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1 jour 1 yabi: Sarazinement Vôtre
A
28 août 2016 22:58
whistling smiley Je lui dirais les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux ... whistling smiley
Assalam aleykoum chers yabis, vous avez devinés aujourd'hui j'interview un monument énigmatique de Yabiladi, j'ai nommé Sarazinement Vôtre.
Sarazinement Vôtre je voudrais d'abord te dire que je suis ta première fan et que je suis prête à mourir maintenant que tu as liké un de mes posts ptdr
Sarazine (permets-tu que je te surnomme de cette façon), mais de quelle planète d'où viens-tu?




Modifié 1 fois. Dernière modification le 28/08/16 22:58 par AppssntA3.
28 août 2016 23:02
Ca faisait longtemps winking smiley
J'allais te demander quand t allais nous le refaire
28 août 2016 23:05
SiLaKriz... De rire,

Intéressant ton pseudo... Il a le don de nous pousser à l'herméneutique :
- est-ce une constatation : c'est la crise ! avec une variante dialectale franco-arabo-berbère.
- ou est-ce une proposition subordonnée conditionnelle : si la crise, de rire, ne finissait pas par m'étouffer, alor...


Ah... C'est de moi dont il est question ici ?
Evidemment.


[Elle arbore un sourire figé qui trahit une gêne. Mais ses yeux ne changent pas : ils observent vivement mais silencieux]
.


Et bien... Je ne sais laquelle de nous deux est la plus surprise par cette interview... J'ai même éclaté de rire en lisant ta timide demande.
Mais ce qui est certain, c'est que j'en suis la plus honorée.
Alors, SiLaKriz, fais-moi donc l'honneur retour de rester le plus longtemps possible en vie sur Yabiladi, qu'on jouisse allègrement de cette plume qui égaie mes passages éclairs sous-marins sur Halka... Et à loisir, tes délires écrits, je lirai et liquerai génér...


Euh... Oui... Trêve de verbiage.



[Elle s'éclaircit la plume. Bois une gorgée d'encre].




Alors... D'où viens-je ?
Je ne suis pas si énigmatique.

Tu avais presque deviné !
A quelques heures-lumières près...


[Elle se met... En apesanteeeeuuuur... Et les secondes sont des heures.]




Au clair de la Lune




Je suis arrivée sur Terre au clair de la Lune embellie,
Par une courte nuit du jour le plus long accompli.
Les âmes, dehors, célébraient l'art et la mélodie,
Et moi, en elle, je livrais mon premier cri.

C'est ainsi que mon âme fut portée à la vie,
Et la Lune entoura ma toute première insomnie.
Mère, veilleuse... De mon enfance elle se fit.
Et moi, fidèle, mes poèmes et ma plume, je lui offris.

Entre elle et la Terre, je vivais l'harmonie,
Voyageant, sereinement, l'âme éblouie.
A la beauté du monde, je m'épanouis,
A la spiritualité, mon ptit esprit fleurit.

Et un jour, ou plutôt une froide nuit,
Apparut à l'ombre de cette funeste bougie,
Le visage de notre monde encore plus enlaidi
Dans les ténèbres du ciel qui resta obscurci.

Silencieuse, la Lune, d'un halo, se vêtit,
Là-haut, l'inespérée éclaircie, je redécouvris.
Depuis, mon âme, sur ses dunes, s'établit.
Et sur Terre, jamais plus, elle ne redescendit.

Au coeur de la Terre, je naquis.
De la laideur du monde, je m'enfuis.
Au berceau de Lune, je m'enfouis.
A l'encre de ma plume, je m'aguerriiiis !



[Mode lévitation Off]


[Elle se tait. Observe minutieusement. Et se révise seule].



Ah... En prose explicite ?



Eh bien... Je suis donc originaire de la Terre, où j'ai, bon gré mal gré, passé ma prime enfance. Mais, toute petite déjà, je passais le plus clair de mon temps, mes nuits et mes vacances sur la Lune.
A l'aube de ma première décennie, devant la laideur du monde terrestre, mon âme a plié bagages et a définitivement déménagé sur la Lune.

Après avoir parcouru l'ensemble de sa surface, j'ai alors décidé de planter ma biblio et de déposer mes valises de dicos sur la cime la plus élevée de l'Astre Lumineux.
Le paysage est subliiiiime... La vue imprenable... Et donne sur son plus profond cratère.

J'avoue que vis-à-vis de la Terre, je suis donc cooooomplètement à l'ouest !

Mais, du plus loin qu'il m'en souvienne... Je crois l'avoir toujours été !
D'ailleurs, depuis petite, devant ma présente absence ou mon absente présence, quand ma mère me cherchait et demandait où j'étais passée, elle se voyait répondre immanquablement :
"Hein ? Sarazine ? Ben, comme d'hab, elle est encore dans la lune... Elle plane... Elle est perchée cette gamine... Complètement à l'ouest !".
Faut donc croire que j'étais déjà fort attirée par la partie occidentale de notre plus bel astre...

Je me sens en phase avec moi-même sur cette hauteur lunaire... Et je ne regrette aucunement mon choix d'y être allée m'installer. C'était une évidence.

Sur Terre, j'avais le mal de terre. Sur la Lune, je n'ai pas du tout le mal du pays.

Et puis, ce n'était pas du tout un voyage en terre inconnue. Je connaissais très bien la Lune. Je parlais parfaitement sa langue du silence sans aucun accent, j'avais appris sa culture et observé l'esprit lunatique qui était sien et l'âme cyclique qui l'animait.


Toute petite, déjà, j'évoluais avec elle. Elle a toujours fait partie de ma vie du plus loin que je me rappelle.

Elle était pour moi ma jumelle dans le Ciel. Et ce que je voulais pour moi, je le voulais pour elle.


A
28 août 2016 23:05
28 août 2016 23:06


Tiens une de mes nombreuses anecdotes...

Tout le monde se souvient parfaitement chez moi du jour où j'ai exigé à ce qu'on m'aide à créer une montgolfière. Pour l'approcher au plus près.

"Et pourquoi pas une fusée tant que tu y es ! M'a-t-on répondu.
- Je veux pas une fusée, je veux une montgolfière. Dans une fusée, je serai enfermée. Moi, je veux la toucher pour de vrai !"

Et vexée de n'avoir été prise au sérieux, j'ai fait demi-tour et m'en suis allée en culpabilisant d'avoir demandé de l'aide.

Ma mère m'a vue rentrer à l'intérieur, déterminée. Suis allée dans ma chambre, ai pris mon ptit sac lourd de livres. Et suis retournée voir ma mère.

Je lui ai demandé tout naturellement de me donner tous les stocks de pommade qu'elle avait parce que j'étais pressée.


En fait, je faisais depuis quelques temps de l'eczéma sur le visage et ma mère m'appliquait tous les soirs, de la pommade. je comptais aller lui en appliquer sur sa ronde face pour qu'elle aussi guérisse.
Ma mère, qui, amusée, a toujours respecté mes lubies, a suspendu ingénieusement le tube de pommade à ma fenêtre par un ruban accroché à un ballon de baudruche en me disant que la Lune descendrait elle-même le chercher.

Je l'ai attendue... J'ai dû m'endormir... Car au petit matin tout avait disparu... Sauf le ruban, que j'ai longtemps gardé sous mon oreiller.
C'était la preuve que la Lune me connaissait et était descendue me voir.
Et bien que la Lune n'avait pas guéri son visage grâce à mon tube insuffisant de pommade, cette petite expérience nous avait unies l'une à l'autre intimement. La Lune m'était devenue plus proche.

C'est comme ça qu'est naît le lien entre elle et moi... C'est comme ça que la glace entre elle est moi fut brisée... Parce que j'ai voulu la soigner comme moi je l'avais été.

Tous les soirs on se retrouvait... Tous les soirs on se mirait l'une l'autre. Tous les soirs nous conversions silencieusement.

Elle a mis du temps à se livrer... Elle a mis du temps à s'attacher... Elle a mis du temps à se confier.

Et un soir... La Lune a décru pour me remercier... Et on ne s'est plus jamais quitté.


[Elle se lève, se dirige vers une de ses biblio et en ressort un album photo bleu argenté intitulé Songe d'une fille lunaire...].


 
Sarazine 0



C'est ainsi que ma plume est née... Pour lui écrire.
J'écrivais en dessinant d'abord... Je lui dessinais combien je la trouvais belle même si elle avait une tête pleine de boutons et d'eczéma.

Mais très vite, le dessin ne m'était plus suffisant. C'est alors que j'ai appris à lire et écrire seule alors que je n'avais pas encore 5 ans. J'avais pour dessein de lui offrir des poèmes.

