
- Je t'expliquerais in cha Allah mais pas maintenant, tu dois aller à l'école, toi ta vie continue alors ne loupes pas cette journée.

Ah oui, l'école ! Avec tout ce remue-ménage je l'avais presque oubliée mon école chérie ! Je vais préparer mon sac, et jette un dernier coup d'oeil à Fatima. Elle était triste, ça se voyait, elle m'a fait de la peine ce jour là malgré les horreurs qu'elle me dit et qu'elle me fait...
Je lève les mains au ciel en la voyant ainsi:
- Allah pardonne lui à elle aussi elle est triste aujourd'hui !
(Puis en regardant Khalid)
- Mais lui il est méchant !! Je le déteste, j'espère que toi aussi !

Puis je m'en vais, direction l'école où j'ai beaucoup pensé à ma rencontre avec la mort. En rentrant le soir, plus de trace de hbibi Hamid, il n'était plus là. Je m'endors tristement en pensant à lui, à tout ce qu'il reste de son existence, de toutes ses années sur Terre: son souvenir

Le lendemain, lalla Hadda avait de la fièvre:
- Tu vas pas me laisser toi aussi hein ?
- Je ne te laisserais jamais. Quand tu auras besoin de moi, sert fort ça.
Elle me tend une bague en argent qui lui appartenait., j'embrasse sa main et m'en vais dormir. Khalid était bien trop occupé à veiller sur elle pour venir me voir, tant mieux. Le matin, les mêmes cris me réveillèrent.

NAAN PAS LALLA HADDA !!
Je me lève, cours vers sa chambre et vois son corps inanimé. Je l'avais reconnu cette fois, c'était la mort qui avait frappé chez nous pour la deuxième fois ! Elle ne m'avait pas menti, elle l'avait vraiment suivi.
Je lève les mains au ciel, cette fois je n'ai pas pu retenir mes larmes. Je demande à Allah de veiller sur elle, de lui présenter mama pour qu'elle lui parle de moi et de la faire rentrer au Paradis.

Ina li Llah wa ina ileyhi rajihoune ♥
C'est à Allah que que nous appartenons et c'est vers Lui que se fera notre retour ♥

Avec tout ça elle ne m'a pas parlé du Prophète (Que la paix et le Salut soient sur Lui). C'est qui lui ?


EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 16:51
Dixième partie


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Après la mort de lalla Hadda, mes grands-parents décident de me prendre chez eux pensant que Fatima n'aurait pas la tête à s'occuper de moi après la mort de ses parents.
J'ai passé les trois semaines les plus exquises depuis mon arrivée au Maroc.

J'allais à l'école avec mon oncle qui m'y emmenait et venait me chercher tous les soirs, je jouais avec mes cousins et cousines et je posais des questions à ma grand-mère qui était un peu moins patiente que lalla Hadda:
- Lalla c'est qui le Prophète ?
- C'est un homme que Dieu a envoyé pour apprendre aux gens ce qu'Il attend d'eux.
- Mais il est mort quand ?
- Allahou ahlem (Dieu Sait mieux)
- Il était musulman ?
- Oui.
- Alors Dieu l'aimait.
- Oui. Allé va jouer avec tes cousins laisse moi faire à manger.

J'allais voir mon grand-père:
- Hnini, le Prophète il est mort quand ?
- Tu sais lire ma fille ?
- Oui ! Comme une grande !
- Et bien je chercherais un livre qui parle de sa vie, je ne veux pas te dire de bêtise.

Quelle sagesse. Il préférait se taire plutôt que me raconter les choses et oublier ou rajouter des éléments. Il met sa main dans la poche de son kamis (robe arabe pour les hommes), sort son porte monnaie en cuire noir et me tend une pièce:
- Tiens ma fille, vas t'acheter des bonbons ♥

Je ne me fit pas prier, me suis levée, suis allée au hanoute (l'épicerie typique du bled) m'acheter des bonbons et j'ai rejoint les filles du derb (quartier) pour jouer à toutes sortes de jeu.
C'est l'heure de manger, ma tante m'appelle. Je rentre et mon grand-père me tend un livre:
- J'ai eut du mal à le trouver en Français, tu devrais apprend à lire l'arabe pour me faciliter la tâche.
Je le prend et regarde la couverture: "La vie de notre bien aimé Prophète (Que la paix et le salut soit sur lui)"

J'embrasse mon grand-père, lui fait un grooos câlin et le remercie ♥.
Je voulais me plonger dedans tout de suite pour savoir qui était cet homme en qui je devais croire pour être une bonne musulmane mais c'était l'heure de dormir. Je le lirais demain, c'est Samedi donc pas d'école.

Je passe la nuit entourée de mes cousins et cousines et de mes tantes ♥ et au petit matin je me réveille, vais remplir les sauts, aide ma tante à préparer le petit déjeuner. Depuis que je vis avec Fatima c'est devenu une habitude:
- Vas regarder la télé avec les autres ma chérie.
- Non je veux t'aider khalti (tata).

Elle me laissa donc faire. J'avais prit goût à apprendre à faire le ménage, à aider à faire à manger...
Le petit déjeuner passé je me met à la lecture du livre que hnini m'a ramené. Les phrases étaient plus compliquées que les livres que je lisais d'habitude, certaines me paraissaient même dépourvues de sens mais j'arrivais à déchiffrer la magnifique histoire de notre bien aimé Prophète (que la paix et le salut soit sur lui). Cet homme qui s'est battu pour que l'islam se répande, qui a sacrifié sa vie pour nous, pour créer une communauté soudée. Il m'impressionnait un peu plus au fil des pages.

Pour moi c'était un héro, un homme fort. Il était calme et ne faisait de mal à personne, il ne disait que des bonnes paroles et ne faisait que ce que Dieu aime. Un passage avait retenu mon attention, celui où le Prophète dit à Aicha (qu'Allah l'agrée):

[Je ne me soucie point de la mort depuis que je sais que tu seras mon épouse au Paradis] ♥

C'était semblable à un conte de fée dont il serait le prince charmant, seulement là ce n'est pas un conte, cet homme a vraiment existé et ce n'est pas un prince, c'est notre Prophète ♥

Je l'ai tout de suite aimé car je l'ai trouvé merveilleux et qu'il défendait les gentils contre les méchants. S'il était vivant je serais allée toquer à sa porte pour dénoncer ce que me faisait subir Khalid.
Pour moi, c'est grâce à lui que ma mère était musulmane et qu'elle pouvait aller au Paradis et qu'on la rejoindra tous avec papa là bas.
Il faisait preuve de patience et Dieu l'aidait toujours. Après la pluie venait toujours le beau temps.
Il pardonnait aussi beaucoup même à ceux qui lui voulaient du mal. Le pardon: une chose que je devrais accorder à Fatima et Khalid un jour, sous peine que mon coeur pourrisse à cause de la rancune. Il est fort, moi je suis mauvaise parce que je leur en veux tellement. J'y arriverais un jour à leur pardonner smiling smiley

Je pose le livre et m'apprête à sortir. Je vois hnini entrain de faire ses ablutions et lui dit:
- Pourquoi tu te laves toujours les pieds même si tu vas pas dormir ?
- C'est les ablutions benti, on doit les faire avant chaque prière.
- Tu vas prier ?
- Oui benti.
- Je peux prier avec toi ?
Il me fît signe d'avancer et me montra comment faire mes ablutions puis m'envoya voir ma grand-mère pour qu'elle me mette un foulard:
- Pourquoi je dois mettre un foulard ?
- Parce que on se couvre devant Allah par pudeur.
- Mais hnini il met pas de foulard.
- C'est pour les filles ça, parce que les cheveux c'est ce qui les rend belles.
Elle me couvre donc la tête et mon grand-père avait mit un deuxième tapis de prière à côté du sien:
- Fais comme moi d'accord ? Dis "Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim avant de commencer" (Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux)
- Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim.
Je le vois mettre ses mains au niveau de ses oreilles et dire "Allahou akbar" (Dieu est Grand) et fais de même. Il lis une sourate que j'entend souvent à la télé, je la connais mais l'écoute silencieusement. Puis une autre que j'ai déjà entendu mais que je ne connais pas bien.
Puis il se baisse, mettant les mains sur ses genoux et répétant "Allahou akbar". Je le suis jusqu'au bout de la prière, jusqu'au salut à l'ange de notre droite et à l'ange de notre gauche.

