Si l’homme est, comme l’évoque Jalâl Eddine Rûmi, un isthme (selon sa parole : l’homme est un isthme entre la lumière et l’obscurité) qui développe sa conscience selon un éclairage continuel fait d’ombres et de lumières, sa perplexité devant la complexité du monde et des êtres, si harmonieusement ordonnée, n’a pas de limites. C’est pourtant de cette perplexité que naît en nous le désir de donner un nouveau sens à notre existence en nous reliant à notre origine divine pour acquérir une plus grande stabilité intérieure et un apaisement. Mais la plupart du temps, nous poursuivons notre vie sans nous préoccuper du trésor précieux avec lequel nous sommes venus au monde, ce Dépôt que le Divin a disposé dans la fitra de chaque être, ainsi que l’atteste le Prophète (S.S.P) :
« Tout nouveau-né vient au monde selon la nature originelle (fitra). »
Une définition de la fitra
La notion de la fitra désigne un état de nature originelle, comme si tout nouveau-né venait au monde avec une conscience vierge, dans l’état de muslim, d’abandon à la volonté divine. Et le Prophète (S.SP) de préciser, par la suite (du hadith), que ce sont les parents qui font de leur enfant un juif, un chrétien ou un zoroastrien. L’éducation parentale et les valeurs transmises dans une société donnée viennent s’inscrire dans notre fitra. Ainsi nous sommes devenus aujourd’hui ce que notre culture environnante a fait de nous, même si nous n’en avons pas toujours conscience. Mais chacun de nous possède dans sa fitra le même Dépôt originel. Celle-ci est donc le centre de l’être à partir duquel va s’opérer la construction de notre propre individualité. Elle est un principe d’unité qui doit être constamment présent à notre esprit et vers lequel il faut s’efforcer de retourner si nous voulons connaître le secret de notre propre existence.
Prenons l’exemple de la graine de séquoia. Si nous la mettons en terre, d’elle –même, elle ne germera pas tout de suite. Elle attendra qu’il y ait une humidité et une chaleur suffisantes. À ce moment-là elle commencera à germer, et en germant, elle ne prendra pas n’importe quelle direction. Elle poussera selon un ordre bien défini, en fonction des conditions météorologiques du moment. Toute l’information, à l’origine du développement de la plante, est contenue dans une toute petite graine. Une question se pose alors : comment cette information a-t-elle pu être emmagasinée dans cette petite graine ?
Supposons que nous ne soyons, nous-mêmes, qu’une graine qui a été projetée dans la vie de la même façon que nous venons au monde. Dès la première cellule embryonnaire nous portons en nous une information, mais à la différence de la graine de l’arbre, nous avons besoin de la relation aux autres pour développer notre conscience. Nous avons besoin de l’ennemi comme de l’ami, de celui qui nous rejette comme de celui qui nous ouvre les bras. Nous ne pouvons éviter ces relations d’échange, quelle que soit leur nature, entre nous et les autres afin que ce que nous avons reçu puisse exister et faire de nous les individus que nous sommes. Nous avons besoin, en même temps, de toute la diversité des êtres pour construire notre propre individualité. Même un fœtus, dans le ventre de sa mère, ressent et subit des émotions. Si sa mère est joyeuse, il le sent. Par conséquent, ce qu’on appelle la fitra, c’est en quelque sorte une graine qui contient à la fois toute l’information, toute la volonté et la capacité de l’être et qui n’a encore rien subi. Et cette graine est déjà là au fond de chacun de nous, avant même notre naissance.
Si la tradition (à ne pas confondre avec la coutume) insiste autant sur la notion de fitra, c’est tout simplement afin que nous nous affirmions comme des êtres responsables et autonomes. Chacun de nous vient au monde avec cette nature originelle pour cultiver sa singularité et être soi-même. Cependant, si nous avons besoin des autres pour construire notre individualité, nous devons éviter de tomber dans le piège du mimétisme pour y parvenir. Nous ne pouvons découvrir, savoir, percevoir la réalité de notre être qu’en faisant appel à ce principe premier et en nous libérant des influences extérieures. Cela ne signifie pas que nous sommes obligés de nous retirer ou de nous isoler du monde ; si nous vivons en société, c’est que la relation à l’autre est indispensable, y compris lorsque celle-ci prend l’aspect d’une lutte pour la réussite sociale.