C'est à cette période-là que ma mère est tombée enceinte de ma soeur. Et là... La Lune est devenue une véritable obsession... Mdrrr !

J'en étais venue à comprendre en observant la grossesse de ma mère et son ventre qui s'arrondissait, que la Lune était en fait la maman des étoiles. Et que quand la Lune passait du quartier à la demi-Lune c'est parce qu'elle avait des étoiles dans le ventre. Lors de la pleine Lune, elle donnait naissance aux étoiles. Et ensuite, son absence c'est parce qu'elle se reposait.

Alors chaque fois que c'était la pleine Lune, je m'empêchais de dormir. Je veillais le plus tard possible pour l'accompagner et voir les étoiles dans le Ciel et lui dire que je prendrais soin de ses enfants pendant qu'elle se repose.

Quand ma petite soeur est née, ma mère m'avait aidée à créer un faire-part de naissance pour annoncer à la Lune que ça y est, enfin, j'étais devenue grande soeur. Qu'est-ce que j'étais heureuse !

Pour n'importe quelle fête ou dès qu'une occasion spéciale se présentait, je partageais ça avec elle.

Et dans ma routine, chaque nuit, je m'allongeais par terre et je contemplais le Ciel.
Et plus que le ballet nocturne des danseuses étoiles, c'est la présence silencieuse de la Lune, telle une muse, qui retenait tout mon émerveillement.



6
28 août 2016 23:06
Assalâm 'alâykoum

C'est vrai qu'elle est géniale mais elle n'interviens plus je crois.. Enfin pas beaucoup peut être.

Je te conseil aussi lolotte* (vivons heureux, vivons cacher grinning smiley).

Il y'a aussi le frère Solitaire5

Etc.

Il y'a pas mal d'habituer intéressant qui donne de bons conseils avec l'art et la manière (malgré les divergences dans un certain domaine lol).

Bonne interview.
28 août 2016 23:07


C'était toujours allumé là-haut, toujours, sans pourtant qu'aucune âme y vive. Paradoxalement.

Et c'est, je crois, cette curieuse miséricorde qui m'a confortée dans mon choix d'y élire domicile.

Et plutôt que de la solitude, j'ai découvert en la Lune, une confidente, un coeur d'une bonté profondément humaine, une mère qui décroissait pour me faire un berceau de lumière... Et dans ses bras, je m'y sentais chez moi. Plus que partout ailleurs.
Alors, je l'ai choisie pour y reconstruire une vie et y bâtir un avenir.
Finalement, je n'en suis plus jamais repartie.

[Elle s'arrête. Scrute le ciel. Pendant de longues secondes, elle se fait silencieuse].


Tu sais... Plus je grandissais sur la Lune et plus je la comprenais intérieurement. Et plus je l'observais, plus j'étais convaincue que la femme en devenir que je voulais être devait puiser ses principes à sa lumière.
Car, vois-tu, la Lune est le principe féminin par excellence.

La Femme-Lune, introvertie et réfléchie, symbolise la vie et la force intérieures : la spiritualité (méditer à la lumière de la Lune) et les arts (sensibilité) sont ses champs de réflexion. Et de cette lumière spirituelle, elle éclaire la Terre obscurcie. Telle est le destin qu'Allah lui a alloué.
Mais poussons plus loin : même matériellement la Lune et la Femme ont bien des points communs.
La Lune est changeante. Irrégulière mais cyclique. Et comme la Lune revient à son début de cycle tous les 28 jours environ (lunaison), la Femme connaît un cycle menstruel de 28 jours.
Et comme la Lune, la Femme change de corps. Comme la Lune est pleine, la Femme est enceinte.
La Lune veille le soir sur la Terre pendant que le Soleil est couché. De même, la Femme veille, borde, berce ses enfants.


Enfin, je pourrais multiplier les symbolismes que j'en arrive toujours à la même conclusion spirituelle : la Lune est l'ancêtre de la Femme.

J'ai donc un profond respect pour celle qui m'a accueillie bien que je ne lui sois pas native et je lui voue une grande admiration...

Parce que rien ne m'est plus authentique, plus humain et plus inspirant que la Féminine Lune...

Et si mon corps vient de la Terre où je suis née, mon esprit et mon âme appartiennent aux couleurs de la Lune où j'ai grandi.



[Elle lance un regard complice en direction du ciel. Et sourit paisiblement].
28 août 2016 23:08
Citation
SiLaKriz a écrit:
Tu as une très grande sensibilité et tu sais lire à travers les lignes dans le profond des âmes des yabis que tu aides.
Pour avoir une si grande sensibilité m'est avis qu'il faut avoir beaucoup souffert. As tu souffert avant ta hijra vers la lune?

D'où viennent réellement tous ces mots que tu déverses en vagues bleues ?

A quel moment es tu devenue la Femme Lune que tu décris ?



Aussi incroyable que ça puisse paraître... Je suis aussi muette dans la vie que je ne suis lourde bavarde sur Yabi ! Je compense. Lol !


[Elle éclate de rire. Toute seule.].


Je ne suis pas de celles qui parlent, se livrent ou se racontent. Plutôt de celles qui écoutent et surtout observent.


Sur Yabi, c'est vrai, j'ai la plume aisée. Je dégaine ma plume aussi vite que mon ombre. J'écris aussi longuement que je ne réfléchis.
Mais... Dans mes torrents épistolaires, si tu les lis attentivement, ce n'est pas de moi-même au fond dont il est question. C'est soit du posteur, soit du sujet que je traite. Mon avis perso, ce que je ferai personnellement en place et lieu du posteur par exemple, je n'en parle même pas. Parce qu'il ne s'agit pas de moi.
Je n'aime pas être le sujet. Me raconter personnellement n'est pas ma tasse de thé. Et encore moins dans la vraie vie. Et puis, je fais souvent le constat quand j'analyse mon attitude, qu'instinctivement, je trouve toujours le moyen de retourner le fond pour dévier sur l'autre ou alors d'aborder les choses de manière impersonnelle et générale.

Bref.

On pense souvent que pour véritablement comprendre une chose, il faut nécessairement l'avoir vécue. Un proverbe algérien dit en ce sens : mâ yhass bel jemrâ gheir elli mchâ '3liha... Ne ressent la braise que celui qui marche dessus.

C'est en partie vrai. En partie. Parce qu'il y a d'une part l'expérience qui peut mener à la compréhension. Mais il y a surtout l'observation.

Pour te donner une image : c'est comme si tu te tenais sur une montagne et qu'au loin t'observais la mer. Sur une barque se trouve un couple qui est sur le point de faire naufrage.
Qu'est ce que chacun de vous est le plus à-même de comprendre dans ce qui se joue dans cette situation ? Et qui en a une meilleure vision ?
Le couple avec son expérience puisqu'en plein dedans mais qui ne voit pas plus loin que le champ de sa barque ou celui qui assis sur sa montagne de toute sa hauteur voit se propager au loin les nuages, le sens contraire du vent et les pièges marins ?

Ben, c'est comme ça que je comprends et peux aider. Je n'ai jamais vécu personnellement nombres de situations sur lesquelles j'interviens pourtant. Mais j'observe.

Ce n'est donc pas vraiment l'expérience personnelle qui est la source de mes flots de vagues bleues. Mais la simple observation lucide à laquelle je m'applique et me plais.

J'adoooooore observer et écouter les autres. Je fais des portraits-puzzles d'autrui dans ma tête : j'attends patiemment de découvrir les pièces de son histoire et de les remettre à leur place pour mieux cerner l'énigmatique peinture que j'accroche ensuite dans l'immense galerie dans un coin de ma Lune. J'ai mille et un portraits que je collectionne depuis toute petite. Je me rappelle de presque chaque personne que j'ai croisée dans ma vie et de ce qu'elle m'a appris et apporté. C'est le plus beau de mes trésors !


Ce qu'il y a de plus intéressant dans l'humain... C'est son Être. Son authenticité.
Et pour essayer de toucher cet Être, il faut s'appliquer à aller au-delà de ce que les mots disent, de ce que les actes montrent, de ce que les yeux lisent, ce que l'esprit comprend, de ce que le coeur ressent... Et s'astreindre à voir l'autre, non pas tel qu'il paraît ou tel qu'on voudrait qu'il soit, mais tel qu'il EST. Tout simplement tel qu'il est.

Et ce ne sont plus les yeux qui voient ou qui lisent... C'est l'âme.

L'observation de la vérité est le moyen de l'esprit pour atteindre le but de l'âme : l'authenticité.