Il lève les mains au ciel. Je connais ça, c'est maintenant que je peux demander ce que je veux à Allah:
- Ya Allah je veux être une bonne personne comme le Prophète, je veux aider les gens et faire le bien autour de moi ♥

Prière finie:
- Hnini je veux apprendre à prier seule.
- Tu es en âge, viens t'asseoir en face de moi.

Il m'apprit la prière, tachahoud, qu'est ce qu'une unité de prière, comment faire la prière quand on doit en faire deux etc...
Il m'a même apprit 5 sourates en un jour. A cet âge le cerveau enregistre à une vitesse phénoménale.

Il me dit, c'est l'heure de la prière du soir:
-Tu dois faire 4 rakaa (prosternations), tu vas me suivre quelques jours jusqu'à ce que tu comprennes bien.

Quelques jours plus tard, el hamdoulillah, je priais seule.
Merci hnini, qu'Allah te récompense pour ce que tu m'as apprit, qu'Il t'accorde le plus haut degré du Paradis ♥

Les semaines passent, Fatima vient me recupérer et me fais de gros câlin pour dire que je lui ai manqué. Hypocrisie quand tu nous tient...
Le soir je vais dans ma chambre, Khalid me rejoint:
- Tu veux consoler tonton Khalid ? Il a perdu son papa et sa maman. Tu m'as manqué.
Apparemment le rappel de la mort ne l'a pas réveillé celui là, attend que j'en parle à Allah demain !!

Le lendemain je me réveille, je fais mes ablutions, je prend un tapis de prière, couvre mes cheveux comme m'a montré lalla et je vais prier. Fatima me regarde:
- Tu fais quoi là ?
- Je vais prier avant de manger et d'aller à l'école.
Elle explose de rire et me dit:
- Tu rigoles ? Toi tu pries espèce de petite traînée fille de traînée ? Allé arrêtes tes bêtises et viens m'aider.
- Je suis une musulmane, je dois prier tous les jours c'est hnini qui me l'a dit.
- Bon je vais m'énerver viens là tout de suite.
Hors de question, je veux prier pour raconter à Dieu la nuit que j'ai passé et qu'il punisse Khalid.
- Allaaaaaahou akbar...
Elle débarque comme une furie, me tire par le bras et me met des coups:
- Tu me nargues maintenant ? Tu ne m'écoutes plus ? Tu as oublié les bonnes manières chez tes grands-parents ? N'oublies pas qui je suis !!
Elle m'arrache mon foulard et me tire dans ma chambre:
- Prends ton sac et dégages à l'école, je vais te tuer sinon.

Le soir je priais en cachette dans ma chambre après manger, c'est devenu mon rendez-vous avec mon Créateur, je ne m'en serais passé pour rien au monde, lui Il m'écoutait et je savais qu'Il allait m'aider comme il a aidé le Prophète (que la paix et le salut soit sur lui), il fallait juste que je fasse preuve de patience.

J'avais découvert la foi ♥

L'année scolaire est finie, je passe en CE1, c'est les vacances, papa et mes frères viennent me rendre visite, ENFIN !!

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 17:19
Onzième partie (Merci à Miima Rabzàà pour l'image ♥ )

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Ma "belle-mère" meubla ma chambre avec une petite table de nuit et une petite commode avant que ma famille ne débarque, sûrement pour ne pas que mon père voit où elle faisait dormir sa fille unique qu'il aimait tant.
J'étais assise dans le salon, Fatima m'avait obligée à bien m'habiller, mettre ma plus jolie robe, elle m'avait même coiffée, chose qu'elle n'avait jamais fait en presque un an.
J'attendais leur arrivée avec impatience, je vais pouvoir montrer à papa comme je suis devenue grande, à Adil mes bonnes notes, à Kamel comme je sais lire et à Younes comme je sais bien faire le thé lui qui en raffole.
Une voiture klaxonna, je sautai du sedari (canapé marocain) et je courrai dehors. J'aperçus mon frère Adil descendre du côté conducteur, papa du côté passager et Younes et Kamel de derrière.
Je foncai dans leur direction et sautai dans les bras de Adil, j'embrassai tout le monde, j'étais tellement contente, j'avais même oublié toutes les mauvaises choses qui s'étaient passées durant l'année.

Fatima qui m'avait suivit dans la rue les salua:
- Bienvenue, enfin vous êtes parmi nous, c'est un grand jour !

Elle sert la main à tout le monde, même à mon père. Ça se voyait que ces deux là ne s'aiment pas,il n'y avait pas d'affection entre eux. Des années plus tard, mon frère Adil m'avait avoué que mon père lui avait confié un jour qu'il ne l'avait jamais touchée parce qu'il aurait eut l'impression de tromper ma mère.

Mon frère Adil me dit:
- T'as troooop grand ma petite soeur, tu vas bientôt me dépasser.
Kamel:
- Olalaaaa comment tu m'as trop manqué ! Tu vas me montrer comme tu lis hein ?
Younes:
- On t'a ramené pleins pleins de cadeaux !
Et papa ♥:
- Benti, tu m'as manqué, la maison était vide sans toi, et tu ressemble de plus en plus à ta mère.

Moi je m'en foutais des cadeaux, le plus beau c'était leur présence. Ils restaient un mois et demi sauf Kamel qui restera deux semaines de plus et qui rentrera en avion ensuite.
Je commence à leur raconter mon année scolaire, je cours prendre mes affaires d'école et montre mes cahier et mes frères et mon père qui lui me regarde les yeux humides, pleins de tendresse et d'amour:
- Et dire que j'ai raté tout ça. Ça s'est bien passé avec Fatima ?
Je ne prête même pas attention à la question et continue mes grandes histoires:
- Papa je sais prier, hnini il m'a apprit à prier !!
- C'est bien ma fille, el hamdoulillah !
- Tu veux que je te montre ?
- Plus tard in cha Allah, on est invités à manger chez tes grands-parents.

Fatima était déçue de ne pas avoir ses cadeaux avant mais elle n'avait pas le choix que de se plier aux exigences du maître, del padre, de papa ♥
Je souriais comme je n'avais plus sourit depuis longtemps, depuis presque un an, cette année sans eux qui m'a parue si longue...
En route, mon frère Adil me demandait:
- Tu l'aimes bien Fatima ?
- Oui.
- Elle a été gentille avec toi ?
- Oui. Alors tu viens me chercher quand ?
- Bientôt, bientôt in cha Allah.

Mon frère Adil avait trouvé un travail dans une grande entreprise où il avait décroché un bon poste en tant que responsable de secteur en attendant sa promotion en tant que cadre supérieur: un cadre de l'entreprise allait prendre sa retraite, mon frère prendrait sa place. Il touchait donc un bon salaire et voulait prendre un appartement. Quant à Younes, il passait en terminal STG actions commerciales et Kamel passait en cinquième.

- Et son frère ?
- Moi j'aimais bien lalla Hadda et hbibi Hamid mais ils sont morts.
- T'étais triste ?
- Oui un peu, mais lalla Hadda elle m'a dit qu'on se verra au Paradis.
- In cha Allah.

Et je ne cessais de parler, j'étais coupée par Kamel qui de temps à autre essayait de placer le récit de son année au milieu de celui de la mienne.
AAAAAHHHHH QU'EST CE QUE ÇA FAIT DU BIEN D'ÊTRE EN FAMILLE !!
Je ne lachais plus la main de papa, j'avais bien trop peur qu'il s'en aille, je n'avais pas l'intention de le laisser repartir si vite.
Arrivés chez mes grand-parents, mes tantes, mon oncle, mes cousins et cousines embrassaient mes frères et mon père, lalla et hnini firent de même. Moi je faisais parti des meubles donc un simple bisou a suffit.
Je ne suis pas allée rejoindre mes cousins et cousines comme je le faisais d'habitude, non, cette fois je suis allée m'installer avec mes frères au salon. Je vois mon père se lever à l'appel à la prière pour faire ses ablutions et prier, je le suis et fais de même, je voulais tellement lui montrer comment je priais.
Je me positionne derrière lui et hnini pour prier avec eux.

