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Interview avec l’amazighizant le professeur Karl-G Prasse
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9 juin 2006 22:40
Traduit de l'anglais par: Ali Amaniss





Présentation



Au moment où l’amazighité est au cœur d’un débat national, il est intéressant d’avoir des opinions neutres de scientifiques spécialistes du domaine de la linguistique amazighe et reconnus par les autorités scientifiques internationales dans le domaine. Le docteur Karl-G Prasse est une sommité mondiale dans le domaine du tamazight. Ses appréciations sont d’ordre scientifiques et loin de tout penchant idéologique en sachant bien évidemment que la science elle-même est en constante évolution et que les résultats d’aujourd’hui peuvent être corrigés, rectifiés, voire être supprimés, par les résultats des recherches de demain.



Cette interview avec l’amazighizant le Professeur Karl Prasse porte sur la langue et la culture amazighes. L’entretien a été conduit par Brahim Karada le 22/04/2000 (source : www.tawalt.com) et traduit de l’anglais par Ali Amaniss pendant le mois d’Octobre 2001.



Pour en savoir plus sur l’Université de Copenhague où Karl-G Prasse avait conduit ses recherches sur la domaine amazigh, visitez le site (http://www.ku.dk/english/).



L’interview



Q: Voudriez-vous vous présentez, vous-même, à notre l’auditoire ?



Prof : Au début, je me suis formé comme égyptologue et j’avais commencé à étudier la linguistique générale et comparative à l’université de Copenhague. Après deux ans, j’avais changé mon orientation vers l’égyptologie et cette langue ne m’a pas beaucoup passionné. Par conséquent, j’avais commencé à suivre des cours sur d’autres langues de la même famille tels que l’hébreu, l’arabe, l’éthiopien et le tamazight. Elles appartiennent toutes à la grande famille linguistique chamito-sémitique (afro-asiatique). Finalement, j’avais passé une « soutenance en égyptologie » et je suis devenu gradé dans les arts, dans ce domaine-là.



L’examen final de ma thèse portait sur les noms en tamazight. C’est pour cette raison que ma carrière d’amazighizant avait débuté parce qu’à la suite de cela, je me suis spécialisé en tamazight, c’était une langue très intéressante et je l’ai étudiée. J’avais souhaité être capable d’enrichir les comparaisons des langues chamito-sémitiques. En 1953, j’avais passé une année en France où j’avais étudié avec le Professeur André Basset qui était le leader des études amazighes de l’époque et il m’avait donné un cours dans le parler du « Maroc Central » ainsi qu’une introduction au touareg. A la suite de mon diplôme de maîtrise, j’avais obtenu pour la première fois une bourse d’études pour étudier en France et en Afrique. C’était également la première fois, en 1958, que j’avais fait ma première rencontre avec le touareg au Hoggar dans l’oasis de Tamanrasset et j’avais réussi à montrer que les notations phonétiques de Charles de Foucauld n’étaient pas très correctes. Il était mon prédécesseur dans le domaine et il avait écrit un dictionnaire en quatre volumes qui était et reste excellent. Ses définitions de la signification des mots touarègues sont très exactes et son dictionnaire est très complet, mais j’avais pu voir que sa notation phonétique, notamment celle des voyelles, ne peut pas être correcte. Cependant, à l’époque je n’avais que trois mois pour commencer le travail et je n’avais pas obtenu assez d’argent pour payer les informateurs. En 1966, j’avais été invité à assister à la conférence UNISCO au Bamako, au Mali, dont l’objectif était de créer un alphabet pour écrire six langues locales différentes dans la région, incluant le Tamazight (Touareg). L’idée était de réunir un groupe de savants de ces langues afin de créer un alphabet commun pour écrire ces langues.


Q : Les six langues ensemble ?



