L'Egypte a décidé de relancer son programme nucléaire civil après un gel de 20 ans et envisage la construction d'ici 2020 ans d'au moins une centrale nucléaire, tout au nord du pays, sur la côté méditerranéenne.
Le porte-parole du gouvernement, Magdi Radi, a annoncé dimanche que la décision avait été prise d'étudier "immédiatement" l'alternative de l'énergie nucléaire "à la lumière des besoins croissants en Egypte".
Cette décision a été prise lors d'une réunion du Conseil national supérieur pour l'énergie (CNSE), un organisme officiel qui avait suspendu ses travaux pendant 20 ans après la catastrophe de la centrale ukrainienne de Tchernobyl.
Le ministre égyptien de l'électricité, Hassan Younes a annoncé au quotidien officiel al-Ahram que l'Egypte voulait construire une centrale nucléaire de 1000 megawatt à Dabaa, à l'est d'Alexandrie, sur la côte méditerranéenne.
Il a précisé que son coût atteindrait 1,5 md de dollars (1,17 md d'euros), et nécessiterait des investissements étrangers.
Le président Hosni Moubarak avait annoncé jeudi que son pays voulait développer l'énergie nucléaire "à des fins pacifiques", appelant à mettre à profit les connaissances scientifiques pour maîtriser cette énergie.
L'Egypte, qui n'est pas membre de l'OPEP, exporte du pétrole brut, mais dispose de faibles réserves, alors qu'elle découvre de plus en plus de gisements de gaz naturel.
Selon le porte-parole du gouvernement, les alternatives au pétrole "sont limitées alors que l'option nucléaire s'est répandue à travers le monde parce qu'elle est de plus en plus sûre".
Le ministre de l'électricité a précisé que la centrale de Dawaa, dont le projet de construction avait été gelé après Tchernobyl, pourrait voir le jour dans un délai de dix ans, une fois la décision prise.
Le quotidien indépendant al-Masri al-Yom affirme, en citant des sources officielles anonymes, que le gouvernement envisagerait de construire au total trois centrales, d'une capacité totale de 1800 mégawatts, d'ici 2020.
M. Younes a indiqué dans un autre quotidien gouvernemental, al-Akhbar, que l'Egypte avait identifié plusieurs sites de construction de centrales, pouvant aller jusqu'à une capacité globale de 5000 mégawatts.
L'ambassadeur américain au Caire, Francis J. Ricciardone, a affirmé jeudi à ce propos que les Etats-unis n'avaient pas d'objection au développement par l'Egypte de l'énergie nucléaire à usage pacifique.
"Les Etats-Unis encouragent l'utilisation pacifique à des fins civiles du nucléaire", a dit M. Ricciardone à la télévision al-Mehwar, opposant dans ce domaine les politiques de l'Egypte et de l'Iran.
L'ancien président du CNSE, Ahmed al-Qadi, a précisé que la future centrale de Dabaa, si elle voit le jour, produira plus d'électricité que le barrage d'Assouan, la réalisation pharaonique entreprise sous Nasser.
Pour le réacteur de Dabaa, l'Egypte semble envisager une collaboration avec les Chinois ou les Russes. Un accord de coopération russo-égyptien dans ce domaine a été signé en 2001.
L'Egypte, qui a signé le traité international de non prolifération nucléaire, soutient officiellement l'élimination des armes nucléaires dans la région et critique régulièrement Israël.
L'Etat hébreu, qui ne reconnaît pas officiellement avoir l'arme nucléaire, possède selon une majorité d'experts au moins 200 bombes atomiques et est le seul état du Moyen-Orient à avoir choisi de rester en dehors du TNP.
Les pays arabes, dont l'Egypte, ont échoué vendredi dernier à faire adopter par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) une résolution mettant en cause le programme nucléaire d'Israël
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