Il était fier, à la fin il me dit:
- Allahi taqabel benti (qu'Allah accepte tes prières ma fille)
Je lui souri, toute contente de moi
- Tu as apprit beaucoup de choses au Maroc c'est bien.
- Oui papa j'ai même apprit des sourate.
- El hamdoulillah, je suis fier de toi ma chérie !
Il m'embrasse le front et mon grand-père lui dit:
- Tu as une fille intelligente tbarkAllah hliha, c'est ma fille, elle est curieuse comme ma Naïma, elle veut tout savoir.
- Oui c'est bien la fille à sa mère ça.

Nous déjeunons donc, mes frères me dirent à quel point je manquais à moui Hafida, à hammi Lhousine et à leurs fils, ça me fit plaisir de savoir qu'ils pensaient toujours à moi.
Puis retour chez Fatima. On décharge la voiture, je cherche tout ce qui peut être à moi. Papa m'avait acheté des poupées, des livres, des cassettes et un magnétoscope. Adil m'avait acheté pleins d'habits, Younes m'avait prit des chaussures et Kamel me tendit un livre ainsi qu'une lettre que Nacer m'avait écrit ♥ Je l'ouvre, c'était court pour tout une feuille A4 lol :

<< Tu nous manques, on voulait venir mais moui elle a dit qu'on a pas assez d'argent. Reviens vite pour qu'on soit dans la même classe. Signé Nacer ♥ >>

Fatima, elle, était contente d'avoir de nouvelles chaussures, de nouveaux foulards, de nouveaux tissus pour jelaba...
On rentre à l'intérieur où on trouve Khalid. Il dit bonjour à tout le monde, il me dégoûte:
- Franchement votre fille c'est un bonheur ! Elle est bien élevée, polie, obéissante, vous nous avez fait un beau cadeau en la laissant avec nous.

Kamel me posait des questions sur lui:
- C'est lui son frère ?
- Oui c'est Khalid.
- Mais il est vieux pourquoi il vit ici ?
- Il est pas marié il vit avec nous.
- Il a l'air gentil.
Je regarde mon frère et lui souris ! Je ne voulais même pas parler de lui.

Les semaines passèrent à une vitesse phénoménale. Papa ne dort même pas chez Fatima, il dort chez ses soeurs ou chez son frère ou encore chez lalla et hnini de temps en temps. Mes frères eux dorment toujours chez mes grand-parents maternels et je les y suivais. J'étais très peu avec Fatima, je ne m'endormais plus après les visites de Khalid, il faut dire que ces vacances me firent le plus grand bien.

Mon père rentra en France avec Adil et Younes, moi je restai avec Kamel encore pour deux semaines. Les au revoir étaient durs, Adil me prévint:
- Si il y a un problème tu nous appelle, si t'as besoin de quelque chose tu n'hésites pas hein ?

Combien de fois pendant ces vacances j'ai eut envie de cracher le morceau ? De leur dire dans quelle galère je me trouvais ? Combien de fois je me suis tue pour les préserver en repensant à la menace de Khalid au dernier moment ?

Me voilà seule avec mon frère, celui dont je suis le plus proche, celui qui, en plus d'être mon frère est mon meilleur ami.
Papa était parti depuis trois jours, tout le monde faisait la sieste. Kamel n'y était pas habitué et ne la faisait donc pas. Je suis restée réveillée avec lui, nous discutions et il me dit:
- J'aime pas trop Fatima moi. Papa il aurait pas dut se marier avec.
-...
- Tu l'aimes bien ?
- Je t'ai dit oui.
- Et son frère là, Khalid, il est trop bizarre en fait !
-...
- Tu l'aimes bien ?
- Ça va
- Ça veut dire oui ou non ?
- Je sais pas, bon on va s'acheter des bonbons ?
- Tu sais tu vas me manquer...
Il avait les larmes aux yeux !
- Papa il devrait pas te laisser là avec des gens qu'on connait pas, c'est nous ta famille.

Alors là, je ne sais pas pourquoi, j'ai ressenti le besoin de me confier, et puis après tout, c'est mon frère, il savait des choses que je lui racontais et jamais il n'est parti les répéter. Je peux lui faire confiance, de toute façon je ne pouvais pas garder ça pour moi et c'est à lui que je voulais en parler.

- Si je te dis un secret tu me jure que tu le dis à personne ?
- Oui comme d'hab.
- Jure le moi !
- Wallah, je suis pas une balance quand même.
- T'as juré hein, si tu le dis tu vas aller en Enfer.
- Oui allé dis !
- Fatima elle est méchante avec moi.
- Elle t'a fait quoi ? Moi je la tue si elle t'a touchée !
C'était trop mignon, tu haut de son mètre et demi il avait l'espoir de me défendre du mal ♥
- Tu m'as juré que tu disais rien !
- Ah oui c'est vrai. Elle t'a fait quoi ?
- Elle me tapait toujours, toujours, elle m'engueulait et elle me tirait les cheveux. Elle m'insultait et elle disait du mal de mama.
- HAAAAAN mais pourquoi tu l'as pas dit à papa ?
- Parce que elle va me tuer sinon.
- C'est ça oui, c'est papa qui va la tuer, t'as vu comment il est fort ?
- T'as juré hein tu dis rien !
- C'est grave là, et l'autre Khalid il lui dit rien ?
Et là je me lache, je pleure:
- Qu'est ce qu'il y a ? Lui aussi il te tape ?
- Tu jure que tu dis rien ?
- IL TE TAPE ??
- Nan !
- Arrêtes de mentir, wallah que je dirais rien !
- Nan il vient dans ma chambre la nuit et il me touche de partout.
- QUOOOI IL T'AS VIOLÉE ??

C'était la première fois que je mettais un nom sur le calvaire que je vivais, "le viol". Je ne connaissais pas ce mot jusque là.

- Quoi ?
- Il te touche il te viole ??
- Il me touche il me fait des bisous et il m'oblige à faire des choses pas bien.
- Il t'oblige à faire quoi ?
Je lui explique avec mes mots d'enfant l'acte "dégoûtant".
- Je vais le dire à papa !
- S'il te plaît dis lui rien, t'as juré, sinon t'es plus mon frère, je te cause plus !
- Mais c'est grave ! On le dit à hbibi Hassan (mon oncle) il va le tuer !
- Non c'est lui qui va vous tuer.

Pour moi Khalid était fort. Il était fort parce qu'il arrivait à me faire ce qu'il voulait sans que je parle, tout en me faisant taire, il arrivait à me faire peur, il était fort car il me rendait faible. Avec le recule je me rend compte qu'il n'est rien, il n'est qu'un lâche...
Je fais jurer à mon frère de ne rien dire, il me jure après une heure de discussion mais il me dit:
- Je viendrais les tuer moi !

Il allait prendre l'avion une semaine et demi plus tard pour partir rejoindre papa:
- Si il te touche encore une fois tu m'appelles je le tue, je l'égorge.

Il me fit un groooos câlin et s'en alla loin de moi ♥

Me revoilà seule face aux monstres, face à la réalité...

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 17:20
Douzième Partie (Merci à Hanael Knowles pour l'image ♥ )

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


- Tu m'as oublié ma chérie ? C'est ça ? Tu préfères passer du temps avec tes frères plutôt qu'avec ton tonton Khalid ?

Cette fois, les vacances sont belles et bien finies...

Pourquoi papa n'a rien vu ? Il est vrai que j'étais tellement heureuse de les revoir que je n'ai rien laissé paraître, pas un moment de faiblesse devant eux, sauf face à Kamel quand je lui ai tout avoué, mais lui c'est autre chose.
Mon frère Kamel c'est un peu mon journal intime, j'étais obligée (et toujours aujourd'hui d'ailleurs) de tout lui dire, tous mes ressentis, toute ma vie...
Je me sentais soulagée que quelqu'un sache qu'ici tout n'est pas tout beau tout rose, que Fatima et Khalid ne sont pas les honnêtes gens qu'ils donnent l'air d'être.