Prof : Oui. Toutes les six ensemble, et c’était ce que nous avons fait et ce fut l’époque pendant laquelle j’ai relevé ce qui n’allait pas dans la notation proposée par de Foucauld pour la langue touarègue. Il était devenu évident pour moi qu’il n’y avait pas uniquement une seule voyelle courte mais deux voyelles différentes que de Foucauld avait confondues. Plus tard, pendant la même année 1966, nous avions été invités à nous rendre à Niamey afin d’animer un séminaire pour former un certain nombre « d’alphabétiseurs » dans les langues locales en vue de lancer une compagne littéraire pour apprendre en premier aux adultes puis commencer lentement des écoles expérimentales pour enfants. Cela signifiait que l’ont se devait d’être bilingue en enseignant le français et l’une des langues locales. Cependant, un grand problème était qu’il n’y avait pas assez de moyens financiers dans le système parce que l’UNESCO était une organisation culturelle et elle n’avait de l’argent que pour des raisons culturelles tandis que ce qu’il fallait faire était d’associer l’apprentissage des langues à un programme de création d’emploi pour les gens parce que s’ils n’obtiennent pas un emploi plus tard, ils ne pourraient pas voir la raison pour laquelle ils devraient apprendre à lire et à écrire.– Il est à noter que le Touareg avait déjà son propre alphabet, appelé l’écriture tifinagh, dont l’origine peut être retracée jusqu’à l’antiquité. Ils avaient naturellement exprimé leur souhaits d’apprendre le tifinagh, cependant cette idée n’avait jamais été acceptée car le gouvernement impliqué voulait une orthographe commune pour les six langues en utilisant les caractères latins qui sont facilement accessibles sur les machines à écrire et sur les imprimantes domestiques.- Dans l’ensemble, tout allait lentement et les écoles expérimentales pour enfants n’avaient jamais dépassé au-delà du stade expérimental. Cependant, je suis de temps en temps impliqué dans ces programmes en écrivant des rapports de mes idées à propos de la bonne l’orthographe ou en donnant d’autre conseils.



Il y a actuellement une Organisation en Allemagne qui va à Niamey en coopération avec l’INDRAP (Institut National de Documentation, de Recherche et d’Animation Pédagogiques) afin d’aider ces écoles. Leur principale tâche est d’aider à la création et à l’impression de manuels scolaires en touareg et dans d’autres langues, ainsi que pour former des enseignants bilingues. J’avais proposé de créer une école dans la région touarègue dans laquelle j’avais déjà soutenu un projet du savoir-faire avec l’aide de l’Organisation Non-Gouvernementale (ONG) danoise appelée « Genvej til udvikling » (solution pour le développement) située à Jütland. Je ne pouvais pas seul trouver les moyens financiers pour cela et mon ONG n’a pas pu non plus réussir jusqu’à maintenant. Ainsi, pour le moment, le projet demeure en attente, mais je continue d’espérer le lui survivre.



Q : Vous savez sans doute que la relation entre la langue arabe et le tamazight est une relation compliquée, historiquement, politiquement et également linguistiquement. Il existe une école idéologique, financée par le gouvernement libyen, qui prétend être scientifique et qui travaille d’arrache pieds pour démontrer que le tamazight est une langue arabe ancienne. Elle a à sa tête le Dr. Ali Fahmi Khashim, un linguiste libyen. Il avait écrit un certain nombre de bouquins dans le domaine parmi lesquels il y a un livre récent intitulé « Le Livre du Tamazight arabe » et il avait déjà publié, avec l’aide des autres, un premier volume, qui est un dictionnaire du tamazight arabe. Étant donné que vous vous êtes spécialisé dans les deux langues, considérez-vous qu’il s’agit d’une même langue comme l’école officielle libyenne le prétend ?



Prof : Non. Il ne s’agit certainement pas de la même langue, mais il y a une relation entre elles. Elles appartiennent toutes les deux à la grande famille linguistique chamito-sémitique.



Q : Pourriez-vous nous donner une comparaison avec les langues indo-européennes pour mieux nous rendre compte de la différence entre l’arabe et le tamazight ?



Prof : Oui. Toute famille de langues peut être comparée à toute autre, et c’est le cas de la langue indo-européenne.



