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L'Islam détermine la tolérance et l'intolérance! pas le contraire!
F
14 mars 2004 11:54
Bismillah

As-Salamou 'alaikoum

Certains musulmans aiment dire que l'Islam est une religion de tolérance!

Bien en fait...la seule tolérance qui est valable...c'est de tolérer ce qui est toléré par l'Islam!

La tolérance n'est pas transcendante...!

áÇ íÈáÛ ÇáÚÏæ ãä ÌÇåá ãÇ íÈáÛ ÇáÌÇåá ãä äÝÓå
n
14 mars 2004 11:58
l'islam insiste surtout sur le respect!

Tu n'es pas chez toi, tu es au Canada, donc:

tu n'as pas à discuter ni les lois , ni les traditions!

l'islam c'est le respect d'autrui, sa vie, ses bien et sa façon d'etre d'autant plus qu'il t'offre l'asile!

arrette de dire n'importe quoi!
F
14 mars 2004 12:02
Bismillah

As-Salamou 'alaikoum

Je ne crois pas au lois canadiennes qui sont contraires a l'Islam! Ni a celles du Maroc d'ailleurs!

Cesse de te prendre pour la reine du Maroc et d'angleterre! smiling smiley

áÇ íÈáÛ ÇáÚÏæ ãä ÌÇåá ãÇ íÈáÛ ÇáÌÇåá ãä äÝÓå
n
14 mars 2004 12:12
par contre tu crois à la masscarade historique des talibans !! smiling smiley

la relité c'est que Dieu est pour tous!

je me souviens des dires d'une aphgane qui a fait des études , et qui travaillait mais les talibans l'ont chassé de son poste et l'ont condamné à la mendicité!

elle a dit : ils nous fouttaient les heures de priere et nous obligeait à entrer dans les mosqués ,là, nous priions tous pour que Allah nous sauve de cette injustice, pour q'Allah vienne à la rescousse et nous debarrasse de ces bourreaux!

la priere ne s'est pas fait attendre!

inna allah karib , moujib ada3aouat!

la ikraha fi addine!
F
14 mars 2004 12:28
Bismillah

As-Salamou 'alaikoum

Comme il est facile de déformer la vérité!

Comme le témoignage des femmes du coin de la rue est véridique!

Si tu vas demander a la serveuse du bar du coin ce qu'elle pense... peut être que ca mérite d'est mis comme article dans le journal le Monde!

Pour les jouranlistes occidentaux...les témoignages des gens de la rue sont des rapports très fiable!

Ils n'ont pas d'ambitions, ils ne mentent pas...ils ne trichent pas...ils sont tous des gens honnêtes....surtout les pauvres femmes!

Comme si être une femme les rendais saintes et sans fautes!

Ne savent-ils pas que beaucoup de ces gens de rues sont illéttres et ne connaissent rien à la religion ni à la politique!

Pour les ennemis de l'Islam, se raser la barbe et regarder les femmes enlever leur vêtements est la vrai vie!

C'est étrange qu'ils donnent seulement la parole aux femmes qui sont contre la loi divine! N'est-ce pas?

C'est tout a fait normal, ils ne vont pas laisser une musulmane éduquer qui défend le Burqa' parler! Qu'est-ce que les gens vont penser!!!!

C'est ca la liberté, la démos cratos et les autres conneries des laiques!

Appliquer vos valeurs au moins! C'est pas nos valeurs...c'est vos valeurs!

Laisser les croyants musulmans établir la loi de l'Islam dans les pays de l'islam et vous ferez voos lois dans votre pays!

Les musulmans ne sont pas obliger de croire en vos valeurs!

áÇ íÈáÛ ÇáÚÏæ ãä ÌÇåá ãÇ íÈáÛ ÇáÌÇåá ãä äÝÓå
n
15 mars 2004 10:03
Fourqaan,

ce qui est extraordinaire chez toi, c'est ta capacité à jeter d'un revers de la main toute realité blessante !

tu n'as aucune faculté à accepter la realité , rien , tu es bouché et je n'ai pas lu une seule phrase de toi ou tu dis: oui d'accord , c'est vrai!

Et pourtanr Fourqaan, c'est la realité, le monde dont tu parles , que tu cheris tant est semé de faille, !

j'apprecis ta foi , mais au point de se deconnecter de la realité et de voir tout barbu comme le messie et chercher la solution dans la burka... là je te conseille de voir de suite un psy!

remarque une ame sensible qqui assiste aux excecutions risque fort bien d'etre destabilisée!

donc, tu n'es pas irrecuperable, li koulli daine daoua ya ssi fourqaan!
F
15 mars 2004 21:21
Bismillah

As-Salamou 'alaikoum

Quand on te montre un homme afghan avec une barbe, et qu'on te dis que c'est un Taliban...est-ce que c'est vraiment un Taliban? Que-ce qu'un Taliban? Ont ils une carte de membre? Ils sont avant tout des musulmans.

Tu prétend ne pas être contre la loi divine, mais le seul exemple que tu amène est l'exemple de chatiment Islamique appliqué en publique par des Afghan musulmans que tu nommes des Talibans! Tu dis qu'ils n'appliquent pas la loi divine comme il faut...alors explique moi donc comment les Talibans doivent appliquer la peine de mort sur un tueur ou un adultère?

Je veux savoir ta méthode selon ta compréhension de laique? Tu devrais aller leur enseigner la religion....ils vont t'écouter puisque tu es une savante de l'Islam!

Tu vois pas que les mécréants de l'Occident jouent avec toi!

Regarde la première guerre du golfe, après la guerre ils ont passer un documentaire pour montrer que tout était monter et que l'opinion publique avait été manipulée!

Manitenant encore une fois, la seconde guerre du golfe; ont a montrer que les responsables ont menti depuis le début!

Crois tu que c'est difficile pour les médias diaboliser les Talibans? Ils peuvent diaboliser Nadina demain s'ils veulent! Et tous le monde va les croire! Mais ne vois tu pas qu'il y a une manipulation quelque part?