Voilà d'où viennent réellement les vagues bleues que je déverse sans retenue : de l'observation de l'esprit, et de la connaissance de l'âme.

Et pour y parvenir, il faut d'abord connaître sa propre âme. Se connaître soi-même. Savoir lire en soi d'abord. Pour distinguer ensuite ce qui provient de nous et ce qui provient de l'autre. Et enfin s'effacer derrière autrui pour ne retenir que sa vérité et son authenticité à lui.

La tâche la plus ardue, au fond, n'est pas tant de comprendre et connaître l'autre... Que de se comprendre soi et se connaître soi. Parce que la connaissance de soi ne tolère ni complaisance, ni gravité. Mais de la justesse, de la lucidité et la stricte vérité. Faut être prêt à assumer ce qui en nous est lumineux. Mais aussi assumer cette part d'ombre en nous-mêmes qui nous pousse vers les Ténèbres et qu'on ne révèle à personne...
28 août 2016 23:09
Dans cette quête vers la connaissance de soi, qu'il n'est pas donné à tout le monde d'accomplir, on possède tous pourtant un véhicule intérieur des plus authentiques qui pourrait nous guider... Celui de la souffrance...

La souffrance qui pénètre notre être dans toutes ses profondeurs et qui traverse toute entité dans son entièreté : l'esprit, l'âme, le coeur et le corps en empreignant et empesant la psyché, la conscience et l'inconscient... Et révèle alors ce qui en nous est lumineux et ce qui en nous s'est perdu dans méandres des Ténèbres.

S'il y a bien un universel qui nous relie tous en ce monde, et qui fait de nous des semblables, je crois bien que c'est la souffrance.
Tel un collier de perles où chacune d'elle serait unique et particulière et reliée aux autres par un seul et même fil : la souffrance.

Qu'importe d'où l'on vient et où l'on va, qu'importe qu'on soit homme ou femme, adulte ou enfant, qu'importe en qui on a foi ou en quoi on croit, qu'importe la religion à laquelle on adhère, qu'importe nos croyances, nos convictions, nos valeurs, qu'on soit pieux ou qu'on ne le soit pas, qu'on soit droit ou qu'on vire à gauche, qu'on soit dans l'opulence ou dans l'indigence, qu'on soit seul ou entouré, plein de connaissance ou dans l'errance, qu'importe la pluralité de nos êtres, nos chemins de vie différents, notre destin unique, notre trajectoire personnelle etc etc... Aucune âme vouée à venir sur Terre n'en est épargnée !

Parce que la vie apporte à chaque âme portée à la vie son lot d'épreuves, son lot de souffrances. C'est aussi universel qu'inéluctable.

Mais la souffrance peut se révéler être salutaire pour notre âme si on sait faire sens et tirer de cette souffrance une force intérieure pour apprendre à se connaître et réussir cette vie.

Parce qu'au fond, c'est comme au poker... On reçoit TOUS des mauvaises cartes. Et pourtant... Même avec les pires des cartes, on peut gagner. Parce que ce ne sont pas les cartes qui sont déterminantes, mais bien notre manière de jouer qui fera de nous des vainqueurs ou des vaincus.

Alors, autant se tenir prêt à jouer avec la vie, plutôt que la laisser se jouer de nous !

Il y a dans la souffrance quelque chose de sain et de salutaire pour soi-même : des leçons à tirer, des principes à revoir, une personnalité à mieux cerner, une armure à renforcer, une stratégie de survie à réviser, une vulnérabilité à protéger, des acquis à préserver, des fondations à solidifier, une confiance en soi à travailler, une conscience en soi à élucider, des intentions à sonder, des principes à questionner, des règles à modifier, des limites à repousser etc.

Et puis, c'est aussi dans l'adversité de la souffrance que se révèle la partie la plus authentique et la profonde en soi... La vulnérabilité, la fragilité...
Tout colosse que l'on soit, la souffrance nous rappelle de l'intérieur qu'on garde un pied d'argile... Alors, autant intégrer cette vérité et en ressortir une force.

L'idée, pour le dire de façon imagée, c'est que chaque fois que le Ciel te tombe sur la tête, ne le laisse pas t’effondrer. Relève tes manches et remercie-le. C'est l'occasion pour toi de muscler tes bras, d'améliorer ton endurance et de gagner en force...

C'est le seul sens qu'on m'a appris et que j'ai trouvé à la souffrance qui ne la rende pas vaine. La résilience.

Le but de la souffrance, c'est d'y trouver du sens pour continuer à aimer, à s'aimer et à croire en la Vie... Malgré tout... Malgré tout.

28 août 2016 23:10
La souffrance, c'est donc une expérience spirituelle fondamentale pour qui souhaite connaître et toucher la vraie couleur de son âme...

La mienne est bleu nuit légèrement violacée. D'où le bleu de l'encre de mes maux...


[Elle sourit. Regarde ses mains. Regarde la nuit dehors. S'ensuit un long silence].


J'ai eu ma part. Très tôt. Trop tôt.
La vie m'en doit une.

Donc quand j'ai fait ma hijra sur la Lune, alors même que mes pieds décollaient de la Terre, je me suis secrètement et intérieurement promis comme je Lui ai promis que tant qu'Il me prêtera vie, je ne m'avouerai JAMAIS vaincue et j'en sortir vainqueur. Quoi qu'il arrive et quoi qu'il m'en coûte, qu'importe les cheveux que je dois y perdre... Mdrrr !

J'ai mis du temps. J'en ai mordu la poussière. Mais je l'ai gagnée ma paix. Je l'ai méritée.

Et dans la laideur de la souffrance, j'y ai trouvé de la beauté.

C'est ma revanche.

Je suis donc convaincue que des boulets de la souffrance, on peut essayer d'en faire une pierre angulaire à une meilleure construction de soi. Plus solide. Et bien plus beeeeeelle !

Et pourquoi ne pas faire de nous-mêmes, de notre cheminement, de notre apprentissage un instrument de polissage pour l'âme et le coeur d'autrui ?

Parce que rien ne nous prépare à la souffrance, à de telles épreuves, de telles blessures que chacun doit affronter seul dans la plus grande solitude tiraillé entre toutes ses entités : aucun bouquin, aucune théorie, aucun entraînement. Il faut le vivre. Apprendre sur le tas, malheureusement.

C'est ma raison d'être sur Yabi. Ce n'est pas par bonté d'âme, par gentillesse, par charité ou complaisance. C'est par dette envers moi-même. Si j'use si longuement de ma plume, c'est pour réparer une erreur. Mon erreur. Le silence.


Enfin... Quant à savoir quand deviendrais-je la Femme-Lune à laquelle j'aspire... La route est encore loooooooongue ! Mdrrr !
Mais j'ai de bonnes chaussures de marche ! Et une feuille de route personnelle pour baliser le terrain !

J'ai surtout la chance d'avoir dans ma vie un excellent Modèle qui me guide et m'éclaire depuis le berceau... De compter dans ma galerie, les meilleurs portraits de Femmes... D'avoir la Lune pour muse !

J'ai donc de quoi m'inspirer... Alors, je suis confiante et j'avance sereinement... Et à mon seul rythme...
28 août 2016 23:11
Citation
SiLaKriz a écrit:
Sarazine, tu arrives à toucher l'âme d'autrui. Tu arrives à toucher l'Etre comme tu dis. Est-ce que quelqu'un a déjà su toucher le tien?

A force de vouloir se perfectionner et s'élever, n'as-tu pas peur au final d'être trop au-dessus du lot? De ne pouvoir trouver une Ame soeur à ta hauteur?



[Surprise, elle marque un court silence. Puis éclate de rire]


Bien joué tourné ! Tout en subtilité... Mdrrrrr !


Trouver une Âme-soeur à ma hauteur...

Sur les dunes lunaires, je suis fille unique !

Quoique... La seule âme littéralement à ma hauteur que j'ai jusque là pu observer est celle d'un ptit voisin qui logeait autrefois sur une planète non loin, l'astéroïde B 612...
[Le Petit Prince de St-Exupéry, Ndlr ].

Il est le plus beau portrait d'homme qu'il m'ait été donné de peindre. Le seul.
D'une pureté, d'une innocence et d'une simplicité que je n'avais encore jamais vues chez personne... Et dont le regard était éclairé par son âme d'enfant et avait conservé parfaitement sa capacité d'émerveillement.
Mais paradoxalement, un adulte aux principes solides et aux armes aguerries.
D'une bonté de coeur, d'une grandeur d'âme et d'une vivacité d'esprit qui ont forcé mon respect... Alliés à une dureté, une fermeté et une haute conscience.
En somme... Une authenticité rare, brute de décoffrage, qui brille pourtant tel un diamant non-taillé dans la poussière.