Q : Comment pourriez-vous décrire la distance entre l’arabe et tamazight ?



Prof : La famille linguistique chamito-sémitique comprend au minimum cinq branches différentes:



1. Les langues sémitiques qui incluent l’hébreu, l’arabe, l’éthiopien et les langues akkadiennes anciennes (« le babylonien et l’assyrien ») parlées dans ce qui est aujourd’hui l’Irak moderne. Ces langues sémitiques sont intimement liées les unes aux autres. Vous pouvez presque toujours trouver chaque mot d’une langue dans les autres, cependant lorsque vous abordez les autres branches, la situation change. Par conséquent, seuls peu de mots du tamazight peuvent être identifiés à des mots des langues sémitiques.



2. La langue égyptienne ancienne avec son stade final qui est le copte qu’on tente d’utiliser encore dans les Églises coptes. On dit qu’il existait encore des gens parlant le copte il y a 200 ans au sud de l’Égypte.



3. La langue amazighe (ou le berbère) scindée au moins en trois branches, le touareg étant l’une d’elle.



4. La quatrième branche de cette famille sont les langues couchitiques de l’Ethiopie (Abyssinie) dont la plus connue est la langue somalienne. La plus grande d’entre elles est cependant l’Oromo (ou le Galla comme les éthiopiens l’appellent.) Il y a environs 20 millions de locuteurs de l’Oromo, au moins. Ce qui la rend la troisième langue en Afrique. Seuls le Swahili et le Hawsa sont plus grands.



5. La cinquième branche sont les langues chadiques en Afrique de l’Ouest et la mieux connue de cette famille est le Hawsa qui est une grande langue. Elle est une sorte de langue internationale utilisée dans les affaires commerciales et parlée par au moins 35 millions de personnes. Il y a 140 langues dans la branche chadique, cependant la plupart d’entre elles sont parlées uniquement par quelques centaines ou quelques milliers de personnes.



Toutes ces langues partagent un lien intime dans leur système grammatical et dans leur système phonétique, cependant, comme je l’ai dit, il n’y a pas beaucoup de similitudes dans le vocabulaire entre les différentes branches. Il y a environs 300 mots du tamazight qui peuvent être encore retrouvés dans les autres branches du chamito-sémitique, en arabe par exemple. Par conséquent, la plupart des mots arabes que vous retrouvez dans le tamazight sont des emprunts ultérieurs. Néanmoins, cette relation signifie que dans des temps très reculés, toutes ces langues étaient une seule langue commune, que nous appelons le « proto-chamito-sémitique ». Par conséquent, il y a naturellement une relation, pas particulièrement entre l’arabe et le tamazight, mais entre le tamazight et le sémitique en général. De la même façon, les langues sémitiques elles-même peuvent être supposées n’être qu’une seule langue dans des temps lointains que nous pouvons reconstituer comme étant le proto-sémitique. En effet, chacun peut reconstituer une telle proto-langue avec beaucoup de succès et nous avons tenté de faire la même chose avec le tamazight, mais dans le cas du tamazight il n’y a pas encore beaucoup de progrès. Il reste encore beaucoup de chose à faire. Évidemment vous pouvez reconstituer la langue proto-berbère et la langue proto-chadique également. Et toutes ces proto-langues peuvent être extrapolées pour donner une seule langue proto-chamito-sémitique parlée dans un temps encore plus reculé.



C’est exactement la même situation que nous avons avec les langues indo-européenne, qui se sont aussi scindées en des branches différentes. Vous avez les langues indoues tels que l’Hindoustani, l’Ordo, qui sont très influencées par l’arabe, l’emprunts de mots parce qu’ils sont musulmans. Puis, il y a la Branche Iranienne, la branche slave avec le Russe, le Bulgare, le Polonais, le Serbo-croate, et les langues Romaines tels que le Français, l’Espagnol, l’Italien, le Portugais, le Romain. Dans ce dernier cas où nous savons maintenant les ancêtres originels qui est le Latin, c’est la proto-langue des langue Romaines.