Tu dis que je rejete réalité, mais la réalité, la connais tu?

La réalité est que les mécréants veulent interdire l'application des lois divines, non pas dans leurs pays....mais dans les pays musulmans!!! Ils veulent que les peuples soint laiques et démocrates! Et ils veulent bloquer toute tentatives d'éducation Islamique des peuples musulmans au nom des droits de l'homme!

Voila la réalité Nadina!

P.S. Et si on t'avais menti sur toute la ligne???

áÇ íÈáÛ ÇáÚÏæ ãä ÌÇåá ãÇ íÈáÛ ÇáÌÇåá ãä äÝÓå
J
JD
15 mars 2004 21:57
bonsoir Fourqaan

ce que tu viens de dire sur les médias n'est pas faux même si c'est largement exagéré, mais il ne faut pas tomber dans la paranoîa anti islam.

pour le reste, je respecte ta foi tant que tu ne l'applique qu'à toi même, mais ton ardeur à vouloir l'imposer aux autres est intolérable.

Travaille sur toi même et laisse Dieu juger les autres.
Selon ta foi, tu devrais être parmi les heureux élus.
cela ne te suffit il pas ?
a
16 mars 2004 07:59
Le Coran ne te demande pas de croire en la règle locale! Il te demande de lui obéir!!! Tous ceux qui prétendent le contraire font une faute grave à l'encontre du Coran et ne respectent pas la volonté de Dieu inscrite sur le livre saint.

Alors, Fourqan avant d'attaquer ta coutume locale, assure toi que tu puisses le faire "islamiquement" parlant.
a
16 mars 2004 08:11
Quand on tu rencontres un taliban ou un chef religieux de la même mouvence, un conservateur Iranien, ne t'ai tu jamais posé la question : mais ne me ment-il pas par intérêt? Tu te poses cette question vis à vis des occidentaux mais pas vis à vis des autres! Et, pourtant, l'intérêt pour eux de détourner une religion est beaucoup plus fructueux et donc beaucoup plus tentant.

Tant que tu ne comprendras pas cela et que tu agira en plus en fils prodigue, tu ne pourras jamais comprendre le sens profond de l'Islam. Débarrasse toi des pensées des autres, débarrasse toi de tes préjugés et de tes haines et ensuite relis le Coran et comprend le seul ne cherche pas à te faciliter la vie en écoutant tel ou tel affirmer quelque chose.

Mais, n'oublie pas une dernière chose : il est fort probable que comme tout ouvrage de l'époque il existe de nombreuses interpollations! Tu dois être capables de les trouver en ayant compris l'esprit du texte et non pas en te laissant rétraissir le champ de ta pensée par la pensée unique d'un autre qu'il soit occidental, Afgan ou autre.

NB: pour te démontrer qu'il y a chez certains "musulmans" un réel bug dans leurs dire : pourquoi, éliminer ses propres frères en majorité alors qu'on est sensé selon eux faire la guerre aux croisés. Il ont tué des frères, ils seront donc châtier au jugement divin avec tous ceux qui les ont aidé. Et, pourtant selon eux ce sont des martyrs. Tu vois l'intérêt qu'il y de dire cela plutôt que de dire le contraire? Des martyrs sont des héros, et l'héroïsme est un opium des peuples, dire ce sont assassins à notre solde, cela est beaucoup moins porteur.
F
16 mars 2004 09:00
Bismillah

Bla...bla...bla...bla!

You're talking loud...but ain't saying nothing!

áÇ íÈáÛ ÇáÚÏæ ãä ÌÇåá ãÇ íÈáÛ ÇáÌÇåá ãä äÝÓå
n
16 mars 2004 09:10
Fourqaan,

Tu tomberas de tres haut le jour oû tu comprendras que frenshvoice, tous les autres et moi même ont raison, j'espére que la chute ne sera pas brutale!

maintenant. ce n'est que bala,bala bala bala pour toi ....................... , et bala bala bala ....
a
16 mars 2004 09:11
Voilà ton pb, tu as été borné. Et, tu ne veux pas t'ouvrir les yeux. Franchement, si c'est pour conserver cette attitude, je ne vois pas l'intérêt que tu as de rester ici.

Tes idoles ne sont pas automatiquement mieux que ceux que tu haies (et qui soit dit en passant te nourrissent). Tu ne veux pas le comprendre quitte a aller contre l'Islam et le Coran, c'est ton choix et je ne serais pas étonné de te voir un jour poser des bombes.

Seulement, au jour du jugement dernier tu comprendras, mais il sera trop tard pour toi.
J
16 mars 2004 12:23
Bonjour à tous,
chers amis barbus enturbannés, trop, c'est trop !
Que vous ayez choisi la voie la plus rétrograde et la moins éclairée pour suivre l'Islam, c'est votre problème ou votre solution, à vous de voir. Mais de grâce, ne manquez pas de respect à ceux parmi les musulmans qui ne voient pas les choses de la même façon que vous. Parce que :
1 - Vous n'avez pas le monopole du culte.
2 - Et là, je pèse mes mots au centième de milligramme : vous êtes loin d'avoir l'intelligence du coeur et de l'esprit. Celle qui permet de cohabiter dans le respect et la dignité avec les autres.

Et surtout ne me racontez pas que si je ne suis pas d'accord avec vous, alors je suis contre la volonté d'Allah. Parce qu'en tant que musulman, je fais la différence entre ceux qui pronent le Bien, et ceux, et qu'Allah leur pardonne, sèment la discorde et la haine dans le coeur des gens. Et pour vous illustrer ce que je viens de dire, je vous invite à lire cet article à propos de la question du voile en Islam, le lien est : [www.jeuneafrique.com]

Que Dieu éclaire vos esprits, apporte l'Amour et le Respect dans vos coeurs.

Amicalement,

Jihad
n
16 mars 2004 12:32
sois la bienvenue Jihad du maroc!!
J
16 mars 2004 12:40
Merci Nadina, mais je suis un garçon (enfin, assez agé quand même).

