Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Les innovations et leur causes !!!
s
26 mai 2005 12:20
Les Innovations et leurs causes
Cheikh Muhammad Nasiruddîn Al-Albânî

Extrait des "Rites du Pèlerinage et de la 'Umra" - (paru)

--------------------------------------------------------------------------------

En effet, [il faut savoir que] tout acte d’adoration, pour être accepté par Allah le Très-Haut, doit forcément répondre aux deux conditions suivantes :

1. Qu’il soit voué sincèrement à Allah ;

2. Qu’il soit pieux (Sâlih), et une œuvre ne peut être pieuse que si elle est conforme à la Sunna du Prophète (e), et non en contradiction.

--------------------------------------------------------------------------------

C’est une chose établie chez les savants qui se basent sur les preuves que quiconque prétend accomplir un acte d’adoration qui n’a pas été prescrit par notre Prophète (e) verbalement, ou qu’il n’a pas accompli lui-même pour adorer son Seigneur, est en contradiction avec sa Sunna,
car la Sunna se divise en deux catégories :

1. Les actes qu’il faut faire ;

2. Les actes qu’il faut délaisser.

Délaisser ce que le Prophète (e) a délaissé parmi ces actes d’adoration fait partie de la Sunna.

Il n’est pas autorisé, par exemple, d’adorer Allah en faisant l’appel pour la prière de l’Aïd ou pour enterrer un mort, bien que ce soit une formule de rappel et une forme de vénération d’Allah – exalté et élévé soit-Il – tout simplement parce que le Prophète (e) ne l’a pas fait et que c’est la Sunna de ne pas le faire. Ses Compagnons, qu’Allah les agrée, l’ont compris ainsi et ils ont très souvent mis les gens en garde contre les innovations en général, comme on peut le trouver dans les livres qui traitent ce sujet.

A ce propos, Hudhayfa ibn ul-Yamân, qu’Allah l’agrée, a dit : « Tout acte d’adoration que les Compagnons du Messager d’Allah (e) n’ont pas fait, alors délaissez-le. »

De même, ‘Abdullah Ibn Mass’ûd, qu’Allah l’agrée, a dit : « Suivez [ceux qui vous ont précédés] et n’innovez pas, car ce que vous avez [reçu comme révélations] vous suffit, alors tenez-vous-en à l’ancien commandement [c’est-à-dire le Coran, la Sunna et les faits des Compagnons]. »

Bien heureux est celui à qui Allah a accordé de Lui vouer sincèrement ses actes d’adoration, et de se conformer à la Sunna du Prophète (e), et de ne pas y mêler des innovations. Qu’il se réjouisse car Allah le Tout-Puissant agréera ses actes d’obéissance et Il le fera rentrer dans son Paradis. Qu’Allah nous place parmi ceux qui ont entendu la parole [de vérité] et qui l’ont suivie de la meilleure manière.

--------------------------------------------------------------------------------

Sachez que la cause de ces innovations remonte à plusieurs choses :

1. Les hadiths faibles (Dha’îf) qu’il est interdit de citer comme preuves, et d’attribuer au Prophète (e). Mon avis est qu’il est même interdit de les appliquer selon les arguments que j’ai avancés dans l’introduction de mon livre Sifatu Salât in-Nabî (e), et ceci est la position adoptée par un certain nombre de savants comme Ibn Taymiyya et d’autres.

2. Les hadiths forgés, inventés (Mawdhû’) ou sans origine (sans Isnâd), dont la faiblesse a échappé à l’attention de certains savants du Fiqh (Fuqahâ) et sur la base desquels ils ont établi des règles qui sont en substance des innovations dans la religion !

3. Les efforts d’interprétation émis par des savants du Fiqh - notamment des savants modernes - et les avis qui leur ont paru corrects, qu’ils n’ont pas pris la peine d’étayer par des preuves des textes révélés, mais plutôt qu’ils ont présentés comme des faits établis, jusqu’à ce qu’ils deviennent des Sunnas que les gens suivent !

Toute personne qui a des connaissances dans sa religion sait bien qu’il n’est pas permis de suivre ces choses-là, car il n’y a de Sharî’a que ce qu’Allah a prescrit. On peut encore admettre, pour celui qui voit certains actes comme corrects – à condition qu’il ait le niveau pour fournir un effort de recherche (Mujtahid) – qu’il a le droit, lui seulement, de mettre en pratique ce qu’il considère comme correct, et qu’Allah ne lui en tient pas rigueur. Quant au fait que les gens considèrent ces actes comme faisant partie de la religion et de la Sunna, [je dis] non, et encore non. Comment [pourrait-on admettre cela en effet] alors que certains de ces actes sont en contradiction avec les actes du Prophète (e), comme nous allons le montrer par la suite, si Allah le veut ?