En effet, la lutte n’est pas sans intérêt aussi bien dans ses aspects positifs que négatifs ; elle représente, pour l’homme, un terrain favorable à l’apprentissage et à l’acquisition de l’expérience, quel que soit le rôle qu’il est amené à jouer au sein de l’humanité. Nous avons toujours à faire l’effort de chercher la lumière même là où ne nous pensions pas la trouver, à savoir dans les activités professionnelles et les banalités de la vie quotidienne. La tradition soufie nous enseigne à faire ce retour sur soi, à n’importe quel moment de notre vie et dans n’importe quelle situation sociale, pour découvrir ce joyau parfait et inaltérable que nous portons tous en nous.
L’égalité divine
Aussi, nul ne peut prétendre être meilleur que l’autre sur le plan de la fitra. Même un individu handicapé mental ou physique naît dans cette nature originelle. Il est un être aussi complet qu’un autre jugé « normal ». Dieu se montrant juste et miséricordieux envers chacune de Ses créatures, aucune d’entre elles n’est bonne ou mauvaise du point de vue de la fitra même si, sur le plan biologique, nous allons avoir bien entendu des différences.
C’est seulement à partir de nos valeurs culturelles et morales que nous décrétons souvent injustement quelles sont les créatures pures et impures. Mais, pour le Divin, elles ne sont ni l’une, ni l’autre : il n’y a que Ses créatures. Si nous envisageons toutes les réalités du point de vue de l’absolu nous comprendrons qu’Il n’a pas à se déterminer sur tel ou tel être par rapport à des jugements de valeur. Tous les êtres Lui appartiennent et procèdent de Son vouloir ; ils proviennent tous de cette unique source dont Il est l’éternel Créateur (al-Khâliq) et, une fois leur destinée achevée, ils reviennent vers Lui :
« Et vers ton Seigneur est le retour. » (Coran, XVIC, 8)
Si les droits de l’homme ont apporté une égalité politique et sociale entre les gens, il en existe une autre antérieure à celle-ci et plus essentielle : l’égalité divine, c’est-à-dire l’égalité en dignité de chaque être devant le Divin, que rien ne peut aliéner.
« Oui Nous avons anobli les enfants d’Adam. » (Coran, XVII, 70)
L’égalité en dignité est pour nous l’égalité de la nature originelle qui, au regard du Divin, rend toute vie humaine sacrée :
« Celui qui a tué un homme […] Est considéré comme s’il avait tué tous les hommes ; Et celui qui sauve un homme Est considéré comme s’il avait sauvé tous les hommes. » (Coran, V, 32)
Modifié 1 fois. Dernière modification le 08/09/11 22:54 par faqir.
Pardonne moi mon frère si je me trompe peut etre , mais mes souvenirs de la graine que j'en ai sont ceux là , en partie mais n'hésite pas à me dire si il y a erreur de ma part
Nous avons tous en nous comme tu l'as si bien dis "la fitra" elle est déposée en chacun de nous ! Et comme la graine nous nous ressemblons et sommes différents , de part le milieu et l'environnement certes mais celà est bien plus profond encore L'éveil ne peut etre fait et donné à tous de la meme façon, car chaque graine poussera avec ses besoins et sera s'en contenté et ne sera pas malheureuse pour autant car il aura décidé dans faire la plus heureuse car de peu elle pourra vivre et poussée meme dans une pénombre Alors que d'autres faneront et resteront stérile à trop de lumière car elles seront incapable de synthétiser cette lumière et de s'épanouir à son contacte , toute ne sont pas faite pour , un équilibre doit subsiter D'autre encore seront dur et ne pousseront que dans l'aridité et ne donneront que des épines mais auront besoin de cette forme afin de s'affirmer et trouver leur place
Tels est un des secrets de la graine !! Et au bout du compte toutes ont besoin de la lumière car meme dans la pénombre un trait de lumière reste Dieu est toujours là dans nos coeurs a la graine de savoir s'ouvrir à lui au moment et au degré de profondeur voulu afin que l'équilibre de chaque choses perdure
Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/09/11 14:57 par sheera.
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve.
[center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]
Ma sœur, tout ce que tu viens de dire est juste, c’est pourquoi dans le texte, qui ne m’est pas propre, on parle de l’égalité divine, ce qui signifie que de point de vue de fitra, de notre principe divin, nous sommes tous égaux, toutefois, la différence sera essentiellement , non au niveau physique, bilogique, mais métaphysique, spirituel, au niveau du degré d’éveil et de développement de la conscience, au niveau de notre relation à ce principe unitif, comme l'illustre la suite du texte, que voici.
L’éducation d’éveil
Dans la tradition soufie, la fitra est le socle sur lequel repose notre héritage. Nous avons un centre en nous-mêmes, qui est le cœur et le siège de notre conscience (réceptacle de la lumière). Tout ce qui viendra se rajouter à lui nous apportera soit de la lumière, c’est-à-dire de la connaissance, soit de l’obscurité, c’est-à-dire du doute, des peurs et de perversions. Que faisons-nous dans l’éducation et la transmission de nos idées, de nos valeurs et de nos convictions auprès de nos enfants ? Nous conditionnons leur comportement à agir ou à réagir en fonction de nos opinions et des conventions de l’environnement dans lequel nous nous trouvons. L’erreur fatale que commettent parfois les parents, c’est de vouloir que leurs enfants leur ressemblent, qu’ils vivent comme ils ont vécu. C’est ce qu’illustre avec pertinence les propos de ‘Ali Ibn Abî Tâlib, le quatrième calife de l’islam, le cousin et gendre du Prophète (S.S.P.) :
« Éduquez vos enfants pour leur époque et non la vôtre ! »
Nous passons notre temps à surcharger notre nature originelle et à lui rajouter des voiles. Dans ce processus d’apprentissage de la vie se construit naturellement notre personnalité. L’éducation communément reçue des parents et de l’école est, certes, nécessaire pour développer en l’homme ses facultés intellectuelles et physiques afin de le préparer au mieux à la vie sociale, mais elle devient, la plupart du temps, un voilement de notre réalité intérieure qui ne permet pas de la conduire, d’étape en étape, vers l’évolution de notre propre être, allant de l’être doué de raison vers l’être métaphysique.
Il sera plus difficile à celui qui n’a eu ni la possibilité ni la volonté de recevoir une éducation d’éveil de parvenir à la prise de conscience de sa nature originelle. Car seule cette dernière permet de faire la part du connu et de l’inconnu de lui-même. L’être connu, c’est l’être physique, biologique, rationnel ; quant à l’être inconnu, c’est l’être suprasensible, métaphysique et spirituel.
Mais loin de conduire les consciences sur le chemin de l’éveil, nous les enfermons le plus souvent dans des conceptions limités et les enchaînons à nos propres idéaux, tout en croyant bien faire. Il faut alors une certaine maturité d’esprit et de la volonté pour se libérer. Cela ne se fera pas par endoctrinement, ni par idéologie, mais par une conviction intérieure vers la quête de cet état paradisiaque dont nous avons encore en nous la réminiscence. C’est un acte libre et volontaire qui émane de nous pour aller à la découverte de notre propre réalité et de notre propre être à travers une intuition guidée comme ne témoignent les propos du Cheikh al-‘Alawi extraits de La Divine Apparence relatant la chute d’Adam et Ève :
« […] il n’en demeure pas moins vrai qu’avoir mangé de cet arbre était en soi une preuve qu’existait en l’humanité l’aptitude à exercer sa volonté de façon autonome. »
Le Dépôt et les origines inférieures de l’homme
Chacun, d’une façon ou d’une autre, va à la rencontre de lui-même. Personne ne peut y échapper. Ira-t-il jusqu’au bout de cette expérience en prenant conscience du sens profond de cette quête ? Saura-t-il la mener sans passion ? L’éducation d’éveil apporte des réponses à ces questions. Elle n’est pas une éducation faite de tabous et d’interdits, même s’il est nécessaire pour chacun de nous de connaître les limites du licite et de l’illicite, de l’utile et du nuisible.
Cet enseignement est une éducation de la conscience qui nécessite une certaine maturité et un effort sur soi constant, si nous voulons actualiser les potentialités de notre être. Cela dit, quel que soit le degré d’éveil de la conscience individuelle et collective, la relation à nos propres origines nous pousse, d’une façon ou d’une autre, à partir à la quête de notre nature authentique. Le Dépôt, Amâna, a permis de nous extraire de nos origines inférieures, minérales, végétales et animales pour nous élever à l’état humain qui a donné jour à travers son évolution à l’humanité actuelle. C’est grâce à ces attributs issus de l’essence divine et contenus dans le Dépôt : l’information, la volonté, la capacité, la parole, l’ouïe, la vue, que la vie humaine évolue et se perpétue de génération en génération.
Malgré son degré de développement, l’homme ne peut pas faire complètement abstraction de ses origines inférieures. Elles ont différentes incidences sur son comportement et ses qualités. La dureté de certains individus provient souvent, par comparaison, de leur origine minérale, alors que leur instabilité est plutôt due à leur origine végétale. Quant à l’agressivité qui les habite, elle a de toute évidence un rapport avec leur origine animale*. Ce sont autant d’étapes nécessaires constitutives de la réalité humaine qui témoignent, certes, de son passage par la chaîne de la création mais qui ne déterminent pas son être véritable. L’homme réalisé est celui qui se libérera de ses trois origines inférieures pour, en fait, parfaire son Humanité. Pour le moment, nous sommes toujours en voie de réalisation et d’accomplissement. Ce n’est pas notre naissance qui nous confère spontanément notre humanité. Même si, sur le plan biologique, nous avons des caractéristiques propres qui nous distinguent des autres espèces animales, ce ne sont pas là des différences essentielles quant à l’accomplissement de notre humanité. Sur ce plan, l’homme est peut-être simplement un animal plus évolué que d’autres en raison de la spécificité de son intelligence. C’est notre état de conscience qui va faire de nous l’Être accompli, l’Homme universel (al-Insân al-kâmil).