Amicalement,

Jihad
t
16 mars 2004 13:54
Salam

Les occidentaux ne reconnaissent qu’un unique individu laïc. Il ne connaisse que leur modèle et conteste les autres ! Enfin c’est pas vraiment « conteste » ms plutôt persuadé que leur modèle est le meilleur. Vivre en Europe c’est être laïc, boire de la bière et des sandwich au jambon beurre. Il ne comprenne pas que l’on puisse être croyant en l’occurrence musulman.
Pour eux les musulmans sont sous développées et arriérées de part leurs idées. Mais comment leur en vouloir lorsque l’on regarde ce que sont les population ds les pays musulmans. N’empêche qu’ils ont un vision aussi restreinte que Fourqaan. (désolé de te prendre en exemple )
Un exemple simple : lorsqu homme non musulman et blanc prend sa femme pour la boniche de service on dira de lui k’il possède un caractère typique méditerranéen avec l’idée de la mama italienne qui sert son mari. Le même mais cette fois arabe : on dira de lui que c’est un musulman aux idées misogynes comme tous les musulmans d’ailleurs ! N’est-ce pas la un rejet de l’individu musulman ?

Sinon Fourqaan lorsque tu dis
« Bien en fait...la seule tolérance qui est valable...c'est de tolérer ce qui est toléré par l'Islam! »

Il ne faut au contraire pas jouer au jeu des occidentaux qui ne ns comprenne pas nous musulmans et accepter comme l’a fait notre Prophète (sws) qu’il y ait des non croyants qui ne veulent pas de l’Islam.
n
16 mars 2004 14:39
En resumé, nous sommes en train de toucher le fond on ne doit plus craindre le pire , nous avons maintenant le choix ou de rester là ( au fond) , ou d'essayer de remonter !!

j'espére qu'au bout de ce tunel, il y aura de la lumiére!!
J
JD
16 mars 2004 23:18
bonsoir tachilhite78

tu dis :
"Les occidentaux ne reconnaissent qu’un unique individu laïc. Il ne connaisse que leur modèle et conteste les autres ! Enfin c’est pas vraiment « conteste » ms plutôt persuadé que leur modèle est le meilleur"

il ne faut pas généraliser mais c'est vrai que pour moi, occidental, démocrate, et laïc convaincu, l'Islam dans sa forme radicale représente un danger pour les libertés publiques.

Celà vient de ce que l'Islam ne prétend pas seulement gouverner les consciences, ce qui est le rôle d'une religion, mais prétend aussi être à la base des lois civiles, ce qui est contraire à la démocratie et à la liberté de conscience.
Ce point est particulièrement sensible en France en raison des combats menés pour libérer la société de l'emprise de l'Eglise Catholique. (Dans d'autres pays européens, la sensibilité "laîque" est moins forte)

Comme tu le dis, l'image des pays musulmans et la médiatisation des musulmans les plus fanatiques et rétrogrades n'est pas faite pour arranger les choses.
Il y a pourtant des musulmans qui essaient de faire évoluer leur religion pour tenir compte des 1400 ans écoulés depuis la mort du Prophète mais ils ont du mal à se faire entendre des médias.( sauf peut être Tarik Ramadan)

heureusement qu'il y en a aussi beaucoup comme toi :-)

A+
s
17 mars 2004 00:42
On compare parfois l'attitude des populations majoritairement musulmanes d'aujourd'hui quant à leur référence à l'islam, avec l'attitude qui était celle des populations chrétiennes en Europe occidentale avant la révolution française et les bouleversements des 19eme et 20eme siècle, voire au Moyen-Age. Et on se demande ce que les pays musulmans attendent pour, eux aussi, délaisser le religieux dans la vie quotidienne. Mais le religieux tel qu'il s'est actualisé en Occident et le religieux tel qu'il s'est actualisé en terre d'Islam sont-ils la même chose ?


1) Le religieux qu'a connu l'Occident : cadre et spécificités :

Les premiers temps

Après le départ du Messie Jésus fils de Marie, les Apôtres – qui sont ses plus grands compagnons – diffusent le message qu'ils ont appris de leur Maître : ils propagent la bonne nouvelle laissée par le Messie. Tout en ayant apporté des modifications à certaines règles, Jésus avait dit n'être pas venu abroger la Loi, et ses Apôtres respectent donc les principales interdictions et obligations de la loi mosaïque tout en tenant compte des réformes du Messie. Ils n'oublient pas non plus les rappels répétés de leur Maître à propos de la nécessité de la purification du cœur et de la bonté vis-à-vis des humains en général, fussent-ils non juifs. La région où vivent les Apôtres fait partie de l'Empire romain, qui s'étend sur une bonne partie du pourtour méditerrannéen. A un moment donné, Saül – qui avait jusqu'alors été un persécuteur acharné de ceux qui se convertissaient au nouveau message – va rencontrer les Apôtres et leur dit avoir été touché par la grâce sur le chemin de Damas. Il se convertit donc au message. Saül sera bientôt connu sous le nom de Paul de Tarse. Pendant les années qui suivent, Paul fait une nouvelle lecture de la mission de Jésus : il dit que Jésus a été sacrifié par Dieu sur la croix afin que cela constitue – pour tous ceux qui y apporteront foi – la rédemption du péché originel commis par Adam ; il enseigne également que ce sacrifice a entraîné l'abrogation complète et définitive de toute nécessité de suivre la loi mosaïque ; enfin il affirme le caractère divin de Jésus. Au sein de ceux qui ont foi en la mission de Jésus, deux courants se dessinent bientôt : celui de Jacques et des Apôtres, et celui de Paul. Alors même que la foi en la mission de Jésus se répand peu à peu dans l'Empire et le déborde jusqu'aux régions alentour, chez ceux qui croient en la mission de Jésus c'est, dans un premier temps, ce que professent et pratiquent les Apôtres qui reste dominant. Mais la révolte juive de 70 va inverser les choses : les juifs étant discrédités dans tout l'Empire romain, ceux qui se réclament du message de Jésus sont amenés à se désolidariser d'eux ; le christianisme paulinien – dont les croyances et la pratique sont plus éloignés du judaïsme que ne le sont celles laissées par les Apôtres – commence alors à émerger. Il prendra tout à fait le dessus après la dernière révolte juive, en 135.
Sur un autre plan, l'organisation initiale de la Communauté ("assemblée", "ecclesia", terme qui va donner "église"winking smiley attribue la primauté aux cinq patriarcats de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Les communautés situées à l'extérieur de l'Empire romain ont le droit de se constituer de façon autonome : ainsi naîtront les Eglises arménienne, géorgienne, perse. Jérusalem perd rapidement de son importance face aux quatre autres patriarcats. Ces congrégations du début de l'ère chrétienne prennent leurs décisions en matière de doctrine ou de liturgie à l'issue de débats locaux.