4. Les habitudes (‘Âdât) et les superstitions (Khurafât) qui n’ont aucun fondement dans la religion, et que n’approuve pas la raison. [On ne tiendra aucun compte de cela] même si quelques ignorants les ont pratiquées et en ont fait leur loi, et même s’il existe des gens qui les soutiennent, ne serait-ce que dans une partie de leurs actes. [Peu importe aussi si ceux-là] prétendent faire partie des gens de science et se font passer pour tels.

Sachez aussi que la gravité de ces innovations varie : certaines sont des actes d’associationnisme (Shirk) et de la mécréance (Kufr) pure comme vous allez le constater, et d’autres sont d’un degré de gravité moindre. Cependant, il faut savoir que la moindre innovation que la personne puisse commettre dans la religion – aussi petite soit-elle - est interdite à partir du moment où il est devenu clair que c’est une innovation. Donc, il ne faut pas croire – comme certains le pensent – que certaines innovations font partie des choses détestables (Makrûh) seulement. Comment !… alors que le Prophète (e) a dit : « Toute innovation est égarement et tout égarement mène en Enfer », c’est-à-dire celui qui la commet.

L’imam Ash-Shâtibî a démontré cela de la meilleure manière dans son excellent ouvrage Al- I’tiçâm. L’innovation est donc une chose extrêmement grave et la plupart des gens n’en sont pas toujours conscients ; seul, un groupe parmi les savants sait cela. Il suffit comme preuve à cela la parole du Prophète (e) : « Allah a suspendu le repentir de tout innovateur, jusqu’à ce qu’il délaisse son innovation. »[1]

Enfin, je conclus en rapportant aux lecteurs le conseil d’un grand imam qui fait partie des plus grands savants musulmans anciens, cheikh Hassan ibn ‘Alî Al-Barbahârî (mort en l’an 329 de l’hégire). Il a suivi la voie de l’imam Ahmad (il a étudié chez ses élèves), qu’Allah le Très-Haut lui fasse miséricorde, et il a dit :

« Méfiez-vous des petites innovations, car les petites innovations se répètent jusqu’à ce qu’elles deviennent grandes. Et chaque innovation qui a été commise dans la communauté [des musulmans] était au début petite, et elle ressemblait à la vérité. Puis, celui qui s’est mis à la pratiquer fut trompé au point où il ne parvînt plus à s’en défaire, et l’innovation s’agrandit. Puis, les gens la considérèrent comme une religion qu’il faut pratiquer. Examine – qu’Allah te fasse miséricorde - tout ce que tu entends dire des gens de ton époque en particulier et ne t’empresse pas [de l’accepter], et n’accepte rien d’eux avant de t’être posé la Question: est-ce qu’un des Compagnons du Prophète (e), ou un savant en a parlé ? Si tu en trouves trace [chez les Compagnons ou les savants], alors prends ce que tu a entendu, et tiens-t’en à cela sans dépasser [cette limite], et ne le délaisse pour rien d’autre, car tu tomberais en Enfer […]

Sache - qu’Allah te fasse miséricorde – que l’islam du musulman n’est complet que s’il suit [les textes révélés], y donne foi et s’y soumet. Celui qui prétend qu’il reste des choses de l’islam que les Compagnons de l’Envoyé d’Allah (e) ne nous ont pas montré de manière suffisante, les a traités de menteurs. Ce point suffit comme division [qu’il a créée entre eux et lui] et comme insultes [qu’il a proférées envers eux], et c’est un innovateur, un égaré, qui égare les gens avec lui et qui a inventé dans l’islam une chose qui n’en fait pas partie. »

Je dis (cheikh Al-Albânî) : « Qu’Allah fasse miséricorde à l’imam Mâlik, qui a dit : « Le succès des dernières générations ne s’obtiendra qu’à travers ce qui a fait le succès de la première génération de cette communauté. Ce qui ne faisait pas partie de la religion à cette époque-là n’en fait pas non plus partie aujourd’hui. »

Qu’Allah prie sur notre Prophète (e) qui a dit : « Je n’ai laissé aucune chose qui vous rapproche d’Allah sans vous enjoindre de l’accomplir, et je n’ai laissé aucune chose qui ne vous En éloigne, et qui vous rapproche du Feu, sans vous interdire de la faire. »

Et louange à Celui par Qui s’accomplissent les bienfaits.

