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ISLAMOPHOBIE : L'école de la discorde
S
4 septembre 2007 13:20
Par Richard Hétu

Presque six ans après les attentats du 11 septembre 2001, l'inauguration de l'Académie internationale Khalil Gibran devait symboliser l'ouverture de New York à la langue et à la culture arabe.

L'école publique doit ouvrir ses portes mardi à Brooklyn, mais sa fondatrice (et directrice) n'y sera pas, ayant succombé à l'assaut des islamophobes à New York. Pour eux, il n'y a pas d'accommodement raisonnable avec la langue et la culture de l'auteur du Prophète, le livre qui a fait connaître mondialement le poète et philosophe d'origine libanaise.

Le réseau public de New York compte 60 écoles bilingues, où l'enseignement se fait à moitié en anglais et à moitié dans une autre langue, comme l'espagnol, le russe ou le chinois. Ces écoles ne sont pas confessionnelles, pas plus que ne le sera la nouvelle école arabe, dont les élèves seront issus de groupes ethniques.

Qu'importe : aux yeux de ses opposants, l'Académie internationale Khalil Gibran sera une madrassa, une de ces écoles coraniques accusées d'entraîner les militants islamistes.

Quant à sa fondatrice, Debbie Almontaser, elle est l'apologiste d'une «intifada» new-yorkaise, selon ses critiques, qui s'expriment dans les journaux de droite, dont le New York Post et The New York Sun, et sur Internet.

Née au Yémen, Debbie Almontaser a immigré aux États-Unis à l'âge de trois ans. Éducatrice de carrière, elle s'est fait connaître après le 11 septembre par des initiatives interculturelles et interreligieuses. Son fils Yousif, membre de la garde nationale, a été dépêché sur les lieux fumants du World Trade Center. Quatre de ses neveux et cousins ont servi l'armée américaine en Irak.

De confession musulmane, Debbie Almontaser porte le hijab, le comparant à l'étoile de David, ce signe de fierté religieuse. Mais ses critiques, juifs pour la plupart, rejettent cette comparaison, voyant dans le hijab le symbole d'un islamisme radical.

C'est ainsi que Daniel Pipes, directeur du Middle East Forum, n'a pas hésité, l'hiver dernier, à qualifier de madrassa une école nommée en l'honneur d'un chrétien mort à New York en 1931. Almontaser a survécu à la première attaque de Pipes, un intellectuel spécialisé dans la dénonciation de l'extrémisme islamiste, réel ou imaginé. L'éducatrice n'a cependant pas survécu à la seconde attaque.

Depuis le début de la controverse autour de son école, Debbie Almontaser ne parle presque pas aux journalistes. Au début d'août, ses patrons lui ont cependant demandé de répondre aux questions du New York Post. Le journal voulait l'interroger sur des t-shirts vendus à New York par une organisation de Brooklyn appelée Arab Women Active in Art and Media. Sur ces t-shirts, on peut lire l'inscription Intifada NYC.

Pourquoi Almontaser devait-elle donner son opinion sur ces t-shirts ? Parce que l'organisation qui les vend partage les bureaux d'un autre groupe auquel la directrice d'école est associée.

Dans son interview avec le Post, Almontaser n'a pas dénoncé les vendeuses du t-shirt ou leur slogan, se contentant de rappeler le sens du mot intifada en arabe : se soulever, se débattre pour secouer un joug.

«Je ne crois pas que leur intention soit de provoquer de la violence à New York. C'est au contraire une occasion pour ces jeunes filles de montrer qu'elles font partie de la société new-yorkaise», a-t-elle dit au Post.

Le jour de la publication de l'entrevue, Almontaser a publié un communiqué s'excusant de n'avoir pas condamné l'utilisation d'une expression associée au «soulèvement» des Palestiniens contre Israël, un pays qui a des défenseurs inconditionnels à New York. Peine perdue, le lendemain, la directrice d'école devenait «la principale de l'intifada» dans les pages du New York Post, qui devait plus tard publier un texte de Daniel Pipes réclamant la tête d'Almontaser.

Celle-ci a remis sa démission peu après, ne voulant pas entraîner son école dans sa chute. Lâchée par le maire Michael Bloomberg et le chef des écoles publiques, Joel Klein, Almontaser ne veut plus parler aux journalistes.

Mais Daniel Pipes ne se tait pas et il poursuit son combat. Après avoir eu la tête de la directrice, il veut maintenant la fermeture de la madrassa de New York. C'est peut-être pour l'amadouer que les responsables new-yorkais ont remplacé Almontaser à la tête de l'Académie internationale Khalil Gibran par une juive orthodoxe qui ne parle pas l'arabe.

Source: [www.cyberpresse.ca]
 
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