Le nouvel émir du Koweït, Cheikh Saad Al-Abdallah Al-Sabah, 75 ans, devait annoncer officiellement sa décision d'abdiquer dans la matinée, indiquait-on tôt mardi matin 24 janvier de source officielle à Koweït. Cheikh Saad Al-Abdallah Al-Sabah, qui a accédé au trône le 15 janvier à la mort de son prédécesseur, a vu sa santé se détériorer rapidement.
Ce dénouement est la conséquence d'un accord de dernière heure conclu lundi soir par le premier ministre, Cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, et le doyen de la famille régnante, Cheikh Salem Al-Ali Al-Sabah, cousin et principal soutien de l'émir. L'annonce devait survenir juste avant l'ouverture d'une session extraordinaire du Parlement demandée par le gouvernement pour obtenir la destitution de l'émir pour raisons de santé. Le premier ministre est appelé à lui succéder.
Le gouvernement a été jusqu'à affirmer dans une lettre officielle avoir obtenu "des preuves" que l'émir n'avait "plus les facultés pour exercer ses prérogatives constitutionnelles". C'était la première fois que le gouvernement affirmait publiquement que l'émir n'est pas en état de gouverner.
Le refus jusque-là de l'émir d'abdiquer et la demande du gouvernement qu'il quitte le pouvoir avaient plongé le Koweït dans une crise politique sans précédent. L'émir s'obstinait à vouloir prêter serment pour occuper officiellement son nouveau poste et avait même exigé la tenue lundi soir d'une session extraordinaire du Parlement pour le faire et prendre de vitesse le gouvernement, mais sa demande avait été rejetée.
LE PREMIER MINISTRE, PERSONNAGE-CLÉ DE L'ÉMIRAT
Pour destituer l'émir, le Parlement devait se prononcer à la majorité des deux tiers de ses 65 membres, chiffre incluant les 16 ministres qui disposent d'un droit de vote à la Chambre. Un tel vote ouvrirait la voie au premier ministre pour devenir émir. Ce dernier bénéficie d'un très large soutien au sein de la famille régnante et de l'appui sans réserve de son gouvernement. Le premier ministre, âgé de 76 ans, dirige de facto depuis plusieurs années le riche émirat pétrolier du Golfe, l'émir Jaber Al-Ahmad Al-Sabah, décédé à l'âge de 79 ans, ayant été malade pendant de nombreuses années.
Cheikh Sabah avait informé plus tôt des membres influents de la famille régnante du projet du gouvernement de destituer l'émir et a reçu leur soutien, selon un communiqué officiel. Les participants avaient "exprimé leurs regrets devant l'incapacité des grandes figures de la famille honorable à régler les questions en suspens sans devoir recourir aux dispositions de la Constitution" permettant d'évincer l'émir sur la base de son mauvais état de santé, selon le texte. Ils avaient également "loué les mesures prises par le cabinet" et exprimé l'espoir que la "sagesse l'emportera dans la recherche d'une solution".
Une destitution de l'émir Saad constituerait une première dans l'histoire de la famille Al-Sabah. Elle serait aussi la première destitution d'un souverain d'une monarchie du Golfe par la voie constitutionnelle.
Membre de l'OPEP, le Koweït est un richissime émirat pétrolier qui détient environ 10 % des réserves mondiales prouvées d'or noir. Il compte près de trois millions d'habitants, dont moins d'un million de Koweïtiens.
chargement...
+ 
