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Des immigrés dans l'enfer de Lampedusa (en Italie)
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10 octobre 2005 16:28
Un journaliste italien "dans l'enfer de Lampedusa"


Le ministre italien de l'intérieur, Giuseppe Pisanu, a diligenté une enquête sur le centre de rétention temporaire de Lampedusa, cette petite île située au sud de la Sicile qui est l'une des portes d'entrée en Europe pour l'immigration clandestine. Le gouvernement réagit ainsi aux révélations publiées vendredi 7 octobre par l'hebdomadaire L'Espresso sur les conditions de vie à l'intérieur de ce camp, dont l'accès est interdit à la presse. Un journaliste du magazine, Fabrizio Gatti, dénonce de graves violations des droits de l'homme après y avoir séjourné une semaine sous le nom de "Bilal Ibrahim El-Habib", pseudoréfugié kurde irakien.

Le reporter s'est jeté à l'eau le 23 septembre à quelques hectomètres d'une plage de Lampedusa où la quasi-totalité de l'île assistait à un concert. Après avoir nagé jusqu'à un promontoire, il a été secouru par des riverains, puis pris en charge par des carabiniers. Après six jours passés dans le centre, "Bilal" a été transféré en Sicile, puis relâché, en compagnie d'autres clandestins. "Vous êtes libres, vous devez quitter l'Italie avant cinq jours", leur a-t-on dit. Revenu à Rome par le train, Fabrizio Gatti a écrit le journal de son séjour "dans l'enfer de Lampedusa".
Son récit fait état d'humiliations, de brimades et d'actes racistes infligés par certains gardiens : des musulmans mineurs contraints de regarder des images pornographiques sur le téléphone portable de carabiniers, d'autres "détenus" obligés de se dénuder en public ou de s'asseoir dans de l'urine, etc. Il décrit les mauvaises conditions sanitaires de ce centre, prévu pour 190 personnes, mais régulièrement surpeuplé, puisque l'île a reçu quelque 15 000 boat people depuis un an. Enfin, il affirme que ni lui ni aucun des immigrants dont il a partagé le quotidien n'a reçu d'assistance juridique, contrairement à ce que prévoit la législation.
Le "scoop" de L'Espresso a soulevé un tollé dans la classe politique. Le ministre de la justice, Roberto Castelli, affirme "ne pas croire à l'enquête". Le reportage rappelle à la gauche radicale "les pratiques honteuses de Guantanamo et d'Abou Ghraib". L'opposition accuse M. Pisanu d'avoir "menti au Parlement italien et à celui de Bruxelles" quand il les avait rassurés sur les centres de rétention italiens.
Le 20 septembre, 13 parlementaires européens ont visité Lampedusa. Ils ont dénoncé "une mascarade" : il n'y avait que 11 réfugiés dans l'enceinte. "Les autres avaient été déplacés par pont aérien dans les jours précédents", selon l'eurodéputée socialiste française Martine Roure, qui conduisait la délégation. "Nous n'avons pas eu accès au registre de présence ni aux décrets d'expulsion, avait-elle ajouté. Nous pensons qu'il y a là-bas une violation des droits de l'homme significative." Trois jours plus tard, se présentait aux portes Fabrizio Gatti, alias "Bilal", journaliste clandestin.
Jean-Jacques Bozonnet


source: www.lemonde.fr
 
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