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L'islam à Taiwan
d
21 janvier 2007 01:41
salam aleykoum

Religion minoritaire souffrant actuellement d’un problème d’image, l’islam ne suscite à Taiwan que peu d’intérêt. Pourtant, les femmes qui l’embrassent parlent de leur nouvelle foi comme d’une libération

Prière à la Grande Mosquée
de Taipei. Les femmes au
balcon, les hommes en bas.

«Pourquoi ne mangent-ils pas de porc ? Pourquoi les femmes doivent-elles se couvrir la tête ? Pourquoi, si un homme a le droit de prendre quatre épouses, une femme n’aurait-elle pas le droit d’avoir quatre maris ? » C’est pour trouver des réponses à ces questions que Huda s’est présentée à la Grande Mosquée de Taipei. Après une initiation à l’islam de 6 semaines, la jeune femme avait obtenu les réponses qu’elle cherchait et décidait de se convertir. « Quand j’ai entendu parler de cette initiation, je me suis dit que c’était le moment d’apprendre quelque chose. J’ai découvert comment vivre ma vie selon les préceptes du Coran et maintenant, je me sens apaisée », explique-t-elle.

Lorsqu’ils couvrent l’actualité en Afghanistan et au Moyen-Orient, les médias racontent fréquemment des histoires d’attaques suicides et de décapitations. Pourtant, le nombre des visiteurs venant à la Mosquée pour en savoir plus sur l’islam est en augmentation, a remarqué Ma Shiao-chi, imam de la Mosquée de Taipei. « La presse se focalise sur les points négatifs. Les actualités sont à 90% des mauvaises nouvelles. Les gens entendent parler de décapitation et en déduisent que l’islam est une religion du Mal, parce qu’ils n’en savent pas grand-chose. D’autres veulent aller plus loin. »

La plupart des curieux sont en fait des curieuses. Qu’elles soient nées dans une famille musulmane non pratiquante, qu’elles se soient converties en épousant un musulman ou, comme Huda, qu’elles soient simplement désireuses de mieux connaître l’islam, elles veulent toutes comprendre le rôle de la femme dans cette religion.

« Elles n’ont parfois aucune intention de se convertir, souligne Ma Shiao-chi, mais au moins, elles prennent le temps de dépasser les stéréotypes. »

Certaines, pourtant, comme Sana, sautent le pas. Adolescente, Sana était en quête de spiritualité. Elle s’était intéressée à diverses religions, avait visité plusieurs temples. Mais c’est l’islam qui l’a séduite. « Beaucoup d’éléments me poussaient vers l’islam, j’étais faite pour cette religion. D’ailleurs, quand j’étais petite, je n’aimais pas le porc », se rappelle-t-elle. Après 8 ans passés au Pakistan avec son mari et ses enfants, elle est maintenant de retour à Taiwan et sent qu’il lui faut s’habituer à faire partie d’une minorité religieuse.

Les études qui ont été réalisées sur les pratiques religieuses de l’île montrent que la majorité des Taiwanais se considèrent taoïstes, bouddhistes ou confucianistes – le plus souvent, ils pratiquent un mélange des trois. Les chrétiens sont environ un million. Quant aux musulmans, on estime leur nombre à 130 000, dont un tiers serait de sang chinois, les autres étant en majorité des ouvriers indonésiens en séjour de deux ans dans l’île.

« Je suis à la fois Taiwanaise et musulmane, je respecte les deux cultures », revendique Sana. Prenant l’exemple de son foulard blanc, une couleur associée à la mort dans la culture chinoise, elle précise que « si cela devait rendre quelqu’un triste, je l’enlèverais ».

Pour Sana et Huda, porter le foulard est un honneur et un moyen d’affirmer leur foi. Elles admettent toutefois que le foulard attire les regards, ce qui va à l’encontre de son objectif premier qui est la modestie. Cela fait partie des choses avec lesquelles il faut apprendre à composer lorsqu’on vit dans une société non musulmane.

Ainsi, le directeur de la société de commerce international dans laquelle travaille Huda lui avait, tout au début, demandé de ne pas porter son hidjab au bureau, dans la crainte d’indisposer les clients. « Mais finalement, mon patron et mes collègues ont accepté que je porte mon foulard. Avec le temps, ils ont compris que la religion était importante pour moi », ajoute-t-elle.