J'avais reprit ma vie donc, mais que se passait-il donc de l'autre côté de la Méditerranée ?
___________________________

En arrivant Kamel est allé voir Nacer pour lui donner la lettre que je lui ai écrit et moui Hafida demanda de mes nouvelles:
- Elle va bien elle a dit qu'elle veut que tu viennes la voir.
- In cha Allah dès que je pourrais j'irais voir ma fille.

Il avait envie de cracher le morceau, d'ailleurs même dès son arrivée en France il voulait le dire à mon père mais il avait promit et on ne trahit pas une promesse faite à sa soeur.

<< Mais quand même, je vais pas laisser ma soeur se faire défoncer par cette vieille folle ! Mais si je le dis elle va plus jamais me parler ! >>

Les questions se bousculaient dans la tête de ce grand frère d'à peine 12 ans qui voulait protéger sa petite soeur tout en ayant peur qu'elle ne lui confie plus jamais rien de sa vie, qu'elle se sente tahie.

Cela faisait maintenant deux mois qu'il m'avait quittée, la nuit il pensait à moi et à ce Khalid qui était peut-être entrain de me tenir compagnie dans ma petite chambre. Il repense à mes larmes le jour où je lui ai tout dit, il avait un peu l'impression d'être complice de tout ça en gardant le silence.

Un jour il retourna chez Moui Hafida:
- Khalti (tata), si un jour un frère il sait un truc sur sa soeur et qu'il le dit, est-ce que c'est grave ?
- Pas si c'est pour son bien. Mais il ne faut pas raconter pour se venger ou juste pour la voir se faire taper.
- Si je te dis un truc tu le dis pas à mon père ?

Ce petit bonhomme ne pouvait plus garder ça pour lui, il n'arrivait plus à tenir sa langue, il faut croire qu'il est plus bavard que moi qui ai réussi à rester muette pendant tout ce temps. Le secret commençait à peser lourd dans son coeur, il n'arrivait plus à se taire, c'était trop.

- C'est sur Naïma ?
- Oui khalti mais tu dis rien.
- C'est ma fille, je garderais ses secrets.
- Mais tu dis rien !
Elle commençait à être agacée par le comportement de Kamel qui tournait autour du pot:
- Nan je vais rien dire, c'est grave ? Ta soeur a un problème ?
- Je crois oui.
- Qu'est ce qu'il se passe ??
- Elle m'a dit ce que Fatima et Khalid lui font !
- Ils lui font quoi ? Dis moi !
- Tu dis rien ! J'ai juré que je disais rien, si elle sait que j'ai parlé elle me parlera plus.
- Dis moi !
- Bah Fatima elle la tape beaucoup, elle l'insulte...
- Elle lève la main sur ma fille ? Elle va avoir affaire à moi !
- Et Khalid il fait des trucs pas bien.
- Il fait quoi ??
Là mon frère eut honte, se senti embarrassé, il ne pouvait pas lui dire ce qu'il me faisait.
- Il lui fait des trucs hchouma (honteux à dire)
- Dis les choses clairement !
Elle haussa le ton, il comprit donc que c'était grave et se lance:
- Bah il lui fait des bisous et tout.
- C'est quoi et tout ? Khamej (crasseux) il touche ma fille ? Je savais que ton père aurait pas dut la laisser ! Je le savais, ma pauvre petite fille, elle est si jeune.
Elle se mit à pleurer et hammi Lhousine rentra dans le salon:
- Qu'est ce qu'il se passe ?
- Benti, ils sont entrain de la salir, ma pauvre fille ! Lhbiba dyeli (Ma chérie) !

Elle commença à expliquer à son mari ce qu'il se passait sous les yeux ébahis de Kamel:
- Je t'ai dit que c'est un secret !
- C'est grave ce que ta soeur vit ! Tu aurais dut le dire plus tôt !!

Mon frère comprit son erreur à ce moment et se tue, il culpabilisait encore un peu plus:
<< J'aurais dut le dire direct, c'est de ma faute ! >>

Hammi Lhousine était dégoûté, il avait l'air énervé et proférait toutes sortes d'insultes et de menaces à l'égard de Fatima et Khalid.

- Pourquoi elle ne m'a rien dit !? Je lui ai donné le sein, c'est ma fille, je serais venue la chercher, j'aurais fait la route même à pieds !
- Il lui a dit que si elle le disait il tuerait toute notre famille.
- On va voir qui va tuer qui !

A l'heure où mon père rentrait du travail moui Hafida et hammi Lhousine s'en allèrent à sa rencontre et lui répétèrent tout ce que Kamel avait dévoilé l'après midi et mon père se mit à pleurer:
- C'est de ma faute, j'ai laissé ma fille avec eux, c'est moi qui me suis mariée avec elle. Je vais chercher ma fille dès maintenant !

Mon frère Adil entra, vit mon père avec les larmes aux yeux entrain de préparer ses affaires et demanda ce qu'il se passait. Après qu'on lui ait expliqué il dit à mon père qu'il venait avec lui.
- Nan toi tu travailles.
- Je m'en fous je vais le tuer papa je m'en fous !!
- Nan personne ne tuera personne.
- Je viens avec toi, je pose une semaine d'arrêt maladie ou quoi mais wallah que je vais venir.

Moui Hafida aussi voulait impérativement venir, elle laissera ses enfants avec hammi Lhousine et mes deux frères Younes et Kamel aussi resteraient chez eux.

(Les faits m'ont été relatés cet après-midi par mon frère, je lui ai demandé une énième fois de me raconter ce passage pour être précise et vous en faire part, il m'a encore demandé pardon, des années plus tard de ne pas avoir parlé plus tôt, mais comment lui en vouloir ? ♥ )

___________________________

De mon côté j'étais retournée à l'école, je venais de me prendre une raclée de plus par Fatima qui ne m'avait pas ratée. Ce jour là elle m'avait tapée avec une casserole (que j'avais soit disant mal lavée) à la bouche et ma lèvre avait triplée de volume.
Je ne me doutais pas du tout de ce qui se passait là bas, je ne me doutais pas que Kamel avait tout dit.

J'étais dans la cuisine entrain d'aider Fatima à préparer le repas quand tout à coup, on sonna à la porte:
-VAS OUVRIR HMARA ! TU SERS A QUOI ICI ??

Comme toujours, j'obéis sans broncher. Je me dirige vers la porte, ça frappe fort et sans arrêt.
<< ANLALA elle est pressée ou quoi ? J'arrive, J'arrive ! >>


EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 17:25
Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


J'étais dans la cuisine entrain d'aider Fatima à préparer le repas quand tout à coup, on sonna à la porte:
-VAS OUVRIR HMARA ! TU SERS A QUOI ICI ??

Comme toujours, j'obéis sans broncher. Je me dirige vers la porte, ça frappe fort et sans arrêt.
<< ANLALA elle est pressée ou quoi ? J'arrive, J'arrive ! >>

Je presse le pas et, quelle ne fut pas ma surprise de voir mon père, Adil et moui Hafida derrière la porte. Je sautai dans les bras de mon père:
- PAAAAAAAPAAAAAAAAAA ! MOOUUUI HAFIDA t'es venue me voir j'suis trop contente !!
- Pardon ma fille, pardon !!

Pardon de quoi ? Pourquoi mon père me serrait fort et pleurait en même temps ? Ai-je raté un épisode ? Quelqu'un est mort ?
- Ils sont où Kamel, ...
- Ohh quelle belle surprise ! Vous auriez dut nous prévenir qu'on prépare un bon repas.

Tout le monde se redressa et regarda Fatima qui arrivait toute souriante les bras grands ouverts. Moui Hafida s'approcha d'elle:
- Qu'est ce que vous avez fait à ma fille toi et ton frère ?
- Khti (ma soeur) Hafida ? Qu'est ce qu'il se passe ? Qu'est ce qu'on a fait à votre fille ? On la nourrit, elle va à l'école, elle est logée, j'en prend soin comme de ma fille.
Mon frère Adil me prend par le bas du visage et le relève:
- Et c'est quoi ça hein ? Un logement ? De la nourriture ? Ou alors c'est l'école ??
- Elle s'est cognée sur une porte la nuit dernière.