--------------------------------------------------------------------------------

[1] Rapporté par At-Tabarânî et Ad-Dhiyâ ul-Maqdissî dans Al-Ahâdîth ul-Mukhtâra, et d’autres avec une chaîne de rapporteurs authen­tique. Al-Mundhirî l’a qualifié de Hassan. Voir les réf. dans Silsilat ul-Ahâdîth is-Sahîha (1620).
'
26 mai 2005 13:30
Bismillâhir Rahmânir Rahîm...

Assalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh... smiling smiley




Bârakallâhou fîk, mon frère.



A lire également sur le sujet:




Qu'est-ce qu'une innovation (bid'a) ?


Pour ce qui est du domaine des "'âdât" (à ce sujet, lire l'article 1 plus bas), il n'y a aucun mal à ce qu'on adopte des nouveautés par rapport à ce que le Prophète et ses Compagnons faisaient, du moment que ces nouveautés concernent. En effet, ici, l'islam donne entière liberté pour les nouveautés, dès qu'on tient compte de ses principes (éléments ta'abbudî).


Par contre, comme l'a écrit Ash-Shâtibî (Al-I'tisâm, tome 1 pp. 37-45 ; tome 2 p. 73), en ce qui concerne ce qui est ta'abbudî, une nouveauté est est en fait une innovation, et doit être évitée. C'est ce qu'on appelle une bid'a (pluriel : bida'), qui consiste à rajouter une voie autre que celle tracée par le Prophète dans le domaine religieux, dans le but d'adorer Dieu (la définition exacte que Ash-Shâtibî en a donnée est : "tarîqatun fid-dîn mukhtara'atun tudhâhi-sh-shari'yya, yusadu bi-s-sulûki 'alyhâ : al-mubâlaghatu fi-t-ta'abbbudi lillâh" : Al-I'tisâm, tome 1 p. 37).

Les "éléments ta'abbudî" étant aussi bien des croyances que des actions, deux grands types d'innovations apparaissent déjà au premier abord :
A. Les innovations relatives aux croyances (al-bida' al-i'tiqâdiyya) ;
B. Les innovations relatives aux actions (al-bida' al-'amaliyya).

A. Les innovations relatives aux croyances (al-bida' al-i'tiqâdiyya)


Les sources de l'islam ayant offert à ce sujet un cadre déjà complet, on ne doit rajouter aux croyances ainsi offertes ni autres concepts métaphysiques, ni croyances d'origine non-musulmane, ni croyances imaginées, sous peine de tomber dans l'innovation (al-bid'ah al-i'tiqâdiyya).
La catégorie d'innovations relatives aux croyances (al-bida' al-i'tiqâdiyya) se subdivise en deux sous-catégories :


A.1. les innovations qui font perdre la foi musulmane (al-bida' al-mukaffira) ;

A.2. les innovations qui ne font pas perdre la foi musulmane (al-bida' al-ghayr ul-mukaffira).


A.1. Les innovations qui font perdre la foi musulmane (al-bida' al-mukaffira)



Certaines innovations sur le plan des croyances font perdre la foi musulmane à celui ou à celle qui les adopte. On les appelle bida' mukaffira. Il s'agit de tout ce qui contredit formellement un des fondements mêmes de l'islam, et consiste donc en une incroyance claire (kufr sarîh / kufr bawâh). Par exemple :
- croire que Dieu connaît les grands événements mais pas chaque petite chose qui se passe dans l'univers (cf. Al-Munqidh min adh-dhalâl, pp. 23-24) ;
- croire que le Coran n'est pas la Parole de Dieu ;
- croire que c'est par erreur que l'ange Gabriel a communiqué la révélation à Muhammad (sur lui la paix) alors que Dieu l'avait chargé de la communiquer à Alî.



A.2. les innovations qui sont des déviances, mais qui ne font pas perdre la foi musulmane (al-bida' al-mudhallila al-ghayr ul-mukaffira)



D'autres innovations sur le plan des croyances sont également graves, mais ne constituent cependant pas une incroyance claire (kufr sarîh / kufr bawâh) mais une déviance fondée sur un doute (shub'hah conduisant à faire une fausse interprétation (ta'wîl) d'une donnée des sources de l'islam. La plupart des croyances erronées des tendances mu'tazilites, khârijites, murji'ites, etc. relèvent de cette catégorie, comme celle relative au statut du musulman qui commet un grand péché (kabîra) : reste-t-il musulman ou pas ? Ces trois tendances ont à ce sujet des conceptions déviantes par rapport à la voie du Prophète et des Compagnons, mais qui ne constituent pas une incroyance. Ainsi, An-Nawawî a écrit des khârijites que s'ils étaient égarés, ils n'étaient pas incroyants (kâfir) (Sharh Muslim). Al-Ghazâlî a écrit la même chose à propos des mu'tazilites (Al-Munqidh min adh-dhalâl). Ibn Taymiyyah a, pour sa part, déduit du fait qu'Ibn Hanbal avait prié pour les califes abbasides Al-Ma'moun et Al-Mu'tasim malgré leur croyance déviante au sujet du caractère incréé du Coran qu'il ne les considérait pas incroyants (Al-Fatâwâ).

