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Immigration: la réunion de Rabat donne de l'oxygène à l'Espagne et au Maroc
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12 juillet 2006 14:25
Une analyse courageuse qui ne fait pas dans la langue de bois des partisan du "non pour le non".


[fr.news.yahoo.com]

mercredi 12 juillet 2006, 9h32
Immigration: la réunion de Rabat donne de l'oxygène à l'Espagne et au Maroc
Par Pierre AUSSEILL

RABAT (AFP) - En consacrant une approche euro-africaine des défis de l'immigration, la Conférence de Rabat a offert une bouée d'oxygène politique à l'Espagne et au Maroc, délicatement empêtrés l'automne dernier dans la crise des enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta.

"C'est un grand succès, la conférence a atteint tous ses objectifs", se félicitait mardi le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, juste après l'adoption par les ministres des 57 pays euro-africains représentés d'un "partenariat étroit" et "global".


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Le Commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, relevait lui-même à la fin de conférence, qu'"il y a encore quelques mois, il n'y avait pas encore de consensus en Europe sur la nécessité d'une stratégie migratoire commune".

Il aura fallu un électrochoc pour qu'émerge cette prise de conscience: la mort en octobre 2005 de 14 émigrants subsahariens, certains tués par balles, au cours d'assauts désespérés contre une forteresse Europe bouclée par les grillages-frontières de Ceuta et Melilla, au nord du Maroc.

Pressé par Madrid de réagir, le Maroc avait employé la manière forte, ses forces de sécurité dispersant des centaines de candidats à l'Eldorado européen aux confins du désert.

Alors vertement critiqués pour leur gestion chaotique, Madrid et Rabat avaient lancé un S.O.S en appelant dès octobre à la tenue d'une conférence euro-africaine sur la question.

Les deux pays voisins ont patiemment plaidé qu'ils n'étaient que les sas d'accès nord et sud à l'Europe d'une jeunesse subsaharienne fuyant le désespoir de pays rongés par la pauvreté, la sécheresse, les guerres, la corruption.

Le Maroc et le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero ont su aussi tirer profit de leurs excellentes relations avec la France pour la persuader d'user de son influence auprès de ses partenaires européens et d'anciennes colonies africaines, dont Paris reste de loin le premier bailleur de fonds, d'adhérer au processus de Rabat.

Ce n'est certes pas l'engagement, encore tout théorique, des 57 pays présents à Rabat de répondre ensemble au défi des flux migratoires, en dosant la carotte développement et le bâton sécuritaire, qui règlera la question.

Pour le Maroc et l'Espagne, que la géographie a situés sur la ligne de faille des continents le plus pauvre et le plus riche du monde, la Conférence a ouvert un large parapluie qui renvoie tous les acteurs à leurs responsabilités.

Mais dans les faits, l'Espagne aura paradoxalement tiré plus de fruits en quelques mois de ses efforts bilatéraux qu'elle ne peut en espérer dans un avenir proche de la mise en oeuvre du "Plan d'action" adopté à Rabat.

Sur l'insistance de Madrid, le Maroc a pris le taureau par les cornes et réduit en 2006 le flux migratoire vers l'Europe de 65%.

La quasi-absence d'incidents à Melilla et Ceuta ces derniers mois et le report de la pression migratoire à partir de la Mauritanie et du Sénégal vers l'archipel des Canaries en sont l'éloquente illustration.

"Ce sont souvent les pays qui coopèrent le plus auxquels on demande toujours de plus coopérer", commentait un haut diplomate espagnol avant la conférence de Rabat pour justifier l'urgence d'impliquer tous les pays impliqués.

Madrid a instauré récemment des patrouilles mixtes avec la Mauritanie pour surveiller les départ de ses côtes des "cayucos" des émigrants et lancé une amicale mais intense offensive diplomatique auprès du Sénégal.

L'Espagne espère ainsi repousser toujours plus au sud le point de départ des émigrants jusqu'à finalement décourager les mafias de passeurs d'entreprendre une odyssée toujours plus longue et aléatoire.

C'est tout bénéfice pour le Maroc, traditionnel pays d'immigration, mais de moins en moins de transit dans les faits.
 
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