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Les "indigènes de la République" veulent élargir leur base
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28 juin 2005 10:46
LE MONDE | 27.06.05 | 13h40 •

Ce ne sont pas encore les Assises de l'anticolonialisme postcolonial, dont la tenue a été reportée à l'automne. Ils étaient néanmoins une centaine, samedi 25 juin, venus de Paris et de sa banlieue, mais aussi de Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Lyon, Marseille ou Nantes, rassemblés à l'université de Nanterre pour échanger et trouver les moyens de prolonger cet "acte politique" que constituait l'Appel des indigènes de la République, lancé le 19 janvier pour dénoncer les discriminations dont sont victimes "les filles et fils de colonisés et d'immigrés" .

S'il n'est pas question de créer un nouveau parti politique, cet appel a le mérite de poser les jalons d'un vrai "mouvement politique" et non communautariste, assurent-ils d'une seule voix. Même si ce mouvement reste embryonnaire, ici ou là, des collectifs locaux tentent de s'organiser pour relayer l'appel.

Pour tous, le terme "indigène" ouvre la voie à un débat politique "de rupture" . De rupture avec les politiques menées ou défendues par les principaux partis, de droite comme de gauche, extrême gauche comprise. De rupture parce qu'il met, selon eux, le doigt sur les symptômes de la survivance du colonialisme.

"TRÈS INTELLO"
"La société ne nous reconnaît pas comme individu à part entière. Cela se traduit par un manque de représentation politique, des discriminations, un regard méprisant. Les jeunes issus de l'immigration ne sont que des "jeunes précaires"", explique Moustapha, toulousain, travailleur social au chômage.

Salima aimerait bien être une citoyenne française comme les autres, et non plus une "beur" "issue de l'immigration" . Pour M'hamed Kaki, animateur d'une association de quartier à Nanterre, expliquer les discriminations par la survivance du facteur colonial ne revient pas à placer les personnes concernées en position de victimes éternelles. Au contraire, pour lui, s'il y a "rupture , -c'est- par rapport au misérabilisme". Aujourd'hui, les "indigènes de la République" prennent la parole : or "la parole, c'est le Smic de la dignité", dit-il.

Issue d'une famille d'origine algérienne, Aïda, elle, ne se considère pas comme une indigène. Mais, explique-t-elle, "indigène est un terme choc, un cri pour interpeller, réveiller les consciences, pousser au débat sur l'existence de zone d'apartheid, de non-droit dans la République".

"Le "nous" des indigènes n'est ni un "nous" religieux, ni un "nous" ethnique, mais un "nous" politique, insiste Said Bouamama, un des initiateurs de l'appel. C'est la communauté politique de tous ceux qui refusent le traitement particulier dont sont l'objet les personnes issues de l'immigration, de tous ceux qui refusent tout traitement ethnique des problèmes sociaux ."

Reste à concrétiser l'appel et à élargir le mouvement aux premiers concernés. "Cet appel donne l'impression que si l'on n'est pas issu de l'immigration, on ne peut pas vous comprendre. Mais je ne sais pas si les jeunes des quartiers sauraient vous comprendre", interpelle Christine, travailleuse sociale en Seine-Saint-Denis, qui constate que les jeunes en question ne sont pas là.

Ce qu'elle n'est pas la seule à déplorer. "Il faut relancer des débats sur la place publique, autour de problèmes concrets des gens", insiste Aïcha. Pour Hanane, "ce mouvement reste encore très intello". "Comment fait-on pour construire avec les jeunes dans les quartiers ?, interroge-t-elle. Si nous nous contentons de dénoncer, nous n'arriverons à rien."
Laetitia Van Eeckhout
Article paru dans l'édition du 28.06.05
[b]"Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas."[/b] [i]Géronimo[/i]
 
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