Je suis perdue au milieu de la conversation, mais yeux suivent chaque personne qui prend la parole. Pourquoi ils sont là alors qu'on est même pas en vacances ?

- Yek a benti ? (N'est ce pas ma fille ?)
Les regards se tournèrent vers moi et je hochai la tête de haut en bas pour dire "oui".
- Tu n'as pas à avoir peur Naïma, on est là avec papa et khalti Hafida maintenant, plus personne ne peut te faire de mal.
Je regardai mon frère avec tendresse, ce jour là je l'ai trouvé plus beau que jamais, c'était un héro, un prince, MON prince qui venait me sortir de la tour où je suis prisonnière. Je baissai les yeux, je n'aimais pas mentir, surtout à ces trois personnes là, ma famille ♥
- Dis moi ce qu'ils t'ont fait !
Fatima qui a dut ressentir la menace qui pesait contre elle cria:
- JE GARDE TA FILLE ET C'EST COMME ÇA QUE TU ME REMERCIES ?? TU M'ACCUSES DE LUI FAIRE DU MAL !! HORS DE CHEZ MOI ! PRENEZ LA PORTE ! DEHORS ! ET PRENDS TA GAMINE AVEC TOI TU ME FERAS DES VACANCES !

A ce moment là, loin de moi l'idée que Kamel aurait put tout raconter, il sait garder un secret. Moui Hafida s'approcha encore une fois de Fatima et lui dit:
- Espèce de malpropre tu crois qu'on va te laisser comme ça et partir ? Ce serait trop facile ! Viens on va s'expliquer.

Il était tard et apparemment ils n'étaient pas venu passer des vacances ou me rendre visite:
- J'ai rien à dire, je vous que vous sortiez de chez moi.
- Moi j'ai pleins de choses à te dire ! Alors tais toi et vas t'asseoir si tu ne veux pas que les voisins nous attendent !
Adil intervint:
- Wallah que t'as de la chance d'être une femme, là je t'aurais égorgée ! Mais j'attend de me charger de ton frère !
- Laissez mon frère tranquille, il a rien fait !
- C'est ce qu'on verra !!

Elle fut pousser vers l'intérieur et tout le monde s'assit. Mon père commença:
- Je n'aurais jamais dut faire confiance à quelqu'un, c'est de ma faute avant d'être celle de quelqu'un d'autre.
- Papa tu pouvais pas savoir ! Oh Naïma t'as quoi sur la lèvre ? Dis moi ! Je suis pas ton grand frère chéri moi ?

Bien sûr qu'il était mon grand frère chéri, mon deuxième papa. Pourquoi il me fait du chantage lui aussi ? Pourquoi tout le monde me fait chanter ?

Fatima - Je vous ai dit qu'elle s'est cognée à la porte de sa chambre.
Adil - Mais tu te fous de moi ? On se cogne pas la lèvre sur une porte ! Encore la tête, l'épaule je veux bien mais pas la lèvre !
Fatima - Vous insinuez que je la tape ? Que c'est moi ?
Moui Hafida - Allah y nhal cheitane (Qu'Allah maudisse Satan) laisse la répondre et tais toi, tu me donnes envie de t'égorger.

Elle, si tendre d'habitude, était prête à tuer Fatima, elle fronçaient les sourcils, serraient les points, parlait fort et le regard qu'elle lançait à Fatima était rempli de haine. Je ne l'avais jamais vu comme ça.
Moi au milieu de tout ça j'étais assise, je regardais mes genoux qui étaient collés et je pensai:
<< Comment ils ont put savoir que Fatima me tape ? Il n'y a que Kamel qui le sait et il ne l'aurait jamais dit. Peut être que les voisins l'ont dit à mes tantes et qu'elles les ont prévenus >>

Papa - Naïma benti alors comment tu t'es fait ça ?
Les larmes montent, je ne sais plus quoi faire. Je regardais Adil, puis papa, puis moui Hafida. A eux trois ils pouvaient me sortir de tout ça, ils sont forts. Je prend ma tête entre mes mains et me laisse aller aux pleurs:
Adil - Pleures pas ! Dis moi elle t'a tapée ? Elle t'a fait quelque chose ?
Moui Hafida me prend dans ses bras pour me rassurer:
- C'est fini maintenant, tu peux nous dire, on est là, on est venu te chercher.

Ils sont venus me chercher ?? J'ai bien comprit ? Je rentre en France ?
Je séchai mes larmes et dis en hoquetant:
- Ou..ui elle...elle m'a tapée...pée ave...c une casse...casserole.

Fatima se leva et tapa sur ses cuisses:
- YA WILI YA RABBI (Mon Dieu) ELLE VEUT ME FAIRE DES PROBLÈMES DEPUIS LE PREMIER JOUR !! YA RABBI REGARDES CE QU'ELLE ME FAIT ! ALLAH EST TÉMOIN ! CHEKWA BIHA LE LLAH (Traduction ? elle pose plainte contre moi à Allah) !

Je la regardais entrain de faire sa comédie elle avait l'air pourtant tellement sincère à la voir ainis. Moui Hafida se leva et l'attrapa par les cheveux en criant:
- MA FILLE ELLE NE MENT PAS !!
- WIK WIIIIIK A HIBAD ALLAH ! HATQO ROH ! (Elle cria pour appeler les gens et qu'ils viennent l'aider)

Choquée par tant de violence je pleure en suppliant moui Hafida de la lacher, mais elle s'est acharnée sur elle jusqu'à ce que papa et Adil réussissent à la faire lacher prise.
- Tu as de la chance, je t'aurais tuée ! Moi même je n'ai jamais levé la main sur elle ! Moi qui lui ai donné le sein !
Papa - Calmes toi.
Adil - On devrait la laisser te tuer !
Fatima - SORTEZ DE CHEZ MOI ! SORTEZ !! (Tout en se recoiffant)
Papa - Nan on attend ton frère. Naïma vas ranger tes affaires.

Je pleurai, ne bougeant pas de ma place, Adil me dit:
- Viens je vais t'aider.

Il me fit un gros bisou et dans la chambre il me demanda:
- Dis moi Khalid il t'a fait quoi ?
Je pleure une fois de plus, je ne pouvais pas lui dire:
- J'aurais dut venir te chercher plus tôt, tu aurais dut tout me dire, je suis ton frère putain !
Il me fait un câlin puis me rassure et prend une grosse valise qui était dans un coin de ma chambre et ranges mes affaires dedans. Il reste silencieux le reste du temps, il ne voulait pas plus me faire de mal.

Nous retournâmes dans le salon où Fatima pleurait silencieusement, le visage dans les mains, moui Hafida insultait et papa pensait, le regard dans le vide.
Une demi heure, voire une heure plus tard, la porte s'ouvrit. C'était Khalid...


EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 17:29
Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Nous retournâmes dans le salon où Fatima pleurait silencieusement, le visage dans les mains, moui Hafida insultait et papa pensait, le regard dans le vide.
Une demi heure, voire une heure plus tard, la porte s'ouvrit. C'était Khalid...

Mon frère Adil se leva, papa le retint par le bras, moui Hafida me serrait toujours dans ses bras pendant que Fatima, en l'apercevant reprit son cinéma:
- MON FRÈRE REGARDE ILS VIENNENT ME TAPER CHEZ MOI REGARDE !

Elle recommença à pleurer et se taper sur les joues et les cuisses en proférant toutes sortes de plaintes.
- Qu'est ce qu'il se passe ici ?
- Papa lache moi j'vais le tuer lache moi !
- Prends ta soeur et vas chez tes grands parents.
- Nan je vais nul part, papa lache moi.
Khalid - Pourquoi tu veux me tuer ?
Papa - Adil je t'ai dit de prendre ta soeur et d'aller chez tes grands-parents, rajoutes en pas !!
- Mais papa t'as vu ce qu'...
- ADIL !! Ta soeur tu la ramènes chez tes grands-parents et tu restes là bas !

