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Et si l'Iran construisait un musée sur un cimétirère juif millénaire...
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20 avril 2007 10:46
Ebranler les fondements de la foi

Imaginez que l'Iran décide de construire un musée sur le site d'un cimetière juif millénaire, ou que le gouvernement égyptien menace de détruire un temple juif ancien. Les deux scénarii seraient considérés comme scandaleux. Les membres du Congrès tiendraient des discours indignés et hurleraient à l'antisémitisme. Ils pourraient même menacer de fermer les robinets de l'aide à l'Egypte. Et ils auraient raison de protester contre de tels projets.


Pourtant ces deux agressions contre une autre religion sont en train d'être commises aujourd'hui – par Israël. Et la dénonciation du scandale est manifestement absente.

Le Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles est partenaire du gouvernement israélien dans la construction d'un nouveau "Musée de la Tolérance" à Jérusalem. Selon l'ancien député-maire de Jérusalem Meron Benvenisti, le site du musée englobe un cimetière musulman dont Israël s'est emparé en 1948 et qu'il a bétonné depuis. Qu'est-ce qu'un édifice dédié à la tolérance peut bien signifier losqu'il est construit – au premier sens du terme – sur les dépouilles de la population palestinienne qui a été expulsée de sa terre natale ?

Au cœur de la Vieille Ville de Jérusalem, les fouilles archéologiques israéliennes menacent les fondations de l'enceinte qui contient la Mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'Islam, et le Dôme du Rocher, dont le toit doré est la caractéristique la plus fascinante de la ligne d'horizon jérusalémite. Pour les Musulmans du monde entier, ces mosquées ont une signification religieuse énorme. En fait, les Musulmans commencent par se tourner vers Jérusalem et la Mosquée Al-Aqsa pour prier, avant de se tourner vers La Mecque.

Mes parents, qui sont nés dans un village palestinien à 20 Km de Jérusalem, parlaient souvent de leurs excursions à Jérusalem pour prier à Al-Aqsa. En 1948, lorsqu'Israël a été créé, ma famille a été expulsée et son village détruit. Ils ont fui dans un camp de réfugiés en Jordanie où je suis né et où j'ai grandi. A moins d'une heure de route de Jérusalem, je pouvais seulement rêver de prier à Al-Aqsa. La liberté religieuse, qui m'était niée dans ma propre patrie, m'était garantie en tant que "touriste" américain. Je suis allé à Jérusalem pour la seule et unique fois lorsque j'étais jeune homme, en 1991. Prier dans la magnifique Mosquée Al-Aqsa est certainement l'une des expériences les plus émouvantes et les plus épanouissantes de ma vie.

Depuis l'occupation de Jérusalem en 1967, Israël a tout fait pour renforcer la domination juive sur la ville trois fois sacrée. Al-Aqsa représente peut-être l'obstacle le plus visible. En 1967, le chef rabbin de l'armée israélienne, Shlomo Goren, a exhorté le commandant des forces israéliennes Uzi Narkis à utiliser 100 Kilos d'explosifs pour "se débarrasser" d'Al-Aqsa "une bonne fois pour toutes". Narkis, cité par l'historien israélien Avi Shlaim dans : "Le mur de fer : Israël et le monde arabe" (W.W. Norton & Cie, 2001) a eu la sagesse de refuser la demande du rabbin.

Al-Aqsa a été incendiée, des terroristes juifs sont entrés dans la Mosquée et ont tiré sur les croyants, des explosifs ont été posés et plusieurs complots pour la détruire ont été déjoués. Parallèlement à ces actions non officielles, les fouilles du gouvernement israélien et des projets de construction continuent de grignoter les fondations de la Mosquée.

En 2004, ce qu'on pense être une ancienne salle musulmane de prières a été découverte sur le site des fouilles. Pendant trois ans, Israël a caché au monde cette découverte spectaculaire. Est-ce là le respect pour l'héritage musulman de Jérusalem ?

Les communautés musulmanes à travers le monde ressentent la même douleur, la même angoisse qu'éprouveraient les Catholiques si le Vatican était violé – ou les Américains si la Statue de la Liberté devait être systématiquement profanée.

Ici aux Etats-Unis, les Musulmans américains se rassemblent. Ils demandent comment cela peut arriver qu'après des siècles de tolérance religieuse pour les trois grandes religions – le respect pour les lieux saints islamiques puisse être menacé. Les Palestiniens de Jérusalem, Chrétiens et Musulmans, sont la réminiscence vivante que Jérusalem est une cité qui appartient à tous.

Israël est le bénéficiaire de la majorité de l'aide américaine à l'étranger, et pourtant il viole les principes américains d'égalité pour toutes les religions. Les dirigeants américains doivent peser de tout leur poids pour qu'Israël respecte les sites religieux juifs, et que ce respect soit étendu à égalité aux sites musulmans et chrétiens de Jérusalem, ville sainte pour des millions de personnes à travers le monde.

Cet article est paru pour la première fois dans le San Francisco Chronicle et a été publié sur The Electronic Intifada avec l'autorisation de l'auteur

Source : Electronic Intifada
 
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