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Libye :: Le peuple libyen doit décider seul de son avenir
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8 mars 2011 11:52
Salam

Libye :: Le peuple libyen doit décider seul de son avenir


En appelant leurs milices à une violence brutale contre le peuple libyen, Mouammar Kadhafi et ses fils se cramponnent à un pouvoir qu’ils n’ont plus. Mais le peuple libyen n’a pas encore gagné la partie. Les États-Unis et l’OTAN cherchent à lui voler sa révolution. Réponses à trois questions clés.

Comment expliquer cette révolte ?

Les soulèvements en Tunisie et en Égypte ont encouragé le peuple libyen à exprimer un mécontentement profond qu’il contenait depuis très longtemps.

Sa révolte se déroule d’abord sur fond de crise économique et financière mondiale. Dès le début des années 2000, le régime Kadhafi a ouvert l’économie aux banques et sociétés étrangères, il a été dans le sens des « ajustements structurels » émanant du FMI, privatisant ainsi de nombreuses entreprises d’État et réduisant fortement les subsides de l’État à l’alimentation et au carburant. Le taux de chômage atteint, selon le gouvernement libyen lui-même, 21 % en moyenne. Il est le plus haut des cinq pays du Maghreb. Dans certaines villes comme Benghazi, la deuxième du pays, plus de 30 % des gens n’ont pas d’emploi. Comme en Tunisie ou en Égypte, des dizaines de milliers de jeunes ont un ou deux diplômes en poche, mais toujours pas de travail. Les jeunes manquent de perspective d’avenir. Ils dénoncent l’injustice, car une petite couche fortunée continue à s’enrichir grâce, entre autres, à la corruption instaurée par les Kadhafi et des proches du régime.

Cette révolte s’oppose aussi au régime dictatorial en Libye. Arrivé au sommet, le colonel Kadhafi a dans les faits concentré tous les pouvoirs et s’est nommé « Guide de la Nation » à vie. Son «livre vert» parle du pouvoir des masses. Mais la réalité est tout le contraire. Les gens dénoncent l’absence totale de démocratie réelle, du droit à la parole, à la réunion, à l’organisation (aucune n’est tolérée), de liberté de la presse. La police secrète est partout, la répression est violente et arbitraire, les gens vivent constamment dans la peur. Le système ne permet pas aux gens de se choisir d’autres dirigeants.

Quand, pendant plus de quarante ans, les gens ne peuvent s’exprimer sans courir le risque de l’emprisonnement et de la torture, une explosion populaire est inévitable. Un soulèvement populaire qui est soutenu par les populations et les forces progressistes d’Égypte, de Tunisie et des autres pays arabes.
Quelle est la nature du soutien des États-Unis et de l’Europe ?

Le soutien des États-Unis et l’Union européenne est d’une tout autre nature. Ils prétendent applaudir les aspirations à la démocratie et à la liberté des manifestants en Libye et dans d’autres pays arabes. Vraiment ? Les États-Unis et l’Europe ont soutenu, financé et armé toutes les dictatures contre lesquelles se révoltent les masses arabes. Aujourd’hui, l’armée de Kadhafi s’en prend à la population libyenne avec des hélicoptères « Apaches » des États-Unis, avec des fusils FN livrés par la Belgique, avec des armes françaises, italiennes, allemandes…

Les États-Unis s’indignent de la répression contre la population libyenne. Sincèrement ? On peut en douter, quand on sait que l’administration d’Obama vient d’opposer son veto à un projet de Résolution au Conseil des Nations Unies qui condamnait la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés. Washington continue donc à miser sur Israël pour l’aider à dominer la région.

Depuis 2003, Washington et ses partenaires occidentaux avaient trouvé un « modus vivendi », une certaine entente, avec le régime de Kadhafi. Les grandes sociétés pétrolières occidentales telles que ENI, BP, Shell, Exxon et autres participaient à nouveau directement à l’exploitation de l’or noir libyen. L’ouverture d’une grande partie de l’économie libyenne aux investisseurs étrangers permettait à l’Occident de la contrôler dans une certaine mesure.

Évidemment, ils préféreraient contrôler totalement les immenses réserves de pétrole de la Libye, la neuvième plus grande au monde, ce qui expliquent leur attitude peu désintéressée dans le dossier libyen et les appels aux interventions.
Faut-il une intervention étrangère ?

Des voix s’élèvent dans les milieux proches de l’OTAN pour intervenir militairement en Libye. Obama et ses alliés de l’OTAN pourraient prendre prétexte des attaques violentes contre la population civile en Libye pour décider d’une intervention « humanitaire ». Peut-on croire ce motif humanitaire ? Il n’a pas été question d’intervention américaine pour aider le peuple palestinien de Gaza quand des milliers de personnes ont perdu la vie suite aux bombardements et à l’agression par Israël en 2009. Ce fut même exactement le contraire.

La réalité est que les États-Unis et l’Europe veulent reprendre le contrôle d’une situation qui leur échappe. La révolte en Libye, comme les révolutions en Tunisie et en Égypte, les a surpris. Ils croyaient le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord suffisamment « stabilisés » pour pouvoir déplacer leur attention vers leur défi prioritaire : l’Asie du Sud et de l’Est, et la Chine en particulier. Mais leurs calculs se sont révélés faux. Les soulèvements des peuples arabes bousculent leurs plans, qu’ils doivent d’urgence modifier. Ils ne veulent pas voir dans de nombreux pays arabes l’émergence de gouvernements qui pourraient vouloir mener une politique indépendante qui ferait « perdre » le contrôle occidental sur les ressources les plus indispensables : les richesses énergétiques.

Certains stratèges, encouragés par certaines figures qui se réclament de l’opposition libyenne (mais qui résident depuis longtemps à Londres ou à Washington), plaident ainsi pour une intervention militaire et utiliser ainsi la Libye pour reprendre pied dans la région. D’autres stratèges craignent de s’embourber jusqu’au cou comme en Irak et en Afghanistan et d’avoir encore plus d’ennemis dans la région au final.

Car, en Libye, ceux qui luttent pensent tout autrement. Des journalistes sur place rapportent de Benghazi, la deuxième ville du pays qui est aux mains des insurgés, que « tout le monde s’oppose fermement à une intervention étrangère. » Y compris le Conseil provisoire qui s’est formé dans la ville sous la présidence de l’ex-ministre de la Justice, passé tout récemment dans l’opposition.

La population n’est pas dupe. Les quartiers généraux occidentaux ne cherchent qu’à sauver leurs propres intérêts et à maintenir le contrôle sur les richesses pétrolières et gazifières. Comme c’était l’enjeu pour eux lors de la guerre contre l’Irak. Tout comme en Tunisie ou en Égypte, le soulèvement libyen forme d’innombrables jeunes dans un esprit démocratique conséquent. Les manifestants libyens s’inspirent des révolutions en Tunisie et en Égypte qui prouvent que le peuple est capable d’arracher des victoires et de conquérir son avenir en s’appuyant sur ses propres forces. Le peuple libyen ne voudra pas que les puissances occidentales leur volent leur révolution.

C’est pourquoi nous appelons tous les progressistes à s’opposer de toutes ses forces à toute intervention étrangère, quel qu’en soit le prétexte. C’est au peuple libyen de décider de son sort.
Source : ==> http://www.ptb.be/weekblad/artikel/libye-le-peuple-libyen-doit-decider-seul-de-son-avenir.html
 
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