Mon frère était dégoûté, il me prit par la main, porta ma valise et en passant à côté de Khalid qui était toujours planté à la porte il le poussa.
Khalid - Tiens ton fils avant que je lui règle son compte.
Papa - Touches encore un cheveux d'un seul de mes enfants et là c'est moi qui te tue.
Khalid - Pourquoi "encore" ?
Papa - Ma fille ! On la laisse chez vous et c'est comme ça que vous la traitez ? Tu vas la voir la nuit ? T'as pas honte ? C'est qu'une enfant.
Fatima - C'EST QUOI CES HISTOIRES LA !?

Alors là c'était sûr que Kamel avait tout dit, personne ne savait ça à part lui. Je commence à pleurer, j'ai honte que mon père, mon frère et moui Hafida soient au courant de ça, je voudrais aller me cacher.

Papa - Adil prends ta soeur et ramène la !
Mon frère s'exécute en lançant à Khalid:
- C'est pas fini nous deux, même dans 20 ans si il faut je te ferais regretter.

Sur la route qui mène à la maison où a grandit ma défunte mère je sanglotais encore:
- Calmes toi, arrêtes de pleurer, c'est fini tout ça, tu vas rentrer avec nous.
- Papa il va faire quoi à Khalid et Fatima ?
- Je sais pas, penses y pas.
Il me prend dans ses bras, me caresse les cheveux:
- Dis moi ce qu'il t'a fait s'il te plaît Naïma.
Je baissai la tête de honte, de peur aussi, j'avais l'impression d'avoir ma part de culpabilité dans cette histoire je ne sais même pas pour quelle raison.
- Naïma, ma petite chérie, s'il te plaît dis moi tout.

Il s'arrêta de marcher prit mon visage entre ses mains et je vis dans ses yeux de la souffrance, ce regard je ne l'oublierais jamais, il avait les yeux qui brillaient, les larmes prêtes à inonder son visage. Je le regardai encore, je ne peux m'empêcher de le trouver beau, dans ses yeux vert-gris je voyais mon reflet, je voyais cette petite fille triste qui ne cessait de pleurer depuis plus d'un an, je voyais cette petite fille qui a apprit à se taire et à se faire du mal intérieurement, je voyais cette petite fille d'à peine sept ans qui a des valises sous les yeux, je me voyais moi, Naïma, petite fille a qui ont a volé son innocence...
Je vois aussi cette larme qui échappe de l'oeil de mon frère, il est triste pour moi, il veut m'aider, et puis jamais il ne voudrait que je sois mal.

- Il venait la nuit dans ma chambre et il me disait de me taire...
Je dis ça en suivant la larme du regard, de sa naissance dans l'oeil de mon frère à sa chute de son menton.
Mon frère fit les gros yeux et me demanda:
- Il t'a fait quoi exactement, n'aies pas honte dis moi tout !
- C'est hchouma (honteux)
- Je suis ton frère, t'es ma petite soeur, il n'y a pas de hchouma entre nous dis moi s'il te plait, dis moi !
Une autre larme se forme et glisse sur sa joue:
- Il me faisait des bisous partout, il m'enlevait mes habits et il me donnait envie de vomir.
Je pleurais encore et encore, mon frère souffrait de me voir ainsi sans pouvoir rien faire.
- Pourquoi envie de vomir ? Il t'a fait quelque chose qui fait mal ?
Je fis "non" de la tête, tout ce que Khalid me faisait ne créait pas de souffrance physique, seulement à l'intérieur ça me détruisait un peu plus à chaque visite.
- T'es sûre ?
- Oui.
Et je lui explique l'acte le plus dégoûtant que j'avais à subir, celui qui me faisait le plus me sentir sale. Mon frère lache mon visage, il profère une insulte contre Khalid et met un grand coup dans une porte. Je le regardais s'énerver et l'insulter encore et encore.
- Pourquoi tu m'as rien dit Naïma ? Pourquoi ? Je suis pas ton frère ?
Mon frère pleurait comme un enfant, il pleurait des larmes de haine.
- Il a dit qu'il allait vous tuer et me jeter dans la forêt si je disais quelque chose.
- On verra qui tuera l'autre !!

Il se calma et nous finîmes la route jusqu'à chez mes grands-parents. Ma tante Khadija ouvrit la porte et en voyant le visage de Adil, ses yeux gonflés et les miens par la même occasion elle commença à paniquer:
- Qu'est ce qu'il se passe ? Qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce que tu fais là !? Benti Naïma ça va ?
Adil lui fit la bise et entra. Lalla eu la même réaction:
- Dis nous ce qu'il y a ? Ton père vas bien ? Tes frères ? Ils sont où ?
- Papa est chez Fatima et mes frères ils sont en France là.
- Pourquoi vous êtes ici ?
Mon frère prit sa tête entre ses mains et dit:
- Vous avez rien vu ? Vous avez pas vu que ma soeur elle souffre depuis un an ? Vous avez pas remarqué que l'autre Fatima elle la défonce ? Vous avez pas remarqué que l'autre Khalid il vient la voir la nuit pour lui faire des trucs qu'on fait même pas à une adulte ??
Lalla - Ah wili ? Benti Naïma ils t'ont fait quoi ?
Je me remet à pleurer, j'ai honte, tout le monde va être au courant maintenant.
- Dites moi il se passe quoi !

Mon frère leur explique, mon grand-père écoutait attentivement:
- On a rien vu, on voyait qu'elle était triste mais elle disait que c'est parce que vous lui manquiez. Benti excuses nous, viens.

Il me prit dans ses bras, mon refuge préféré, sa barbe qui me piquait et me rassurait, l'odeur de musc qui émanait de son kamis, tous les éléments qui me remontaient le moral était réunis en la personne de mon grand-père ♥

Mes tantes voulaient aller chez Fatima mais ma grand-mère les en empêcha:
- Rabbi kbir (Dieu est grand) c'est une épreuve pour ma fille. Kheir in cha Allah.

La maison était scotchée par l'annonce de ce qu'il se passait sous leur nez depuis plus d'un an, tout le monde culpabilisait, mes tantes pleuraient et moi j'avais un gros poids en moins, je me sentais légère à l'intérieur, le secret était enfin révélé.

Quelqu'un toqua à la porte une bonne demi-heure plus tard. c'était mon père et moui Hafida, papa avait la lèvre en sang.

EL HAMDOULILLAH ♥
14 février 2013 17:33
Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Quelqu'un toqua à la porte une bonne demi-heure plus tard. c'était mon père et moui Hafida, papa avait la lèvre en sang.
Lalla s'inquièta:
- Qu'est ce qu'il s'est passé ?
Adil - Il t'a frappé cet enflure ? (je vais utiliser ce mot pour rester polie)

Personne n'avait jamais vu moui Hafida mais avec la panique ils avaient complètement oublié de la saluer jusqu'à ce qu'elle prenne la parole:
- C'est pas fini pour lui ! On va porter plainte demain.
Mon frère avait parlé de moui Hafida en racontant l'histoire donc tout le monde savait que c'était elle. Ma tante réagit la première:
- Pardon ma soeur, viens, rentres, tu es la bienvenue !
- On est tous retournés par la nouvelle.
- J'aurais préféré te rencontrer dans d'autres circonstances, dans un moment de joie.

Puis elle salua le reste de la famille. Mon père ne voulait pas parler de ce qu'il c'était passé, sûrement pour ne pas m'inquiéter plus que ça mais il répéta:
- C'est de ma faute, c'est moi qui ai laissé ma petite fille avec eux !
Ma grand-mère tenta de le rassurer:
- On est tous coupables dans ce cas, ça se passait à quelques mètres de nous, elle venait souvent à la maison mais on a rien vu.
- Oui mais si je l'avais pas laissée ici rien ne serait arrivé.
- Écoutes wouldi c'est le mektoub (destin), Allah a décidé que ce serait comme ça pour elle, on y peut rien, li fet met (ce qui est passé est mort)
- Elle a déjà perdue sa mère, elle va grandir comment cette enfant meskina ?
- Elle va grandir droite, n'oublies pas que c'est la fille à Naïma. (En me regardant) Yek a benti (n'est-ce pas ma fille) que tu es la fille à Naïma ?

Je fit oui de la tête, oui j'étais la fille à Naïma, cette Naïma, ma mère, cette femme qui m'a donné la vie dont j'ai hérité le prénom et à qui je n'ai pas cessé de penser depuis le début de ce calvaire. Ma mère, celle que j'ai apprit à aimé tout au long de cette année, dont j'ai ressenti le manque après chaque visite de Khalid, après chaque raclée de Fatima, oui j'étais sa fille, et oui je suis fière de ma mère et je serais forte toute ma vie pour lui rendre hommage.
Mon père me prit dans ses bras et pleura:
- Tu es forte ma fille, je t'admire, tu es ma fierté !
- Papa pourquoi tu pleures ? On va rentrer en France et puis tout sera fini.
- Oui benti oui in cha Allah !

Je n'ai jamais vu mon père pleurer à part à cette période de ma vie, il s'en voulait et se sentait responsable, mais papa, c'est la volonté d'Allah, je ne pouvais pas y échapper ♥ El hamdoulillah.

Mon oncle rentrait à ce moment là, et en voyant mon père, mon frère et moui Hafida les salua en croyant que c'était une visite de courtoisie, une surprise, mais quand il vit que l'ambiance des retrouvailles habituelles n'était pas au rendez-vous il comprit qu'il se passait quelque chose.
Ma tante me conduit dans la chambre où mes cousins dormaient, ça tombe bien, je suis épuisée.

Quelques minutes plus tard j'entend la porte claquer, c'était mon oncle qui était aller régler les choses à sa façon. Je ne voulais plus y penser, je fis la chahada (attestation de foi) et remerciai Allah d'avoir empêché Khalid de tuer mon père et mes frères. Je me suis rapidement endormie après ça.

Le lendemain, mon père me réveilla:
- Naïma... Naïma... Lèves toi pour prendre ton petit-déjeuner et on a voir la police.
Je m'étirai, me frottai les yeux, j'avais du mal à me réveiller. Mon père insista et je fini par me mettre assise, puis debout et je me dirigeai vers le salon pour manger, puis je commençai petit à petit à réaliser que mon père m'avait dit qu'on allait voir la police:
- Pourquoi on va voir la police papa ?
- Pour leur dire ce que Khalid t'a fait, pour qu'il soit puni.

Alors là je n'étais pas du tout d'accord, quelqu'un extérieur à ma famille allait entendre ça ? Non c'était hors de question, je ne voulais le dire à personne !
- Nan papa, je veux pas raconter.
- Il faut le faire ma chérie, il ira en prison, n'aies pas peur.
- Je veux pas raconter papa, je veux pas !
Moui Hafida intervint:
- On sera là, tu dis tout, comme ça il va en prison et nous on rentre en France après d'accord ?
Adil - Oui on va tous venir avec toi d'accord ?

C'était si gentillement demandé et en plus par des personnes que j'aime tellement... Je voulais bien essayer, après tout, il devait être punit c'est vrai ça. J’acquiesçai et allai m'habiller pour les suivre.
n
14 février 2013 22:13
La suiiiiiiite stp stp
M
14 février 2013 23:54
La suite Plz....

Socarpediem ; C'est une histoire vraie?
15 février 2013 00:10
Alors la je suis avec mon tel, je vous en mettrais 15 autres demain plus tard dans la journee mais oui c'est une histoire vraie malheureusement ...
Aleïkoum Salem
15 février 2013 14:49
Salam,


La suite !

merci
15 février 2013 16:37
Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


C'était si gentillement demandé et en plus par des personnes que j'aime tellement... Je voulais bien essayer, après tout, il devait être punit c'est vrai ça. J’acquiesçai et allai m'habiller pour les suivre.

Avant d'aller au commissariat nous passâmes chez Fatima. Mon frère toqua à la porte, personne n'ouvrit donc il insista en mettant de grands coups dedans. Fatima apparut enfin:
- Qu'est ce que vous voulez encore ? Sbahatou Llah vous nous avez pas assez fait de mal hier ?
- Toi je te conseille de te la fermer avant que j'oublie que t'es une femme et je te pète tes dents !
- (En me regardant) T'es contente, c'est comme ça que tu me remercies ? C'est ce que tu voulais depuis le début !
Papa - Ne parle pas comme ça à ma fille, tu veux en plus qu'elle te remercie de lui avoir voler son enfance toi et ton frère ? Il est où lui ? C'est lui que je suis venu chercher !
- Laissez mon frère tranquille ou je crie ! Je vais porter plainte !
- Ça tombe bien, on compte le ramener au commissariat viens avec nous !

Mon frère la poussa, elle cria, quelques voisins ouvrirent la porte pour voir ce qu'il se passait:
- Qu'est ce qu'il se passe Fatima ?
- ILS SONT VENUS, ILS ONT FRAPPÉ MON FRÈRE, ELLE, ELLE M'A FRAPPÉE MOI, ILS VONT ME RENDRE FOLLEEEE !
Une voisine demanda à moui Hafida:
- C'est quoi votre problème ? Fatima c'est une femme bien, on va témoigner contre vous. Vous devriez avoir honte.
- Tu devrais témoigner contre toi même ! Dans la maison à côté de la tienne une petite fille vivait un cauchemar à cause de cette femme et de son frère que tu défends !

Fatima arracha le foulard qu'elle avait sur sa tête, cria de toutes ses forces, elle se tirait les cheveux et se tapait dessus. Elle me faisait peur, on aurait dit une folle, une vraie hystérique. Des femmes la retenait quand Khalid débarqua, torse nu.
- Viens là toi, tu vas nous suivre au commissariat, on va expliquer ce que tu as fait à une enfant, on va voir si tu vas encore être un homme.

Je levai les yeux, le regardai. Il avait la lèvre enflée, comme papa, le visage tuméfié, cabossé, un oeil au beurre noir, il avait saigné du nez, ça se voyait, il était également gonflé et il avait des bleus un peu partout sur le torse.
J'avais comprit à ce moment là que papa et hbibi (tonton) Khalid ne l'avaient pas raté, ils s'étaient vengé à leur façon. Oeil pour oeil, dent pour dent.

- Je vous suis pas, laissez moi tranquille. Vous êtes témoins (en regardant les voisins) ils viennent me chercher chez moi !
Moui Hafida - Tu veux que je leur dise ce que tu as fait ou alors on règle cette affaire entre nous sans scandale ?
Khalid - Toi je te parle pas espèce de traînée. Tu oses venir ici sans ton mari, avec un homme qui t'es étranger et tu parles ?

Elle s'approche de lui et lui met une grosse claque mais Adil la retint, khalid lève la main:
Adil - Touches la et tu vas avoir affaire à moi, wallah je n'attend que ça, vas y, touches la !

Khalid ne broncha pas et moui Hafida se retourna vers la foule qui s'était formée devant la porte et leur dit:
- Vous voyez cet homme ? Et bien il a violée ma fille, cette fille c'est ma fille, c'est moi qui lui ai donné le sein, et lui il la sali !
Fatima cria encore en se tapant les joues:
- ILS VEULENT SALIR NOTRE NOM !!
Une voisine s'approcha, se mit à ma hauteur et me demanda:
- C'est vrai ma fille.

J'avais honte, tant de gens qui savent, c'était trop pour moi, j'éclate en sanglots. Elle me prit dans ses bras et me dit:
- Pourquoi tu n'es pas venue toquer chez nous ? On t'aurais aidée, on habite juste à côté !
(Et à moui Hafida, papa et Adil) On a rien vu wallahila on voyait votre fille avec elle et on a rien vu !

Un homme prit Khalid par le bras:
- Tu vas suivre ces gens au commissariat et j'espère qu'ils vont te mettre en prison, et on veut plus jamais te voir dans cette rue, on a des enfants nous aussi ! Et si tu veux pas les suivre on va t'y emmener de force !
Fatima - A WILI HLA KHOYA (mon frère) C'EST TOUT CE QU'IL ME RESTE ET CETTE MENTEUSE ELLE VEUT L'EMMENER EN PRISON, A WILI A WILI A WILI, YA RABBI QUE TA JUSTICE SE FASSE SUR EUX YA RABBI.
Papa - La justice elle s'est faite, et bien sûr je divorce de toi. Ya Latif je veux pas te supporter même après ma mort ikh (onomatopée qui exprime le dégoût) !