Mais, ce Petit Prince a choisi d'entreprendre le voyage inverse au mien : devant la laideur de sa planète, il a quitté les hauteurs célestes pour s'établir définitivement sur Terre quand moi j'ai quitté la Terre pour m'établir sur la Lune.


[En apesanteur]


Aaaaahhh... Si nous nous étions trouvés !
Et si mes intentions je lui avais avouées !
Des moutons par milliers je lui aurais gribouillés dessinés...
Et sur sa précieuse et innocente fleur j'aurais veillé,
Pour qu'aucun serpent-boa n'eut pu la consommer.
Sa vie n'aurait pas été brisée et Petit Prince serait resté.
Nous aurions fait du bonheur de l'autre, une mission sacrée
Et au clair de notre Lune éclaircie, nos esprits se seraient liés...
Entraînant nos âmes dans une danse endiablée apaisée...
Enfin... Nos corps coeurs, délicatement, auraient fusionné...
.


Mais notre destinée en a choisi autrement... Hélas.

Chacun a dû quitter son propre monde
Partir en quête de lui-même, devenir et être...
Chacun a dû mourir au monde...
Pour, authentiquement, à soi, renaître.

Peut-être qu'un jour on se retrouvera... Inshâ'llah.

Lui et moi, pourrions faire la paire.
Moi si lunaire...
Lui, terre-à-terre.
Il serait ici-bas mon repère.
Et moi, là-haut, son repaire.
Deux âmes complémentaires.
Deux esprits solitaires.
Moi, coeur de pierre...
Lui, coeur en chair...
Une symbiose qui libère.
Une alliance qu'on espère.


(Hum... Je me découvre une facette love-to-love.... Intéressant ! Mdrrrr ! ).




Plus sérieusement...

Peut-on avoir peur de ne point trouver ce que l'on ne cherche pas ?

J'ai d'autres voyages à entreprendre, d'autres recherches à mener et d'autres quêtes à terminer ou à initier.


Après la traversée de l'enfer terrestre, la montée sur la Lune, le voyage intérieur, la recherche de la connaissance de mon âme, la quête de mon Équilibre, la traversée des six vallées spirituelles et quelques autres plus intimes, je m'en vais maintenant en quête d'une nouvelle contrée :

Le pays où la matière se spiritualise et où l'esprit se matérialise,
La frontière où la vie spirituelle converge avec la vie matérielle, où l'âme ici-bas s'attache au détachement.
La cascade dans le fleuve de la Vie vers sa chute dans la vallée de la mort.
L'horizon entre la Terre et le Ciel, entre la vie à mener ici-bas en œuvrant vers Celui qui Se tient au-delà.
Le point d'intersection entre toutes nos entités dans toutes les dimensions de la vie.

Le Confluent des deux Océans, al-Majma3 al-Bahrayn.

L'Equilibre. Le Juste Milieu. La rencontre. Là où on se vit soi-même (âme, esprit, coeur et corps en équilibre) en harmonie avec autrui dans le monde.

Je souligne "dans le monde" parce que c'est la partie de la phrase que je n'ai pas encore atteint. Tu as d'ailleurs mis le doigt sur un point sensible : à force de vouloir me perfectionner et élever mon âme dans la réalité, je lui ai fait perdre quelques-uns de ses ancrages dans le temps et une part de sa matérialité.

Je vis en très belle harmonie avec moi-même. Je vis en bonne harmonie avec autrui. Mais je vis encore bien trop détachée de la vie, du monde et des autres. Les basses réalités matérielles ne m'intéressent aucunement. Le temps n'a que peu de prise sur moi. Je n'ai d'ambitions que spirituelles.
En fait... Je vis encore trop en suspens... Suspendue sagement et tranquillement au berceau de la Lune.
28 août 2016 23:11
Pour le dire autrement, il me faut maintenant redescendre un peu plus sur Terre et que je m'ancre dans le temps et dans le monde. Que j'entre dans sa ronde.

Je m'emploie dorénavant à avoir les pieds sur Terre, la tête dans la Lune.

[Elle sourit, amusée].

Ca atténuera peut-être mon côté farouche

Pour te donner un exemple concret : j'ai une personnalité qui ne s'attache à pratiquement personne, qui ne dépend de personne, qui n'a besoin de personne, qui ne demande rien à personne. Je mène ma vie comme je l'entends indépendamment des autres qui ne me doivent rien et à qui je ne dois rien non plus. Je n'attends rien des autres, mais j'exige tout de moi. J'ai depuis longtemps appris à m'aimer, à avoir confiance en moi, à compter sur moi-même. Et peux donc aisément me passer de l'amour, de la confiance et de l'aide des autres.

Tant qu'à mes yeux principalement et aux yeux de celle qui m'est le plus chère, secondairement, je suis aimée, respectée et reconnue à ma juste valeur... Les autres ne m'importent guère.

J'ai un ptit cercle familial précieux et un entourage intime de personnes que j'ai soigneusement choisies : ce sont à quelques personnes près, les mêmes personnes que ma famille côtoie depuis toujours. Il me sont fidèles et je leur suis loyale en retour. Ils me prennent telle que je suis. Et je m'adapte à eux. Je suis là pour eux tant qu'ils le méritent et qu'ils me respectent.

Ceux qui me côtoient savent que le seul critère, avec moi, c'est qu'il faut marcher droit. Marcher droit avec moi et marcher droit avec autrui.
Je me fiche de tout le reste. Je me fiche des caractères, des tempéraments, des inclinaisons, des croyances, des religions, des couleurs, du passé etc.
Je ne regarde ni les actes, ni les erreurs perso, ni les défauts, ni l'apparence, ni quoi que ce soit d'autre.

Tant que l'autre en face marche droit, c'est moi qui m'adapte à elle. Chacun est ce qu'il est, je l'accepte tel qu'il est. Et ne cherche jamais à changer les autres. Je les prends dans leur authenticité.
Je sais respecter. Et je sais m'adapter. Je sais aussi fermer les yeux sur les contrariétés et me montrer compréhensive et conciliante.

Par contre, je ne tolère aucune atteinte aux Grands Principes. Si jamais il y a un manquement, une entorse, une erreur... Sans aucune hésitation, je me retire, sans fracas, ni bruit. Mais j'utilise deux armes que je manie avec dextérité : l'indifférence mortelle et le silence éternel.

Les miens savent à quoi s'en tenir. Ils m'ont déjà vue à l'oeuvre. Et ils respectent.

C'est prétentieux ce que je vais dire : toute ma vie j'ai été solitaire, dans ma bulle, entourée de livres. Je peux donc me payer le luxe de me passer aisément de leur compagnie. Alors quand cette compagnie m'est laide et néfaste... C'est sans aucun regret.

Ma logique, c'est que j''ai un monde qui m'est propre et que je travaille personnellement à rendre beau, bon et bien. Comme une terre que je cultive pour y faire germer des fruits.
Si on veut faire partie de ce monde, entrer dans ce jardin et y manger tous les fruits qu'on veut, faut simplement savoir respecter mon labeur. Et ma terre, je te l'offre et je continue à la travailler pour toi avec plaisir sans rien te demander en retour.



Et autour de tout ça... J'ai des périodes où je mène une vie ascétique. Loin de tout et de tout le monde, je m'éloigne pour me rapprocher de moi-même. Loin de tout le brouhaha, j’agrée pour unique compagnie le silence. C'est un besoin qui m'est fondamental.


Sinon, en société, je suis plus souple. Mais je reste sacrément farouche.
Je suis sociable et j’interagis aisément. Mais, j'érige des barrières, qui sont respectées, une vraiedistance : je ne copine pas, ne familiarise pas et je n'entre pas dans la vie des autres. Et j'entends qu'on me rende la pareille. Ça, on le comprend directement, c'est ce que je dégage.


Voilà en somme, j'ai un profond attrait pour la solitude. C'est un choix. Je n'appartiens à personne et personne ne m'appartient. Je ne dois rien à personne et personne ne me doit rien. Je marche seule, comme je l'entends moi et de la manière qu'il me sied. Je ne roule que pour ma pomme.

Clairement, je me suffis à moi-même. A bien des égards.
Et j'en suis profondément heureuse.

Évidemment, j'ai des raisons personnelles d'être ainsi et j'en connais les tenants et les aboutissants. Je sais bien surtout à l'écrit qu'aux yeux de certains je peux passer pour prétentieuse et orgueilleuse. Plus vaniteuse encore que la Lune.
Mais je sais qu'il n'en est rien.

