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Les Lords défendent la liberté contre la loi Blair sur le terrorisme
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15 mars 2005 02:24
source:[www.courrierinternational.com]




Le Premier ministre britannique ne parvient pas à faire voter sa loi antiterroriste par la Chambre des lords, qui s'inquiète de ce que ce texte met en danger les libertés et les droits fondamentaux des citoyens. Cette crise s'inscrit dans le débat international sur la réponse à apporter au terrorisme.



Tony Blair

"La réponse au terrorisme est-elle de mettre à mal les libertés fondamentales ?" s’interroge The Economist. Dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001, George W. Bush et Tony Blair n’ont eu aucun mal à faire adopter des lois très sévères et restrictives au plan des droits individuels et de la liberté des citoyens. Trois ans après, les choses se révèlent beaucoup plus difficiles pour le Premier ministre britannique, qui a beaucoup de mal à faire adopter sa nouvelle loi antiterroriste.

"Les députés et les lords se sont livrés bataille jusque tard dans la nuit du 10 au 11 mars 2005 pour décider de la future politique antiterroriste du pays", rapporte The Guardian. "La majorité travailliste du Parlement britannique refuse les amendements demandés par la Chambre des lords", précise le quotidien britannique. Les lords réclament notamment une "sunset clause", qui limiterait la durée de la loi à huit mois. Les lords, membres non élus de la Chambre britannique, s’opposent à ce nouveau texte qui permettrait d’assigner à résidence des détenus, britanniques ou étrangers, sans passer par un procès, de restreindre leurs libertés de mouvement, de perquisitionner leur domicile à toute heure et de limiter leur utilisation du téléphone et d’Internet.


Les deux Chambres continuent, vendredi 11 mars 2005, de se renvoyer le projet sans pouvoir émettre un vote définitif. Devant cette impasse, le gouvernement Blair s’est vu dans l’obligation de libérer les onze détenus qu’il retient depuis trois ans sans procès dans la prison de Belmarsh. Par décision de justice, le gouvernement était tenu de les libérer avant le 13 mars 2005.

Pour The Guardian, "les conditions posées par le gouvernement pour la libération de ces onze personnes laissent présager de ce que seront les conditions de vie des détenus arrêtés sous la nouvelle loi". Le journal fait le détail de la liberté conditionnelle des suspects. Entre autres, "ils porteront un bracelet électronique, seront confinés chez eux de 5 heures du soir à 7 heures du matin et ne pourront sortir que sur autorisation spéciale du ministère de l’Intérieur. Ils ont également l’interdiction de rencontrer qui que ce soit ou d’inviter des gens chez eux sans en informer le ministère." Or ces personnes ne sont pas des coupables, jugés et condamnés. Elles sont encore à ce jour des suspects.

Pour l'instant, "la seule concession du gouvernement à la Chambre des lords a été d’accepter que les accusés puissent avoir connaissance de davantage des éléments retenus contre eux et que l'accusation ne puisse pas utiliser des aveux obtenus par la torture", précise The Guardian. Pourtant, dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères, Jack Straw, déclarait au comité de parlementaires enquêtant sur l'utilisation de la torture que "le Royaume-Uni ne peut pas ignorer les preuves obtenues par ce moyen." Straw, rapporte The Independent, a également dit que, si "la torture est complètement inacceptable, le pays ne peut pas ignorer les renseignements obtenus par ce biais par les Américains, surtout si la vie de 3 000 personnes est en jeu".

De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a accusé les Etats-Unis et le Royaume-Uni "d'affaiblir les droits de l'homme au nom de la guerre contre le terrorisme". "Les compromis avec les droits de l'homme ne peuvent pas servir la lutte contre le terrorisme", a estimé Kofi Annan lors de la conférence sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité qui se tient actuellement à Madrid – au moment de la commémoration des attentats du 11 mars 2004 – et dont l'objet est justement d'élaborer des propositions sur "Comment lutter contre le terrorisme dans le cadre de l’Etat de droit".

"Bush et Blair sont dans une situation délicate", commente The Economist. "Leurs mesures antiterroristes sont largement remises en cause par les juges, les parlementaires et les militants des droits de l’homme. Dans le même temps, il savent que l’opinion publique sera sans pitié si une nouvelle attaque terroriste d’envergure se produit", résume l’hebdomadaire britannique. "Quoi qu’il en soit, des lois antiterroristes sévères ne signifient pas la fin du terrorisme. Elles risquent même de faire plus de mal que de bien. Les longues détentions sans procès de Guantanamo ou de Belmarsh risquent en effet de servir de sergents recruteurs pour les groupes terroristes que les lois sont censées combattre."
 
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