Les forces navales de l'OTAN échangent des tirs avec des bateaux kadhafistes
Des navires britannique, canadien et français patrouillant au large de la Libye ont répliqué à des tirs d'embarcations rapides des forces kadhafistes quelques heures après la prise de l'aéroport de Misrata par les insurgés, avait indiqué jeudi l'OTAN. La frégate canadienne Charlottetown et le destroyer britannique Liverpool, tous deux sous commandement de l'OTAN, ainsi qu'un bâtiment français sous commandement national, ont essuyé des tirs de plusieurs embarcations rapides, au moment où les insurgés célébraient la prise de la ville portuaire, située à environ 200 km à l'ouest de Tripoli.
NOUVELLES FRAPPES À TRIPOLI
Dopés par leur succès à l'aéroport de Misrata, les rebelles s'apprêtaient, vendredi, à marcher sur Zliten (50 km à l'ouest de Misrata), où les forces gouvernementales se sont regroupées. Selon Salah Badi, responsable de l'offensive rebelle dans la zone de l'aéroport, les insurgés, qui ont déjà progressé d'environ 20 km vers Zliten, vont désormais concentrer leurs efforts sur ce front, le long de la route côtière menant à Tripoli.
Un navire transportant des blessés arrive à Benghazi, le 12 mai.
Un navire transportant des blessés arrive à Benghazi, le 12 mai. AFP/SAEED KHAN
De fortes explosions ont été entendues vendredi dans la banlieue de Tripoli. En milieu de journée, une explosion aurait eu lieu à Tajoura, dans la banlieue est de la capitale, a expliqué un témoin, suivi dans la soirées de deux autres, toujours à l'est de Tripoli, que des avions survolaient. Les témoins ont fait état de volutes de fumée se dégageant des sites visés. Jeudi matin, des frappes aériennes avaient touché le complexe résidentiel du colonel Kadhafi dans la zone de Bab al-Aziziya, faisant trois morts – deux journalistes et leur guide – et 27 blessés, selon un porte-parole du gouvernement.
L'OTAN s'est en revanche défendue d'avoir ciblé l'ambassade de Corée du Nord, qui pourrait avoir été touchée lors du raid ayant visé dans la nuit un centre de "commandement dans le centre de Tripoli, utilisé pour coordonner les attaques contre les populations civiles".
Dans l'Est, au moins trois roquettes sont tombées jeudi sur Ajdabiya, carrefour stratégique aux mains des rebelles à 160 km au sud-ouest de Benghazi, sans faire de victime. Dans cette zone un temps très disputée, des combats sporadiques se poursuivent et la ligne de front se déplace régulièrement entre Ajdabiya et le site pétrolier de Brega, tenu par les kadhafistes 80 km plus à l'ouest.
La confusion règne, par contre, autour d'une supposée frappe de l'OTAN à Brega, qui aurait fait 16 morts parmi les civils dans la nuit de jeudi à vendredi, selon les télévisions d'Etat.
LE CNT CHERCHE À ÊTRE RECONNU
Le chef de la diplomatie de la rébellion, Mahmoud Jibril – qui devait être reçu vendredi à la Maison Blanche – a souhaité, jeudi, que les Etats-Unis reconnaissent officiellement les rebelles. M. Jibril a pronostiqué une chute du régime du colonel Kadhafi "dans les quelques semaines à venir" et demandé l'aide des Etats-Unis pour aider financièrement les insurgés.
Le porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner, a souligné que Washington était conscient de "l'urgence" d'aider financièrement les rebelles. Les Etats-Unis vont puiser dans les fonds libyens bloqués sur leur territoire pour "aider le peuple" libyen, a annoncé la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Les opérations militaires en Libye entraînent un coût d'environ 750 millions de dollars pour les Etats-Unis, a indiqué jeudi le secrétaire à la défense, Robert Gates.
Cette dépense sera financée sur le budget de la défense et ne nécessitera pas de rallonge du Congrès, a-t-il ajouté. Le ministre n'a pas précisé s'il s'agissait du coût depuis le début des opérations, le 19 mars. [www.lemonde.fr]