Persécutions, reconnaissance officielle et conciles

Très rapidement, ceux qui se disent croyants en la mission de Jésus deviennent persécutés dans l'Empire romain, et ce malgré quelques périodes de tolérance relative ; de nombreuses personnes vont ainsi être martyrisées. Tout change véritablement en 313, avec la conversion de l'empereur Constantin. Bientôt, en 380, avec l'empereur Théodose, le christianisme deviendra la religion officielle de l'empire romain. Constantin l'empereur soutient le christianisme et exerce aussi une emprise sur l'Eglise : ce IVème siècle est – comme le sera le Vème siècle – une période de profondes controverses théologiques : comment concilier le fait que Jésus soit un humain avec la croyance selon laquelle Jésus possède un caractère divin ? Comment concilier la divinité de Jésus avec le monothéisme dont celui-ci se réclamait explicitement ? Les rivalités déjà présentes entre les patriarcats d'Alexandrie, d'Antioche et de Constantinople pour des motifs stratégiques – on reproche au dernier d'être lié à l'empereur et de vouloir imposer son hégémonie – se doublent dès lors de rivalités par rapport à ces points de doctrine. Constantin, qui se dit l'égal des apôtres, prend le premier l'initiative de résoudre les controverses théologiques : le christianisme devant être le ciment des populations de l'empire, l'empereur désire unifier son empire ; il réunit donc un concile à Nicée, près de sa ville Constantinople, pour mettre fin aux controverses théologiques. A l'issue de ce concile il est décidé que l'avis correct ("orthodoxe", au sens premier du terme) est que Jésus est consubstantiel à Dieu ; Arius, qui soutenait que Jésus avait été créé, est déclaré hérétique. A la faveur d'un autre concile marquant, celui de Chalcédoine (451), la conclusion est que Jésus est une seule personne en qui coexistent deux natures, l'une humaine l'autre divine : Jésus est consubstantiel à la fois à Dieu et aux hommes. Cette conclusion est acceptée par Rome, Constantinople et l'Eglise géorgienne. De même, en Egypte et en Syrie, les "Grecs" – les citadins hellénisés – se rallient à la décision du concile, alors que les autochtones la refusent : ainsi se formeront les Eglises monophysites : copte, syrienne jacobite, arménienne, et d'Ethiopie. Quant aux chrétiens de l'Empire perse, ils deviendront nestoriens, et le nestorianisme se diffusera ensuite jusqu'en Inde, au Tibet, en Mongolie, en Chine. Le dogme de la Trinité sera fixé lui aussi au cours de ce type de conciles : Dieu est unique mais Il est Un en trois : il y a trois hypostases qui sont distinctes mais qui forment un seul Etre unique.
En sus des Conciles, les Pères de l'Eglise jouent un rôle important en tentant d'apporter, par le recours aux concepts de la philosophie grecque, des éléments d'explication aux concepts du Péché originel, de la Rédemption, de la Trinité, de la transsubstantiation, c'est-à-dire la transformation de l'hostie en chair et sang du Christ.

D'un autre côté, avec l'installation de l'empereur Constantin dans sa capitale de Constantinople, une très nette distinction se dessine, dans l'empire romain d'Occident, entre la Constantinople impériale – donc le pouvoir temporel, aux mains de l'empereur – et la Rome céleste – donc le pouvoir religieux, aux mains de l'évêque de Rome.
D'autre part encore, les autorités religieuses de Rome affirment posséder une prééminence par rapport à celles des autres cités, car relevant d'une institution fondée par l'apôtre Pierre, dont Jésus avait dit qu'il était la pierre sur laquelle il bâtirait sa communauté : elle se veut donc catholique (= universelle). En 451, Léon I, évêque de Rome, se déclare chef suprême de l'Eglise, mais le concile de Chalcédoine décide que l'autorité doit être partagée entre Rome et Constantinople. Le temps ne fera cependant que creuser le fossé entre ces deux pôles, et l'évêque de Rome prendra peu à peu la place du pape infaillible dans ses avis relatifs aux croyances et aux mœurs.

Déplacement du centre de gravité du christianisme

Tandis que l'empire romain d'Orient continue d'exister, en 476 l'empire romain d'Occident s'effondre sous les coups des Francs (une peuplade germanique qui envahit toute la région), dont beaucoup se réclament du christianisme arien, celui-là même qui a été classé hérétique au Concile de Nicée en 325. L'Eglise catholique romaine se retrouve alors sans protection, mais elle est la seule institution d'Europe occidentale encore debout. Elle et un des rois francs, Clovis, décident alors de s'allier : à Reims, en 496, l'évêque Rémi baptise Clovis, ce dernier se convertit ainsi au christianisme catholique puis se pose en défenseur de l'Eglise catholique face aux hérétiques. Il reçoit bientôt le titre de Patrice de la part de l'empereur romain d'Orient (à Constantinople). Et de fait, à la mort de Clovis, le territoire de la Gaule est presque reconstitué.
L'Eglise va jouer son rôle dans la christianisation des mœurs des Francs. Avec le mélange des populations gallo-romaine et franque, on assiste à un brassage des deux cultures. Le nouvel ordre social qui se met lentement en place va constituer le fondement de la féodalité. Les propriétaires terriens gallo-romains vont s'allier avec une élite militaire franque : le tout donnera plus tard les chevaliers, la noblesse.

