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«Si j'avais 20 ans maintenant, je ne viendrais pas en France»
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11 octobre 2005 16:06
«Si j'avais 20 ans maintenant, je ne viendrais pas en France»
11.10.2005 | 13h17
Mehdi Fatihi, 52 ans, travaille dans une imprimerie en Essonne et vit à la Grande Borne, la grande cité de Grigny, avec ses cinq enfants. Il raconte son arrivée en France, il y a trente ans, et pourquoi aujourd'hui il soutient le projet professionnel de ses fils : l'ouverture d'un salon de thé à la Grande Borne.
«Je suis arrivé en France en 1972. A Montauban, j'étais dans l'agriculture, la cueillette des pommes, la taille des arbres. Puis j'ai changé de métier, je faisais l'entretien dans un hôtel à côté de Lourdes. Après, je suis retourné dans l'agriculture à Avignon. J'ai travaillé aussi quelques mois dans les hauts fourneaux dans l'est de la France. En 1977, je suis arrivé à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Essonne, où j'ai été embauché dans une imprimerie. Depuis ce jour-là, je suis toujours dans l'imprimerie. Je suis aide-conducteur offset.

J'avais 20 ans quand je suis arrivé en France. J'étais tout seul, je n'avais pas de parent ici, je n'avais rien. Je suis arrivé avec un copain saisonnier. Je suis venu ici par hasard. Au Maroc, mon père avait une épicerie. Je passais mon temps près de lui quand je n'allais pas à l'école. Ma femme, je l'ai rencontrée à Fès, moi je suis de Meknès. On s'est mariés la semaine de notre rencontre. On a fait l'acte de mariage en 1980. Ma femme est restée un an et quelque au pays avec mes parents. Je l'ai fait venir en France en 1982. A la retraite, j'aimerais faire des voyages avec ma femme. Elle s'est sacrifiée avec moi. Elle m'a beaucoup aidé. Moralement, physiquement. Elle n'a jamais travaillé. Elle est toujours restée à la maison pour garder les enfants. Je suis fier de ma femme.

Quand j'étais célibataire, j'habitais au foyer à Sainte-Geneviève-des-Bois puis j'ai pris un studio. Quand je me suis marié, j'ai fait une demande et j'ai eu un F3. Mon premier fils, Tarik, est né en 1983, dans le quartier de la Balance à la Grande Borne. Tous mes enfants sont nés ici. Aujourd'hui, j'ai envie de changer de quartier, j'ai fait cinq demandes. J'ai demandé pour habiter Bondoufle, Brétigny, Arpajon, je n'ai aucune réponse. Je veux déménager pour changer les idées des enfants, pour qu'ils fréquentent d'autres camarades.

Mon gamin, Tarik, il a son BTS de vente. Quand il cherche du boulot, il adresse son CV. Mais il n'a pas de réponse, il n'a rien. Une fois, il a déposé son CV, il est parti, il a fait 500 mètres puis il est revenu le demander pour faire une photocopie. Mais il n'a pas trouvé son CV. Il était dans la poubelle. Avant, quand mes fils ont commencé à faire des études, je pensais qu'ils trouveraient facilement du travail. Je me disais qu'ils avaient de la chance. Mais maintenant, la vie est plus dure. Les machines ont remplacé les gens. Où vous aviez trois gars avant, vous en avez un seul aujourd'hui. Dans les années 70, il y avait du travail. Tu sortais dans la rue, tu trouvais des patrons. Ils te demandaient : "Est-ce que tu travailles, est-ce que vous voulez du travail ?" La vie a changé ici depuis vingt ans. Les intérims cassent le marché. On fait travailler les gens, deux heures, trois heures, on leur dit : "Rentre chez toi." Tu travailles une journée et puis on te dit : "Quand on a besoin de toi, on t'appelle." Les intérims cassent tout, avec les jeunes, avec les vieux. Ça fait peur à tout le monde. Si j'avais 20 ans maintenant, je ne viendrais pas en France. J'ai dit aux gens au Maroc : "Ce n'est pas la peine de venir. Il n'y a pas de travail, vous ne trouverez pas de logement."

Tant que je suis fier d'avoir la nationalité française j'ai la double nationalité ­, je veux rester ici avec mes gosses, je ne peux pas les abandonner. Mon gamin Tarik m'a demandé : "Est-ce vous pouvez m'aider pour faire quelque chose ?" Je lui ai dit "d'accord". C'est un de mes autres fils qui a eu l'idée du salon du thé. Ils ont cherché un local, on a fait des travaux. Ils veulent ouvrir pour le ramadan. Moi je viendrai boire le café ici, je ferai attention à mes gamins, il y a beaucoup de choses à surveiller. Il faut que ça se passe bien. Moi, je suis en France pour faire travailler les gamins, pour qu'ils ne restent pas dans la rue. Ça fait trente ans que je travaille, j'ai fait des économies que j'utilise pour mes gamins. C'est important que les enfants qui portent mon nom aient une belle situation. Moi, je ne serai pas toujours là. Il faut que je puisse dormir tranquille le jour où je mourrai.»

Jacky DURAND
Source : Liberation.fr

H
11 octobre 2005 16:11
moi non plus je ne serais pas parti...
Mais je n'ai pas 20 ans et je suis deja parti. Rien ne sert a se lamenter sur son sort maintenant...
w
11 octobre 2005 16:49
moi j aimerai pouvoir retourner au maroc, je suis arrivé ici a 8ans j ai la 30aine aujourd hui. mais certain te decourage de tenter qq chose au maroc.
 
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