La Fondation des oeuvres islamiques (FOI) vient d'être créée à Paris. Annoncée dans le sillage du Conseil français du culte musulman (CFCM), elle a pour but de gérer les fonds collectés par les musulmans pour construire et entretenir les mosquées. Mais personne n'est dupe: cette fondation est un dispositif nouveau permettant à l'Etat de contrôler les sources de financement de l'islam en France. La confiance règne !
Au delà des déclarations officielles, la Fondation des oeuvres islamiques (FOI) naît d'une volonté de transparence sur le financement de l'islam en France. Dans l'atmosphère de l'après 11 septembre 2001, certaines organisations musulmanes françaises sont régulièrement suspectées de financements douteux. Ces soupçons dont la presse et une certaine littérature se font l'écho n'arrangent personne. L'Etat cède à l'angoisse sécuritaire en visant les entrepreneurs musulmans qualifiés pour l'occasion de « musulmans radicaux ». Le charismatique Cheikh Dhaou Meskine, fondateur du premier « collège musulman » de France et secrétaire général du Conseil des imams de France, en sera une victime. Son cas sera médiatisé surtout lorsqu'il sera mis en garde à vue. Une fondation pour rien
A la création du CFCM en 2003, c'est l'Union des organisations islamiques en France (UOIF) qui est régulièrement interpellée sur son mode de financement. Il faut dire qu'avec ses mosquées et ses instituts de formation, l'UOIF ne vit pas dans la misère. Elle garde jalousement ses entrées historiques dans le réseaux de pétrodollars, auprès des mécènes de l'islam. Car, à ses débuts, l'UOIF ne cachait point ses accointances avec l'internationale des Frères musulmans. Mais ces choses font désormais partie du passé, d'après Fouad Alaoui, secrétaire général à l'époque ; le mouvement a évolué et peut s'autofinancer. Et si l'Union reçoit des dons des « pays du Golfe », il ne s'agit que de bienfaiteurs isolés. Il n'y a pas de mal à cela. L'UOIF veut donc montrer pattes blanches, elle accepte l'idée d'une Fondation pour gérer l'argent des musulmans. Une idée stupide, totalement étrangère aux préoccupations des musulmans de France.
Financer la construction d'une mosquée est un souci secondaire pour les communautés musulmanes. La question est importante mais elle est rarement urgente. Lorsqu'un projet de mosquée émerge, il a le premier avantage d'aplanir les dissensions qui minent une communauté. Une émulation naturelle s'installe entre les fidèles. Chacun s'investit, souvent au delà de ses propres moyens. L'obligation de la Zakat, l'impôt rituel musulman, élève le financement du culte au rang d'un postulat religieux (celui qui refuse de s'acquitter de la Zakat sort du chemin de l'islam). A cela s'ajoute la tradition du Waqf, le bien de mainmorte en islam, régulièrement dédié au culte et donc à la mosquée.
Autant dire qu'il est beaucoup plus aisé de réunir des fonds pour élever un minaret supplémentaire que pour bâtir un centre culturel, une bibliothèque, une école ou pour financer un journal. Cette aisance dans le financement du culte explique la profusion de projets de « mosquées-cathédrales » là où de petites mosquées de quartiers auraient parfois suffit. C'est pourquoi une fondation unique pour gérer le financement de toutes les mosquées en France est un trompe-l'oeil. Les organisations qui ont déjà leurs réseaux d'amis ne sont pas intéressées. Et l'on peut craindre l'émergence de circuits de financement parallèles. Nous connaissons l'histoire de l'islam: partout où l'on a voulu imposer un « islam officiel », ce sont les mouvements ultras qui se sont renforcés.
C'est pourquoi la FOI, visiblement inspirée du haut, nous apparaît comme une niaiserie supplémentaire. Surtout que l'on impose que le directeur soit « un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur ». En d'autres termes : un keuf ! Le texte ne dit pas si, pour gérer l'argent des musulmans, le fonctionnaire-directeur de notre argent doit se soumettre aux règles de l'islam. Cela pourrait être amusant, mais n'est, en définitive, pas très drôle. Il y a comme un parfum de colonialisme dans les textes de la FOI. Le trio diabolique
Selon le journal Le Monde, le Super-flic des finances de l'islam en France sera connu lors de la première réunion du bureau de la FOI, le 22 octobre 2007. Ce fonctionnaire ne sera que directeur, il faudra un Président de fondation. Et la meilleure est que pendant deux ans le président de la FOI sera le Cheikh Dalil Boubakeur de la Grande mosquée de Paris (GMP). Celui-là même qui n'a rien demandé à personne mais qui a été parachuté à la tête du CFCM. Comme le Cheikh Boubakeur ne sait pas démissionner (sic), il passera la gamelle à Fouad Alaoui de l'UOIF.