Au cours du VIIe siècle, alors que l'empire byzantin est en net recul face à l'avancée musulmane, Rome, sous l'impulsion du pape Grégoire I, se lance à la conquête des terres d'Europe occidentale. C'est Rome qui, dans les faits, portera désormais le flambeau de la chrétienté. En 754, dans la tradition du baptême de Clovis, Pépin le Bref se fait couronner, cette fois par le Pape en personne : c'est par le moyen de l'institution religieuse que le pouvoir temporel acquiert ainsi légitimité et reconnaissance dans la société. La cérémonie du sacre est née : elle donnera naissance peu à peu à la monarchie de droit divin (et elle se poursuivra jusqu'en 1824, avec Charles X). En l'an 800, le Pape couronne Charlemagne empereur d'Occident : celui-ci est perçu comme le continuateur des Césars romains et est à la tête de ce qui sera appelé plus tard le Saint Empire Romain Germanique. (La partie qui deviendra plus tard la France s'en détache cependant très rapidement.)

Le clergé catholique et sa présence dans la société

La religion catholique imprègne alors toute la vie et toute la société de l'Europe occidentale. L'Eglise est donc très présente. Elle apporte du bien à la population : elle s'occupe d'adoucir les mœurs des gens, de calmer leur ardeur guerrière, et, en cela fidèle à la vertu de charité, d'aider pauvres et malades. Mais deux problèmes la guettent : elle devient très riche – le plus grand propriétaire terrien d'Europe – et elle refuse d'autres façons d'être chrétien que la sienne. Au XIIeme siècle, Pierre Waldo, après s'être fait traduire la Bible et l'avoir étudié, crée le mouvement prédicateur des Vaudois : il ne croit pas en la prêtrise, en les indulgences – des rémissions de péchés en échange d'une participation financière à l'Eglise – et en la transsubstantiation. Un autre mouvement naît au cours de ce même XIIème siècle, celui des Cathares ; ceux-là ne croient pas en la Trinité, en le péché originel, en la transsubstantiation. Les deux mouvements se répandent. L'Eglise réagit en interdisant, en 1229, aux laïques la possession de la Bible et en mettant en place, à partir de 1233, l'Inquisition : il s'agit d'un tribunal destiné à juguler l'hérésie et qui questionne, juge et condamne ; mais, détentrice du pouvoir purement religieux, l'Eglise laisse aux princes – le bras séculier – la charge d'exécuter la sentence.

Au XIVe siècle, John Wycliffe, prêtre catholique anglais, prêche contre les taxes papales, contre la transsubstantiation, contre la confession. Il sera condamné par l'Eglise après sa mort. Jean Hus, ayant dénoncé la trop grande richesse de l'Eglise par rapport à l'idéal de Jésus, certaines de ses positions théologiques ou sa confiscation de l'interprétation des textes bibliques, est condamné par l'Eglise ; ayant refusé de se rétracter, il meurt sur le bûcher.

La Renaissance et la Réforme

Dans la deuxième moitié du XVème siècle, avec la redécouverte des textes grecs naît en Italie du nord le mouvement de la Renaissance, qui essaime bientôt dans toute l'Europe occidentale ; on assiste à l'émergence de nouvelles valeurs résumées en un mot : l'humanisme, où l'accent est mis sur l'homme. Erasme écrit qu'on se "ressaisit comme si [on] se réveillait d'un long sommeil". La Renaissance durera jusqu'à la fin du XVIème siècle. Lors de la Renaissance apparaissent, à partir du legs de l'Antiquité grecque, les idées suivantes : – une nouvelle conception de l'homme : alors qu'au Moyen Age tout partait du divin et qu'on présentait l'homme surtout comme un pécheur de naissance, on veut maintenant partir de l'homme, qui est considéré comme digne et précieux : Pic de la Mirandole rédige son Discours sur la dignité de l'homme ; – une nouvelle conception du monde et de la vie terrestre : alors qu'au Moyen Age on considérait la vie sur terre comme un simple passage vers celle de l'Au-delà, on insiste désormais sur le bien-fondé des plaisirs de la vie et sur l'importance d'y prendre part ; – une curiosité sans limites et une soif de connaissances : la volonté de contourner les intermédiaires commerçants, alliée au perfectionnement de la boussole pousse les Européens à se lancer dans une série de voyages qui les conduira à établir des comptoirs un peu partout dans le monde ; avec la poudre, ils auront tôt fait d'imposer leur suprématie ; avec l'imprimerie, les idées humanistes seront diffusées rapidement ; – une nouvelle méthode scientifique : alors qu'au Moyen Age on répétait surtout les conceptions dont on avait hérité par tradition, l'accent est désormais mis sur la nécessité de la vérification par l'observation et l'expérimentation : c'est la méthode empirique.

La période de la Renaissance coïncide avec celle de la Réforme. Dès le XVème siècle, Savonarole dénonce certains aspects de l'Eglise et de l'Etat ; excommunié, il est bientôt arrêté puis pendu. En 1517, c'est Luther qui se lève et conteste la possibilité, pour le pape, d'accorder des indulgences. Le bras de fer engagé entre lui et l'Eglise catholique l'amène à durcir ses positions : il nie bientôt la nécessité pour le chrétien de passer par l'Eglise dans sa relation avec Dieu ; enfin il veut revenir aux Ecritures et non à la tradition mise en place par les papes catholiques au cours des siècles, et il ramène le nombre de sacrements de sept dans la tradition catholique à deux. Quelques années plus tard apparaît Calvin, qui milite pour des idées très voisines. Les deux hommes mettent l'accent sur la foi plus que sur les œuvres.

Face aux différents appels de retour aux Ecritures, face également aux idées humanistes résolument positives quant à la vision de l'homme et du monde, il aurait peut-être été possible d'assister à un retour aux sources vives du message de Jésus, puis à une réforme de la façon dont on avait considéré certains passages de ces sources, enfin à une orientation des nouvelles découvertes scientifiques et une modération des idées humanistes par leur intégration aux enseignements de ces sources. Si cela avait eu lieu, le cours des choses aurait été différent et la division aurait été évitée. Mais, tout au contraire, le clergé catholique va se mettre à dénoncer et à combattre de nombreuses idées des protestants et des humanistes. Certes, au cours du XVIeme siècle, il interdit la vente des indulgences. Mais au cours de ce même siècle il met aussi en place le Saint-Office (en 1542), destiné à juger les "hérétiques" ; il institue également l'Index, la liste des ouvrages interdits de lecture au chrétien. Et en 1533, au cours du Concile de Trente – un temps appelé la "contre-réforme" –, il réaffirme vigoureusement tout ce que les protestants contestent : l'institution de l'Eglise est nécessaire pour le salut de l'homme ; il y a bien sept sacrements ; etc.

Les temps modernes et les Lumières

La fin du XVIe et la première moitié du XVIIème siècle voient d'atroces guerres de religion éclater entre catholiques et protestants en France et en Allemagne. L'idée fera ainsi son chemin que l'existence d'une religion officielle dans un pays ne peut y permettre le libre exercice de plusieurs religions. De plus, alors que le XVIIème siècle occupe une grande place dans l'histoire des sciences, un événement y survient qui sera rapidement perçu par de nombreux scientifiques comme le symbole de l'opposition de l'Eglise à la recherche scientifique ; il s'agit du procès de Galilée, en 1633 : l'astronome a repris l'idée héliocentrique de Copernic – dont l'ouvrage avait été mis à l'Index – ; il a donné préférence, dans un livre lisible par le grand public, à ce qui n'est alors encore qu'une théorie – c'est la terre qui tourne autour du soleil – sur l'idée qu'a toujours enseigné l'Eglise – le soleil tourne autour de la terre ; il sera condamné par le tribunal catholique à l'emprisonnement – la peine sera commuée en assignation à résidence – et devra abjurer ses idées devant le tribunal religieux.

Avec le mouvement des Lumières, qui, par le biais de Voltaire, Diderot, Montesquieu et Rousseau, apparaît en France au XVIIIème siècle avant d'essaimer dans différentes régions d'Europe occidentale, c'est l'exaltation de la raison de façon indépendante par rapport à la foi chrétienne. Voltaire sera sans doute celui dont la plume est la plus acerbe : avec son style sceptique tout empreint d'ironie, il milite ouvertement pour que la raison, source des lumières de la vérité, s'affranchisse de la religion. "Ecrasons l'infâme", écrit-il.

Révolutions et mutations de la société

Les années de la Révolution française vont bouleverser l'ordre établi : non seulement elles mettent fin à l'existence des trois ordres de l'Ancien régime, mais de plus les biens de l'Eglise sont nationalisés, le culte de la déesse Raison est célébré à Paris et le calendrier chrétien est abandonné. L'Eglise soutient l'Autriche dans son combat contre cette Révolution. Les choses se calment avec Napoléon, qui fait cesser les excès, mais le catholicisme n'est plus religion d'Etat en France : il est désormais seulement "religion de la majorité des français". Avec la conquête d'une grande partie du Vieux Continent par Bonaparte, les nouvelles idées sont rapidement propagées.

Le XIXe siècle verra les sociétés être totalement transformées, avec l'expression, un peu partout en Europe occidentale, de sentiments nationalistes, les progrès de la science, la naissance des industries et le déracinement des paysans devenus ouvriers dans les villes. Les mutations économiques jettent des milliers d'ouvriers dans les banlieues industrielles ; de nombreux parmi eux, dans le but de trouver une amélioration à leurs conditions de vie, se tournent désormais vers de nouvelles idées telles que le socialisme, le communisme. A mesure que s'écoule ce siècle en Occident, les critiques se font plus hardies envers le christianisme, voire la religion en général : au nom de la raison, de la science et du progrès, des philosophes et des scientifiques mettent à mal les dogmes religieux. Les républicains français restent hostiles aux congrégations religieuses, qu'ils perçoivent comme la tête de pont de la Rome religieuse en France. Vers la fin du XIXe siècle, toutefois, le Pape demande aux catholiques français d'accepter la République. Malgré tout, en 1905, la France va au bout du processus : la séparation entre Eglise et société civile est proclamée : la République française ne reconnaît ni ne salarie aucun culte ; la religion est désormais une affaire privée.

Ouverture sur le monde moderne

C'est au XXe siècle qu'ont lieu les ouvertures les plus significatives de l'Eglise vis-à-vis du monde moderne. Au cours d'un grand concile, Vatican II, qui dure de 1962 à 1965, l'Eglise fait peau neuve : elle réforme certaines de ses pratiques, notamment la messe, qui désormais ne sera plus faite en latin mais dans la langue du pays ; elle tente un rapprochement avec les autres composants de la famille chrétienne désunie : protestants, orthodoxes et même églises pré-chalcédoniennes ; elle ose une ouverture vers le judaïsme et l'islam ; elle réaffirme qu'elle sera toujours, aujourd'hui dans le monde moderne comme hier dans la société féodale, du côté des pauvres. Avec Jean-Paul II, l'Eglise reconnaît publiquement avoir mal agi de par le passé : elle demande pardon pour l'antijudaïsme, les croisades, la traite des noirs. Galilée est réhabilité en 1992. L'Eglise encourage les scientifiques de toutes les confessions à débattre au sein de son Académie Pontificale des Sciences, à Rome. L'Eglise a désormais énormément changé.


2) Différences par rapport à l'Islam

On peut dégager trois grandes différences entre d'une part les enseignements et l'histoire de l'Islam et d'autre part les spécificités du religieux et son histoire en Occident.