Qu'est-ce qui constitue une innovation qui conduit à perdre la foi et qu'est-ce qui constitue une innovation qui conduit à l'égarement sans perdre la foi ? Pour le découvrir, lisez mon article : Le musulman qui renie un élément de l'islam quitte-t-il l'islam (lire l'article 2, plus bas)?


B. Les innovations relatives aux actions (al-bida' al-'amaliyya)

Pour ce qui est des actions, on ne doit non plus rien rajouter aux éléments cultuels -ta'abbudiyya- (lire l'article 1 plus bas) offerts par l'islam, sous peine de tomber dans l'innovation (al-bid'a al-'amaliyya). Cette catégorie d'innovations relatives aux actions (al-bida' al-'amaliyya) se subdivise elle aussi en deux sous-catégories :


les innovations absolues (al-bida' al-'amaliyya al-haqîqiyya) ;

les innovations relatives (al-bida' al-'amaliyya al-idhâfiyya).


B.1. Les innovations absolues (al-bida' al-'amaliyya al-haqîqiyya)


Certaines innovations sur le plan des actions sont absolues. Conformément aux écrits d'Ash-Shâtibî reproduits ci-dessus, elle consistent :
- dans la sphère de ce qui est purement cultuel, à imaginer une forme de culte que le Prophète (sur lui la paix) n'a pas faite ; par exemple adorer Dieu en se mortifiant le corps ; faire le vœu de ne pas parler pendant une journée pour se rapprocher de Dieu, etc.
- dans la sphère de ce qui n'est pas purement cultuel, à imaginer des principes issus ni directement ni indirectement du Coran et des Hadîths ; par exemple s'interdire, dans une optique religieuse et dans le but de se rapprocher de Dieu, de manger de la viande.
A l'époque du Prophète, Aboû Isrâ'ïl avait ainsi fait le vœu de rester debout dans le soleil, de ne pas s'asseoir, de ne pas profiter des lieux ombragés, et de ne pas parler ; le Prophète (sur lui la paix) lui demanda de rompre ces vœux (rapporté par Al-Bukhârî).



B.2. les innovations relatives (al-bida' al-'amaliyya al-idhâfiyya)


D'autres innovations sont relatives. Elles consistent à pratiquer une forme de culte certes enseignée par le Prophète, mais dans laquelle on a rajouté un élément. Par exemple :
- faire un jeûne, mais s'imposer, dans une optique religieuse et dans le but de se rapprocher de Dieu, de le passer au soleil uniquement ;
- pratiquer un acte de culte facultatif, qui existe dans les sources musulmanes, mais en fixant un horaire revenant régulièrement (qui n'a pourtant pas été indiqué par le Prophète) : par exemple prendre l'habitude de faire un jeûne facultatif chaque mardi. Ainsi, alors que le Prophète faisait le sermon (khutba) après la prière de la fête du 'Eîd,un temps après son époque où le gouverneur omeyyade Marwân ibn Al-Hakam se mit à le faire avant la prière du Eid. Il s'agit ici d'une innovation relative, et des Compagnons présents lui reprochèrent cette innovation. Il refusa cependant, par ignorance, de les écouter et invoqua le prétexte que le contexte avait changé (cf. ce récit, rapporté par Muslim).

Cette classification des différents types d'innovations (bid'a) s'inspire de ce qu'a écrit Dr. Ali ibn Muhammad Nâssir al-Faqîhî dans son livret Al-bid'a, dhawâbituhâ wa atharuhâ-s-sayyi' fil-umma, Markazu shu'ûn id-da'wa, Al-jâmî'a al-islâmiyya bil-madînat il-munawwara.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).




Articles complémentaires:

Article 1, les "âdât": [www.maison-islam.com]

Article 2, Le musulman qui renie un élément de l'islam quitte-t-il l'islam:
[www.maison-islam.com]




Source: [www.maison-islam.com]




A lire également:

"Bid'ah ou Sounnah hassanah" ? Comment faire la différence:
[www.muslimfr.com]




Wassalâmou 'alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouh... smiling smiley
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook