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L'Afrique francophone méfiante après l'élection de Sarkozy
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7 mai 2007 16:49
L'Afrique francophone méfiante après l'élection de Sarkozy


DAKAR (Reuters) - Si les dirigeants des pays d'Afrique se sont empressés de féliciter Nicolas Sarkozy pour son accession à l'Elysée, l'homme de la rue s'inquiète des positions du président élu sur l'immigration et de leurs conséquences sur les relations entre Paris et le continent africain.

"La politique d'immigration va se durcir et les charters (d'immigrés clandestins expulsés) vont reprendre. Il (Sarkozy) va mettre dehors beaucoup d'Africains", dit Habibou Thiam, 32 ans, menuisier à Dakar, la capitale sénégalaise.

L'opinion publique en Afrique francophone penchait plutôt pour la socialiste Ségolène Royal, rivale malheureuse du président de l'UMP, née à Dakar et qui passait pour plus attentive aux aspirations des pays en voie de développement.

La promesse de Sarkozy pendant la campagne de contrôler l'immigration a suscité de nombreuses critiques en Afrique, tant de la part des gouvernements que de la population.

"Renvoyer des gens comme des animaux, ce n'est pas correct. Les gens ne l'aiment pas en Afrique à cause de ça. Tous les Africains ont un ami ou un parent en Europe", dit Moussa Tonde, un ingénieur en informatique venu lundi demander un visa à l'ambassade de France à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

"Sarko président de la France, ce sont nos compatriotes, même en situation régulière, qui vont trembler. Va-t-on renouer avec les expulsions tous azimuts et les charters?", s'interroge le journal sénégalais Le Populaire en première page.

Alors qu'il était ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a renoué avec la politique des "charters" d'immigrés clandestins, inaugurée dans les années 80 par Charles Pasqua, notamment en direction du Mali et du Sénégal.

Mais dans son discours après l'annonce de sa victoire dimanche soir, il a cherché à rassurer les pays d'Afrique du Nord et d'Afrique noire.

Il a lancé "un appel à tous les peuples de la Méditerranée pour leur dire que c'est en Méditerranée que tout va se jouer, qu'il nous faut surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et à un grand rêve de civilisation", afin de "bâtir ensemble une union méditerranéenne, qui sera un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique".


"BOUCS EMISSAIRES"

"Je veux lancer un appel à tous les Africains, un appel fraternel pour dire à l'Afrique que nous voulons l'aider, aider l'Afrique à vaincre la maladie, à vaincre la famine, à vaincre la pauvreté, à vivre en paix. Je veux leur dire que nous allons décider ensemble d'une politique d'immigration maîtrisée et d'une politique de développement ambitieuse", a-t-il dit.

Un discours accueilli avec scepticisme par certains commentateurs africains qui voient en Sarkozy, lui-même fils d'un immigré hongrois, un eurocentriste, voire un raciste.

Ainsi, l'éditorialiste du grand quotidien francophone algérien El Watan, Ali Bahmane, porte un regard très critique sur le futur occupant de l'Elysée, allant jusqu'à redouter "une ère de fascisation rampante" en France.

"L'image forte dans le monde d'une France démocratique et humaniste va prendre un coup terrible avec Nicolas Sarkozy (...). Ce grand pays ne mérite pas un tel sort, que son héritage civilisationnel soit mis sous menace de dilapidation."

Il ajoute: "Le nouveau chef de l'Etat a inventé des boucs émissaires et s'est constitué des fonds de commerce: les immigrés, les Arabes, les Noirs, les beurs, les jeunes des banlieues, les marginaux, les marginalisés, etc. Il a réussi à convaincre une majorité de Français que ces gens-là sont une menace pour l'emploi et la sécurité.

"Il leur a promis de rétablir l'ordre par la peur du gendarme et par le verrouillage de la France. Il y a risque que, sous son règne, s'achève l'avancée humaniste de la France et commence l'ère d'une fascisation rampante", conclut le journaliste.

Malgré ces craintes, les présidents sénégalais et algérien, Abdoulaye Wade et Abdelaziz Bouteflika, ont été parmi les premiers à féliciter le nouveau chef de l'Etat français.

"Vous connaissant homme d'engagement et de conviction, je sais pouvoir compter sur vous pour impulser ensemble les relations algéro-françaises et leur conférer une ampleur et une profondeur correspondant aux ambitions que nos deux pays se sont assignés", a écrit notamment Bouteflika.


Source : [fr.news.yahoo.com]
 
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