A) Les éléments mêmes de la foi :

La foi chrétienne, telle que Paul en a jeté les bases puis telle que les Conciles et les Pères de l'Eglise l'ont définie, recèle quelques spécificités. Elle demande ainsi de croire en la rédemption, et implique donc, par voie d'incidence, de croire en le péché originel : l'homme qui embrasse le christianisme paulinien adopte la croyance selon laquelle il bénéficie du sacrifice de Jésus, mais adopte aussi et simultanément la croyance que tout homme naît pécheur. Le corps est également marqué négativement, perçu comme un facteur qui contrarie le cheminement de l'âme. Enfin l'idée est très présente dans le christianisme que la foi est une dimension de grâce radicalement différente de la dimension de la raison : la foi chrétienne demande de regarder comme vraies non pas seulement des choses qui sont au-delà de ce que la seule raison pouvait trouver d'elle-même mais aussi des choses que la raison ne peut saisir, telles que le mystère de la trinité ; d'autres éléments ne sont pas contraires à la raison mais sont difficiles à comprendre : ainsi en est-il de la transsubstantiation, doctrine qui enseigne qu'à chaque cérémonie de l'Eucharistie, le corps et le pain consacrés se transforment réellement en le corps et le sang de Jésus. L'acceptation complète de la foi entraîne donc une tension permanente avec la raison, laquelle tension crée une sorte de tentation d'abandonner la foi ; et c'est le fait de résister à cette tentation qui donne à son tour toute sa valeur au fait de rester attaché à cette foi. C'est dans ce sens que se comprend la parole "Credo quia absurdum". Ces trois spécificités engendrent naturellement des tensions : entre la foi et la raison, entre l'idée de la culpabilité innée de l'homme et celle de sa dignité, entre l'idée du marquage négatif du corps et de la vie terrestre et celle du bien-fondé de jouir des plaisirs de l'existence.

En Islam, les choses sont différentes : Leopold Weiss (Muhammad Asad) nota à propos des musulmans qu'"aucune exigence ne leur avait été posée de croire en des dogmes de compréhension impossible ou même difficile" (d'après Le chemin de la Mecque, p. 177) et qu'"en fait, on ne pouvait trouver dans l'islam aucun dogme d'aucune sorte" (Ibid., p. 177) puisque, dans le Coran, "Dieu ne demandait pas à l'homme une servilité aveugle mais faisait plutôt appel à son intellect" (Ibid., p. 275). D'un autre côté, en Islam il n'y a pas de péché originel et le corps et la vie terrestre ne sont non plus marqués négativement. Leopold Weiss écrit : "Aucun péché originel ou hérité ne s'interposait entre l'homme et sa destinée, car "rien ne sera attribué à l'homme sauf ce à quoi il s'est lui-même efforcé"" (Ibid., p. 121). "…l'islam, seul parmi les grandes religions, regarde l'âme comme un aspect de sa "personnalité" et non comme un fait indépendant disposant de son propre droit. (…) Les besoins physiques sont partie intégrante de cette nature et ne sont pas le résultat d'un "péché originel", conception étrangère à l'éthique de l'islam" ils sont des forces positives, données par Dieu, et doivent être acceptés et utilisés à bon escient en tant que tels. Dès lors le problème se posant à l'homme est non pas de savoir comment abolir les exigences de son corps mais bien plutôt de les coordonner avec les exigences de son âme, de manière à mener une vie de plénitude et de justice. La racine de cette affirmation presque moniste de la vie se trouve dans l'idée islamique que la nature humaine est bonne en son essence" (Ibid., p. 138). "Un musulman n'entre pas en conflit avec les exigences de la vie spirituelle s'il prend plaisir aux belles choses du monde matériel, car, d'après le Prophète, Dieu aime voir sur Ses serviteurs l'effet de Sa bonté" (Ibid., p. 178).

Cool L'existence ou non d'une institution religieuse :

Dans le catholicisme, le "religieux" est représenté par les clercs, par l'intermédiaire de qui les laïques doivent passer pour les sacrements et grâce à qui la cérémonie du sacre des dirigeants était possible. De plus, du fait de l'absence d'une Loi détaillée – celle-ci ayant été supprimée par Paul –, les clercs doivent légiférer à partir uniquement de grands principes moraux, présents dans les Ecritures ; or ces clercs sont organisés en structure hiérarchique, et le pape d'une part, les évêques rassemblés en conciles œcuméniques d'autre part, sont considérés infaillibles quant à leurs avis concernant la foi et les mœurs et prononcés solennellement. Enfin, l'institution cléricale catholique romaine, se présentant comme successeur de l'apôtre Pierre, a pour vocation de diriger toute l'Eglise (contrairement au monde orthodoxe, où il y a une pluralité d'églises orthodoxes, dont chaque patriarche a un rôle national ou régional).

En Islam, il n'y a pas de sacrement ni de sacre administrés par des hommes représentant le religieux par rapport aux autres hommes "civils", pour la simple raison que chaque musulman est à la fois civil et religieux et que la présence du sacré se fait par l'intermédiaire de son cœur et non d'une institution humaine particulière. Leopold Weiss écrit de l'islam qu'il "s'appuie sur l'idée qu'aucun intermédiaire n'est nécessaire ni même possible entre l'homme et Dieu. L'absence de toute classe sacerdotale, de clergé ou même de toute "église" organisée donne à chaque musulmane le sentiment de véritablement participer, et non seulement d'assister, à un acte commun d'adoration lorsqu'il prie en assemblée. Aucun sacrement n'existant dans l'islam, chaque musulman adulte et sain d'esprit peut s'acquitter de toute fonction religieuse, qu'il s'agisse de diriger la prière commune, d'accomplir une cérémonie de mariage ou de présider un enterrement. Le service de Dieu n'exige aucune "ordination". Les enseignants religieux et les dirigeants de la communauté musulmane sont de simples citoyens bénéficiant d'une réputation de savoir en théologie et en loi religieuse" (Op. cit,, p. 198).
Il y a certes les ulémas, qui sont les docteurs de la loi, les spécialistes en sciences des textes, mais tous les ulémas ont toujours rappelé qu'ils étaient faillibles dans leurs avis personnels et que seul le Prophète était infaillible dans ses avis. Le pluralisme d'interprétations a été reconnu comme un fait humain par le Prophète lui-même. De plus les ulémas ne sont pas organisés en "pyramide" mais "en réseau" : la prévisibilité du pluralisme d'interprétations, alliée à la reconnaissance de la faillibilité de chacun, vont de pair avec les possibilités de discussion et de critique constructive. Quant au calife, il n'est que le dirigeant de l'ensemble des terres musulmanes ; il n'a pas de rôle spécifique dans l'élaboration de la doctrine.

C) Les relations avec la science, les minorités religieuses et les coreligionnaires "déviants" :

Au nom de la religion on s'était opposé dans le passé à la diffusion de toute idée – fondée sur la recherche scientifique ou sur une relecture du texte biblique – pouvant remettre en question les éléments doctrinaux qu'elle enseignait, et elle le fit non pas seulement par des discussions argumentées mais par des jugements d'inquisition à la scénographie spécialement étudiée pour marquer les foules par la terreur : processions, coups de fouet, bûcher, etc. (voir Science et vie junior, Dossier hors série sur l'Eglise, p. 88). L'antijudaïsme, les croisades contre les infidèles, le massacre des Cathares, sont des souvenirs de triste mémoire. Les choses ont, du côté de l'Eglise, bien sûr beaucoup changé aujourd'hui, mais le souvenir est resté.

Il ne s'agit pas d'idéaliser l'histoire de l'Islam : il y a bien eu, ici aussi, des jugements pour punir des idées et des peines appliquées injustement à des innocents. Qui pourrait le nier ? Mais qui pourrait nier que la civilisation musulmane n'a pas connu de conflit entre foi et raison comme en a connu l'Occident ? Leopold Weiss écrit : "… la soif de connaissances qui caractérisa les premiers temps de l'Islam ne dut pas, comme ailleurs dans le monde, mener une lutte pénible contre la foi traditionnelle pour s'affirmer elle-même. Au contraire, elle était issue de cette foi. (…). Durant toute la période créative de l'histoire musulmane, correspondant en gros aux cinq siècles suivant le temps du Prophète, la science et l'instruction n'avaient pas de plus grand défenseur que la civilisation musulmane elle-même et aucune patrie plus sûre que les pays où dominaient l'Islam" (Op. cit., pp. 177-178). Qui pourrait nier que le pluralisme d'interprétations a été reconnu par le Prophète lui-même ? Certes ce pluralisme d'interprétation a des limites au-delà desquelles il conduit aux déviances hérétiques. Mais hérésie ne signifie pas combat : tant que les hérétiques n'attaquent pas l'autorité celle-ci ne doit pas les combattre (cf. Sharh Muslim 7/170). Le premier schisme qui eut lieu dans l'histoire de la civilisation musulmane fut celui des kharijites (bagh'y muqtaran bi bid'a i'tiqâdiyya). Le calife d'alors, Alî, fit tous les efforts possibles pour montrer aux kharijites qu'ils se trompaient, qu'ils utilisaient une parole vraie mais en la comprenant mal ; malgré le refus de certains d'entre eux, il leur dit : "Nous vous garantissons malgré tout trois droits : nous ne vous empêcherons pas de venir dans les mosquées, nous ne vous priverons pas de votre part dans la redistribution fiscale (fay'), et nous ne vous combattrons pas tant que vous-mêmes ne créerez pas l'oppression (fassâd)". Ce fut lorsqu'ils se mirent à tuer ceux qui ne pensaient pas comme eux que Alî partit les combattre et les écrasa à Nehrawan (cf. Fat'h ul-bârî 12/355). Et puis on retient surtout qu'entre d'autres déviants "hérétiques" – les partisans du rationalisme mutazilite –, et l'orthodoxie sunnite, ce furent les "hérétiques" califes Mamoun et al-Wâthiq billâh qui firent arrêter puis fouetter Ahmad ibn Hanbal qui ne faisait que refuser pacifiquement de se plier à leur idée (laquelle, d'ailleurs, était basée sur une pure spéculation). Quand on demanda à Ahmad ibn Hanbal de pardonner, il accepta et pria Dieu qu'Il leur pardonne. Enfin, la présence des non-musulmans dans un pays musulman est explicitement prévue dans les textes des sources (Coran et Sunna) et il est demandé de les protéger (dhimma). A cause de l'absence de toute institution cléricale, on peut plus facilement en Islam attribuer tel comportement à un excès ou à une erreur de compréhension.


Conclusion :

Les spécificités du christianisme paulinien et chalcédonien, auxquelles est venue se rajouter la façon concrète par laquelle l'institution représentant le christianisme en Europe occidentale a exercé son pouvoir, sont les deux facteurs qui ont entraîné en Occident un long conflit puis un divorce entre la raison et la foi, entre les affaires publiques et le religieux, entre le progrès et la tradition religieuse. Bien que le christianisme post-chalcédonien fût répandu en d'autres régions aussi, si le divorce eut lieu en Europe occidentale précisément, c'est parce que c'est ici qu'apparurent les idées humanistes si positives quant à l'homme, la raison et le but de la vie, et c'est ici que le clergé catholique romain exerçait. Le conflit entre les deux forces résolument opposées – d'une part la volonté, engendrée par les idées humanistes, de s'affirmer et de vivre pleinement toutes ses facultés, et d'autre part la volonté de préserver sa forte présence – exacerba alors la tension pré-existante entre la foi et la raison, la culpabilité de l'homme et sa dignité. Le conflit tel qu'a connu l'Occident a été absent de l'histoire de la civilisation musulmane. Et les sociétés musulmanes ne comprennent pas pourquoi on attend d'elles qu'elles suivent la voie qu'une autre civilisation a élaborée comme réponse à une situation spécifique. De leur point de vue, c'est comme si on demandait à un couple qui s'entend de divorcer parce qu'un autre couple a, lui, connu le divorce.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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