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La jeunesse dans tous ses états
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14 juillet 2005 16:07
La jeunesse dans tous ses états

Des enquêtes et des chiffres sur la réalité des jeunes. Le chômage, les diplômes, la sexualité, le mariage, la cigarette, l’alcool, la drogue, tout est passé au peigne fin.

Abdellatif Mansour



Que faire de ces milliers de jeunes?



Nous sommes une population jeune, encadrée par une jeune démocratie, dans un pays conduit par une jeune Souverain et animé par une économie qualifiée d’émergente, donc forcément jeune. Bref, l’épithète “jeune”, on la rencontre partout, parce qu’elle correspond à une réalité intangible et multi-dimensionnelle : démographique, politique et économique. La commission supérieure de la population, dépendant du Haut Commissariat au Plan, a récemment produit un rapport pour tenter de donner une contenance à cette redondance. Un document, fondé sur plusieurs enquêtes, consacré à “la jeunesse marocaine, ses attitudes, ses comportements et ses besoins”.
La tranche d’âge ciblée est celle de 15-24 ans, soit 21% de la population. Un choix qui renvoie à la période où se négocie le passage de l’adolescence à l’âge adulte ; de l’apprentissage à l’insertion dans la vie active ; de la liberté de rêver à la confrontation avec le réel; autrement dit, la transition de tous les risques où tout se joue, tout se dessine, et quasiment se décide.
On peut évidemment estimer que dans les statistiques livrées, il n’y a que ce que l’on savait déjà, parce que faisant partie de notre vécu, chiffres en moins. Mais lorsque, précisément, ce vécu est mis en chiffres, il fait l’effet d’une gifle dont on connaît, désormais, l’intensité.
Des exemples. Le taux de chômage augmente avec le niveau du diplôme obtenu. Il est de 61% chez les diplômés de niveau supérieur, contre 28,1% pour les diplômés de niveau moyen. La moyenne nationale du chômage pour les 15-24 ans étant de 15,4% ; mais attention, 61,6% d’entre eux occupent des emplois non-rémunérés, et 23,2% parmi ceux de sexe féminin, n’étant ni à l’école ni employées, sont classées femmes au foyer, faute de se déclarer parmi les demandeurs d’emploi. On comprend alors pourquoi les non diplômés ne sont frappés de chômage qu’à hauteur de 7,7%. C’est qu’ils sont soit embauchés à l’œil, comme “apprentis” ; soit à la corvée de vaisselle et de serpillière avec pour horizon le robinet et le plancher. Et si l’on tient compte de ces deux éléments aggravants, il faudrait revisiter avec plus de rigueur et à la hausse, et la définition et le taux de chômage, pour plus de conformité avec le paysage social.
Rien qu’avec cette petite poignée de mesures, des interrogations graves remontent en surface; deux, principalement : l’université, pour quoi faire, puisque le divorce avec les structures d’emplois et les possibilités d’insertion sociale, est définitivement consommé? Et puis, la mère des questions, qu’allons-nous faire de ces millions de jeunes dont l’avenir semble déjà gravé dans le marbre, entre 15 et 24 ans ? Fort heureusement, ils sont célibataires, ces jeunes premiers, à 99,5% pour les garçons et 92% pour les filles. Où en serions-nous s’ils s’étaient mis à procréer d’autres petits futurs chômeurs? Voilà une donnée dont il faut s’empresser de se réjouir. Effectivement, le rapport relève l’accentuation de la tendance du mariage à un âge avancé et la baisse de la maternité précoce.
Ce n’est pas pour autant que nos jeunes donnent dans l’abstinence. La copulation va bon train et l’utilisation des méthodes contraceptives aussi : 40% des femmes de moins de 20 ans y ont recours, contre 57% chez les 20-25 ans et 65% chez les 25-49 ans. Pour cette dernière catégorie, on peut invoquer le planning familial ; mais, pour les deux premières, le doute est largement permis, puisque le mariage en kaftan blanc immaculé arrive de plus en plus tard. On pourrait à la rigueur, et particulièrement en milieu rural, l’analphabétisme aidant, mettre en avant le déficit de connaissance en matière de sexualité et de reproduction humaines.
Qu’il s’agisse de permissivité aux proportions industrielles, voire exportatrices, ou d’ignorance pure et simple, dans les deux cas, le terrain est favorable pour la propagation des maladies sexuellement transmissibles (MST). Le premier cas de SIDA aurait été détecté en 1986. Nous en serions aujourd’hui à 1.442 contaminations officiellement recensées, au 30 juin 2004, selon les statistiques du ministère de la Santé. Dans cet ordre de grandeur et dans une proportionnalité équivalente, l’infection touche les 15-29 ans pour 25% et les 30-39 ans pour 44%. Le ratio masculin-féminin est de 1,6 contre 5,2. La transmission chez les femmes est issue à 49% de relations multipartenariales, contre 70% pour les hommes.
L’un dans l’autre, les risques sont partagés pour une raison toute simple : le virus ne s’embarrasse pas de pourcentages.
Comme pour le sexe, mais moins par pulsion naturellement biologique, la tentation de la première cigarette est précoce. Elle affecte 13,5%, en moyenne, des jeunes scolarisés (moins de 18 ans), le taux étant plus élevé chez les garçons, 19,4%, que chez les filles, 6%. Ce qui, déjà, n’est pas négligeable.
Aussi vrai qu’il y a une première fois en toutes choses, de la cigarette à la drogue il y a plus qu’un pas au franchissement duquel, les jeunes sont plus exposés. Selon des enquêtes réalisées à Marrakech et à Casablanca, respectivement 10,7% et 11,5% de jeunes ont déclaré avoir consommé de la drogue au moins une fois dans leur vie. Avec, là aussi, une prédominance pour les garçons.
Les rédacteurs du rapport, sans verser dans un moralisme vieux pépé, mettent l’accent sur le rôle de la famille. Leur constat de scrutateur du paysage social, à travers l’interrogation des chiffres, est sans appel : plus l’intensité des relations parents-enfants est forte, par la communication et l’échange, plus la protection est efficace.
Cette introspection sociétale peut paraître pessimiste, elle reste certainement en deçà d’une réalité autrement plus complexe, quasiment réfractaire à toute accessibilité, à toute observation grandeur nature. Le mérite des enquêteurs et des auteurs de ce type de rapport est d’essayer de décrypter cette réalité. À coup de chiffres.

www.maroc-hebdo.press.ma
c
14 juillet 2005 16:52
" La copulation va bon train et l’utilisation des méthodes contraceptives aussi : 40% des femmes de moins de 20 ans y ont recours, contre 57% chez les 20-25 ans et 65% chez les 25-49 ans"

40% des filles de moins de 20 ans prennent des méthodes contraceptives, mais pratiquement 100% arrive au mariage vierge !!!!!
faudrait expliquer ce paradoxe.

De plus 1.442 contaminations officiellement recensées seulement recensés ; ça parait abérrant. comme chiffre.
 
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