Celui-là même qui s'est fourvoyé en s'acoquinant avec un ministre de l'Intérieur ambitieux nommé Nicolas Sarkozy qui l'a ensuite largué pour lorgner du côté de Marine Le Pen ! Comme M. Alaoui ne sait pas démissionner (sic), il laissera le reste du gâteau à M. Mohamed Bechari, à condition que dans quatre ans ce dernier soit encore président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF).
Ainsi, GMP-UOIF-FNMF sont les trois mousquetaires boiteux de l'islam en France. Forts de leur succès complice à la tête du CFCM, ils sont d'accord pour mener une OPA sur la FOI. Pour les observateurs du fait musulman que nous sommes, le bilan du trio GMP-UOIF-FNMF a un avantage estimable : on peut parler de médiocrité sans risque d'exagération. La grande classe de ce trio est d'avoir pu discréditer tout le CFCM sans même perdre la face. Il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir avoir honte. C'est pourquoi ce trio mérite d'être récompensé par la gestion de la FOI. Et pas de « Doux Jésus! » s'il vous plaît. Car Jésus a guéri des malades, il a ressuscité des morts. Mais contre la bêtise humaine, le Christ n'a rien pu faire.
Vous l'avez compris: l'islam de France a mal à son leadership officiel. Les enjeux de la présence musulmane en France, première puissance musulmane d'Europe, sont des enjeux aujourd'hui énormes. Les recherches le montrent et les savants le répètent. Seuls nos leaders ne semblent pas en avoir conscience. Ici et maintenant ils sont dans des paradigmes d'antan. Ils n'ont aucun projet clair, aucune initiative nationale ouvrant des perspectives, aucun programme d'action, aucun geste d'éveil. Ils semblent inconscients du sens de notre histoire commune. Nous avions misé sur un sursaut d'orgueil. Il faut croire que nous avons perdu. Puisque les fossoyeurs du CFCM s'arrogent aujourd'hui la gestion de la FOI. Au nez et à la barbe (c'est le cas de le dire) de l'ensemble de la communauté nationale. C'est la preuve que nous avons accepté leur médiocrité. Or il y a pire que la médiocrité, c'est la culture de la médiocrité. Avec le profil annoncé à la tête de la FOI nous entrons de plein pied dans une culture d'incapables. Nous le faisons la tête haute et avec le sourire au coin de la lèvre; à la manière des idiots (de la République ?).
Pendant que les trois fédérations complotent pour profiter de ce dont elles ont démérité, que font les autres musulmans ? Témoins passifs de ce rapt en règle, le musulman de France garde un silence poliment complice. Ceux qui ont conscience des enjeux savent que notre communauté est en train de « sortir des caves pour descendre dans les égouts ». Il ne veulent donc pas se salir et il faut les comprendre. L'anthropologue Dounia Bouzar a vendu cette mèche en démissionnant du CFCM où elle siégeait comme personnalité qualifiée. Elle a pu observer la dérive de l'intérieur. Mais la majorité des musulmans de France n'ont pas ce poste d'observation. Ils se calent dans leurs fauteuils, bien devant leur écran d'ordi, les pieds dans leurs pantoufles et délivrent un message au vitriol sur Oumma et sur Saphirnews. Comme le ridicule n'est pas un péché, le CFCM et la FOI s'engraissent de notre passivité. Or lorsque le nuage de la bêtise atteint son seuil de saturation, la pluie de la médiocrité mouille toutes nos têtes. Lancer la FOI à la manière du CFCM est vraiment une douche froide. Après un tel mépris de la part de nos leaders, nous pensons qu'ils ne peuvent plus nous offenser.
On veut tout simplement par cette action, interdire au musulman d'avoir un lobby en les qualifiant de radicaux dès qu'ils financent une action visant à renforcer l'Islam Une seule chose à dire : ceux qui acceptent ce boulot ferait mieux de se regarder dans le miroir.
bn Abbâs- qu'Allah soit satisfait de lui - rapporte que : " L'Envoyé d'Allah SAW a dit :
Celui qui encourt la colère d'Allah en donnant satisfaction aux gens, Allah abat sur lui Son courroux et rend irrité contre lui ceux même auxquels il a donné satisfaction en encourant la colère divine. Et celui qui satisfait Allah en s'exposant à la colère des gens, Allah l'agrée et rend satisfaits de lui ceux qu'il a irrités, en recherchant l'agrément divin en embellissant ses actes et ses paroles à leurs yeux"[ Rapporté par At- Tabarânî].
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