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L'expérience mystique de Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi
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9 novembre 2013 16:11
Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi (m. 895 H - 1490 C) était une grande figure de l'école de théologie scolastique fondée par l'Imam al-Ash‘ari (m. 324 H - 936 C). L'important succès des ouvrages qu'al-Sanousi a écrits dans le domaine de la théologie dialectique a vraisemblablement éclipsé la féconde expérience mystique que ses biographes lui attribuent. Al-Sanousi a vécu dans un espace où la tradition soufie gagnait du terrain. Tlemcen, sa ville natale, est à proximité du mausolée de Sidi Abou Madyan Shu‘ayb (m. 594 H - 1197 C), éminent pôle mystique exerçant une grande influence spirituelle sur la quasi-totalité des soufis maghrébins(1).
Né à Tlemcen, la capitale du Maghreb central d'alors, dans une famille de condition modeste, Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi apprit le Coran et les notions de base de l'Islam auprès de son père, maître d'école coranique de son état et épris d'ésotérisme musulman, avant de poursuivre sa formation chez plusieurs érudits de Tlemcen(2). Il vécut donc dans un environnement marqué par la tradition soufie avant de recevoir une véritable initiation mystique vers la fin de ses études.
Nous allons d'abord tenter de comprendre le contexte et la nature de son initiation aux faits mystiques avant d'examiner l'impact de son introduction dans le cercle restreint de la communauté soufie de sa région et d'analyser, enfin, ses pratiques et idées mystiques.
Notre démarche consistera à exploiter tous les documents qui nous sont accessibles sur ce sujet et nous accordons, notamment, une attention particulière à l'épître de Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi sur la question et à une hagiographie que l'un de ses plus proches disciples, en l'occurrence Mohammed al-Melali, lui consacra. Notre objectif est d'éclairer la dimension mystique de la pensée de Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi. La présente étude s'intéresse, de ce fait, au rayonnement spirituel de Tlemcen, la localité dans laquelle Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi aurait reçu les notions de base sur le soufisme, aux conditions de son initiation au mysticisme auprès d'un éminent saint d'Oran et à ses actes et réflexions mystiques.
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9 novembre 2013 16:12
Le rayonnement spirituel de Tlemcen :

Il suffit de lire "Al-Boustane", traité hagiographique qu'Ibn Maryem a consacré aux saints de Tlemcen pour se rendre compte de l'importance du patrimoine mystique dont cette ville dispose. Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi entretenait, depuis qu'il était très jeune, des relations cordiales avec le plus éminent saint de Tlemcen d'alors, Sidi al-Hassan Ibn Makhlouf (m. 857 H - 1453 C) qui était l'animateur principal de la vie spirituelle de cette ville mais qui dépendait tout de même de l'autorité mystique du très influent soufi d'Oran, Sidi Mohammed al-Houari (m. 843 H - 1439 C). Il convient de souligner cependant que la généalogie spirituelle de ce dernier passe par Sidi Abou Madyan Shu‘ayb mentionné plus haut et que le rayonnement spirituel émanant de l'axe Tlemcen-Oran conférait aux mystiques de ces deux villes d'importants rôles d'ordre spirituel, social et politique(3). Rappelons que Tlemcen, capitale du royaume de Banou Zayyan(4), était souvent vassale de l'État Hafside(5) ou l'État Mérinide, ses puissants voisins qui n'hésitaient pas à l'envahir pour rappeler son sultan à l'obéissance, à chaque fois qu'il manifestait le désir de s'émanciper de leur suzeraineté(6). Les sultans de Tlemcen sollicitaient régulièrement l'amitié et le concours de saints de cette localité.
Les rois de Tlemcen s'intéressaient aux mystiques qui y habitaient. Ils les courtisaient et avaient recours à eux lorsqu'ils se trouvaient en difficulté. Le comportement du sultan Ahmad, roi de Tlemcen dont le règne fut menacé par une attaque imminente du roi Hafside, Abou Faris (m. 837 H - 1434 C), illustre à merveille ce genre de relation. Le sultan Ahmad alla voir le soufi Sidi al-Hasan Ibn Makhlouf afin de prendre son avis sur l'attitude qu'il devait adopter à l'égard des dangers qui guettaient son pays. Il lui répondit que, face à l'imminent envahissement de son royaume par le roi Hafside, il n'avait que les trois possibilités suivantes : 1 - aller à la rencontre de l'ennemi quand il arrivera à la proximité de la ville, 2 - l'attendre et mener un combat contre lui dès qu'il entrera dans la ville, 3 - se diriger vers Andalousie et demander l'asile politique à son souverain. Et Sidi al- de lui conseiller de laisser tomber tout cela et d'écrire une lettre au pôle mystique d'Oran, Sidi Mohammed al-Houari, pour lui expliquer la situation. Il le rassura qu'il trouverait une solution satisfaisante auprès du saint d'Oran. Le roi Ahmed adressa une lettre dans ce sens au pôle mystique et reçut une réponse lui disant que le roi Hafside Abou Fâris n'envahira pas Tlemcen. Curieusement, le roi Hafside mourut en (837 H - 1434 C) alors qu'il se dirigeait vers Tlemcen à la tête d'une expédition destinée à destituer son sultan(7).
Le décès du roi Hafside qui n'avait pas encore atteint Tlemcen confirma, d'après Ibn Maryem(8), la prédication du grand soufi d'Oran, Sidi Mohammed al-Houari. Soulignons que Mohammed Ibn Yousouf al-Sanousi, devenu grand érudit et mystique, était également traité avec déférence par les rois de Tlemcen de son époque(9). Abordons maintenant la question de ses maîtres spirituels.
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9 novembre 2013 16:14
Les maîtres spirituels d'Ibn Yousouf al-Sanousi :

Al-Sanousi vivait effectivement dans un environnement marqué par la tradition mystique. C'est vers la fin de ses études supérieures touchant presque tous les domaines du savoir enseignés à l'époque qu'al-Sanousi se rendit à Oran afin de recevoir auprès du pôle mystique de cette localité une initiation à l'ésotérisme islamique(10).
Al-Sanousi arriva à Oran accompagné de son demi-frère ‘Ali al-Talouti ; ils furent reçus par l'éminent soufi Sidi Ibrahim al-Tazi (m. 866 H - 1461 C) qui leur donna ensuite un logement. Le premier acte rituel dont le novice al-Sanousi fit l'objet consista à porter l'habit religieux appelé "khirqa" ; il s'agit d'un port symbolique corroborant l'appartenance de l'intéressé à une filiation spirituelle remontant au prophète de l'Islam(11). Sidi Ibrahim al-Tazi inculqua ensuite à son aspirant des traditions mystiques comme, par exemple, les règles de l'hospitalité "al-diyafa", le fait de se donner la main "al-musafaha", le chevauchement "al-mushabaka" ; l'utilisation du chapelet "al-misbaha", l'invocation de Dieu "al-dhikr"...(12) Il donna aussi à son nouveau disciple un poème contenant les principes directeurs du soufisme ainsi que des formules de prière en lui demandant de les utiliser fréquemment. Al-Milali rapporta que le séjour d'al-Sanousi chez son maître spirituel dura vingt-cinq jours pendant lesquels il apprit les arcanes de la tradition mystique et il mena, dès son retour à Tlemcen, une vie rythmée par l'enseignement arabo-islamique qu'il dispensait et ses pratiques spirituelles

3 - Activités intellectuelles et pratiques spirituelles :

Nous savons qu'al-Sanousi avait fait de brillantes études religieuses et profanes et que sa vie quotidienne était divisée entre les activités professionnelles qu'il menait en tant qu'enseignant et imam d'une mosquée et ses pratiques spirituelles. Le succès de son enseignement et des livres qu'il composait dans différents domaines atteste de la pertinence de ses approches pédagogiques et de la force de son érudition(14).
En matière de théologie scolastique ash‘arite, Al-Sanousi était un redoutable polémiste et il soutenait une thèse ultra-rationaliste consistant à affirmer que, pour connaître Dieu et avoir une foi correcte en Lui, il est absolument nécessaire de recourir à la réflexion et au raisonnement(15). En revanche, il privilégiait, dans ses orientations mystiques, des procédés d'ordre empirique ; il pensait que les deux sources de connaissance ne sont pas en contradiction ; il les trouvait complémentaires et appelait à utiliser d'abord la raison pour connaitre Dieu rationnellement et à chercher ensuite à renforcer sa foi en Dieu par un procédé d'intuition. Al-Sanousi répliqua aux allégations selon lesquelles "l'exercice spirituel, le combat ésotérique et la purification intérieure constituent le seul moyen par lequel il est possible de connaître Dieu" : que ces pratiques spirituelles sont absolument inutiles tant que celui qui s'y adonne n'a pas pu préalablement connaitre Dieu de façon rationnelle. Et al-Sanousi d'ajouter que personne ne peut nier cependant que, à l'issue d'une connaissance de Dieu rationnellement acquise, lesdites pratiques peuvent contribuer à la consolider, à l'augmenter et à procurer à l'intéressé beaucoup de dons et grades spirituels

et voici le lien pour lire cette expérience magnifique de ce musulman soufi dévoué

[www.soufisme-fr.com]
 
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