Je me satisfais de ma manière d'être et trouve ainsi mon équilibre. Je me satisfais de ma propre compagnie, qui m'est la plus précieuse.
Et j'avance. Petit à petit. J'évolue. J'essaie toujours plus de m'équilibrer. De me lancer des nouveaux défis, des nouveaux buts. Je chemine tranquillement sur la voie que je me suis choisie en accord avec ce que Le Très-Haut m'a destiné et donné d'être.
28 août 2016 23:12

L'autarcie, m'est une qualité. C'est ainsi que je suis depuis que je suis enfant, ainsi que je m'accepte et ainsi que je me veux.

Aux yeux des autres, je comprends toutefois qu'elle soit un défaut requalifié en "suffisance".
Soit.

Mais, qu'elle soit une qualité ou un défaut, cette nature-là, ne me classe pas trop au-dessus du lot, pour reprendre tes mots. Mais plutôt trop hors du lot.

Cela ne me rend pas meilleure. Ca ne me rend pas moins bien. Mais différente. Tout simplement.


Nous ne sommes, chacun, que des grains poussières dans l'Univers. Chacun a sa place, chacun sa trajectoire, chacun son devenir. Chaque grain est unique et différent des autres, d'une couleur qui lui est propre et sans pareille, d'une nature qui lui est intrinsèque faîte de qualités et de défauts. Il appartient à chacun des grains de poussières que nous sommes de s'accomplir et de se réaliser selon ce que Dieu lui aura donné d'être dans le Cosmos, de s'équilibrer et de polir sa surface et son intérieur pour devenir le plus fort (physiquement), le plus droit (moralement) et le plus beau (spirituellement) possibles.

Nous ne somme que des grains de poussières...
Que des grains de poussières dans Son Immense Univers...
Et moi, je ne suis qu'un grain de poussière...
Qu'un grain de poussière épars, qui plutôt que la Terre...
Préfère les dunes lunaires.






Pour répondre à ta première question... Oui, toucher l'âme, l'Être, du moins, essayer, je m'y évertue. Patiemment. Mais, je n'attends aucunement d'autrui qu'il fasse de même.

Et pourtant... Et pourtant... Quelques belles personnes ont déjà approché mon Être. Chacune d'elle à sa propre lumière a su en approcher une parcelle différente, qu'elle ont éclairée généreusement. Chaleureusement. Bellement.

Et puis il y a cette Femme, une grande Dame et une grande d'âme, qui un jour à pris mon Être entre ses mains... Dans toute sa vulnérabilité... Et au creux de sa main, telle la flamme d'une bougie, l'a préservé et protégé... Jusqu'à ce qu'elle redevienne forte, lumineuse et joyeuse.

Chaque fois que la flamme de mon Être danse, éclaire, illumine, sourit, aide ou réchauffe... Secrètement je lui rends hommage.

[Elle adresse au Ciel une prière].

Puisses-Tu, Toi mon Intime, parfumer l'âme de toutes les personnes qui m'ont aidée, consciemment ou à leur insu... De toutes les personnes dont j'ai pu m'inspirer pour devenir celle qui je suis... De toutes les personnes que j'ai pu méditer, observer, contempler, lire, écrire... De toutes les personnes qui ont croisé ma route, m'ont tenu la porte, m'ont offert un sourire, m'ont accordé un mot, ou se sont simplement assis à côté de moi sur un banc... Amîn.

Chacune a son empreinte... Chacune m'a touchée d'une façon ou d'une autre.

Chacune d'elles m'est une preuve de la beauté de la nature humaine...

Le monde m'est Beau... La vie m'est belle... Que puis-je demander de plus ? Rien.


28 août 2016 23:13
Citation
SiLaKriz a écrit:
Sârazine, j'ai été touchée par tes paroles. En livrant ta description je pense que tu décris aussi une part qui existe en chacun de nous. Ces voyages intérieurs faits d'observation. Ces moments où on se sent seul mais en paix. Heureuse tu dois être, toi qui n'a peut être pas trouvé le bonheur, mais mieux, la sérénité. Tu es dans une quête qui en fait à pour objet le voyage.

Vraiment tes paroles m'ont fait méditer. J'espère que tu pourras retrouver le petit Prince qui a fait vibrer ton âme là où tu te situeras, quelque part entre les marécages de la Terre et le désert Lunaire.

On t'imaginerais poète, une plume à la main, posant sur des parchemins ses portraits, ses vers. Vivant la nuit pour te rapprocher de la Lune? Ou peut-être chercheur en astronomie pour appréhender le mouvement des astres? Ou marin?
Fin une chose est sûre, j'aurais du mal à t'imaginer faire un job alimentaire, ou travailler dans une entreprise la journée en attendant de pouvoir méditer tranquillement le soir !
Ou on t'imaginerais éternelle étudiante. Quelle contribution matérielle souhaite tu fournir à la société ? Comment occupes-tu tes journées pour assouvir les besoins primaires de la pyramide de Maslow?


Oui... Je vois bien que tu es touchée. Tu en es touchante...

Il est des expériences qui nous sont tous communes... Et auxquelles personne n'échappe...
Je parlais tout à l'heure de la souffrance... Je pourrais également parler très longuement de la solitude dans ses différentes dimensions (et je n'entends pas par "solitude", être célibataire).

Je dis toujours que la solitude est le remède de la solitude.

Si tu souffres de la solitude, il n'y a qu'en l'apprivoisant que tu n'en souffriras plus.

Et là encore, comme pour la souffrance, la solitude nous est salutaire... C'est un bienfait.

C'est la solitude par exemple qui permet de diagnostiquer les maladies de l'âme, les affres du coeur, les paradoxes de la psyché, les incohérences de l'esprit, les troubles du comportements et les symptômes d'un mauvais fonctionnement interne du MOI... Et c'est la solitude qui est en partie le remède...

Autre exemple, c'est paradoxalement la solitude qui te relie au monde... :-)

Et puis, la solitude, c'est de loin l'expérience spirituelle la plus propice à chacun d'entre nous dans la quête de son Moi mais surtout de Son Seigneur.

Quand on l'emploi à bon escient pour faire un retour sur soi... Et qu'ensuite, on se détache de ses attaches pour retourner et se tourner entièrement vers Lui... On s'apaise... Et on s'apaise en Lui.
N'est-ce pas le véritable sens du mot islâm : l'Apaisement. L'apaisement en Allah.



J'ouvre une petite parenthèse : le terme soumission que tout le monde utilise est impropre (ne convient pas) : il lui manque de rendre l'idée même de la racine première et essentielle du mot : S-L-M (racine de tout ce qui a trait à la paix) et qui donnera i-S-L-â-M .

Être muslim, ce n'est pas se soumettre mais plus précisément Lui soumettre son âme pour S'APAISER en Lui.

Tel le soldat qui dépose les armes, se rend et fait advenir la paix (sallama nafsahu).
Je ferme la parenthèse.



Tout ça pour dire que la solitude est inhérente à chacun de nous. A chacun de l'agréé en lui-même pour faire advenir la paix.

Ceux qui ne l'ont pas compris la subissent.
Ceux qui ont compris la saisissent.
Ceux qui ont agréé la paix la choisissent.

Mais quand tu comprends la solitude, que tu la saisis et en fais un bienfait, quand tu l'apprivoises et que tu la choisis pour feuille de route dans ton cheminement en toi-même, dans la vie et vers Ton Seigneur... C'est le début d'un looooog et magnifiiiiiiiique voyage !


Tu sais... Tu peux être entourée familialement, amoureusement, amicalement, matériellement, connaître mille et une personnes, être aimée de tous, avoir des amis par dizaines, par centaines, voir du monde tous les jours, être invitée chez chacun d'eux et faire le tour de la Terre... Et te sentir seule, més-aimée et vide de l'intérieur.
Tourmentée. Ton âme ne voyage nulle part.

Comme tu peux être seule, solitaire dans l'âme, n'avoir ni mari ni enfant, ni aucune amie ni copine, compter sur les doigts de ta main droite ton entourage, voir le monde qu'à travers ta fenêtre, être invitée nulle part qu'autour de ta propre table, ne disposer que d'un cahier, d'un stylo et d'une bougie...
Et te sentir entourée, aimée et comblée.
Apaisée, ton âme voyage partout.
28 août 2016 23:14
Pourquoi ?

Parce que l'apaisement de l'âme, de l'esprit et du coeur, aucun homme, aucun enfant, aucune amie, aucun boulot, aucun pays, aucun lingot d'or, aucun palais, aucun raqui, aucun imâm, aucun livre fût-il sacré, aucune prière fût-elle multipliée ne saurait te l'apporter... Ni même tout ça réunis.