L'homme tenait toujours Khalid par le bras et mon frère lui dit:
- On va le ramener.
- Et je veux plus te voir j'espère que t'as comprit ?

Khalid baissa la tête, lui qui croyait que ses actes pervers resteraient à jamais entre les quatre murs de ma chambre avait honte de lui, il avança sans rechigner. Les femmes l'insultaient sur son passage, les hommes le menaçaient et moi on me caressait la tête en signe de soutien. Khalid sur la route jurait qu'il n'avait rien fait:
- Wallah que je n'ai jamais rien fait à votre fille, je le jure sur Allah, Le Tout Puissant, Celui qui nous a créé, je le jure sur ce jameh (en pointant le minaret d'une mosquée du doigt), je la considérais comme ma fille. Pourquoi tu me fais ça Naïma, pourquoi ?

Il pleurait en disant ça, il avait l'air faible, moi qui le prenait pour quelqu'un de fort qui pourrait tuer toute ma famille. Il était d'un coup tout petit, sans force, amoché et me faisait presque de la peine. Je ne répondais pas, d'ailleurs à part Adil qui le menaçait de lui casser la bouche si il ne se taisait pas personne ne faisait attention à ces jérémiades.
Nous voilà au commissariat. Papa explique au policier qui nous prend en charge à notre arrivée que nous voulions porter plainte contre Khalid en le montrant du doigt.
- Et lui il a quoi ?
- C'est moi qui lui ai fait ça, il a violé ma fille !
Le policier se tourne vers moi, c'était la deuxième fois que j'entendais ce mot, "le viol". La première fois que je l'avais entendu c'était de la bouche de Kamel quand je lui avait raconter mon histoire.
- C'est vrai ça ?
Je ne pouvais pas le dire donc je commençai à pleurer comme pour confirmer sans avoir à dire "oui".
- Tu as quel âge benti ?
- 7 ans hammi (tonton)
Il regarda alors Khalid:
- Tu vas prendre cher !

Il alla dans un bureau, parla avec quelqu'un puis en sortit. Il fit signe à 2 autres policiers de le suivre dans une autre pièce et installa Khalid avec eux dedans après nous avoir invité à nous asseoir pendant l'attente. On entendait de temps en temps un policier ou Khalid crier, je m'inquiétais un peu pour lui:
- Papa ils vont pas lui faire du mal ?
- Pas plus que ce qu'il t'a fait benti ne t'inquiètes pas.

Je bouchai mes oreilles pour ne pas entendre ça quand un homme en costume vint nous voir:
- Asalamou aleikum je suis le commissaire *****
Mon père, Adil et moui Hafida se levèrent et lui serrèrent la main:
- C'est à toi que cet homme à fait du mal ?
Je hoche la tête et il nous demanda alors de le suivre dans son bureau:
- Tu dois me dire ce qu'il s'est passé en détail, combien de fois ça s'est passé d'accord ma fille ? Comme ça cet homme ira en prison.
- Mais c'est hchouma.
Papa - S'il te plaît benti, c'est pas hchouma, c'est pas de ta faute, c'est lui qui est méchant, pas toi, dis toi au commissaire comme ça on rentre vite à la maison.

Je comprend que mon père était pressé, il ratait des journées de travail pour moi ainsi que Adil, ils pouvaient se faire licencier mais à l'époque je ne tenais pas compte de ça.

- Papa je peux pas, c'est hchouma.
Le commissaire - Tu veux le raconter à une femme ?
- Non c'est hchouma.
Adil - Si tu dis tout on rentre demain, Kamel et Nacer ils t'attendent, hammi Lhousine il va te faire un gâteau au chocolat.

<< HHHUUUUMMM un gâteau au chocolat. Ça me manque >>
Vous savez au Maroc nous ne faisons pas de gâteau au chocolat à la maison, et puis le chocolat de là bas je n'aimais pas alors je me contentais de Tonic, tofita... achetés au hanoute du coin quand hnini me donnait une pièce ♥

- Un gâteau avec plein de chocolat ?
- Oui plein de chocolat !
Je pensais déjà à mon gâteau, j'en salivais. Un enfant c'est si facile à manipuler, j'aurais donné mon âme au diable pour ce gâteau je crois lol. Je décide de me lancer:
- Il venait la nuit, presque tous les jours, et [...]

Je lui raconte tout, dans les détails, avec des mots de petites filles. Les menaces, les moments où il me "consolait", où il venait pour que je le console... TOUT. Au milieu de mon récit j'éclate en sanglot, mon père prend sa tête entre ses mains, mon frère serrait ma main dans la sienne et écoutait mon histoire silencieusement, son visage se dégradait à chacun de mes mots, moui Hafida elle faisait des commentaires, le maudissait, et le commissaire m'écoutait, me posait des questions parfois pour que je reformule ce que je disais, prenais des notes...

A la fin, il me dit:
- On va faire entrer Khalid d'accord, je veux que tu dises devant lui que c'est vrai qu'il t'a violée.

Je ne me sentait pas de faire ça, de soutenir son regard, d'être confrontée à lui... Le commissaire sortit de la pièce puis revint avec Khalid qui avait les mains devant lui, il était menotté et il saignait de la bouche:
- Assieds toi là.
- Dis leur Naïma que tu mens.
- Je mens pas !
- Mais vous allez pas croire une fille de 6 ans quand même !
- J'ai 7 ans et je mens pas !
- Wallah que je ne lui ai rien fais ! Elle m'aime pas à cause de son père !
- Tu jures, c'est pas bien, tu vas aller en enfer !!

Je me suis impressionnée, je n'avais plus peur de lui, je le voyais faible, mon père était plus fort que lui, il me protégeait. Je soutenais son regard et je répondais. Moui Hafida s'interrogeait:
- Maintenant il va se passer quoi ? on doit rentrer en France nous.
- Il va aller en prison et il va ensuite être jugé. Vous pouvez rentrer, on s'occupe de tout.

Il appela le policier qui nous avait accueillit et lui dit de ramener Khalid en cellule, nous nous pouvions rentrer, mon père passa chez ses soeurs avec mon frère et moui Hafida vint avec moi chez lalla et hnini:
- Moui Hafida, c'est fini hein ? Je peux revenir à la maison ?
- Oui benti, tu vas revenir, ta place t'attends toujours, que ce soit chez moi ou chez ton père.
- J'ai fait une bêtise en disant rien ? Papa et Adil ils ont l'air pas contents.
- Ils sont en colère contre lui, pas contre toi, tu l'as dit, c'est l'essentiel, el hamdoulillah.

Le chemin se fit tranquillement, elle me rassurait. Nous arrivâmes chez mes grands-parents et là moui Hafida leur expliqua, moi j'allai jouer avec les enfants de mon âge, je redevenais une vraie petite fille, mes soucis étaient derrière moi, j'allais revenir en France, retrouver mes frères, retourner à l'école avec Nacer, j'allais voir mon père tous les jours, le cauchemar est fini, je me réveille dans un monde où tout va mieux, où tout est arrangé.

Je m'appelle Naïma, je suis une petite fille de 7 ans qui a vécu des choses horribles, et malgré tout je dis el hamdoulillah, je remercie Dieu car sans lui, sans la foi je n'aurais sûrement pas été si forte, si patiente, je remercie également lalla Hadda et hnini qui m'ont apprit à avoir la foi, a croire en Dieu, a garder confiance en l'avenir et à voir le bien que cache tout mal.

Cette épreuve est venu au moment adéquat, en islam un enfant doit prier à 7 ans, quand c'est arrivé j'étais dans les temps, je me suis retourné vers Dieu, j'ai gouté à la douceur de la foi au bon moment alors el hamdoulillah, je remercie le Créateur de m'avoir guider vers Lui, j'ai fait un pas vers Lui, il en a fait dix vers moi ♥

EL HAMDOULILLAH ♥
Emission spécial MRE
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