Q : Comme je sais maintenant que le tamazight et l’arabe dérivent de la même langue proto-chamito-sémitique, alors tamazight n’est pas une langue fille de la langue arabe mais une langue sœur, n’est-ce pas ? Autrement dit, le tamazight est-il une fille ou une sœur de l’arabe ?



Prof : Non. Vous ne pouvez vraiment pas dire qu’elle est une langue sœur de l’arabe. Elle est une sœur de la langue sémitique en général car quand l’arabe venait de naître, le tamazight était déjà une langue indépendante depuis longtemps.



Q : Voulez-vous dire que le tamazight est beaucoup plus ancien que l’arabe ?



Prof : Oui. Probablement.



Q : A propos des Imazighen, il y a des gens qui disent qu’ils sont venus du Yémen et qu’ils avaient apporté leur langue de la région arabique.



Prof : Bon. Tout cela n’est que des hypothèses. Cela a quelque rapport à voir avec la question de savoir où la population proto-chamito-sémitique commune avait réellement vécu. Je pense que la plupart des gens croient que cela doit être près du sud caucasien dans la région entre la mer Caspienne et la mer Morte, et sa région du sud. Mais il y a des gens qui avaient proposé que la région d’origine de ces populations est le sud de la péninsule arabique ou peut-être en Afrique, en Abyssinie ou au Sahara Central, mais personnellement je suis sceptique quant à cette hypothèse.



Q : Actuellement, il y a trois façon d’écrire le tamazight : Avec l’alphabet latin, l’alphabet arabe et l’alphabet tifinagh, puis il y a beaucoup d’arguments que la quasi-totalité des intellectuels amazighs utilisent les caractères latins pour des raisons scientifiques et réalistes. Cependant, il y a des gens qui argumentent que c’est parce que les Imazighen sont influencés par la France, qu’ils sont devenus francophones et que l’on doit craindre que cela n’affecte pas l’apprentissage du Coran dans le futur. Toutefois, à votre avis, scientifiquement, quel est le système d’écriture le mieux approprié à tamazight ?



Prof : La chose la plus pratique à faire est d’adapter l’alphabet latin, parce que nous avons développé dans cet alphabet beaucoup de caractères spéciaux pour écrire de nombreuses langues différentes et cela n’a jamais été fait en arabe. Vous avez quelques lettres spéciales pour écrire le Persan, l’Afghani et ainsi de suite, mais vous n’avez pas en général une grande variété de signes consonantiques qui sont nécessaires pour être capable d’écrire le tamazight et quand vous désirez écrire le touareg, le problème est comment écrire les voyelles parce qu’en arabe vous avez accès à l’écriture de seulement trois voyelles longues différentes tandis que d’habitude, vous ne n’écrivez pas les voyelles courtes. En touareg, vous avez sept voyelles, cinq longues et deux courtes, par conséquent, comment allez-vous les écrire avec l’alphabet arabe ?



Vous savez peut-être que l’arabe dans son premier stade de langue n’écrivait pas systématiquement les voyelles longues. Naturellement, si vous avez une bonne connaissance du système grammatical, vous pouvez plus au moins deviner les voyelles, cependant il y a toujours des incertitudes quand vous lisez un texte arabe. En tamazight, ce problème sera encore plus difficile. Par conséquent, si vous voulez réellement rendre convenable l’alphabet arabe pour écrire le tamazight sans ambiguïté, vous devez créer plus de signe et les ajouter à cet alphabet.



Q : Ne pensez-vous pas que le tifinagh peut être utilisé pour écrire le tamazight ?



Prof : C’est le même problème : Vous devez créer au moins sept voyelles et les ajouter à l’alphabet.



Q : Mais les Touarègues avaient utilisé le tifinagh pendant très longtemps pour écrire leur langue !