Malgré ses critiques contre les médias qui donnent une mauvaise image de l’islam, Ma Shiao-chi reconnaît que les musulmans de Taiwan sont épargnés par la discrimination. Une des raisons à cette tolérance serait, selon lui, la petite taille de la communauté. « Nous sommes si peu nombreux que nous ne représentons pas une menace. »

Dans leur majorité, les pratiquants d’origine chinoise sont issus de familles musulmanes venues à Taiwan avec le Kuomintang, en 1949. [NDLR : Il existait déjà dans l’île une petite communauté musulmane de tradition ancienne dont la présence remonte au XVIIe s.] Mais leurs enfants, représentants de la deuxième ou de la troisième génération, ne pratiquent plus guère. « La plupart des musulmans taiwanais sont nés musulmans, mais les cinq prières quotidiennes ne sont pas toujours respectées et certains mangent du porc, note Ma Shiao-chi. Adhérer à l’islam, c’est adopter un certain style de vie. Si on ne respecte pas les cinq piliers de l’islam [NDLR : proclamer qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que Mahomet est son prophète, effectuer les cinq prières quotidiennes, respecter le jeûne du ramadan, pratiquer l’aumône et faire le pèlerinage de la Mecque], on s’éloigne facilement de la religion. »

Cours
d’initiation
à l’islam.

Nadia est née dans une famille musulmane non pratiquante. A l’instar de sa sœur, elle s’est rapprochée de sa religion pendant ses études universitaires et a commencé à observer les préceptes de l’islam à l’âge adulte, voilant finalement son corps pour ne laisser émerger que son visage et ses mains. « Le fait de me couvrir n’était apparemment qu’un changement d’apparence extérieure, mais cela m’a donné une grande force intérieure. Je me sens beaucoup plus sûre de moi », commente-t-elle.

A côté de ces musulmanes qui redécouvrent leur foi, la plupart des femmes qui se convertissent à l’islam le font par le biais du mariage. Ce fut le cas l’année dernière pour douze des vingt conversions féminines auxquelles a assisté Ma Shiao-chi. Le Coran spécifie qu’un musulman peut épouser une femme appartenant à l’une des trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme ou islam) mais pas à une religion polythéiste comme le bouddhisme, le taoïsme ou l’hindouisme.

C’est ainsi qu’Aisha a découvert l’islam il y a vingt ans. « Je suis devenue musulmane pour me marier. Reconnaître qu’il n’y a qu’un seul Dieu et ne pas manger de porc, cela ne me posait pas de problème. Mais porter le hidjab, ça m’était impossible », déclare-t-elle. Après dix ans de mariage, elle commença à lire le Coran et à suivre des cours de religion. Elle se mit également à porter le foulard. « Je pense que cela a amélioré notre relation de couple, explique-t-elle. Maintenant, je partage les points de vue de mon mari et nous communiquons beaucoup mieux. »

Toutes ces femmes affirment que l’islam accorde une grande place au respect et à l’égalité de la femme. Un des grands débats concerne néanmoins la possibilité théorique pour les musulmans de prendre quatre épouses. Sana reconnaît qu’il lui serait difficile de partager son mari avec une autre femme mais fait remarquer que la polygamie n’est pas exclusive à l’islam… « Mon père avait trois épouses [NDLR : une épouse et deux « petites épouses » – deux maîtresses]. Ce n’était pas légal. Cette situation nous a beaucoup affectées, ma mère et moi. D’autant plus qu’il n’était pas équitable avec ses enfants. » Sana explique que « même si j’acceptais que mon mari prenne une “ seconde épouse ” [NDLR : il ne pourrait s’agir que d’une liaison hors mariage, le droit taiwanais interdisant la polygamie], je conserverais mes droits et mes biens. Et mon époux devrait continuer de subvenir à mes besoins et à ceux de nos enfants. »

Ma Shiao-chi rappelle que le Coran autorise l’homme à prendre jusqu’à quatre épouses, mais sous certaines conditions très strictes qui rendent cette situation pratiquement impossible. En effet, il faut que la première épouse donne son accord et que toutes les épouses et leurs enfants soient traités de manière égale, que ce soit financièrement ou dans l’intimité.

« Je ne pense pas qu’un homme, musulman ou pas, soit capable de prendre soin de quatre femmes à la fois », précise Sana. Que pense-t-elle de l’inverse, une femme qui aurait quatre époux ? « Oh là là, trop d’enfants ! » éclate-t-elle de rire.

[almouminoun.free.fr]
s
22 janvier 2007 11:17
Merci pour l'article, très intéressant

smiling smiley
B
24 janvier 2007 23:59
Salam aalikoum


j'aime bcp ce genre d'article smiling smiley
[b]Plus rien ne m'étonne[/b]
 
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