Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Jihadi John, djihadiste "malgré-lui" ou l'histoire d'un jeune...
S
28 février 2015 09:13
Djihadiste "malgré-lui".

"Jihadi John", comme l’ont surnommé les médias britanniques serait un jihadiste "malgré-lui".

C’est à se demander quel coup préparent encore les Etats Unis et leurs alliés. Deux nouvelles tombent quasiment au même moment. Est-ce un hasard ? Première nouvelle. Le 26 février 2015 la Grande-Bretagne découvre "enfin" le visage de celui qu’elle surnommait jusqu’alors "Djihadi John". Celui qu’elle croyait être - ou qu’elle faisait en tout cas croire comme tel - un Britannique, anglais "de souche", bourreau, présenté comme celui ayant sauvagement décapité des Occidentaux et des Japonais, dont un Britannique, est en fait un Koweitien de 27 ans.

Son nom est Mohammed Emzawi, aîné de six enfants, dont les parents se sont installés à Londres en 1993, après la première Guerre du Golfe. Né au Koweït en 1988, il arrive avec ses parents, alors âgé de six ans. Il y passera son enfance et son adolescence dans un quartier du nord-ouest de Londres, là où en fait nombre d’Irakiens vivent déjà depuis la fin des années 1980 et côtoient d’autres Koweitiens. Ces derniers y étaient plus connus pour venir y passer leurs "vacances" d’été, au point que la rue principale du West 2 (Edgware Road) fut surnommée "Kuwait-City". Mais l’issue de la Guerre du Golfe ne sera pas seulement défavorable à la majorité des Irakiens, en effet, bon nombre de Koweitiens y viendront s’ajouter, cette fois en tant que réfugiés.

Mohammed Emzawi, de son vrai nom Al-Mouazzam, est un adolescent sans histoire qui s’intègre parfaitement à la communauté de son quartier du nord-ouest de Londres. En primaire, c’est un bon élève qui parvient, avec sa sœur, à entrer dans un bon collège. Ses résultats scolaires lui permettent de poursuivre sa scolarité dans un lycée où il obtient ses A-Levels, des examens du secondaire équivalents au baccalauréat. A l’issue de ses examens, il entre à l’université de Westminster et obtient un diplôme de programmation en informatique. Un cursus plutôt normal qui devait le conduire vers une carrière prometteuse dans les métiers des nouvelles technologies. Mais avant de se lancer dans la vie active, il décide de réaliser un voyage avec deux de ses amis de l’université en Tanzanie, pour y faire un safari. A ce moment-là, il ne se doute pas encore que sa vie est sur le point de basculer irrémédiablement.

En 2009, son diplôme en poche, Emzawi prend place à bord d’un avion de la KLM en compagnie de ses deux proches amis pour Dar es-Salam, en Tanzanie. A leur arrivée à l’aéroport, des officiers de l’immigration leur interdisent l’accès au pays. Ces derniers avaient reçus comme instructions des services secrets Britanniques de les interpeller minutieusement. L’interrogatoire de sécurité débute aussitôt, et les trois hommes sont envoyés passer une nuit en prison, sans véritable raison apparente. Ils passeront ainsi 24 heures à la prison de Stakishari, dans des conditions brutales. En effet, un policier Tanzanien avouera que Mohammed Emzawi aurait été menacé d’une arme de poing, pointée sur sa tempe.

Le lendemain, ils sont expulsés et remis à bord d’un autre avion de la KLM en direction de Schipol aux Pays Bas. Emzawi est arrêté et questionné cette fois par le MI5, les services secrets britanniques. La police secrète lui signifie qu’il est accusé de vouloir rejoindre le groupe terroriste des Shabaabs en Somalie. Les agents du MI5 lui proposent de travailler pour eux, mais Mohammed refuse cette proposition de recrutement. Et faute de preuves, il est conduit à Calais, en France, et embarqué sur un ferry pour l’Angleterre. Son calvaire n’est pas pour autant terminé, puisque, dès son arrivée à Douvres, le jeune homme se voit de nouveau arrêté puis questionné par d’autres services du MI5, anti-terroristes, qui l’attendaient de pied ferme. Il y restera en garde à vue plusieurs heures avant d’être enfin autorisé à rejoindre sa famille à Londres.

Le voyant ainsi persécuté par les services secrets, ses parents l’envoient au Koweït où il y rencontrera sa fiancée. Il exercera un post dans l’informatique pendant quelques mois puis, en juin 2010, il décide de rentrer à Londres pour voir sa famille. De nouveau, le jeune homme sera arrêté puis interpellé par les services secrets. Il sera finalement autorisé à rendre visite à sa famille et passera 7 jours à Londres avant de rentrer au Koweït. Quelques semaines plus tard, une rupture avec sa fiancée le pousse à rentrer de nouveau à Londres à cause de son état psychologique consécutif à cette rupture. Mais une nouvelle fois, Emzawi se fait interpellé à l’aéroport d’Heathrow pour y subir un interrogatoire bien musclé. Lors de cet interrogatoire, c’est un agent du MI5 d’origine indienne qui le questionne. L’agent, portant un turban, se met à fouiller son sac, et saisi un Coran puis le pose par terre, à même le sol. Emzawi lui demande alors de le poser sur la chaise. L’agent saisi alors violemment l’exemplaire du Coran et le pose sur la chaise en hurlant : "maintenant, il est sur la chaise, alors la ferme! " (Shut up !). Emzawi lui répond la même chose en retour. L’agent Sikh du MI5 s’emporte en lui hurlant au visage de se taire et le pousse sur une chaise. Emzawi se plaint alors aux autres agents qui étaient présents et les menace d’arrêter de répondre à leurs questions si l’agent au turban ne quittait pas la pièce. A ce moment-là, Mohammed Emzawi se voit retirer son passeport et une interdiction de quitter le territoire lui est signifiée.