Prof : Oui, mais je ne sais pas si vous êtes au courant du comment cela marche. C’est très difficiles à utiliser. Ils l’utilisent uniquement pour de courtes inscriptions sur les armes et les bijoux ou pour de courts messages, et ils sont en réalité incapables de lire de longs textes. C’est une opération pénible pour eux que de lire de longs textes. Ils doivent lire et relire jusqu’à obtenir la signification, et cela ne peut pas être idéal pour une transcription efficace.



Q : Mais, voulez-vous dire qu’il n’y a pas de problème en écrivant avec les caractères latins ?



Prof : Bon. Parce que les lettres nécessaires ont été déjà crées depuis longtemps, le problème est d’une portée très limitée. Nous les utilisons quotidiennement pour les transcriptions phonétiques ainsi que dans les différentes langues modernes. Vous savez que le français à ses accents. Vous avez des lettres Umlaut en allemand, trois voyelles que vous écrivez avec deux points au dessus. Vous faites la même chose avec le suédois ; en danois, nous avons crée des lettres spéciales telles que æ et ø.



Et vous avez naturellement un problème pratique, si vous voulez écrire en tifinagh, vous aurez à fabriquer des machines à écrire et les fontes pour les imprimantes qui ont les caractères nécessaires et pour ce faire cela coûtera cher. En effet, tout est devenu actuellement plus facile parce que nous pouvons utiliser les ordinateurs pour créer ces lettres, mais il reste un petit problème qui est de faire fonctionner ensemble plusieurs alphabets sur un ordinateur. En effet, si je le veux, je peux créer mon propre alphabet personnel sur mon propre ordinateur, un alphabet que personne ne comprendra.



Q : Actuellement il y a en tamazight un problème de différences dialectales, de différences phonétiques de certains mots. Comment allez-vous résoudre ces problèmes en utilisant spécialement les caractères latin ?



Prof : Bon. Ce n’est pas un problème de transcription. C’est un problème de la création d’une langue commune. Si vous voulez surmonter les différences dialectales, vous devez créer d’une manière ou d’une autre une langue amazighe standard et cela n’a rien à avoir avec son écriture.



Q : Est-ce que le tamazight avait influencé les dialectes arabes locaux dans les pays de l’Afrique du Nord ?



Prof : Certainement, notamment au Maroc et en Algérie parce que les dialectes du tamazight dans ces régions possèdent un système réduit de voyelles avec en réalité trois voyelles. Toutes les voyelles courtes avaient disparues. Je pense que c’est à cause de l’influence du tamazight que les dialectes arabes maghrébins ont également un système réduit de voyelles en comparaison avec l’arabe standard. Et par conséquent certains mots amazighs sont passés dans l’arabe local comme mots empruntés, bien que c’est beaucoup plus fréquent encore dans l’autre sens.



Q : Il y a en effet une initiative de standardisation de la langue amazighe afin de dispenser des cours sous tous ses dialectes. Quels sont vos commentaires ?



Prof : Oui. Il est très possible de la standardiser, mais cela prendra du temps, des efforts et coûtera beaucoup d’argent, parce que cela doit être fait convenablement par des savants et naturellement le temps que cela prendra avant que les gens l’adoptent.



Q : Quand vous dites, beaucoup de temps, que voulez-vous dire par là ?



Prof : Une génération au moins.



Q : Je suppose que cela a été le cas du danois, de l’anglais, du français…et de toutes ces langues.



Prof : Bien sûr.



Q : Il y a un problème identitaire en Afrique du Nord, cela a-t-il un rapport quelconque avec la langue utilisée ?



Prof : Bon. Les Imazighen doivent avoir la possibilité d’apprendre leur propre langue, cela est évident. Par exemple au Maroc, plus de la moitié de la population est amazighe, par conséquent, vous ne pouvez pas prendre leur identité et la leur enlever tout simplement.



Q : Pourtant, ces pays sont considérés comme des pays arabes, ils sont montrés comme étant des pays arabes…C’est un grand problème.



Prof : Mais personne ne peut les appeler des pays amazighs, quelqu’un le peut-il ?… Ils ont avant tout la religion musulmane en commun.



Q : Y a-t-il une influence des langues européennes sur la langue amazighe en Afrique du Nord ?



Prof : Il y a naturellement beaucoup d’emprunts de mots des langues européennes, notamment du français en tamazight. Mais il n’y a aucune relation génériques entre elles et il n’y avait pas eu un contact suffisamment long pour influencer la structure du tamazight.



Q : Dans la dernière Constitution algérienne de 1996, l’identité nationale algérienne est définie comme une identité ayant trois dimensions : L’Islam, l’arabe et le tamazight alors que les Marocains avaient omis de faire une chose similaire au cours du dernier référendum… En Libye, par exemple, sur les pages de l’Internet, il y a beaucoup de discussions sur l’identité des libyens. Sont-ils arabes ou quels sont les arabes…De nombreuses questions tournent autour de l’identité et nous. Certains Imazighen pensent qu’une dimension amazighe doit être ajoutée à l’identité libyenne. La plupart des Imazighen pensent que nous sommes des africains ou des méditerranéens plutôt que des asiatiques tandis que beaucoup d’arabes pensent qu’ils sont plutôt des asiatiques…



Prof : …Premièrement, on croit que la langue amazighe et les Imazighen modernes doivent être été venus de l’Est dans un temps reculé dans le passé. C’est peut-être 8000 ans avant notre ère, il y a 10000 ans. C’est-à-dire lorsque les industries de l’âge néolithique commençaient et cela ressemble à ce que vous avez au Moyen-Orient.



Q : Mais les Européens étaient venus, eux aussi, de l’Est !



Prof : Oui, en effet…Nous sommes tous venus de l’Afrique en fin de compte…Mais si on prend en considération les temps modernes, nous devons dire que les Arabes qui avaient envahi l’Afrique du Nord constituent, peut-être, 10 % de la population. Tous les autres qui parlent la langue arabe sont des Imazighen arabisés.



Q : A votre avis, pourquoi les Arabes réussirent-ils à amener les Imazighen à parler l’arabe alors que d’autres avaient échoué de le faire, tels les Romains, les Turcs… ?



Prof : Bon. Les Arabes avaient apporté l’Islam avec eux et ils pouvaient convaincre les autres peuples que la langue arabe était et reste la langue sacrée propre à Dieu. Par conséquent, la langue arabe a un prestige spécial parmi les musulmans. Mais à part cela, l’arabisation était un lent processus qui avait duré des centaines d’années. Dans certains autres pays comme la Turquie et l’Iran, les Arabes avaient moins de succès tandis que les Égyptiens aveint renoncé à leur langue copte beaucoup plus complètement que les Imazighen avaient renoncé à la leur.



Q : Les Libyens actuellement sont en train de se préparer à l’établissement d’un système éducatif pour leurs enfants s’ils ont la chance de l’implanter dans l’avenir. Que pensez-vous de cette idée ?



Prof : Bon. Seul le gouvernement libyen peut faire cela. Si le gouvernement permet l’implantation de tels programmes, alors le problème est réglé.



Q : Pourquoi avez-vous choisi le touareg spécialement et quels sont vos récentes publications et livres ?



Prof : Bon. Je me suis spécialisé en touareg parce qu’il convient le plus à la comparaison avec les autres langues de la famille chamito-sémitique. Il avait conservé de nombreux mots authentiques amazighs par rapport aux Imazighen du Nord et son système phonétique est plus anciennement façonné. J’avais publié beaucoup d’ouvrages sur tamazight, notamment sur le touareg. Un travail comprends deux volumes de poèmes touarègues, un autre trois volumes une grammaire complète du touareg algérien. En ce qui concerne le tamazight libyen, seul peu de savants avaient écrit là-dessus, et la plupart étaient des italiens.



Enfin, nous vous remercions d’avoir consacré de votre temps pour cet entretien.
f
10 juin 2006 14:05
Très intéressant !!!!


Merci bcp !!! j'ai appris bcp de choses ...
 
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