Je me permet de poser une poésie , mon frère Faquir qui pour moi symbolise en partie "l'éveil de soi "
"J'étais un instrument désaccordé"
J'étais un instrument désaccordé Dont les cordes entremêlées sonnaient faux Comme les voix discordantes d'un tintamarre Je vibrais constamment et sans volonté
Je suis devenu une harpe qu'Il manipule Au fil de Ses réglages les sons se font cohérents Gagnant par Sa maîtrise un peu d'éclat de Sa beauté
Chaque corde de moi trouve son écho propre Dans une résonance spécifique Elles jadis dissonantes Chaque composante contribue aux accords Aux arpèges aux contrepoints Qu'Il joue sur moi dès qu'Il le souhaite
Mon âme est une harpe sur laquelle Il joue parfois Les sons produits me mènent à l'extase Jamais seul je ne peux Faire vibrer mes cordes comme Il le fait
Durant des lustres je pensais Maîtriser les sons qui sortaient de moi J'y voyais des messages et comme un but But obscur pour moi dedans la dissonance Puis Il a dénoué mon être et joué quelques sons Donnant un sens à la note un sens au son Comme avant je chante mais sur Ses airs
Quand Il ne joue pas je suis plus proche des hommes La musique est si belle qu'il faut bien qu'elle cesse Où je ne saurais plus dans quel monde je suis
Me rapprochant de Lui par mon souvenir Je cherche à sentir Sa présence Je ne La sens alors Que dans la vanité de mon être Que dans les choses du monde qui s'exhibent Et que personne ne semble voir Que dans la piètre qualité de ma musique intérieure
Là j'invoque Son nom Et je Le prie
J'étais un instrument désaccordé Dont les cordes entremêlées faisaient des noeuds Un instrument qui se construit sous Sa Miséricorde Lentement Vibrant selon Sa volonté
Arif al Zeitouni
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve.
[center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]
J'ai longtemps marché dans le sable Pour suivre les traces de ceux qui T'invoquaient De ceux qui disaient Te connaître
Au détour d'un chemin j'ai cru qu'ils parlaient de Toi Qu'ils Te priaient, qu'ils Te louaient Mais ils ne parlaient pas de Toi Mais il ne parlaient que d'associés
Je revins vers Toi dans le rappel de Toi Je priais pour eux pour qu'ils Te trouvent
Certains avaient monté de toutes pièces Des châteaux issus de leur ego Ils nommaient cela des divers noms Que l'on donne aux associés
Je revins vers Toi dans le rappel de Toi Je priais pour eux pour qu'ils Te trouvent
D'autres avaient créé des panthéons Ils avaient fait des dieux de leurs propres faiblesses Mon Bien-Aimé pardonne-les De t'oublier et de t'associer
Je reviens vers Toi dans le rappel de Toi Je prie pour eux pour qu'ils Te trouvent
Certains avaient voulu tout retourner Faire de Toi l'inverse de ce que Tu es Je pleurais devant ces petits magiciens insensés Associateurs invétérés
Je reviendrai vers Toi dans le rappel de Toi Je prierai pour eux pour qu'ils trouvent Ta voie
D'autres enfin vénéraient le dieu en eux J'eus du dégoût pour cette tendance idolâtre Ils ne comprennent pas ce que sont les associés Pardonne les associateurs
Je reviendrai vers Toi dans le rappel de Toi Je prierai pour eux pour qu'ils trouvent Ta voie
Puis je trouvais des hommes de Dieu Sages et silencieux Ils parlaient avec les yeux Je priais avec eux
Ils n'avaient pas quitté Ton rappel Ils prièrent pour moi pour des voiles se lèvent
Chaque incartade dans le monde Chaque volonté de connaître un peu plus De voir un peu plus Chaque rencontre Chaque bonheur et chaque difficulté Tout me rappelle à Toi Moi le soumis
Toi le Majestueux, Toi le Témoin
Arif al-Zeituni
La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu,et qui s'est brisé.Chacun en ramassa un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve.
[center]Amazighiya face à l'homme et soumise uniquement à Dieu .[/center]