Bien que des rapports de police et des autorités judiciaires montrent qu’Emzawi aurait tenté à plusieurs reprises de quitter le territoire britannique, notamment sous un faux nom, la grande question qui se pose est comment a-t-il pu finalement rejoindre la Syrie ? Ses parents, qui s’inquiétant de l’absence de leur fils, ont déclaré sa disparition à la police qui leur apprend, quatre mois plus tard, que Mohammed est en fait en Syrie…
Comment, à l’heure où les passeports sont ultra sécurisés, sachant que les ressortissants britanniques n’ont pas de carte d’identité, quand bien même, il est possible de quitter le territoire ? Comment est-ce possible de passer les frontières aériennes et terrestres sans être vu dans un pays qui est en fait une île ? De surcroît, comment est-il possible qu’Emzawi ait pu quitter la Grande-Bretagne alors qu’il était constamment surveillé, et que même sous un faux nom, il n’avait pas pu rejoindre le Koweït dans sa dernière tentative ?
Autant de questions qui se posent aujourd’hui et qui restent sans réponses "logiques". De mon humble point de vue, si le parcours de ce jeune homme est aussi vrai qu’il est présenté, Emzawi n’aurait-il pas été "poussé" au Djihad malgré-lui ? N’a-t-il pas été tellement persécuté par les services secrets qu’il aurait finalement décidé de se "venger" de ces mêmes services anti-terroristes ?

Cette nouvelle, et les questions qui en découlent m’amènent à faire le lien avec la deuxième nouvelle de ce 27 février, où l’on nous apprend que l’EI a posté une vidéo dans laquelle on voit des "djhadistes" détruire des statues archéologiques dans le musée de Mossoul en Irak. En effet, dans une vidéo montrée par plusieurs médias télévisés, on aperçoit des hommes armés de marteaux, de pioches et autres outils en plein action de casser ce qui semble être des vestiges du passé, datant de l’époque Assyrienne. La destruction de plusieurs statues historiques, témoignant de l’époque babylonienne sont mises à terre et détruites les unes après les autres.

Nous avons ainsi pu constater que le monde occidental s’est ému de cette destruction qualifiée de "barbares", même par des journalistes qui, à priori, ne sont là que pour relater cette information. Ce qui me semble curieux, c’est que, ayant fait un tour des principaux medias occidentaux, seuls les journalistes des chaînes françaises se permettent de prononcer le mot "barbare". Sur les autres chaînes, ce sont les représentants des organisations telles que l’UNESCO qui utilisent un tel vocabulaire. Ce qui est remarquable, au-delà du fait que tout l’Occident s’émeuve de la disparition de ces statues, c’est l’appel et l’exhortation de s’unir et s’allier pour, je cite, "venir en aide à l’Irak afin de préserver la mémoire de la civilisation". Ce qui est remarquable, c’est cet émoi soudain, provoqué par la destruction de statues de pierre, nécessitant une alliance et toute une logistique de guerre pour venir à bout des djihadistes de l’Etat Islamique. Et l’autre grande question qui se pose, c’est pourquoi, alors que la guerre en Syrie a déjà fait plusieurs centaines de milliers de morts et des dizaines de réfugiés, les Occidentaux ne se sont pas plus émus pour décider aussi promptement de faire la guerre totale à l’EI ? Pourquoi ils ne se sont pas émus en regardant toute la Syrie s’effondrer sous les bombes, avec ses plus beaux joyaux architecturaux, dont la fameuse mosquée des Omeyyades ?

Sans soulever la question de savoir si l’on est pour ou contre la destruction de ces artéfacts, qui pour certains remonteraient à l’époque d’Abraham (as), la question devient une problématique intéressante en ce sens qu’elle présente des similitudes avec l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan. Souvenons-nous qu’avant la guerre en Irak de 2003, la motivation de tuer Ben Laden avait été accompagnée de l’émoi général, suscité alors par la destruction des bouddhas géants par les Talibans en mars 2001. Serions-nous arrivés au niveau d’affaiblissement militaire de la région, suffisamment en tout cas, pour justifier une invasion de tout le Levant, sans plus craindre le régime syrien ? Sommes-nous en train de vivre la fin de l’Irak, de la Syrie, de la Palestine et du Liban et les prémisses de la création du "Grand Etat d’Israël" qui s’étendrait, comme le veut la légende, du Tigre à l’Euphrate ?






[www.telegraph.co.uk]
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook