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Lettre à un jeune Maghrébin
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19 novembre 2006 20:07
Lettre à un jeune Maghrébin
Par Philippe MERIEU
QUOTIDIEN : jeudi 16 novembre 2006
Philippe Meirieu professeur à l'université Lumière- Lyon-II.

Il souffle sur la France un vent mauvais. Assez pour que je tente de vous écrire personnellement, même si je sais que vous ne vous reconnaîtrez pas facilement comme le destinataire de cette missive. J'imagine, d'ailleurs, la tête de mes propres enfants si, alors qu'ils ont grandi dans la région lyonnaise, quelqu'un les désignait sous le vocable de «jeunes Cévenols» ! Mais, même si je m'adressais à vous comme à «un des adolescents et jeunes adultes dont les parents sont originaires des anciens territoires français d'Afrique du Nord», je ne lèverais pas l'ambiguïté. Certains de ceux-là, en effet, sont parfaitement intégrés, alors que d'autres revendiquent leur marginalité et que quelques-uns se considèrent comme des ennemis de l'intérieur. L'opinion publique, elle, ne fait pas de détail et désigne sous l'expression générique de «jeunes Maghrébins» des enfants issus aussi bien du Maghreb que d'Afrique noire, de Turquie ou du Moyen-Orient. Et, dans un amalgame invraisemblable ­ au nom d'une conception bien-pensante de la laïcité et de l'ordre public ­, fait d'eux les boucs émissaires de tous nos maux...
C'est qu'en réalité le «jeune Maghrébin» est devenu un mythe : lascar en survêtement, casquette sur la tête, injure à la bouche, couteau dans la poche, violent et machiste, brutalisant tous ceux qui ne se soumettent pas aux oukases des imams, il incarne le nouveau barbare... y compris pour ceux et celles qui n'en rencontrent jamais le moindre spécimen. Au journal télévisé, où l'on est toujours très politiquement correct, on ne parle jamais, bien évidemment, de «jeune Maghrébin», mais on esquive votre nom de manière si convenue que votre image, présente et absente à la fois, hante les esprits.
Vous faites peur et rien n'est pire que cette peur. Elle justifie les propositions politiques les plus extravagantes sur lesquelles beaucoup de nos compatriotes perdent tout esprit critique : étiquetage précoce des enfants qu'on condamne ainsi à devenir ce qu'on voudrait éviter ; sanction des parents les plus fragiles au prétexte qu'ils seraient démissionnaires ; punition réduite à l'emprisonnement criminogène ; confusion entre fermeté envers les coupables et humiliation des vaincus ; glissement subreptice des règles nécessaires au fonctionnement des institutions de la République à la totémisation des bonnes manières qui font «le charme discret de la bourgeoisie»... Et je crains que ce ne soit qu'un début !
Mais la décision vous appartient. C'est vous qui, pour une large part, allez faire le résultat des prochaines élections. On vous a parfois laissé croire que vous ne comptiez pour rien. Je crois que vous avez, plus que jamais, votre destin entre vos mains. Que quelques-uns d'entre vous s'enferrent dans une surenchère de provocations, que les banlieues s'enflamment, même fugacement, que des services publics soient à nouveau pris pour cibles, et nous verrons triompher une terrible politique de ségrégation. Certes, il restera peut-être quelques attentions charitables à votre égard ­ rebaptisées «discrimination positive» ­, mais qui n'auront d'autre effet que d'entretenir la concurrence entre les exclus. Notre pays tournera le dos à la véritable solidarité, qui, en donnant enfin plus et mieux à ceux qui ont moins, peut seule nous sortir de la crise et de la désespérance.
J'entends bien vos réactions : «Il fallait vous préoccuper plus tôt de notre sort, ne pas nous parquer, nous faire réussir dans vos écoles, nous permettre d'accéder à un emploi, de croire à votre idéal républicain. Tout cela vous aurait épargné, en même temps, la délinquance et l'intégrisme.» Je le crois, en effet. Mais le résultat est là, et je crains qu'il soit assez stérile et dangereux pour vous de continuer à vous poser systématiquement en victime. C'est que les Français, sans doute pour expier leur passé judéo-chrétien, entretiennent aujourd'hui une véritable aversion pour les victimes : ils considèrent leur existence même comme un reproche insupportable... Et d'ailleurs ils transforment systématiquement les victimes en coupables : on ne lutte plus contre l'échec scolaire, mais contre les élèves en échec ; l'ennemi, ce n'est plus le chômage, ce sont les chômeurs ; on ne combat plus l'obésité, on stigmatise les obèses ! Craignez de faire les frais de ce renversement !
Malgré les ricanements, je crois en effet que vous faites partie des victimes de notre système de développement sélectif. Mais je vous veux, en même temps, responsable. Je suis convaincu qu'il faut lutter d'arrache-pied contre toutes les injustices qui vous poussent parfois dans des comportements de desperados. Mais il faut, en même temps, interpeller vigoureusement votre liberté. Ce qui est, finalement, la seule manière de la faire advenir. Vous avez le pouvoir : exercez-le.
Vous avez le pouvoir, par exemple, de bousculer les archétypes en ne considérant plus les garçons qui travaillent à l'école comme des lopettes. Vous avez le pouvoir de résister au mimétisme des petits caïds qui veulent vous tenir sous leur emprise. Vous avez le pouvoir de montrer que vous êtes massivement capables de vous engager durablement dans des initiatives constructives. Vous avez le pouvoir d'arrêter ce mouvement d'ethnicisation des problèmes sociaux qui gangrène dangereusement la République.
Je ne vous demande pas, pour autant, de renier quoi que ce soit de vos attachements : la culture arabo-musulmane a porté de grands mouvements d'émancipation ­ les Syriennes ont voté avant les Françaises ­ et ses oeuvres sont immenses. Son passé prestigieux, en particulier lors de la «renaissance» du XIXe siècle, la Nahda, a montré que l'islam n'était ni incompatible avec la modernité, ni réfractaire à la démocratie, ni hostile au dialogue avec l'Occident. Il existe, au Maghreb et ailleurs, des Arabes ­ mais aussi des Berbères, des Kurdes, des Turcs... ­ laïques et démocrates. Je sais qu'il est de bon ton, dans l'intelligentsia française, de ne pas y croire. Mais il ne tient qu'à vous de montrer que vous n'êtes prisonnier d'aucune configuration génétique, familiale, culturelle, sociale ou géopolitique. Arrêtez de faire le jeu de vos adversaires en invoquant la fatalité : vous devez apprendre à vivre en paix dans une société où la parole pourra peut-être, un jour, l'emporter sur la violence.
N'écoutez pas ceux qui me traiteront de «belle âme» et moqueront mon «angélisme». Ce sont les mêmes qui vous condamnent à l'échec. D'autres, autour de vous, croient encore à l'éducation : parmi vos parents, vos éducateurs, vos professeurs, mais aussi dans la police et la justice, chez les élus et tous les citoyens... Je leur confie cette missive pour vous. Je sais que vous commencerez par hausser les épaules et vous réfugier dans votre carapace. Mais je suis convaincu aussi que, si nous faisons alliance avec vous pour le meilleur ­ et pas pour le pire ­, vous êtes en mesure de nous aider à faire face à nos tentations de repli mortifère. Nous avons besoin de vous

source: [www.liberation.fr]
M
20 novembre 2006 13:31
"SOULAGER8 VOUS DANS LES URNES".

dernier album de Bernie Mon VOISIN, le chanteur des TRUST.

moi je compte sur les dernieres géneration de parents qui n'ont pas l'excuse, ou la malchance d'ête analphabete pour assurer leur part de responsabilité dans l'affaire, pour changer l'image du misereux qui brule la voiture de son voisin misereux.

"c'est pas moi c'est l'autre", dit l'autre.
C
20 novembre 2006 13:59
Trust?ca existe encore ça?
M
20 novembre 2006 23:12
Citation
Casasurseine a écrit:
Trust?ca existe encore ça?

je crois pas non plus, au fait je connais tres peu le groupe mais le chanteur sort son album solo en ce moment, je l'ai entendu s'exprimer sur l'actualité politique nationale et internationale et je peut te dire que c'est pas un faut c-ul. il connait l'origine des problemes et les magouilles des donneurs de leçons de morale comme bush concernant le nuclaire iranien et dont le pays est le seul dans l'histoire a avoir utilisé deux fois cette arme.
mais revenons a nous moutons. sa musique parle aussi de la bonlieu d'ou le titre de l'album.
 
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