L'apaisement ne tombe pas du Ciel. Il ne suffit pas de demander à Dieu pour se le voir octroyer. Sans efforts.

L'apaisement c'est tout un combat à mener contre soi-même... Dans les tranchées de ton enfance, de ton histoire, de ton cheminement... A travers les mines posées par autrui... Sous les bombardements des malheurs de la vie...

C'est faire la guerre à son ego, détruire toute la noirceur de son âme, éradiquer toute la rancoeur du coeur, abattre les cloisons de l'esprit pour le rendre lucide, stratège et performant, affronter ses plus grandes peurs, pulvériser ses passions, ses bas instincts et ses mauvaises pulsions, déjouer les pièges et embuscades de l'inconscient, renforcer les boucliers et les mécanismes de défense de la psyché s'ils sont utiles et les réévaluer s'ils sont inutiles ...

Et parallèlement, du soldat intérieur... Soigner les plaies béantes de l'estime de soi, panser l'amour propre blessé, recoudre les déchirures de l'enfance, résorber les bleus de l'âme et les hématomes du coeur, cautériser les hémorragies du mal infligé, cicatriser des brûlures d'injustice, guérir des traumas d'autrui...

Et petit-à-petit, faire la paix... Déposer les armes... Signer l'armistice avec le passé... Pardonner pour soi et se pardonner à soi... Et rentrer chez soi pour reconstruire... Reconstruire... Tranquillement. Dignement. Fièrement. Sainement. Solidement.

Puis, faire son devoir de mémoire en accrochant sur ses murs les médailles remportées pour se souvenir de ce que ce combat nous a coûté en temps, en énergie, en effort...
Et relire... Relire toute l'histoire... A la lumière de la paix gagnée, de la force déployée, du potentiel développé.. Et se jurer : "plus jamais... Plus jamais ça".

Une fois cette guerre menée et la paix gagnée...
Tu finis par comprendre que le véritable ennemi n'était nul autre que toi...
Celui qui s'est soumis n'est nul autre que ton ego...
Le vainqueur n'est nul autre que ton âme...
Ton épée n'était nul autre que ta foi...
Et ton bouclier n'était nul autre qu'Allah...
Ta récompense est Sa Rahma.

Voilà la paix...
Voilà l’agrément de la paix en soi...
Voilà l'apaisement de ton âme en Allah, celui qui fait Miséricorde...



La vie t'est maintenant paisible...

Le monde t'est sincèrement beau...

L'humain t'est bellement coloré...

Toi, tu es apaisée...

La foi t'est autrement plus authentique...

Et "Allah est encore plus près de toi que ta veine jugulaire" t'est encore plus VRAI...




28 août 2016 23:14
Ta paix est dans l'esprit (quand ta conscience est apaisée), dans l'âme (quand ta foi est apaisée) et dans le coeur (quand ton amour pour toi-même est apaisé).

C'est :

Quand t'as conscience en toi : que tu sais ce que tu vaux justement, ce que tu mérites, que tu te connais : que tu sais quels sont tes qualités, tes défauts, tes limites, tes barrières, tes blocages, tes peurs etc, que tu sais d'où tu viens, ce que t'as vécu, ce que tu as dû traverser, comment les épreuves t'ont forgée et tout ce que tu as pu souffrir etc.

Quand t'as confiance en toi : que tu sais de quoi t'as été capable, que tu connais tes forces, que tu connais ta valeur, que tu connais tes principes, tes convictions PERSONNELLES, que tu peux compter sur toi-même, que tu peux te dire que t'as tiré des vraies leçons du passé, quand tu sais que tes choix tu pourras les assumer même si tu fais le mauvais etc.

Quand toi, tu t'aimes : tel que tu es, comme tu le mérites, quand tu aimes ta propre personne plus que personne et mieux que quiconque, quand tu te dis que malgré tout tu es quelqu'un de bien et que tes erreurs tu essayes de réparer, que tes hontes tu les assumes, que tu comprends que t'es une humaine, faillible mais perfectible, que t'as le droit de rectifier le tir, quand tu es indulgente (pas complaisante !), quand tu te lèves et que dans le miroir tu te trouves belle malgré toutes tes imperfections, tes cicatrices, que tu te trouves digne, respectable, respectueuse etc.



Au fond... Finalement, je crois que tout n’est que question d’état d’esprit

Si t’as un bel état d’esprit, tu sauras t’en sortir quoiqu’il t’arrive.

Tu sauras trouver des solutions à tous tes problèmes. Tu sauras t’éloigner et t’épargner bien des malheurs. Tu sauras prendre la vie comme elle vient et avancer avec elle.

Et le muuuuust, c’est si tu arrives à avoir une belle et vraie confiance en toi.
Là... Le monde t’appartient et tu en fais ce que TU veux !



Enfin... Bref. Touuuuuut ce développement pour répondre à ta phrase : "Ces moments où on se sent seul. Mais en paix".


Hum... On continue ? T'es sûre ? Mdrrrrrr !





Heureuse tu dois être, toi qui n'a peut être pas trouvé le bonheur, mais mieux, la sérénité.

Tu l'as compris... Après bien des voyages, bien des périples, la plus loooooongue traversée de l'enfer du désert... Enfin... Je suis en paix !

Oui, je SUIS heureuse... Oui, j'ai trouvé la sérénitééééééé avec tous ses é !

Al-hamdu-llâh.


Quant au bonheur... Je ne l'ai pas trouvé, non... Je me le construis. De mes propres mains. Selon mes propres plans.

On est chacun à la fois l'architecte et l'artisan de sa propre vie. Et le bonheur, comme la vie, ça se construit.

Le bonheur, ce n'est pas la première fois que je le construis. Je l'avais déjà construit familialement avec les miens. J'ai eu un excellent chef de chantiers... Donc suis rodée !

Et puis... Le bonheur c'est comme un cercle dont le centre est ton intérieur, les rayons les sources et les points du cercle les beautés du monde que tu te choisis. Tout vient du centre et va au centre. Le bonheur il vient de l'intérieur et revient à l'intérieur... Il jaillit de l'intérieur et les flots qu'il déverse retourne à l'intérieur... Comme les ptite fontaines où l'eau jaillit d'en haut et qu'une fois par terre elle retourne à la source pour réalimenter le conduit... Ca me fait penser à ça le bonheur.


Tu es dans une quête qui en fait à pour objet le voyage.

J'ai toujours voyagé... Depuis toute gamine déjà... En esprit... Là où le corps ne pourra jamais me porter... Là où personne d'autre que moi-même ne pourra m'emmener : dans les livres, dans l'histoire, dans les langues, dans les civilisations et les cultures, parmi les peuples, dans les époques, à travers les ères de l'humanité, dans les théologies, les religions... Dans l'art sous toutes ses formes... Dans la tête des gens, dans leur histoire, dans leur Être, au creux de leurs blessures enfouies... En soi, dans son intérieur, dans son propre monde imaginaire...

Partout... Partout... Partout... Tant qu'Il me prêtera vie, je n'aurais de cesse de voyager...

En esprit, l'infini s'offre à nous... Pas de barrières, pas de frontières, pas de limites, pas de passeport, pas de carte d'identité, pas de visa, pas de ticket, pas de billet, pas de douaniers pour te soudoyer.. Pas de sacs à trimbaler, pas de valise, pas de vêtements à prévoir... Pas de carcans communautaires ou sectaires... Pas de bruit, pas de cris, pas de mauvaise compagnie... Et puis, pas d'horaire... Surtout pas d'horaire... Parce que la ponctualité et moi... Ya latiiiiiif ! Mdrrrrr !

Que des avantages à être un voyageur spirituel !







Modifié 1 fois. Dernière modification le 29/08/16 00:08 par Sarazinement Vôtre.
28 août 2016 23:15
On t'imaginerais poète, une plume à la main, posant sur des parchemins ses portraits, ses vers. Vivant la nuit pour te rapprocher de la Lune? Ou peut-être chercheur en astronomie pour appréhender le mouvement des astres? Ou marin? Fin une chose est sûre, j'aurais du mal à t'imaginer faire un job alimentaire, ou travailler dans une entreprise la journéeen attendant de pouvoir méditer tranquillement le soir !
Ou on t'imaginerais éternelle étudiante

Comment occupes-tu tes journées pour assouvir les besoins primaires de la pyramide de Maslow?



Mdrrrr ! Et dans le mille !

Tu vois ce que j'ai souligné ? Ben un peu tout ça à la fois !

Quoique...

[Chante d'une voix tonitruante]

Moi, si j'étais un homme... Je serai capitaine... D'un bâteaaaaauuuuu... Bleu et blaaaanc...

Je te jure que si j'avais été un homme, j'aurais été marin. Ni Lune, ni rien. Je serais allée au milieu de la mer et j'aurais pêché des algues toute la journée (ouai, j'aurais interdit qu'on touche aux poissons). Le soir, j'aurais chanté pour les étoiles au rythme du bendir "Au clair de la Lune".

D'ailleurs j'ai eu une période post-bac où je pensais intégrer la Marine. Je me rêvais Commissaire aux armées. J'aurais pu faire honneur à mon côté militaire, rigide, ultra-discipliné, j'aurais fait les meilleurs lits au carrés de tous les régiments et tout le monde aurait marché à la baguette !
Mais, bon, c'était pas possible sportivement parlant et heureusement pour eux parce que j'aurais fini par sombrer dans mes penchants et travers archi-rigides et j'aurais fini en harpie tyrannique... Mdrrr !

Après mon bac, je suis entrée à la Fac. Pour ne plus jamais en ressortir.
J'ai 27 et je vais toujours à l'école.

Chercher, rechercher. Voilà ce que je fais.

Mes études et plus largement les recherches que je mène sont à l'image de mes interventions ici. Je n'en ai jamais fini et j'approfondis, et je dévie, et je me pose d'autres questions, et j'en cherche les réponses qui appellent d'autres questions et ces questions appellent d'autres réponses et ainsi de suite, toujours plus loin, toujours plus profond, même si je largue tout le monde au passage et que je me retrouve toute seule à disserter et que ça n'intéresse personne d'autre que moi-même.

Donc, voilà ce que je fais de mes journées. J'étudie, je cherche.

Et parallèlement, depuis deux ans, je m'ancre dans la réalité du monde et travaille pour en partie payer mes études.
Je ne dirais pas que c'est purement alimentaire, mais c'était surtout nécessaire dans mon ouverture vers le monde et pour sortir de ma bulle et la faire redescendre sur Terre. Fallait que je m'insère dans le monde du travail et dans la société.

J'en suis heureuse. Je combine mes domaines d'études, la transmission, l'enseignement, le social, mes passions, mes voyages dans différentes atmosphères, mes incursions dans la tête des autres, dans les méandres de leur psyché, l'observation, le contact humain, l'échange, l'apprentissage de la vie, les leçons qu'on en tire etc.

A côté, toujours depuis deux ans, je donne de mon temps et de mon énergie, toujours dans la vie sociale, mais avec une nouvelle frange : la jeunesse.

Les jeunes, c'était un choix. Quand je me suis dit qu'il fallait que j'aille à la rencontre des autres, je me suis sciemment dirigée vers eux toujours dans une optique personnelle et peut-être aussi spirituelle, si je puis dire...

Ils m'étaient complètement inconnus avant. Les adolescents, je les ai toujours fui. Et ma génération, que ce soit ado ou un peu plus tard, je ne me suis jamais sentie en phase avec elle. En décalage. Et j'évoluais en différé.

Je savais m'y prendre instinctivement et naturellement avec les plus petits et les enfants. Je savais parfaitement y faire avec les adultes que j'ai toujours côtoyé, depuis petite. J'ai grandi et mûri au côté de ma mère et ai toujours évolué au milieu d'adultes qui l'entouraient et n'ai donc fréquenté que des personnes bien plus âgées que moi.

Mais les ados et les jeunes de mon âge, j'avais beaucoup de mal.
Sûrement parce que mon adolescence, je ne l'ai pas vécue comme je l'aurais dû et que je n'ai au fond pas été ado. J'ai brûlé cette étape. Donc, j'avais avec eux un déséquilibre et une case manquante.
Et c'est d'ailleurs ce qui a fait que quand ma ptite soeur et mon ptit frère étaient ados, j'ai lamentablement échoué à les comprendre et à respecter cette étape de leur construction.
J'ai tellement voulu qu'ils soient forts, matures et responsables, que je ne me suis pas rendue compte que je les privais d'un temps qui en fait est fondamental dans la construction de soi... J'ai fait pas mal d'erreur avec eux.


28 août 2016 23:15
Mais, surtout... J'ai peiné moi-même dans ma propre construction. Et au fond, ça a foiré à l'aube de mon adolescence. Sur ma seule Lune, loin de tout, j'ai grandi trop vite, j'ai brûlé tout un âge, sauté tout plein d'étapes constructrices.

Et une fois à l'âge adulte, quand j'ai essayé de m'intégrer dans le monde, je me suis rendue compte qu'il y avait quelque chose de bancal dans ma construction.

Et j'ai compris toutes mes erreurs avec ma ptite soeur, mais surtout avec moi-même.

Et je crois que me tourner vers la jeunesse, c'était ma manière de corriger ça, d'y remédier... Et quelque part de revenir sur ma propre adolescence non-vécue et reprendre là où le fil a été coupé.

A posteriori, je comprends que ça fait partie de la reconstruction d'un adulte.

Et, ils m'en ont appris des choses ces ptits jeunes... Ils m'ont en donné des leçons... Et des frissons...
Ils sont vraiment beaux... A balancer entre enfance et l'âge adulte, entre insouciance et responsabilité, entre fragilité et force, entre besoin de soutien et autonomie, entre sentiments et ressentiments, entre crise de rires et crises de larmes, entre discipline et rébellion, pris entre le regard de l'autre et le regard de soi, entre plaire aux parents, aux profs, aux copains ou simplement à soi, à se chercher partout et nulle part à la fois, à vouloir être original tout en se fondant dans la masse...

Ils sont assez paradoxaux... Incohérents de prime abord... Mais quand on creuse en eux, tout est limpide, tout est clair...

Et puis... Il y a chez les adolescents quelque chose d'encore très vivant, très malléable, très façonnable... Comme le ciment qu'on vient de couler... Qu'on ne trouve plus chez les adultes, parce que depuis le temps il a séché, a durci et devenu solide, immuable, inaltérable...

Chez les adultes, on ne peut qu'essayer d'atténuer les quelques vieilles blessures qui ont forgé la personnalité... Le mal est déjà trop ancré, et comme le ciment, il a durci... On ne peut plus en faire grand chose.
Mais chez les ados, ils ont moins de cicatrices, et pour eux il est encore temps de faire quelque chose... Ils sont en pleine construction et pas encore arrivé à maturité, donc on peut encore les aider à déconstruire ce que ne va pas, ce qui est bancal et reconstruire sur des bases plus solides et plus saines...

Ils sont en plein questionnement sur eux-mêmes et font ce travail de fond de recherche de soi sans même en avoir conscience : ils se posent des questions sur leur enfance, sur leur venue au monde, sur leur parents, sur l'amour que ces derniers leur portent... Ils se questionnent sur la viabilité de leur famille qu'ils comparent avec la famille des amis : ils questionnent leurs schémas, leurs normes, leurs règles, leurs principes...

Et puis surtout, c'est la période où ils doutent le plus de leur droit à l'existence, de l'amour de leurs parents qui devraient être inconditionnel, de leur reconnaissance, de l'estime... Ils n'ont que très peu confiance en eux, en leurs choix, en leurs capacités...

Tous cette dynamique fait que c'est le moment le plus propice pour leur apprendre à s'aimer, à se combler eux-mêmes, à compter sur eux-mêmes etc. C'est le moment où ils sont le plus réceptifs mais intelligemment : ils questionnent, pèse le pour le contre, le bien fondé etc.

Et comme le ciment de leur structure psychique n'est pas encore solidifié, on peut essayer de réparer ou du moins d'enrayer tout ce qui les font souffrir. Et généralement, la souffrance vient de leurs parents. Et dans les plus graves des cas, ils portent déjà les affres qui les tourmenteront toute leur vie durant : les abandons, la négligence, le rabaissement, le dénigrement, les violences psychologiques et physiques, les abus, l'indifférence etc.

Enfin, voilà... Les adolescents auxquels je n'avais jusque-là jamais prêté attention parce que je ne me reconnaissais pas en eux et que je ne les comprenais pas se sont révélés êtres de très belles expériences.

Ils m'ont appris je pense bien plus que je n'ai pu leur apprendre... Ils m'ont surtout donner à comprendre quelque chose que je ne connaissais pas du tout : l'insouciance. Ils n'ont pas le recul sur la vie qu'ont les adultes, ils avancent sans se projeter trop loin, ils n'anticipent pas les dangers, les risques, et l'avenir pour eux c'est la fin de l'année scolaire... Ils se brouillent avec leurs amies ou ont une dispute avec leurs parents à cause d'une note... Et pour eux c'est la fin du monde... Je trouve ça touchant quelque part.

Enfin... Voilà pour un des domaines dans lequel je m'implique personnellement.

Et puis, je m'investis plus discrètement pour certaines autres causes qui me sont un devoir personnel. Pour lesquelles je me sens avoir une dette.


28 août 2016 23:17
Sinon, en matière de job alimentaire, tu serais bien étonnée... J'ai longtemps évolué dans le monde des fourmis, les plus petites âmes du microcosme et de l'échelle sociale : les femmes de ménage.
Quand j'étais ado, les aléas de la vie ont fait qu'avec ma mère et ma ptite soeur, on ait dû tout plaquer (question de dignité !) et tout reconstruire. Et à ce moment-là, devant l'urgence de la situation, ma mère a pris le premier truc qui lui est tombé sous la main.

Et... Dieu m'en est témoin... Que je n'ai jamais autant appris sur la vie et les femmes qu'au milieu des femmes de ménages.
Je me voulais l'une d'elle et j'ai été l'une d'elle dès mes 16 ans. Par vocation. Je tenais vraiment à faire comme ma mère pendant mes vacances scolaires. Je voulais savoir, je voulais comprendre, je voulais ressentir moi aussi l'eau glacée sur les mains gercées à 5h du mat'.
Je ne te raconte pas la tête de ma mère quand en toute conviction et en toute volonté je lui ai annoncé ça.
Mais vu que j'avais la tête dure... J'en ai été une. Et je n'ai aucunement rechigné devant l'ingratitude de la tâche !

[Elle éclate de rire toute seule].

J'ai fait ça trois ans. Chaque vacances.

Mais bon, bien avant d'avoir l'âge légal pour travailler... Dès mes 13 ans, dès qu'on avait du temps libre avec ma ptite soeur, on allait aider notre mère dans ses chantiers. On mettait la musique à fond, l'une vidait les poubelles, l'autre ôtait la poussière et ma mère passait le balaie et la serpillère.

Ca... C'est des moments inoubliables restées gravées dans nos têtes à toutes les trois.

[Elle sourit pour faire diversion à ses yeux embués].


On était déjà des fées du logis, mais là, on développait tout notre art et notre habileté... Mdrrr !

Tu sais... C'est dans ce monde là, au milieu de ses femmes-là, que personne ne regarde, que peu de gens saluent, que très peu respectent... Alors qu'elles se lèvent toutes avant même le soleil, dans le froid et dans le noir, et qu'elles suent pour aucun autre but qu'alimentaire, nourrir ses enfants que j'ai appris, ou plutôt réappris, la leçon la plus fondamentale : la Dignité.

Même quand t'as plus rien, même quand t'es plus personne, même quand t'es transparente, même quand tes mains sentent la Javel à force d'avoir récurer les toilettes des autres, même quand à la fin de la journée t'as le dos démoli, même quand t'es toute salie, souillée et brisée... Il te reste ta Dignité... Que personne ne peut te voler, t'arracher ou de faire perdre...

Cette Dignité qui te permet de marcher la tête droite et de te dire que ton job, même si c'est le plus pourri, tu le fais bien, et ton argent tu le gagnes honnêtement à la sueur de ton front.

Ma mère a continué dans ce ptit monde, et puis, consciencieuse et acharnée comme elle est, elle est devenue syndicat et porte-parole des femmes de ménage de la région. Elle a longtemps lutté pour les droits des femmes de ménages. Il y a deux ans maintenant, elle a carrément entrepris d'attaquer aux Prud'homme pour que les femmes de ménage bénéficient du 13ème mois et mène toujours plein d'actions pour améliorer les conditions de travail des petites fourmis.

Quant à moi, je me sens toujours l'une de ces fourmis malgré tout, et j'ai gardé un lien très étroit avec leur combat...
J'accompagne très souvent ma mère au CE dès qu'il y a des actions à mener, je donne de mon temps pour l'aider et quand je peux mettre à profit mes compétences, ben je le fais etc.

J'oublie pas d'où je viens... Je ne peux pas oublier ce monde-là. Ce monde il est mien.

Quand je croise dans les couloirs de la fac les femmes de ménages, je m'arrête toujours et on parle de plein de choses mais surtout des problèmes qu'elles rencontrent. Et ensuite j'en fait un rapport à ma mère pour qu'elles joigne le syndicat référent et qu'il solutionne le tout. Il faut les protéger.
Un jour, il y en a une qui avait tellement mal au dos, que je lui ai pris son balaie en attendant que le cours commence. Et mon directeur de recherche est arrivé, j'étais sa seule élève... Je lui ai dit que j'allais avoir un peu de retard le temps que je finisse. Alors, il est descendu à la cafétéria et est remonté pour nous offrir à boire... La femme de ménage avait honte, la pauvre... Mais pas moi.
J'ai beau côtoyer dans le cadre de mes études les plus grands chercheurs, les Sciences Politiques et tout le beau monde... Que je me sens devant eux toujours être une femme de ménage, avec toute la Dignité que ma mère m'a transmise.

Je crois d'ailleurs que quoi que je puisse faire dans la vie, j'aurais toujours une âme de femme de ménage...

A replonger dans les souvenirs de ce temps, j'ai l'envie de leur rendre hommage à mes chères fourmis... Je vais leur faire un poème, j'en ferai des photocopies et je le glisserai dans les enveloppes du CE en fin d'année avec leur chèque cadeau... Ce sera mon cadeau de Noël !
28 août 2016 23:17
Sinon, avant le monde des fourmis, j'ai évolué toujours avec ma mère dans le social : elle gérait le centre social. Et je dois dire que c'était un peu comme Yabiladi mais dans le réel. Quoiqu'en moins glauque.

Je passais tout mon temps là-bas au milieu des femmes qui venaient au centre social pour partager, se cultiver, apprendre plein de choses, confier leurs problèmes, demander de l'aide etc
Je prenais mes cahiers et mon stylo, je m'asseyais sur une table, et du haut de mes cinq ans, je faisais déjà des portraits de femmes... Je les observais, j'essayais de les comprendre et de coucher sur papier le maximum que je pouvais en tirer.

Pour les femmes, j'étais qu'une gamine qui gribouillait sur ses cahiers... Mais si elles savaient que je peignais leur vie, leur être, et que je me faisais la silencieuse gardienne de leurs secrets... Mdrrr !

Je regardais ma mère faire. Elle était (et est toujours) mon plus beau portrait de Femme... Je la trouvais si digne et si combative devant la misère d'autrui... Et elle n'a pas changé...

Et parfois sur Yabiladi, dans mes écrits, de sa verve transparaît sous ma plume...


Voilà, je pense avoir fait le tour de mes influences les plus importantes.



Et voilà ce que je fais de mes journées actives, c'est-à-dire quand je n'hiberne pas dans ma carapace en ascète.

Sinon... Je prends énormément soin de chez moi : j'adore faire le ménage (oui, je suis sérieuse, c'est une activité solitaire hautement spirituelle !), que ce soit le ménage quotidien ou le graaaand ménage de printemps hebdomadaire.
Bricoler aussi, c'est aussi une activité dans laquelle je me plais bien. J'adore construire et déconstruire, peindre les murs, faire des travaux, changer les meubles etc.
Et ce que j'aime par dessus-tout, c'est la déco intérieure... Peaufiner cet espace de vie... L'agrémenter... L'entretenir pour qu'il ne perde jamais de sa beauté ni de sa chaleur... Et qu'on s'y sente toujours mieux que partout ailleurs.
C'est très très très important de se sentir bien chez soi.
Alors, faut s'employer et s'appliquer à faire de chez soi un lieu paisible, un ptit coin de Paradis. Et s'en contenter...

[Elle soupire paisiblement].


Et puis... La nuit... Une vraie chouette je suis !

J'ai la chance d'être insomniaque (faut toujours voir le verre à moiti plein !)... Donc quand vient la nuit, que vous dormez sur vos deux oreilles et à poings fermés dans les bras de ce très cher Morphée... Moi, je veille... Égoïstement, la nuit m'appartient... Et je vais la rejoindre, ma Lune... Tantôt c'est moi qui l'accompagne, tantôt c'est elle... Sur ses dunes, je m'installe et à sa lumière nocturne, je médite, je réfléchis, j'observe, je contemple, j'écris... Je saisis ma plume et sur des parchemins en poussière d'étoile, je poétise... J'en fais des jeux de maux... Aussi, ma plume devient pinceau et je peins les portraits des âmes qui m'ont marquées... Je les peins au clair de Lune... Et je les accroche à mon immense galerie sise dans le firmament... Et puis... Je voyage où mon âme a bien envie de me porter au gré de la lumière lunaire...

T'avais donc vu tout juste ! Bravo !


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